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C'est un chaos indescriptible qui préside aux audiences du procès contre C. Gauger et S. Suder.
Depuis le début du procès, les audiences se suivent et se ressemblent : volonté du juge de faire passer des décisions inadmissibles, à laquelle s'oppose la défense par le seul moyen à sa disposition, les requêtes qui lui permettent de démontrer ce que poursuit la cour et de tenter d'empêcher ce qui est clairement intolérable et réellement illégal.
Mais c'est tout le procès qui depuis le départ est fondamentalemement illégal : faire des déclarations de Hermann F. - dont on a décrit les conditions à de multiples reprises sur le blog - le fondement de l'accusation, rendait en lui-même, ce procès impossible.
Car ce ne sont pas des gloses de style qui font parler les avocats, ceux qui suivent le procès, et même les journalistes, de torture, ce sont des faits bien réels et démontrables.
Comment la juridiction de Francfort a-t-elle pu penser un seul instant, que ces déclarations pourraient être acceptées aujourd'hui, 35 ans après l'automne allemand et son état d'urgence pour ne pas dire de guerre contre les militants.
Penser un seul instant, que les personnes qu'elle veut faire comparaître, qui ont vécu le pire et qui ne l'ont pas oublié, pourraient revenir sur ce qu'elles ont dit à l'époque dès que Hermann F. est sorti des griffes de la police.
Penser qu'elle pourrait faire témoigner par écrits interposés ceux-là mêmes qui comme le juge Kuhn ont été identifiés comme les agents de cet état de guerre.
Penser que les jeunes militants d'aujourd'hui qui assistent atterrés au procès pourraient rester insensibles et sans réaction à la volonté de contraindre Hermann F. à comparaître, sa compagne à témoigner sous la menace d'une mise en détention, à la lecture de documents de ceux-là même qui ont contraint, isolé, interrogé, tenté de faire condamner Hermann F..
Penser même que la presse pourrait adhérer aujourd'hui à ce qu'elle avait déjà eu du mal à accepter à l'époque
C'est non seulement se tromper d'époque mais aussi se glisser par son attitude et ses décisions dans les schémas d'hier.
Prisonnière de son acte d'accusation qui ne repose que sur les déclarations de H. Feiling, prisonnière de sa volonté de citer "ses" deux témoins, prisonnière de sa logique qui lui fait rechercher dans les dossiers d'hier, ce qui pourrait justifier les interrogatoires de l'époque, elle ne fait que renforcer à chaque fois la conviction de la totale irrecevabilité de son dossier.
Alors, la défense pose requête après requête, et chacune d'elle met la Cour dans une position de plus en plus difficile.
Aussi celle-ci se grandirait-elle aujourd'hui si elle en finissait avec ce procès absurde, si elle reconnaissait que les déclarations d'Hermann Feiling ont réellement été obtenues dans des conditions telles qu'elles ne peuvent être aujourd'hui utilisées, si elle arrêtait ses lectures qui donnent froid dans le dos de représentants des autorités judiciaires et policières qui voulaient faire croire que Hermann F. était tout à fait bien au moment de ses interrogatoires.
Si déjà elle renonçait à citer Sybille S., et à la menacer de mise en détention pour refus de témoigner reconnaissant par là que ce qui avait été vécu autrefois rendait compréhensible sa volonté de ne pas répondre à ses questions aujourd'hui.
L'audience du 9 novembre devait voir citer Sybille S. Elle a été annulée au dernier moment. Et si c'était un signe en ce sens?
linter, le10 novembre 2012
La Frankfurter Rundschau, l'un des deux grands journaux de Francfort, a fait sensation dans son dernier article en pointant dans son titre lasituation de blocage où se trouve le procès.
L'audience du 6 novembre
Nous proposons une traduction rapide du compte rendu du 6 novembre, mais nous apprécierions que des camarades proposent des améliorations. Le texte allemand est disponible sur verdammtlangquer.
http://www.verdammtlangquer.org/2012/11/ohne-kopf-durch-die-wand-prozesstag-6-11-2012/
Cette audience a encore été très spéciale, le public étant plus souvent en pause que dans la salle. Peu avant 9 heures, toutes les parties étaient à leur place, sauf la cour. Peu après, les juges apparaissaient et la représentation pouvait commencer.
Me Fresenius a annoncé l'examen d'une requête en récusation, qui a été retirée car la juge Moerle voulait d'abord lire la décision concernant la requête déposée à l'audience d'avant. Le mouvement d'humeur incroyable de la juge [objet de cette requête - voir audience du 2.11.] fut jugé comme étant une réaction normale et sa remarque: "plus il y en a qui sortent, mieux c'est ...", ne se serait rapportée qu'aux personnes troublant le procès.
Comme la défense n'avait pas été suffisamment écoutée concernant cette décision, cela devait être fait maintenant. Mais la juge voulait encore repousser l'audition des avocats, afin de pouvoir continuer à imposer sa lecture du dossier. La défense a insisté sur ses droits, l'incompétence de la juge est de nouveau apparue : visiblement, elle ne savait plus ce qu'elle devait faire, montrant sa confusion et combien elle était dépassée. Ni les juges assesseurs, ni le procureur ne vinrent à son aide. Finalement, la lecture ne fut pas poursuivie, et la défense put être entendue. Une farce, car cela ne changea naturellement rien.
Me Fresenius avait expliqué entre temps que Christian Gauger voulait déposer une requête, mais il fut empêchée de la lire, Mme Stock voulant absolument continuer à lire ses documents sur la terrible situation lors des interrogatoires de Hermann F. en 1978. Un groupe est alors sorti de la salle aux cris de "complices de la torture". Après cinq minutes de lecture, la défense fut redonnée à la défense qui put justifier la nouvelle requête en récusation qui avait été retirée.
Il s'agissait d'un fait particulièrement grave. Bien que la juge Stock ait été malade une journée, les juges assesseurs ne trouvèrent rien de mieux à faire que de décider sans leur "tête pensante" qu'un certain docteur Haag devait examiner Hermann F. pour savoir si une audition par video pouvait résoudre le problème de la peur des accusés ressentie par Hermann F.. Seulement, il n'y a aucun élément étayant cette affirmation dans le dossier, constate les avocats. Comment les juges en arrivent-ils à construire une telle attitude hostile de H.F. envers les acusés?
Lors de la prochaine audience, cette requête sera développée. Audience au cours de laquelle, le témoin S. est de nouveau convoquée. Oseront-ils décider d'une mise en détention pour refus de témoigner, si letémoin S., continue de se taire?