La multiplication des informations sécuritaires est impressionnante. Ainsi les poursuites pour manif (à Fresnes)
Compte-rendu de la situation judiciaire des 6 interpellés suite à la manif de Fresnes.
Résumé...
Deux ont été rapidement relâchées après un contrôle d’identité.
Quant aux quatre autres, l’une se fait embarquer sans ménagement puis trois autres suivent, après une vérification d’identité sommaire à la gare RER de Croix de Berny. Elles sont conduites au commissariat de L’Hay les Roses (94), puis placées en garde-à-vue vers 15h45 à celui de Villejuif. Toutes quatre refusent de déclarer quoi que ce soit, tout comme elles refusent le prélèvement ADN, la prise d’empreintes digitales et la photo signalétique. C’est le SRPJ de Créteil qui s’occupe alors de l’histoire.
Le lendemain matin 3 juillet vers 8h, quatre appartements sont perquisitionnés pendant plusieurs heures : des ordinateurs et pas mal de papiers sont saisis. Y assistent un membre des RG (ou de l’anti-terrorisme ?), cagoulé dans un des cas, et qui bien sûr n’apparaissent pas sur le PV de perquisition, pas plus que le matos qu’ils ont saisi en rab...
La garde-à-vue est ensuite renouvelée pour 24h supplémentaires, suivie d’une nouvelle tentative d’interrogatoire infructueuse, tandis qu’un petit rassemblement se déroule devant le commissariat de Villejuif.
Le lendemain enfin, 4 juillet, après une hésitation du parquet qui penchait pour une comparution immédiate à Créteil pour 13h, tous les quatre sont relâchés, avec une convocation le 3 septembre 2008 à 13h30 devant la 11e chambre du TGI de Créteil.
Tous quatre sont accusés d’avoir :
- « par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images exposées devant la Maison d’Arrêt de Fresnes, directement provoqué à la commission de vols, extorsions, destructions, dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes, en l’espèce « le feu au prison » [sic] ».
- « refusé de se soumettre à un prélèvement biologique destiné à permettre l’analyse et l’identification de son empreinte génétique »
- « refusé de se soumettre à des relevés signalétiques, notamment par prises d’empreintes digitales, palmaires ou de photographies »
L’une d’elles est en plus accusée d’un délit d’outrage sur un flic, et de « port ou le transport, sans motif légitime, d’artifices non détonants » (relevant du code de la Défense), en l’occurrence des douilles de fumigènes industriels.
Voilà pour un bref compte-rendu des faits, d’autres textes suivront. En attendant, on ne peut que récidiver d’un « feu à toutes les prisons » et « liberté pour toutes et tous ». La lutte continue...
Quelques amis et compagnons, 5 juillet 2008
Prison de Fresnes : manifestation pour la libération de Juan et Isa
Paris-Fresnes, malgré la flicaille
Aujourd’hui, mercredi 2 juillet, s’est déroulée à Fresnes l’action de solidarité avec Isa, Juan et tous les incarcérés.
Au rendez-vous public à 13h30 au métro La Chapelle (Paris), près d’une dizaine de cars de CRS et d’innombrables policiers en civil attendaient les individus solidaires venus au rendez-vous. 6 personnes ont été arrêtées et retenues deux heures au commissariat de la place d’Italie au prétexte d’un « rassemblement illégal ». Toutes les autres ont échappé au dispositif policier.
Peu après 15h, plus d’une vingtaine de personnes se sont retrouvées derrière la prison de Fresnes, où Juan est incarcéré depuis le 21 juin. Une banderole « Vincennes crame – feu aux prisons ! » a été accrochée au grillage, tandis qu’une dizaine de fumigènes étaient allumés malgré la pluie battante.
« Liberté pour Juan, liberté pour tous », « Mur par mur, brique par brique, détruisons toutes les prisons », « Liberté pour tous les prisonniers, et feu aux prisons » ont notamment été scandés pendant un quart d’heure, provoquant quelques cris et tee-shirt aux fenêtres du côté de plusieurs cellules.
Le groupe solidaire s’en est alors retourné vers Paris comme il était venu, malgré l’intimidation d’une voiture de flics en civil armés de flash ball et jouant aux cow-boys. Peu après, de très nombreuses patrouilles ont sillonné la ville de Fresnes en tous sens, particulièrement aux alentours de la prison, et procédé à des dizaines et dizaines de contrôles d’identité, notamment des voyageurs de la gare RER dans les deux sens.
C’est là qu’au moins 5 personnes ont alors été arrêtées et embarquées par la flicaille. Il n’y a pas plus d’infos pour le moment.
Nous reproduisons ci-dessous le tract qui a été distribué aux familles venues au parloir, de l’autre côté de la prison, au même moment :
Brisons l’isolement
On nous parle une fois de plus d’une nouvelle réforme pour les taules. Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière. Et comme d’habitude, on nous vend tout un ensemble de mesures souhaitant « répondre à des nécessités pour mieux enfermer » dans une belle optique humaniste. En attendant, ce qui reste et qui ne change pas, c’est la taule en elle-même, et la dynamique actuelle qui va vers toujours plus d’enfermement. Dans cette société fondée sur l’exploitation et la course au profit, où les riches ne cessent de s’enrichir et les pauvres finissent toujours plus pauvres, l’Etat a pour rôle d’accroître la répression afin de mater toute former de déviance sociale.
C’est dans cette situation-là que des luttes et des révoltes prennent forme, à l’intérieur comme à l’extérieur, contre tous les types d’enfermement. C ’est par exemple le cas autour des centres de rétentions (CRA). Après six mois de tension et de multiples formes de résistance, le CRA de Vincennes est incendié par les prisonniers. Il est en ruine.
Autour de ces luttes, la répression s’abat. Deux prisonniers sont accusés de l’incendie du CRA. Ils ont été libérés, mais une instruction reste ouverte. En janvier dernier, Bruno, Ivan et Damien ont été arrêtés et deux d’entre eux jetés en prison parce qu’ils se rendaient à une manifestation devant le CRA de Vincennes munis de fumigènes et de clous destinés aux pneus des véhicules de police. Saisie alors d’un délire antiterroriste, la justice s’est également jetée sur trois autres personnes, Farid*, Isa* puis Juan*, accusées elles aussi de vouloir s’en prendre à une prison pour mineurs ou à un véhicule de police. Isa* et Juan* demeurent incarcérés, respectivement à Lille et à Fresnes. Les quatre autres sont sous contrôle judiciaire.
Il est plus que jamais nécessaire que toutes les formes de résistance continuent à l’intérieur comme à l’extérieur. Brisons l’isolement.
La répression ne cassera pas les luttes !
Solidarité active avec Juan*, Isa* et tous les prisonniers !