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35 ans après les faits, pour un simple refus de témoigner, Sibylle Straub, citée comme témoin dans le procès contre C.Gauger et S. Suder, a été arrêtée en pleine audience, on lui a passé les menottes et elle a directement été conduite en prison.
Le texte de sa déclaration parle de lui-même et il n'est rien besoin d'ajouter. Seulement souligner pour nos visiteurs qui connaissent moins cette impensable histoire, que c'est une femme de 59 ans qui était parvenue à stabiliser sa vie, qui a continué à accompagner son ex-compagnon lourdement handicapé, que l'on met en prison. Que c'est une femme qui se refuse à entériner la torture vécue à l'époque par lui et qui cherche encore à le protéger des risques pour sa santé que représente ce procès.
Mme Stock, qui est l'accusée ici, cette femme qui ou vous!
Déclaration de Sibylle S.
Il y a 30 ans, j'ai été condamnée par le tribunal de Francfort sur les seules déclarations de mon ancien fiancé Hermann Feiling, déclarations que je n'ai pas été la seule à l'époque à considérer comme irrecevables.
Hermann a été très grièvement blessé lors d'une explosion dans son appartement après qu'un engin explosif destiné au consulat argentin de Munich - c'était en 1978 et c'était la Coupe du monde de football en Argentine, à l'époque de la dictature - a explosé prématurément. 24 heures ne s'étaient pas écoulées, après qu'il ait perdu dans une opération ses deux yeux et après qu'il ait été amputé des deux jambes juste au-dessous du bassin, que commençaient les interrogatoires par les services du procureur et la police. Cela s'est poursuivi jusqu'en octobre 1978, ce pour quoi Hermann a été maintenu dans des casernements de la police (!) - et tout ceci sans qu'un mandat d'arrêt ait été émis.
Dans un article du "Spiegel", on pouvait lire le 24 novembre 1980: "Les moyens utilisés par les enquêteurs et les procureurs pour asseoir la base de leurs accusations, la raison pour laquelle la cour organise ce procès, représentent le pire moment dans l'histoire judiciaire ouest-allemande."
Cette opinion a été autrefois largement partagée et nous avons connu durant le procès en 1980-1982 une très forte solidarité.
Malgré tout cela, j'ai été condamnée sur la base de ces déclarations. Depuis 30 ans, je vis maintenant avec Hermann, mon mari et ma famille. Et nous étions parvenus à organiser une vie plus calme et plus stable, bien que Hermann souffre en plus du fardeau de la cécité et de l'amputation, de graves crises d'épilepsie qui mettent sa vie en danger.
Ce danger de crises toujours présent est aussi la raison pour laquelle pendant 30 ans, nous n'avons pas parlé avec lui de ses interrogatoires et de ses déclarations de 1978. J'ai laissé les choses en état, afin de ne pas mettre en danger sa santé, ayant vécu chez lui des crises qui étaient si violentes qu'elles mettaient directement sa vie en danger. Aujourd'hui, on me refuse dans le procès en cours le droit de me taire. Si j'ai bien compris étant novice en matière juridique, une éventuelle irrecevabilité des déclarations d'Hermann n'aurait été qu'une erreur dans le précédent procès, qui n'aurait rien à voir avec mon obligation actuelle de témoigner. Je ne comprends pas. Cette erreur dans la procédure constituait le point central du jugement à mon encontre. Et plus encore: il s'agissait de violation grave des droits de l'homme, qui pourrait permettre aujourd'hui de saisir la Cour européenne de justice.
Ce n'était pas ma décision et pas du tout celle de Hermann de réveiller des faits vieux de 34 ans. Mais si le tribunal de Francfort l'a décidé, ce qui devrait être l'objet de ce procès, c'est avant tout comment la police et la justice ont traité Hermann en 1978. C'est ce qui fait l'essence de mes "convictions" - le Parquet m'avait désigné à l'époque comme [Gesinnungstäterin]- et de mon attitude dans ce procès.
Ma décision de me taire n'a rien à voir avec l'envie ou l'humeur du moment, comme l'avait dit la Présidente du tribunal. J'ai longuement réfléchi, surtout parce que cela ne me concerne pas moi seulement, mais aussi ma famille et la vie avec Hermann. Et cette décision, ce n'est pas moi qui la prends, mais le tribunal.
J'ai décidé de ne plus faire aucune autre déclaration dans ce procès
Sibylle S.
Comme d'habitude merci à ceux qui pourraient améliorer la traduction
sur http://www.verdammtlangquer.org/2013/04/where-is-the-line-between-retribution-and-justice/
Vor 30 Jahren wurde ich vom Frankfurter Oberlandesgericht allein aufgrund von Aussagen meines damaligen Verlobten Hermann Feiling verurteilt, die nicht nur ich damals für nicht verwertbar hielt.
Hermann war im Juni 78 bei einer Explosion in seiner Wohnung schwer verletzt worden, nachdem ein Sprengsatz für das Argentinische Konsulat in München – es war 1978 und Fußballweltmeisterschaft in der damaligen Diktatur Argentinien – vorzeitig explodiert war. Keine 24 Stunden, nachdem er in einer Operation beide Augen verloren hatte und die Beine bis kurz unter dem Becken amputiert worden waren, begannen die Vernehmungen durch Staatsanwaltschaft und Polizei. Das ging so weiter bis in den Oktober 1978 hinein, wofür man Hermann noch in einer Polizeikaserne (!) „unterbrachte“ – alles ganz ohne Haftbefehl.
In einem Artikel im „Spiegel“ hieß es dazu am 24.11.80: „Mit welchen Mitteln Kriminalbeamte und Staatsanwälte die Anklagebasis erzwungen haben, dass und warum der Staatsschutzsenat des Oberlandesgerichts überhaupt verhandelt, markiert einen Tiefpunkt bundesdeutscher Rechtspflege.“
Es gab viele damals, die derselben Auffassung waren und wir haben während des Prozesses 1980-1982 große Solidarität erfahren.
Nichtsdestotrotz wurde ich aufgrund dieser Aussagen verurteilt. Über dreißig Jahre lang lebe ich nun mit Hermann und meinem jetzigen Mann und meiner Familie in Wohngemeinschaft und es gelang uns, das Leben wieder in ruhigere Bahnen zu kriegen und zu stabilisieren, obwohl für Hermann zu der Bürde des Verlusts des Augenlichts und der Beine noch die Gefährdung durch schwerste epileptische Anfälle kommt.
Diese immer lauernde Anfallsgefahr war auch der Grund dafür, 30 Jahre lang nicht mit ihm über seine Vernehmungen und Aussagen im Jahr 1978 zu sprechen. Ich habe das sein lassen, damit keine Gesundheitsgefährdung entsteht, da ich Anfälle bei ihm erlebt habe, die so schwer waren und in Serie kamen, dass sie unmittelbar lebensbedrohlich waren.
Mir wird jetzt in dem laufenden Prozess als Zeugin das Recht zu schweigen nicht zugestanden. Wenn ich das als juristischer Laie richtig verstanden habe, dann soll eine eventuelle Nichtverwertbarkeit von Hermanns Aussagen nur ein Verfahrensfehler des früheren Prozesses gewesen sein, der mit meiner heutigen Aussagepflicht nichts zu tun habe. Das verstehe ich nicht. Dieser mögliche Verfahrensfehler war der Dreh- und Angelpunkt des Urteils gegen mich. Und mehr noch: Es ging um eine schwere Menschenrechtsverletzung, die heute einen Gang zum Europäischen Gerichtshof nahelegen würde.
Es war nicht meine Entscheidung und schon gar nicht die von Hermann, die Vorgänge von vor 34 Jahren wieder hervorzuholen. Aber wenn das Frankfurter Landgericht es jetzt so entschieden hat, dann muss auch und vor allem der Umgang von Polizei und Justiz mit Hermann im Jahre 1978 Gegenstand des gegenwärtigen Prozesses sein. Dies ist der Kern meiner „Gesinnung“ – die Staatsanwaltschaft bezeichnete mich als „Gesinnungstäterin“ – und meiner Haltung zu diesem Prozess.
Meine Entscheidung zu schweigen, entspringt nicht Lust und Laune, wie die Vorsitzende Richterin mir vorhielt. Ich habe sie mir reiflich überlegt, insbesondere auch, weil die schwerwiegenden Konsequenzen nicht nur mich betreffen, sondern natürlich meine Familie und die Wohngemeinschaft mit Hermann mit. Und darüber entscheidet das Gericht – und nicht ich.
Ich habe für mich entschieden, in diesem Prozess keine weiteren Aussagen zu machen.
Sibylle