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Bientôt un an que le procès a commencé, deux ans que Sonja Suder est emprisonnée.
11 mois que la défense se bat pour faire reconnaître la menace sur l'état de santé de Hermann F., pour que les comptes-rendus d'interrogatoires de 1978 soient reconnus pour ce qu'ils sont : des déclarations extorquées à un homme grièvement blessé, retenu illégalement et isolé totalement, donc illégaux et ne pouvant servir de base pour l'accusation.
Seule réponse jusqu'à ce 6 août 2013, la volonté à tout prix de faire venir Hermann F. Tous les moyens étant bons, jusqu'à la nomination d'un expert complaisant et la détention de l'ex-compagne de Hermann F., Sibylle S.
Publicité des débats
6 août 2013: l'entrée dans la salle d'audience se fait à un rythme anormalement lent. Arrivés à 8 h 15. Nous ne rentrerons qu'à neuf heures. Un journaliste du journal Junge Welt, refusant le privilège d'entrer avant tout le monde, pénètre enfin dans la salle et interpelle la juge qui avait déjà débuté l'audience, sur les freins mis à l'entrée du public et donc à la publicité des débats.
Arrêt de l'audience, sortie du tribunal, le reste du public rentre enfin, réapparition de la cour, redémarrage à zéro de l'audience. Cela pourrait sembler dérisoire, mais on voit ainsi combien le courage et la vigilance de certains, dans tous les domaines, sont essentiels pour enrayer la machine de l'Etat.
La "presse" bourgeoise, elle, est là: on a annoncé la convocation de Hermann F.. Ces messieurs peuvent espérer un peu de spectacle.
Du côté du public, nous remplissons la salle, soucieux de ne pas accepter la citation d'Hermann F.. Certains d'entre nous portent les tee-shirts du collectif.
Et deux personnes représentant la FIDH et le Comité pour les droits fondamentaux sont présentes . (Cela nous fait cruellement sentir que tous nos efforts auprès de la LDH françaises depuis décembre 2012 sont restés vains à ce jour!).
Nous devrons durant l'audience à de multiples reprises protester contre le fait que nous entendons très mal de la salle ce qui se passe de l'autre côté de la vitre et des grillages: combat pour la publicité des débats toujours.
Première reconnaissance de l'état de santé de Hermann F.
Et ce jour ne sera finalement pas comme les autres. Premier aboutissement du combat de Hermann F. lui-même, de Sibylle S., de Sonja Suder et Christian Gauger, de la défense et de tous ceux qui se mobilisent pour le procès.
Devant la nomination par la cour d'un expert complaisant qui l'avait estimé apte à comparaître, Hermann F. a fait la démarche de rencontrer un psychiatre et de lui faire part de la pression que représente pour lui cette citation et les troubles qu'il ressent depuis. Celui-ci, atteste de l'impossibilité de citer Hermann F. sans examen médical étant donné ce qu'il a vécu.
C'est bien de fait une reconnaissance du traumatisme vécu, que la juge ne pourra plus ignorer maintenant et pour la suite du procès.
Pour ce qui concerne Hermann F., elle peut maintenant décider soit de nommer un expert, soit de renoncer définitivement à le faire venir.
Un deuxième combat d'une extrême gravité commencerait alors, obtenir enfin que soit reconnue l'illégalité des interrogatoires de l'époque, ne pas accepter une quelconque lecture des comptes-rendus.
Ce combat est le nôtre depuis le début du procès. Car quiconque a pris connaissance de ce qu'a subi Hermann F. en 1978 sait que ce combat est fondamental.
En l'absence de Hermann F., c'est l'avocat qui l'assiste, Me Baier, son avocat des années 70, qui a présenté les documents. Et brusquement, il se retouve dans la position de témoin, interrogé sans vergogne par le parquet. Nouveau dérapage.
Les procureurs méprisables jusqu'au bout
Il nous restait d'ailleurs encore un moment invraisemblable à vivre. Après la lecture de l'avis du psychiatre consulté par Hermann F., le procureur demande ... une amende pour refus de répondre à la convocation.
Là, la ligne rouge est totalement dépassée. La cour se retire ... très longuement. Elle revient avec la première décision contraire aux voeux du parquet, depuis le début du procès!
Effacés les sourires et la bonne humeur souvent si déplacés des deux procureurs. Comme le dit une camarade, on avait même l'impression qu'un sentiment de honte régnait sur le banc du ministère public!
Sibylle libre
6 août, 13 heures. Sibylle S. a été "extraite" de sa cellule par la volonté du juge.
Le dialogue ne durera que quelques minutes. Sibylle toujours aussi calme et discrète réitère son refus de témoigner. La juge constatant qu'après les deux tiers du temps maximal de détention, sa volonté n'a pas changé, tire les conséquence et prononce la fin de sa détention.
C'est toujours un moment formidable de savoir qu'un prisonnier va sortir. Nous avons eu la chance de vivre hier ce moment tellement privilégié et qui pour tous les prisonniers politiques, nous le savons, ne s'acquiert qu'à force de combat et de volonté face à la volonté destructrice de l'Etat. Sibylle S. en est l'exemple.
C'est ce qui dans ce procès est si fort, la dignité et le courage de tous ces militants confrontés à une situation qu'il n'aurait pas dû vivre ou revivre et qui restent malgré tout égaux à eux-mêmes.
L'attitude de Hermann F. et Sibylle S. sont dans ce procès contre Christian Gauger et Sonja Suder d'une grande importance. Elle oblige le pouvoir à se dévoiler dans ses pires aspects et aide sans aucun doute ces deux militants à résister.
Sibylle libre: à peine une heure après la décision de la juge, elle est dehors, car c'est le propre de cette mesure que de ne nécessiter aucune démarches, aucune formalité judiciaire, puisqu'elle est entrée par la volonté d'un juge et ressort par sa même volonté: c'est une décision d'un total arbitraire. (La contrainte par corps - utilisée ici contre Sibylle S. pour refus de témoigner - existait autrefois pour dettes en France, nous avons appris qu'elle continue à exister Allemagne : de nombreuses personnes sont ainsi enfermées sans jugement pour ce motif).
Liberté pour Sonja, arrêt des poursuites
Ne nous y trompons pas cependant. Le combat doit maintenant s'intensifier. Pour que ce 6 août ne soit pas jour de victoire à la Pyrrhus.
La juge doit retirer son acte d'accusation!
Les poursuites doivent être abandonnées!
Sonja Suder doit sortir de prison!
Ce procès de la honte fondé sur la torture et les dénonciations doit s'arrêter.
C'est ce que la résistance de Hermann F. et Sibylle S.,
comme de Christian Gauger et Sonja Suder nous transmet ...
linter, le 7 août 2013