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Pour réfléchir à demain
Texte de Didier Py sur zpajol
L'article de Claude Guillon fait du bien dans le consensus niais du moment. J'avais le sentiment d'être un peu seul et je ne suis pas sorti depuis mercredi. Ni minute de silence, ni manif ! Une désolation plutôt devant le spectacle au sens de Debord défilant sous mes yeux et dans mes oreilles - un point presse par jour c'était déjà beaucoup.
Evidemment que le massacre de 17 personnes et nombre de blessé(e)s au nom du prophète. De là à sonner le tocsin de l'unité nationale nous annonçant la guerre contre qui au fait ? Terrorisme étant le mot plus flou qui soit pas ces temps et depuis un certain temps. Le temps de Bush et des va-t-en-guerre.
Du mal à avaler ce mot alors que la veille au soir un maire d'une ville moyenne mettait dans le même sac - djihadistes et Zadistes ? Instructif en tout cas. Je me suis dit que pas grand monde après Sivens s'était dit : "Je suis Rémy" !? Peut-être n'est-ce pas assez chic, porteur comme dit le marché ! Consensuel encore moins ? Proposition : prochaine une journalistique : Con ! mais pas sensuel ! Ou "Sensuel et con" !
Je devrais penser à mon prochain T-shirt : "Elections : piège à cons" - ça n'a pas vieilli !
L'opération criminelle et de gangster contre un journal, une épicerie kasher est odieuse. Une fois dit cela, nous n'avons rien dit quant au monde - dont la sauvagerie est le règne ou le drapeau de la marchandisation et des expéditions militaires au nom de l'ordre démocratique occidental. Une question : Ce monde tant défendu est faible si trois individus sont en capacité de mettre en danger ces mêmes dites "démocraties" ?
Aujourd'hui " je suis Charlie" et demain ? Je serai PS-siste, UMP-iste, FN-iste, nationaliste, je-m'en-foutiste, affairiste,… la liste des gens fatigués est longue. J'oubliais que je devrais dire - météo politique du moment pas brillante oblige, je suis un petit-bourgeois, un revenant de toute politique d'émancipation et égalitaire: je suis donc électoraliste. Electeur un mot nom de batailles politiques, mot arraché aux puissants pas si démocrates que ça et qui n'a plus aucune consistance, mais le cours du temps va nous y replonger puisque l'on va nous baigner dedans Charlie ou pas jusqu'en 2017 ? L'horreur !
Nous n'avons entendu ces jours qu'un seul mot : liberté, jamais égalité - mot pestiféré ? - ça ne fait peut-être pas unité nationale ? - Nous savons que s'il n'y pas une axiomatique des deux alors il n'y a que la tyrannie - celle du marché, des urnes, des états, des partis, des religions !
Personne ou presque après-demain ne dira (parce que ça ne dit plus ou presque) je suis : palestinien, sans-papiers, roms, SDF, chômeurs, zadiste ou militant révolutionnaire. Ce sont les mots invisibles du temps, de ce pays si prompt à s'appeler Charlie - parmi ces mots des gens qui l'étaient sont morts. Crime d'état, crime d'indifférence, crime réactionnaire, crime tout court . Nous l'entendons, ces mots sont "has been" pour parler comme à la télé. Je pense aux gens de ma génération devenus des revenus de 68 et de tout, honteux de leur histoire politique et maintenant très post- ? Ces Charlie devenus vieux cons avant l'heure: "Soyons réalistes le monde a changé, répètant désœuvrés et fatigués "Il faut bien vivre" sans jamais préciser où ils mettent la virgule? Avant ou après BIEN - Le service des biens ça les occupent pendant que tentent d'"Occupy Wall Street" Je pense à Léo Ferré chantant les assis de Rimbaud : "Oh ne les faites pas lever, c'est le naufrage". Le naufrage est là avec son cortège d'état d'âme.
Rappelons que des vrais Charlie comme Val n'a pas hésité à lourdé Siné parce que trop anti-sioniste. Que j'ai, comme d'autres, été censuré sur des articles concernant les sans-papiers, sur le livre que nous avions collectivement publié en 2005 lors des émeutes de banlieues : Pas assez consensuel bien voyons!
Demain j'aurai une remontée de vomi quand vous serez derrière les gouvernants européens, les sarkozistes, lepénistes, j'en passe et des aussi pire. Les Charlie" auront exercé leur liberté d'expression.
Dès lundi, ressaisissons-nous !
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