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Tribunal de Francfort, complices de la torture.
Une déclaration toujours aussi juste après l'audience du 7 décembre
Le procès a repris en cette première semaine de décembre. L'audience du 7 a été d'une grande force et d'une grande importance.
La défense a avancé par rapport à la reconnaissance de la situation de traumatisme dans lequel se trouvait Hermann Feiling au moment de ses interrogatoires. Une psychologue - psychothérapeute a répondu dans un document lu par l'avocat de Sonja Suder, de manière circonstanciée aux questions de la défense sur ce point.
Elle a démonté dans son avis la thèse que la juge s'obstine à vouloir imposer par les lectures de compte rendus des policiers, procureurs et juges de l'époque, à savoir que cet homme si brutalement atteint et au plus haut point dans son intégrité physique aurait pu être "normal" selon leurs termes, ne pas subir un traumatisme profond. De même, elle identifie des conséquences post-traumatiques éventuelles et souligne l'importance de nommer un médecin spécialiste en traumatologie, les risques étant grands pour Hermann Feiling de voir celui-ci se réactiver du fait de la volonté de la juge de le faire témoigner.
Nous reprendrons dans le prochain article son argumentation.
Mais, plus nous assistons au procès, plus grande nous apparaît l'urgence de soutenir la défense dans son combat.
Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas admettre que cette cour nie ainsi ce qui s'est passé en 1978.
Nous devons mettre toutes nos forces pour faire reconnaître ce qu'a vécu Hermann Feiling.
Nous devons dénoncer l'acharnement de cette juge, qui agit dans la droite lignée de ces prédécesseurs des années noires de l'état d'exception, des années Stammheim..
Le procès a connu un autre moment fort et symptomatique : un policier cité comme témoin qui n'a pu que répondre aux questions de la juge comme de la procureure: "je ne me souviens pas". Nous reviendrons aussi sur cet épisode tragico-burlesque!
Sur cet interrogatoire qui aurait pu avoir tout d'une farce s'il ne montrait mieux que tout autre l'impossibilité de tenir un procès plus de trente ans après les faits.
Ce n'est pas par hasard s'il existe dans la plupart des législations la notion de prescription. L'interrogatoire de ce policier amnésique du fait du temps passé en montre clairement la raison.
A la sortie du procès, un camarade avait écrit en allemand sur un papier : honte à vous. Il a pu le brandir. La juge a tenu les yeux obstinément baissés mais le message est malgré tout passé:
Ce procès est vraiment une honte, et nous devrions parvenir à faire passer ce message!