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L'actualité vient parfois à notre aide pour dévoiler la réalité des faits.
Le choix d'un pape argentin remet sur le devant de la scène, comme pour toutes les dictatures, les liens étroits de l'Eglise avec les dictatures - ici la junte de Videla - en particulier en Amérique du Sud. Cela n'a pas fait exception en Argentine et si des prêtres ont été poursuivis et même emprisonnés et torturés, c'est une infime minorité, respectable, alors que la grande majorité du clergé argentin a collaboré. Le Sabre et le Goupillon, grand classique.
Qu'à l'époque, le monde occidental a soutenu la junte et même organisé son spectacle préféré pour abrutir les foules: la coupe du monde footbal, dans ce pays sous dictature, est aussi un fait, contre lequel les militants de l'époque ont lutté. Hermann Feiling est de ceux-là. Il l'a payé doublement, physiquement par l'explosion de l'engin qu'il fabriquait et destinait au consulat d'Argentine, mais aussi par le traitement qu'il a subi, les interrogatoires illégaux, alors qu'il était grièvement blessé et sequestré!
Aujourd'hui, on élit un pape argentin. Pourquoi? Parce que l'Amérique du Sud est majoritairement en lutte contre l'impérialisme. Ce pape est-il l'arme à peine secrète d'une société basée sur l'exploitation, la répression, et qui craint les mouvements de libération politique et sociale?
A voir: Un documentaire sur la tentative de coup d'Etat contre Hugo Chavez en 2002
Et à Francfort, au procès contre Christian Gauger et Sonja Suder, on s'obstine à vouloir faire un procès à un groupe qui a lutté dans les années 70 et 80 contre toutes les formes d'exploitation, et l'on s'obstine à vouloir citer après 35 ans, ce militant qui a toujours remis en cause les déclarations qui lui ont été extorquées.
Cherchez la logique!
Déclaration d'Hermann Feiling pour l'ouverture de son procès.
Alors que la coupe du monde de football de 1978 en Argentine qui se tenait à la proximité de centres de torture, prenait fin et que le gouvernement fédéral promettait cyniquement d'accueillir 500 prisonniers politiques, un engin explosif explosa chez moi. Il était destiné au Consulat d'Argentine. J'ai perdu dans cet accident mes deux yeux et mes deux jambes.
A ce jour, l'Allemagne fédérale a accueilli 20 prisonniers libérés et me fait - à ce que j'ai entendu - un procès. On me reproche ainsi qu'à deux co-accusées, d'être membre des Cellules révolutionnaires.
Dans le procès planifié, doit être montrée l'inutilité d'une résistance militante d'extrême-gauche. Si j'ai expérimenté par mon accident, quels dangers sont liés à ce combat, je sais aussi que ceux qui m'accusent et qui préféreraient expédier cette résistance à Kaboul, défendent une toute autre violence.
20 000 morts , c'est ce qu'a causé le putsch militaire en Argentine en peu de temps. Aujourd'hui, des groupes et conseillers argentins aident les putschistes militaires en Bolivie.
L'Union des entreprises nucléaires allemande fait des affaires avec l'Argentine et le gouvernement fédéral autorise la vente de blindés par l'entreprise Bentschel (Kassel) à l'armée argentine. La terreur des Gorillas sert les intérêts des trusts internationaux.
La répression sanglante de la résistance dans les pays d'Amérique latine est la condition d'une politique économique, qui signifie pour la masse de la population un génocide économique et ouvre la porte aux trusts. Cette politique est imposé par le FMI, en liant ses prêts à des conditions politiques telles, qu'elles conduisent par exemple au Pérou à ce que sur 1 000 enfants, 109 meurent avant l'âge de marcher.
L'Argentine est un exemple de la barbarie impérialiste poursuivie par les pays riches de l'occident. La République fédérale est une métropoles de ce système et vivre ici, signifie autant être victime qu'être co-responsable dans un système qui cause chaque année des millions de morts du fait de la famine. Car nous ne vivons pas seulement dans ces structures, mais vivons aussi d'elles. Politique anti-impérialiste, cela signifie sortir de ce statut moitié victime, moitié co-responsable, cela signifie ne plus être une partie du problème, mais partie de la solution. Il ne s'agit pas d'admiration pour des mouvements de libération lointains, mais de comprendre que l'attaque contre des institutions de régime étrangers basés sur la terreur est une partie de notre combat.
Aujourd'hui, que les menaces de guerre s'intensifient, la nécessité d'un mouvement anti-impérialiste devient de plus en plus clair, pour faire s'éloigner une menace existentielle. Le gouvernement fédéral, prend en compte en tant que membre de l'OTAN, que toute l'Europe de l'Ouest soit détruite par une guerre nucléaire, et accepte que le pays soit devenu un arsenal de l'OTAN. Nous sommes ici pratiquement assis sur une bombe nucléaire.
Il y a eu et il y a en Allemagne fédérale, des mouvements sociaux, par exemple des initiatives antinucléaires, le mouvement féministe et les campagnes pour la gratuité des transports, qui ne doivent pas être sous-estimés. La construction d'un appareil d'Etat de répression - à commencer par le développement en matériel et personnel de la police jusqu'à la construction de quartiers de haute sécurité - veut empêcher que des révoltes naissent des affrontements révolutionnaires sur le long terme. Les RZs ont participé à ces affrontements, en montrant au-delà des manifestations et des occupations de chantiers de centrales nucléaires etc., des possibilités de combat.
Septembre 1980
En Argentine, pays d'origine de Jorge Mario Bergoglio, des médias et défenseurs des droits de l'homme rouvrent la controverse sur l'attitude de l'Eglise catholique pendant la junte militaire, et sur celle du prélât lui-même.
Le pape François est accusé depuis de nombreuses années, par des médias argentins et des associations de familles de victimes, d'avoir joué un rôle trouble pendant la dictature militaire en Argentine. REUTERS/Marcos Brindicci
A contre-courant des louanges de la presse en Argentine et au-delà, quelques voix se font entendre pour relancer le débat sur le rôle de Jorge Bergoglio pendant la dictature militaire, entre 1976 et 1983. C'est le cas du quotidien argentin El Plural, qui juge, sur sa une ce jeudi, que l'élection du nouveau pape "a réouvert les blessures infligées par la connivence entre l'Eglise catholique et la junte militaire". La hiérarchie épiscopale considérait à l'époque "qu'un échec du régime mènerait très probablement au marxisme", rappelle le journal de gauche.
D'où son soutien à la "réorganisation du pays" -euphémisme utilisé alors par l'Eglise pour parler de la dictature- menée par les militaires, avec son cortège d'assassinats, de tortures et d'enlèvements d'enfants. Concrètement, une partie de la presse et les associations de victimes de la répression accusent Bergoglio -alors "provincial" chez les Jésuites- d'être responsable des cinq mois de séquestration, à partir de mai 1976, de deux prêtres du même ordre. Olrando Yorio et Francisco Jalics menaient des missions sociales dans des quartiers pauvres de Buenos Aires. Quatre catéchistes et deux de leurs épouses, enlevés par le régime lors de la même opération, ne sont, eux, jamais revenus, explique le journal espagnol El Periodico.
L'association H.I.J.O.S, qui réclame justice pour les victimes de la dictature, associe le pape à "une Eglise qui a choisi le silence et la proximité avec" le Videla, contrairement aux prêtres proches du peuple qui furent eux persécutés.
"D'après des témoignages, Bergoglio avait prévenu les deux prêtres qu'ils devraient abandonner leurs oeuvres sociales. Comme ils ont refusé, il leur a dit qu'ils devraient aussi renoncer à la Compagnie de Jésus, ce qui fut interprété comme un feu vert par la répression", estime, dans l'un de ses articles du jour, le titre argentin de gauche Pagina12.
"Jalics et Yorio ont dit que Bergoglio les avaient livrés" à la dictature, affirmait l'an dernier le magazine Pagina12.
L'an dernier, le magazine publiait déjà plusieurs enquêtes sur l'affaire, mais aussi plus largement la complicité entre les autorités religieuses et la dictature. Son auteur, le journaliste d'investigation et militant des droits de l'homme Horacio Verbitsky, s'est spécialisé entre autres sur le rôle politique de l'Eglise en Argentine. D'après lui, les prêtres -surtout Yorio- sont restés toute leur vie persuadés que Bergoglio les avait livrés au régime. "Je n'ai aucune raison de penser qu'il fit quoi que ce soit pour notre liberté, sinon tout le contraire", lui aurait confié Yorio. Les proches du prêtre torturé, mort en 2000, continuent depuis de dénoncer le rôle trouble du nouveau pape.
En 2010, l'ex-archevêque de Buenos Aires a d'ailleurs dû s'expliquer de cette période devant la justice, lors d'une audience à huis-clos dans le cadre de l'enquête sur la séquestation des prêtres. L'association des Grand-Mères de la place de Mai l'a aussi accusé d'avoir été au courant des enlèvements de bébés d'opposants, placés dans des familles proches du régime.
La même année, le prélât s'est défendu dans un livre, arguant que les prêtres avaient quitté l'ordre de leur plein gré. Selon lui, ses diverses rencontres avec Videla et Emilio Massera -qui dirigeait l'Esma, école marine reconvertie en centre de détention- visaient seulement à obtenir leur libération. "J'ai fait ce que j'ai pu compte tenu de mon âge et du peu de relations que j'avais alors, pour plaider en faveur des personnes enlevées", écrivait-il. La controverse avait déjà resurgi lors de la succession de Jean-Paul II. Elle ne l'aura finalement pas empêché d'être élu.