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Peu après que Hermann Feiling ait pu enfin échapper aux mains de la police, fin 1978, une documentation a été publiée donnant la mesure de ce qui s'était passé durant les quatre mois et demi où il a été en leur pouvoir total et discrétionnaire.
Alors que le procès va reprendre en Allemagne après une pause de quinze jours, et alors que sur le témoin Sibylle S. pèse toujours la menace d'une incarcération pour refus de témoigner, il est indispensable de lire ce texte qui permet de comprendre l'importance de ce procès et pourquoi il faut se battre encore et toujours avec la défense pour dénoncer la torture et l'illégalité qui ont présidé au recueil des déclarations sur lesquelles la cour veut aujourd'hui baser les accusations contre C. Gauger et S. Suder.
Documentation parue fin 1978 - début 1979 - Lire en allemand sur le site http://labourhistory.net/raf/documents/0019781100.pdf - traduction linter.over-blog.com (n'hésitez pas à proposer des améliorations.)
Un homme grièvement blessé quatre mois et demi
dans le pouvoir de la sécurité intérieure ouest-allemande
Le vendredi 23.6.78, une bombe a explosé dans la chambre de Hermann Feiling à Heidelberg. Il a été grièvement blessé lors de cette explosion, et lors d'une opération, il a dû être amputé des deux jambes, et il a perdu la vue. Peu après, cette très lourde et dangereuse opération, Hermann a été "entendu" par les services du procureur (Le Procureur général Wechsung). Une audition (eine Anhörung) n'est pas un interrogatoire, c'est pourquoi, il n'y aurait pas eu de violation du § 136a du Stpo, qui interdit d'interroger une personne grièvement blessée. Sur le plan juridique, cette notion n'existe absolument pas. Que cette audition pour Hermann, qui se trouvait encore juste après l'opération sous l'influence de l'anesthésie et de fortes doses d'antalgiques, ait pu représenter un danger pour sa vie, était indifférent à la police et aux services du procureur.
Le 24.06.78, l'amie de Hermann, était arrêtée en pleine rue, et deux jours plus tard transférée à Stammheim. Une mise en accusation en vertu du §129a (association terroriste), s'appuyant sur des "déclarations" de Hermann a été prononcée. Elle est restée 9 mois en isolement presque total. Le 22.03.1979, le mandat d'arrêt était levé, et elle était remise en liberté contre paiement d'une caution et obligation de pointer..
De même, S.H. était arrêtée en septembre à Francfort en vertu du §129a à partir de "déclarations" de Hermann. Elle était relâchée dès le début février contre paiement d'une caution et obligation de pointer.
Hermann Feiling s'est trouvé du 23 juin jusque fin octobre dans les mains de la police. Il n'y a jamais eu de mandat d'arrêt. Cependant, il a été quasiment mis en détention dans différents hôpitaux (Heidelberg, Munster, Papenburg) et casernes de la police, Oldenburg et Munster. Les agissements de la police et des services du procureur n'avaient bien entendu aucun fondement légal et restent à ce jour uniques en Allemagne ...
Ce n'est pas le seul exemple de l'utilisation d'une personne grièvement blessée. Gunter Sonnenberg par exemple, prisonnier de la RAF, blessé d'une balle à la tête lors de son arrestation en 1977, un mandat d'arrêt a été émis alors qu'il était encore dans le coma. Il a été retenu pendant des mois totalement isolé, dans les cellules et divisions spéciales. Il a été transféré plusieurs fois au mépris de sa vie et terrorisé par des officiers de police et des surveillants, par exemple réveillé en pleine nuit et interrogé sous la menace d'une arme.
Intégrer des personnes grièvement blessées dans le programme de lutte menée par l'Etat contre la guérilla urbaine a pour but d'extorquer des informations. D'autre part, de présenter devant l'opinion publique des personnes blessées psychiquement et malades physiquement pour diffamer la politique qu'ils sont accusés de mener. Lorsqu'ils ne parviennent pas à détruire l'identité politique ou ne pensent pas y parvenir, la Sûreté de l'Etat (Staatsschutz) recourt souvent à la destruction physique. Cela apparaît clairement à la manière de traiter Günter Sonnenberg ou quand ont été abattus Elizabeth van Dyck et Willy Peter Stoll ou lors de la tentative d'abattre Rolf Heissler.
Dans la suite de ce texte, nous montrons comme exemple de la manière dont sont traités les prisonniers grièvement blessés, la situation de Hermann Feiling jusqu'à sa "remise en liberté" en octobre.
Black out médiatique et isolement
Pouvoir disposer de Hermann a été la raison d'une collaboration extrêmement étroite entre la justice, la police et la presse. De fait, il a régné (et il règne) durant les quatre mois et demi de détention, sur son état de santé et sa situation, un silence complet dans les médias bourgeois.
Du côté adverse, on était au contraire plutôt bavard: deux semaines après l'explosion, le procureur fédéral Buback tenait une conférence de presse où il affirmait qu'avec l'arrestation de Hermann Feiling et de sa compagne, il y aurait pour la première fois une possibilité pour les enquêteurs de pénétrer les Cellules révolutionnaires.
Hermann devait - qu'il appartienne ou non à ce groupe-, pouvoir contredire l'affirmation des RZ à savoir "que les flics se cassent les dents depuis quatre mois et demi ..."
Les buts de la sûreté de l'Etat était donc de:
- rassembler le plus d'informations possibles sur les relations, les activités et les personnes concernant les Cellules révolutionnaires,
- créer par ailleurs la désorientation et la confusion parmi les membres des RZ, pour provoquer des imprudences les amenant à se dévoiler eux-mêmes.
Le moyen le plus approprié pour atteindre ce but était Hermann lui-même. Une condition essentielle pour disposer de lui, pour les enquêteurs d'atteindre ces objectifs, était donné du fait de ses graves blessures : son incapacité à se mouvoir et sa désorientation totale du fait qu'il était devenu aveugle.
Lors de la "détention" de Hermann, toute instance judiciaire était supprimée. Il était dans le complet pouvoir de la police qui pouvait disposer de lui comme elle l'entendait et elle utilisait ce pouvoir pour créer une situation de totale dépendance de Hermann, autant pour ce qui concernait son existence physique que pour son bien-être moral.
Il était indispensable pour maintenir et utiliser cette dépendance qu'Hermann soit totalement isolé, de le couper de tout contact, qui aurait pu lui apporter une aide. Un avocat commis par les parents de Sybille se vit refuser le droit de visite. La tentative d'amis de Heidelberg se termina par leur arrestation et des heures de contrôle dans les locaux de la police. On leur indiqua qu'une visite n'était possible qu'après une demande écrite et que si ses parents et les services du procureur jugeaient celle-ci "sans problème" (on ne demandait pas son avis à Hermann lui-même!). Lorsque cette demande fut présentée, les services du procureur se déclarèrent incompétents. Ceci n'entraîna pas pour autant la possibilité pour ses amis de rendre visite à Hermann. La porte, devant laquelle campaient des policiers lourdement armés, resta obstinément close.
Tout ce qui pouvait soutenir la volonté de résistance de Hermann devait être empêché, son esprit critique s'éveillant progressivement, seul un isolement sur le long terme pouvait réduire cette résistance.
Pour garantir cet isolement, tout contact avec Hermann qui ne pouvait être empêché, devait être instrumentalisé.
- Les parents de Hermann, intimidés par les interprétations de la police, firent tout pour renforcer l'isolement souhaité. Les policiers présentèrent leur présence comme une protection pour Hermann, car des gens auraient selon eux déjà essayé de parvenir jusqu'à lui, armés d'un pistolet. Pour étayer cette accusation absurde, deux personnes de Nuremberg ont été emprisonnées durant trois mois. Ces deux personnes avaient essayé de rendre visite à Hermann dans la clinique quelques jours après l'explosion.
- Les avocats de Hermann, commis par les parents après concertation avec les policiers, lui donnèrent de mauvais conseils sur le plan juridique et travaillèrent avec la police. L'avocat Dreasen donna à Hermann de fausses informations juridiques. Hermann ayant indiqué qu'il souhaitait rencontrer ses amis de Heidelberg, l'avocat lui fit valoir sur indication des services du procureur qu'il serait transféré dans un hôpital pénitentiaire s'il ne renonçait pas à leur visite.
- Les médecins de Heidelberg autorisèrent les interrogatoires des jours durant alors que ses jours étaient toujours en danger, comme ils le disaient eux-mêmes.
Les moyens de destruction
C'est une méthode habituelle de torture que d'exploiter le fait que des personnes soient blessées, en utilisant les soins ou l'absence de soins comme moyen de pression. Lors de son transfert de Heidelberg à Munster, on indiqua ainsi à Hermann qu'il était très difficile d'obtenir une place à Munster et que cela dépendait exclusivement des policiers qui le surveillaient. De Münster, où il pouvait recevoir des soins de personnels qualifiés, Hermann fut ensuite transféré vers des lieux de rétention, à Pappenburg et Oldenburg. L'interruption de l'accompagnement thérapeutique rendait Hermann sensible aux pressions.
Hermann est aveugle, la seule possibilité pour s'orienter, la seule fonction de contrôle dont il dispose pour percevoir et travailler ses sensations est la langue. La nécessité de parler, venait déjà de la confrontation avec un monde d'images venant du traumatisme et simultanément de l'éveil de la conscience. Parler représentait pour lui une manière de détourner son attention, sans que pour autant ces images disparaissent. Ainsi, on sait qu'un mauvais rêve s'évanouit quand on ouvre les yeux. C'est une possibilité dont ne disposait pas Hermann. Parler devenait pour lui alors un besoin vital, la seule possibilité d'éloigner la peur, les tensions, le sentiment de danger. Mais, les seuls avec lesquels ils pouvaient parler étaient ceux-là mêmes qui le détenaient en leur pouvoir. Répondre à leurs questions étaient la seule possibilité de parler.
Créer une situation permanente de stress en suscitant peur, insécurité, par des manifestations de puissance et des menaces est une méthode fondamentale de torture. Hermann se souvient que ceux qui le surveillaient étaient jour et nuit autour de lui. Tout au début, il entendit une question posée à sa mère, lui demandant si elle était d'accord pour qu'on le transfère dans l'hôpital du Land. Une menace précise de le faire disparaître derrière les murs d'un hôpital psychiatrique en cas de comportement non conforme. Il pensa: "ils pensent que je suis fou, s'ils veulent me mettre en psychiatrie". Une conséquence immédiate de cette peur irraisonnée fut d'éviter de faire tout ce qui pourrait leur donner des éléments pour réaliser leur plan.
Cette peur, la nécessité de se comporter dans cette situation absurde de la façon la plus normale possible, selon leurs normes, le conduisit à autocontrôle permanent surtout quand ceux qui le surveillaient étaient dans sa chambre. Leur présence continuelle représentait l'expérience de menaces non déguisées de mort. Ainsi, un des policiers de la commission d'enquête spéciale (Sonderkommisssion) nommé Aicheler lui dit qu'il y en avait ici qui lui feraient bien une petite piqure. Un autre lui parla des morts de Stammheim et remit en question la thèse qu'ils auraient été assassinés. Hermann établit aussitôt un parallèle et en conclut que cette "conversation" préparait sa propre mort. Hermann n'a jamais cru que deux de ses amis étaient venus pour l'assassiner. Il projeta cependant complètement cette pensée sur ses gardiens, ce mensonge remplit cependant ainsi sa fonction.
La peur permanente d'Hermann qu'ils l'assassinent (et l'expérience montrait que ce n'était pas irréaliste), l'impression d'un danger permanent, renforcé par le fait que les flics rentraient et sortaient de la chambre, la nuit aussi, ne pouvait être supportée que dans la mesure où il parlait avec eux. Par l'écoute de sa propre voix, il essayait de faire disparaître sa peur et de leur montrer qu'il était réveillé. S'opposer aux contraintes, aux menaces signifiaient pour Hermann renoncer au sommeil.
Amnesty décrit dans son ouvrage "Rapport sur la torture" que le but premier des tortionnaires est d'affaiblir l'équilibre intérieur et les mécanismes habituels de défense de la victime. Il est dit aussi que l'atteinte physique (préexistante chez Hermann) entraîne nécessairement l'atteinte de toutes les capacités cérébrales, ce qu'un médecin normalement s'attache à vérifier, à savoir l'état mental de son patient. Un patient qui montre ce syndrome ne peut continuer à effectuer ses activités normales, il ne peut pas assumer ses responsabilités quotidiennes, il n'est plus en mesure d'établir des relations avec les autres. Si ces symptômes se développent, il devient inquiet, parle beaucoup. Les informations les plus anciennes perdent leur pertinence tandis que les informations immédiates, la douleur, la soif, les menaces de mort déterminent de plus en plus la conscience.
"LA TERREUR A SES FONCTIONNAIRES TOUT COMME LA POSTE OU LES BANQUES, ET ELLE EST UTILISEE PARCE QU'ELLE EST NECESSAIRE. IL NE S'AGIT PAS D'UNE CONSPIRATION DE PERVERS" (E. Galeano, les veines ouvertes de l'Amérique latine)
L'effondrement psychique comme réaction à la prise de conscience de son état physique a été chez Hermann volontairement provoqué, renforcé et utilisé. L'indication qu'il aurait fait des déclarations (ce dont Hermann ne se souvient pas) et en même temps que sa fiancée, du fait de ses déclarations était en taule, ont été utilisées pour le démoraliser, pour détruire complètement l'estime de lui et son identité. Les mots comme "dans votre situation physique, seul l'Etat peut vous aider et vous l'avez combattu jusqu'à maintenant" (selon les mots de Raisch, de la police de Stuttgart et chef de la commission d'enquête spéciale) avaient comme objectifs de montrer leur puissance, le caractère désespérée de sa situation et faisait de sa loyauté envers l'Etat la condition nécessaire pour la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires, par exemple sa guérison.
Lui dire qu'il avait fait des "déclarations" dont il ne se souvenait pas, avait pour but de lui en extorquer d'autres. De même, "l'avocat" d'Hermann l'informait de manière inexacte en prétendant que des déclarations une fois enregistrées étaient utilisables.
Amnesty International écrit : " De fait, toute la procédure visant à extorquer des aveux (qu'ils soient vrais ou faux), ou bien à faire plier des accusés politiques, est tout simplement une leçon impitoyable. Les conséquences accompagnant une situation de torture et qui provoquent des changement radicaux provoquent de nouvelles réactions, qui, soit entre en conflit avec le comportement habituel, soit le pertubent. Les conséquences négatives de la contrainte influent fortement sur la manière dont une personne se perçoit et s'estime. Elles servent en partie à produire une surexcitation, en détruisant sa sécurité et stabilité intérieure et extérieure. (Ce qui rend le prisonnier sensible à des possibilités de conditionnement relativement simples). Le besoin normal de parler pour atteindre à la disparition des tensions, est canalisé. dans la mesure où seules certaines formes d'entretiens sont autorisées (par exemple des aveux)et doivent être utilisées par des prisonniers.
Quel but devait être atteint par ses déclarations extorquées de cette façon
La première conséquence judiciaire sur les plans judiciaires et policiers a été l'arrestation à titre d'exemple de deux femmes: Sybille Straub, l'amie de Hermann et Sylvie Hetzinger. qui a été identifiée en s'appuyant sur une comparaison par ordinateur de données, (les éléments fournis par Hermann sur une certaine Frédérike ont été comparés avec ceux de différentes personnes). Sybille est restée emprisonnée 9 mois, Sylvia 5. Leur arrestation avait pour but de toucher et d'intimider ceux qui n'avaient pas abandonné l'idée de résistance et devait au-delà de cela démontrer que la police, que ce soit en utilisant la torture ou l'informatique, poursuit et - finalement - emprisonne celui qu'elle peut mettre en relation avec la résistance. Cela ne toucherait pas d'innocents....
L'utilisation médiatique des déclarations de Hermann était le travail des médias et ils firent promptement et volontiers leur devoir. Non seulement, ils firent de Hermann une figure centrale des RZ, non seulement ils le mirent en relation avec les contextes les plus absurdes (voir le Spiegel No34/78), mais ils firent circuler de fausses informations ciblées (voir Heidelberger Tagesblatt et leSüddeutschezeitung" du 18.11.78: il a tout avoué") et ils firent croire qu'il avait fait des aveux complets sans jamais en dire le contenu.
Cette manière de manipuler a pour but d'entraîner incertitude et désolidarisation et de détourner l'attention des méthodes de torture utilisées par l'Etat. La manière habile de ne pas informer et de se référer à des aveux devaient toucher ceux qui lorsqu'ils entendent le mot "déclaration pensent à celui de "trahison" et mettent en avant une morale révolutionnaireextrêmement rarement visible habituellement.
Dans ces articles de propagande, il ne s'agissait pas seulement de Herman, mais de la continuation de campagnes de désolidarisation menées déjà depuis longtemps contre les groupes militants, que l'on peut trouver aussi maintenant dans la presse d'extrême-gauche, comme l'interview de Hans Joachim Klein (dans Libération et Plasterstrand). En répandant des histoires horribles, le but est d'empêcher toute confrontation politique
Ce que Hermann a dit lui-même de son état autrefois et aujourd'hui
"J'ai oublié certaines choses, le temps qui a suivi l'accident n'a jamais été intégré. C'était parfois un monde de songes, et retrouver le chemin vers moi-même et ce qui m'environnait était trop effrayant pour être clair et acceptable. Certaines choses que j'ai apprises m'ont parfois plus préoccupé subjectivement que ma situation sur le plan physique. C'était tout simplement la crainte que l'exploitation de mon état de confusion et de disponibilité ait entraîné tant de choses absurdes - par exemple l'arrestation de Sybille - que j'aie peur de moi-même et que cela isole tous mes amis de moi. Le fait que les visites aient été empêchées n'était qu'un moyen de l'isolement. En fait ce que l'on cherchait, c'était à me faire croire que personne ne voulait me rendre visite, ce que je croyais d'ailleurs et ce qui rendait impossible la moindre modification à mon statut d'objet et à la relation de dépendance vis à vis de mes adversaires.
Cette stratégie avait parfois et chez certains du succès. Ce qui finalement mit en échec ces plans de la sureté de l'Etat, c'est essentiellement un travail de solidarité, qui ne partait justement pas des "informations" et des horribles constructions de la presse, acceptées souvent par l'extrême-gauche, selon lesquelles moi par exemple j'aurais été menacé par des clandestins. Des histoires horribles comme celles-là sont naturellement utiles pour faire que des gens se dissocient.
Non, ce qui a été utile c'est une solidarité, qui partait aussi de ce que l'on connaissait de moi et ne dépendait pas des bruits et des informations dans la presse, une solidarité qui, aussi, n'a jamais abandonné. A partir d'un certain moment je l'ai perçue, malgré mon isolement, cela m'a aidé ensuite pour reconstruire mon identité et le sentiment de pouvoir encore être quelque part un sujet. Un processus, qui malgré les grilles dressées par la sureté de l'Etat s'est développé et sans lequel il ne serait resté qu'une absolue tristesse dans un monde qui est contraire à tous mes souhaits et buts et que je combats au plus haut point
Mais, cela a a été suffisant à la fin de l'année dernière pour que je sorte enfin de cette détention policière, je suis de nouveau parmi des amis et je peux faire et apprendre des choses. Je reconnais certes quelques limites à mes possibilités mais cela ne me réconcilie avec rien. Je peux maintenant m'occuper d'exploiter des possibilités de mouvements, de m'approprier des capacités et connaissances pour m'orienter dans un environnement nouveau mais que je peux apprendre à appréhender. Il y a des possibilités pour moi de vivre.
Sur le plan juridique, une procédure est en cours. Mais je ne vais pas me couler dans un moule de la sureté de l'Etat comme cela avait été certainement planifié."
Depuis, le procureur de Francfort a fait suivre auprès du tribunal l'acte d'accusation contre Hermann, Sibylle et Sylvia. La cour doit maintenant décider si elle veut vraiment traîner devant les tribunaux un homme aveugle et amputé des deux jambes.