Pour consulter le blog: linter.over-blog.com lu sur http://stopextraditions.blogspot.fr/2012/12/derniere-audience.html
(Attention: le site stopextraditions actuellement n'est plus accessible, mais vous pouvez consulter maintenant le blog à l'adresse: stopextraditions.blogspot.fr. Nous reprenons cet article sur les dernières audiences de ce blog. Le compte rendu en allemand se trouve sur verdammtlangquer.)
Les séances précédentes, les trois juges se sont relayés à la lecture de différents rapports de médecins et de policiers concernant l'état physique et psychologique de Hans Feiling alors qu'il était à l’hôpital suite au grave accident, qui l'a lourdement handicapé, puisqu'il a été plongé dans une cécité totale irrémédiable et définitivement privé de ses jambes.
Les rapports le décrivent comme « se projetant dans l’avenir », et apte à témoigner de ses activités passées. Malgré les protestations du public dès le début de la lecture, les juges ont continué et l'ont menée à son terme.
Audience du vendredi 8 Décembre:
- En ouverture de séance, l'avocat Detlef Hartman communique une longue analyse de l’état psychologique de Feiling après son accident, rédigée par une psychiâtre reconnue comme spécialiste des syndromes post-traumatiques. Malgré les conditions d’observation indirecte, à travers les récits de l’époque, les interrogatoires, les rapports des médecins, son retour au domicile de ses parents à sa sortie de l’hôpital, et en prenant en compte les déclarations qu’il a faites quand il est sorti de cette longue période de dépendance, la psychiâtre affirme reconnaître les symptômes de dissociation et de déréalisation qui structurent un syndrome post-traumatique grave. Elle ajoute que les conditions d’accompagnement qu’il a subies étaient catastrophiques et qu'en cas de convocation devant des juges, une réaction de type pathologique est très probable.
Detlef Hartman demande une expertise médicale de Hans Feiling avant toute convocation comme témoin. Le document est déposé devant la juge.
Interruption de séance.
- La deuxième partie de la séance a été entièrement consacrée à la comparution d’un témoin de l’accusation : un des policiers ayant signé, en 1978, un rapport d’enquête sur Sonja Suder et Christian Gauger, à propos des actions sur l’entreprise MAN et le château de Heidelberg. Ce policier ne se souvenait de rien, et la mémoire ne lui est pas revenue, malgré les questions insistantes du juge et du procureur. En fait à l’époque, il n’avait fait qu’une compilation des documents du dossier et n’était pas présent au moment de l’enquête menée par ses collègues.
Il s’agissait, pour la juge, d’établir l’identité de Sonja et Christian comme étant bien les acteurs de l’époque, en confirmant des éléments biographiques, dates de naissance, frères et sœurs, etc… Le policier secouait la tête en signe de dénégation, et une fois de plus, la séance tournait au ridicule.
Ce policier a terminé sa carrière haut gradé. En réponse à la question des avocats sur le fait qu’il ait entre les mains un dossier qui n’aurait pas dû sortir du service où il était classé, et dont il ne fait plus partie, puisqu’il est aujourd’hui retraité, il révèle avoir téléphoné à la juge pour s’informer de ce qui lui serait demandé, puis avoir contacté le procureur, qui le lui a envoyé, pour qu’il puisse se préparer aux questions qui lui seraient posées.
Tout ceci est bien sûr absolument contraire au droit : aucun contact ne doit avoir lieu entre un témoin et la partie qui l’appelle à la barre. Les avocats déposent donc une requête à ce sujet.
Toutefois, il ne faudrait pas croire à l’impuissance de la Cour. Le procès suit son cours sans la moindre hésitation, dans un déni systématique de tout ce qui pourrait en freiner la conduite et les requêtes des avocats s’empilent sans que la juge en tienne jamais compte.
L’ex-compagne de Feiling n’a pas encore été re-convoquée, mais il ne semble plus du tout impossible qu’elle soit condamnée à de la prison ferme pour refus de témoigner. De même, la juge n'a pas renoncé à son intention de convoquer Hans Feiling, malgré les avis médicaux faisant référence à un syndrome post-traumatique.
Nous devons donc réussir à nous faire entendre car il est absolument inadmissible, tant médicalement que sur le plan du droit, de ne pas accorder à Hans Feiling ce qu’il demande depuis 34 ans : le respect de son intégrité morale et la reconnaissance que ses déclarations faites dans une période de choc traumatique intense ne peuvent pas être utilisées dans un procès.
La question de la difficulté de « distinguer le vrai du faux » dans les déclarations de quelqu’un qui n’en n’a plus aucun souvenir et qui était dans une situation de dépendance vitale envers ceux qui l’interrogeaient et pouvaient à loisir « suggérer » certains faits, est bien sûr importante, mais elle est secondaire par rapport à l'interdiction de principe d'interroger quelqu'un sans respecter des conditions minimales d'assistance médicales et juridiques.
De telles méthodes s'apparentant à de la torture ont été utilisées en 1980, au cœur d’une période d’intense affrontement politique et social. Les utiliser à nouveau 37 ans plus tard pour inculper et maintenir en prison préventive une femme de 80 ans, devient une légitimation inacceptable de pratiques contraires aux droits de l'homme et d'un exercice anormal de la justice.