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Le 2/03/2007, Le General Wesley Clark raconte comment, dès 2001 il a pris connaissance de la planification de la prise de controle militaire de 7 pays du Moyen Orient.
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Publie par Bellaciao...
11 Septembre 1973 : LES DERNIÈRES PAROLES DE SALVADOR ALLENDE
Mes amis,
C’est certainement la dernière fois que j’aurai à m’adresser à vous. La force aérienne a bombardé les tours de Radio Portales et de Radio Corporación. Mes paroles ne sont pas marquées d’amertume mais de déception, et seront le châtiment moral de ceux qui ont trahi leur serment : les soldats du Chili, les commandants en chef titulaires et l’amiral Merino, qui s’est promu lui-même, sans oublier Monsieur Mendoza, général perfide qui, hier encore, manifestait sa fidélité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd’hui vient de s’autoproclamer directeur général des carabiniers.
Devant ces faits, il n’y a qu’une seule chose que je puisse dire aux travailleurs : je ne démissionnerai pas !
Placé à un tournant historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple. Et je suis certain que la semence déposée dans la conscience digne de milliers et de milliers de Chiliens ne pourra être arrachée pour toujours.
Ils ont la force, ils pourront asservir, mais les processus sociaux ne s’arrêtent avec le crime ni avec la force.
L’histoire nous appartient et ce sont les peuples qui la font.
Travailleurs de ma patrie,
Je tiens à vous remercier de votre loyauté de toujours, de la confiance que vous avez deposée en un homme qui ne fut que l’interprète des grands désirs de justice, qui donna sa parole de respecter la Constitution et la loi, et qui l’a tenue.
Dans cet instant ultime, le dernier où je puisse m’adresser à vous, je vous demande que vous mettiez à profit cette leçon : le capital étranger et l’impérialisme, unis à la réaction, ont créé le climat pour que les forces armées rompent leur tradition, celle que leur enseigna le général Schneider et que réaffirma le commandant Araya, qui tombèrent victimes de la même couche sociale qui, aujourd’hui, attend bien au chaud qu’une main étrangère lui rende le pouvoir pour continuer à défendre ses profits et ses privilèges.
Je m’adresse tout d’abord à la modeste femme de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé plus, à la mère qui a compris de notre préoccupation pour les enfants.
Je m’adresse aux travailleurs des professions libérales qui ont eu une conduite patriotique, à ceux qui ont agi contre la sédition encouragée par les organisations corporatives, ordres de classe qui ne cherchent qu’à défendre les avantages que la société capitaliste n’accorde qu’à une poignée.
Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte.
Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés... car dans notre pays le fascisme s’est déjà fait connaître depuis longtemps dans les attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs, bénéficiant du silence de ceux qui avaient l’obligation d’assurer la défense... L’histoire les jugera !
Radio Magallanes sera sûrement réduite au silence, et le son tranquille de ma voix n’arrivera plus jusqu’à vous.
Peu importe, vous continuerez à l’entendre, je resterai toujours à vos côtés ; mon souvenir sera au moins celui d’un homme digne qui fut fidèle à la loyauté des travailleurs.
Le peuple doit se défendre, mais pas se sacrifier. Le peuple ne doit pas se laisser cribler ni écraser, mais il ne doit pas non plus se laisser humilier.
Travailleurs de ma patrie,
J’ai crois au Chili et en son destin. D’autres hommes sauront dépasser ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Allez de l’avant et sachez que dans un avenir plus proche que lointain s’ouvriront à nouveau les larges avenues par où s’avancera l’homme libre pour construire une société meilleure.
Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs !
Celles-ci sont mes dernières paroles.
J’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas inutile ; j’ai la certitude qu’il sera tout au moins une leçon morale pour châtier la félonie, la couardise et la trahison.
Salvador Allende
Commentaires de l'article |
comme le fait de rappeller cet autre 11 septembre, nous militants anticapitatistes, déclarons cette journée ça nous soulagera |
Certains associent benoitement lbéralisme poltique et libéralisme économique, assurant que le libéralisme économique garantit le libéralisme politique et la démocratie... Le Chili de Pinochet et de la CIA est pour ces idéologues un redoutable contre-exemple : une société de libéralisme économique ET une dictature. |
Chili : Dernier discours de Salvador Allende à la radio nationale le 11 septembre 1973 Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont trahi leurs convictions, manqué à leur propre parole et se sont tournés vers la doctrine des forces armées. Le Peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer, mais il doit défendre ses acquis. Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. À propos de ceux qui ont soi-disant « autoproclamé » la démocratie, ils ont incité la révolte, et ont d’une façon insensée et douteuse mené le Chili dans le gouffre. Dans l’intérêt suprême du Peuple, au nom de la patrie, je vous exhorte à garder l’espoir. L’Histoire ne s’arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C’est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu’ils nous écrasent, mais l’avenir appartiendra au Peuple, aux travailleurs. L’humanité avance vers la conquête d’une vie meilleure. Compatriotes, il est possible de faire taire les radios, et je prendrai congés de vous. En ce moment des avions sont en train de passer, ils pourraient nous bombarder. Mais sachez que nous sommes là pour montrer que dans ce pays, il y a des hommes qui remplissent leurs fonctions jusqu’au bout. Moi, je le ferai, mandaté par le Peuple et en tant que président conscient de la dignité de ce dont je suis chargé. C’est certainement la dernière occasion que j’ai de vous parler. Les forces armées aériennes ont bombardé les antennes de radio. Mes paroles ne sont pas amères mais déçues. Elles sont la punition morale pour ceux qui ont trahi le serment qu’ils ont prêté. Soldat du Chili, Commandant en chef, associé de l’Amiral Merino, et du général Mendosa, qui hier avait manifesté sa solidarité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd’hui s’est nommé Commandant Général des armées. Face à ces évènements, je peux dire aux travailleurs que je ne renoncerai pas. Dans cette étape historique, je paierai par ma vie ma loyauté au Peuple. Je vous dis que j’ai la certitude que la graine que l’on a confiée au Peuple chilien ne pourra pas être détruite définitivement. Ils ont la force, ils pourront nous asservir, ils mais n’éviteront pas les procès sociaux, ni avec le crime, ni avec la force. L’Histoire est à nous, c’est le Peuple qui la fait. Travailleurs de ma patrie, je veux vous remercier pour la loyauté dont vous avez toujours fait preuve, de la confiance que vous avez accordé à un homme qui fut le seul interprète du grand désir de justice, qui jure avoir respecté la constitution et la loi. En ce moment crucial, la dernière chose que je voudrais vous dire, c’est que la leçon sera retenue. Le capital étranger, l’impérialisme, ont créé le climat qui a cassé les traditions : celles que montrent Scheider et qu’aurait réaffirmé le commandant Araya. C’est de chez lui, avec l’aide étrangère, que celui-ci espérera reconquérir le pouvoir afin de continuer à défendre ses propriétés et ses privilèges. Je voudrais m’adresser à la femme simple de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé dur et à la mère qui a toujours bien soigné ses enfants. Je m’adresse aux fonctionnaires, à ceux qui depuis des jours travaillent contre le coup d’État, contre ceux qui ne défendent que les avantages d’une société capitaliste. Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui ont chanté et ont transmis leur gaieté et leur esprit de lutte. Je m’adresse aux Chiliens, ouvriers, paysans, intellectuels, à tous ceux qui seront persécutés parce que dans notre pays le fascisme est présent déjà depuis un moment. Les attentats terroristes faisant sauter des ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et gazoducs, face au silence de ceux qui avaient l’obligation d’intervenir. L’Histoire les jugera. Ils vont sûrement faire taire radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son métallique de ma voix tranquille. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le Peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et se laisser humilier. Travailleurs : j’ai confiance dans le Chili et dans son destin. D’autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s’imposerait. Allez de l’avant sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure. Vive le Chili, vive le Peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain et qu’au moins surviendra une punition morale pour la lâcheté et la trahison." |
11 Septembre 1973 : LES DERNIÈRES PAROLES DE SALVADOR ALLENDE de : Salvador Allende samedi 11 septembre 2004 - 13h40 Mes amis, C’est certainement la dernière fois que j’aurai à m’adresser à vous. La force aérienne a bombardé les tours de Radio Portales et de Radio Corporación. Mes paroles ne sont pas marquées d’amertume mais de déception, et seront le châtiment moral de ceux qui ont trahi leur serment : les soldats du Chili, les commandants en chef titulaires et l’amiral Merino, qui s’est promu lui-même, sans oublier Monsieur Mendoza, général perfide qui, hier encore, manifestait sa fidélité et sa loyauté au gouvernement, et aujourd’hui vient de s’autoproclamer directeur général des carabiniers. Devant ces faits, il n’y a qu’une seule chose que je puisse dire aux travailleurs : je ne démissionnerai pas ! Placé à un tournant historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple. Et je suis certain que la semence déposée dans la conscience digne de milliers et de milliers de Chiliens ne pourra être arrachée pour toujours. Ils ont la force, ils pourront asservir, mais les processus sociaux ne s’arrêtent avec le crime ni avec la force. L’histoire nous appartient et ce sont les peuples qui la font. Travailleurs de ma patrie, Je tiens à vous remercier de votre loyauté de toujours, de la confiance que vous avez deposée en un homme qui ne fut que l’interprète des grands désirs de justice, qui donna sa parole de respecter la Constitution et la loi, et qui l’a tenue. Dans cet instant ultime, le dernier où je puisse m’adresser à vous, je vous demande que vous mettiez à profit cette leçon : le capital étranger et l’impérialisme, unis à la réaction, ont créé le climat pour que les forces armées rompent leur tradition, celle que leur enseigna le général Schneider et que réaffirma le commandant Araya, qui tombèrent victimes de la même couche sociale qui, aujourd’hui, attend bien au chaud qu’une main étrangère lui rende le pouvoir pour continuer à défendre ses profits et ses privilèges. Je m’adresse tout d’abord à la modeste femme de notre terre, à la paysanne qui a cru en nous, à l’ouvrière qui a travaillé plus, à la mère qui a compris de notre préoccupation pour les enfants. Je m’adresse aux travailleurs des professions libérales qui ont eu une conduite patriotique, à ceux qui ont agi contre la sédition encouragée par les organisations corporatives, ordres de classe qui ne cherchent qu’à défendre les avantages que la société capitaliste n’accorde qu’à une poignée. Je m’adresse à la jeunesse, à ceux qui chantèrent et communiquèrent leur joie et leur esprit de lutte. Je m’adresse à l’homme du Chili, à l’ouvrier, au paysan, à l’intellectuel, à tous ceux qui seront persécutés... car dans notre pays le fascisme s’est déjà fait connaître depuis longtemps dans les attentats terroristes, faisant sauter les ponts, coupant les voies ferrées, détruisant les oléoducs et les gazoducs, bénéficiant du silence de ceux qui avaient l’obligation d’assurer la défense... L’histoire les jugera ! Radio Magallanes sera sûrement réduite au silence, et le son tranquille de ma voix n’arrivera plus jusqu’à vous. Peu importe, vous continuerez à l’entendre, je resterai toujours à vos côtés ; mon souvenir sera au moins celui d’un homme digne qui fut fidèle à la loyauté des travailleurs. Le peuple doit se défendre, mais pas se sacrifier. Le peuple ne doit pas se laisser cribler ni écraser, mais il ne doit pas non plus se laisser humilier. Travailleurs de ma patrie, J’ai crois au Chili et en son destin. D’autres hommes sauront dépasser ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Allez de l’avant et sachez que dans un avenir plus proche que lointain s’ouvriront à nouveau les larges avenues par où s’avancera l’homme libre pour construire une société meilleure. Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs ! Celles-ci sont mes dernières paroles. J’ai la certitude que mon sacrifice ne sera pas inutile ; j’ai la certitude qu’il sera tout au moins une leçon morale pour châtier la félonie, la couardise et la trahison. Salvador Allende |
11 Septembre, 1973 ... 2003 jeudi 11 septembre 2003 - 21h17 "Je paierai de ma vie la loyauté du peuple (...). D’autres hommes surmonteront cette période sombre et amère où la trahison prétend s’imposer" ( Salvador Allende ) A la veille du 30e anniversaire du coup d’Etat militaire du général Augusto Pinochet, qui a renversé Salvador Allende, le président chilien, Ricardo Lagos, a rendu hommage mercredi 10 septembre à son prédecesseur qui s’était suicidé le 11 septembre 1973. OAS_AD(’Middle’) ; Une plaque portant son nom a été inaugurée dans le salon Independencia où Allende, premier président marxiste arrivé au pouvoir par les urnes, se tira une balle dans la tête avec le fusil d’assaut AK-47 que lui avait offert Fidel Castro. La cérémonie était présidée par Ricardo Lagos, deuxième président socialiste de l’histoire du Chili, en présence de la veuve de Salvador Allende, Hortensia Bussi, leurs filles Isabel et Carmen ainsi que le chanteur-compositeur Silvio Rodriguez et l’ex-président du Nicaragua Daniel Ortega. Elle s’est déroulée sans incident mais des carabiniers ont fait exploser un paquet suspect déposé près d’un monument à la mémoire d’Allende, situé en face du palais présidentiel de la Moneda, suscitant un peu de remous dans l’assistance. "Salvador Allende fut un homme politique qui aimait son pays, croyait dans la démocratie, cherchait à promouvoir les changements sociaux et consacrait sa vie aux plus pauvres", a déclaré Isabel Allende, présidente de la Chambre des députés. Le président Lagos ne s’est pas exprimé lors de la présentation de la plaque, portant l’effigie de l’ancien président et la devise : "Maîtres de nos propres destins". Au nom du gouvernement, le ministre de l’intérieur, José Miguel Insulza, a rappelé le "sacrifice clair et conscient" d’Allende le matin du 11 septembre 1973. Peu avant de mourir, Allende avait lancé un dernier message radiodiffusé, entré dans l’histoire : "Je paierai de ma vie la loyauté du peuple (...). D’autres hommes surmonteront cette période sombre et amère où la trahison prétend s’imposer". La fille d’Allende a souhaité que "plus jamais" ne se produisent au Chili les violations des droits de l’homme perpétrées par le régime militaire qui firent plus de 3 000 morts et des dizaines de milliers de disparus. Interrogée par des journalistes, sa mère a déploré pour sa part que "le Chili soit un pays pas encore réconcilié" où "la démocratie reste limitée". Après des décennies de silence, le Chili s’est enfin plongé ces dernières semaines dans un travail douloureux d’introspection collective sur le régime Allende (1970-1973) et les années de plomb de la dictature militaire. La victoire posthume de Salvador Allende sur le général Pinochet "Nous ne nous sommes pas rendu compte à l’époque que toute l’histoire passait par Salvador Allende, que l’histoire, c’était lui." La réflexion sous forme de regret, si ce n’est d’autocritique, est de Patricio Guzman, qui achève à Paris un long métrage documentaire sur le président chilien renversé par le général Augusto Pinochet. Patricio Guzman est l’auteur d’un monument du cinéma militant des années 1970, La Bataille du Chili, une passionnante trilogie - trois fois une heure et demie - qui retrace les riches heures du gouvernement d’Unité populaire (UP) et la marche inéluctable vers le coup d’Etat. OAS_AD(’Middle’) ; "A l’époque, je voulais montrer les visages anonymes, les milliers de sympathisants et militants engagés dans la tourmente politique", rappelle le réalisateur, fier de pouvoir présenter bientôt en salles un portrait chaleureux du président déchu. Aucune chaîne publique française n’a soutenu ce Salvador Allende, produit par Jacques Bidou avec des partenaires belges et espagnols. "Allende était un parlementaire classique, raconte Patricio Guzman, mais il n’avait pas froid aux yeux. Il était capable à la fois du petit geste susceptible de nouer un lien affectif avec ses électeurs et du grand geste de portée historique. C’est lui qui a bâti l’UP avec de l’énergie et de l’humour. Au pouvoir, c’est lui qui maintenait l’unité des sept partis de l’UP. Il y avait une distance abyssale entre Allende et les autres dirigeants. Le 11 septembre 1973, nous sommes devenus orphelins." Le cinéaste chilien rappelle la vitalité de Salvador Allende, sillonnant le pays au cours de ses campagnes électorales : ""J’ai 65 ans, bien vécus", disait Allende, sans reculer devant le sous-entendu machiste." Le documentaire aborde pour la première fois "la grande histoire d’amour" avec sa secrétaire Miria Contreras, "Payita", qui resta au palais présidentiel de la Moneda jusqu’au dénouement. Le suicide du président interpelle toujours les proches et les militants. Un de ses amis le regrette devant la caméra, car il aurait préféré un Salvador Allende vivant, pouvant prendre la tête de la résistance. "Sa sépulture est devenue un lieu de pèlerinage", précise Patricio Guzman. La personne chargée de l’entretien amène à la fondation Salvador-Allende, installée dans le vieux Santiago, les nombreuses lettres laissées par les fidèles. Pourtant, "la dictature a essayé de broyer toute trace d’Allende. La gigantesque machine de la diffamation a fonctionné d’emblée, de manière brutale. Si la mémoire d’Allende est restée vivante, elle a été confinée dans l’intimité des foyers. La jeunesse respecte l’intégrité symbolisée par sa mort, mais n’en connaît pas les antécédents. Il n’y a toujours pas de véritable biographie d’Allende, avec une recherche auprès de témoins et de sources diverses, à l’anglo-saxonne", soupire le réalisateur. La fondation Salvador-Allende, dirigée par sa fille Isabel Allende, présidente de la Chambre des députés (à ne pas confondre avec son homonyme, la romancière, nièce du président de la République), "expose dans une belle demeure les tableaux réunis par l’exil chilien, mais ne présente guère d’informations biographiques ou politiques", critique Patricio Guzman. Avec une certaine désolation, le réalisateur du Cas Pinochet souligne la "mentalité andine, bolivienne, renfermée", des Chiliens : "Il faut être discret, retenu, il faudrait oublier pour ne pas être qualifié de rétrograde." "Le Chili est une île entourée de montagnes", selon Patricio Guzman. Jadis raillé pour son "socialisme de vin et d’empanadas", le moindre mérite de Salvador Allende n’aura pas été de mettre en branle tout un peuple et d’en partager les rêves avec le reste du monde. Paulo A. Paranagua Multiples hommages aux victimes de la dictature chilienne "Le plus dur, c’était les cris des femmes, les tortures, jour et nuit", raconte Patricio Negro, un des survivants de Villa Grimaldi, à Santiago, le principal centre de détention clandestine et de torture de la dictature du général Augusto Pinochet. Prisonnier pendant cent jours avec sa femme et ses enfants, Patricio montre la maquette reproduisant les cellules de 1 m2, où étaient entassés les détenus, la salle où ils étaient torturés et le château d’eau où ils étaient conduits avant d’être exécutés, les yeux bandés en permanence. OAS_AD(’Middle’) ; 4 500 personnes y ont été torturées, 228 y ont disparu et 18 y ont été exécutées, dont un adolescent de 16 ans. Dimanche 7 septembre, la visite guidée de Villa Grimaldi est un des nombreux hommages rendus aux victimes de la dictature à la veille du 30e anniversaire du coup d’Etat qui renversa le gouvernement socialiste de Salvador Allende et instaura, de 1973 à 1990, un régime qui fit plus de 3 000 morts et disparus. Quelque 500 personnes ont participé à l’émouvante cérémonie, parmi lesquelles d’anciennes victimes, des parents de disparus en larmes, et Pedro Guerrero, un ancien colonel à la retraite de l’armée de l’air, arrêté et torturé avec une centaine d’autres officiers accusés de "trahison à la patrie", pour s’être opposés au coup d’Etat. Pour la première fois depuis trente ans, cet anniversaire a motivé un spectaculaire déploiement médiatique, avec des centaines de programmes de radio et de télévision, des articles dans toute la presse, consacrés au renversement d’un gouvernement démocratique. Alors que certains redoutent des incidents violents, le jeudi 11 septembre, le concert organisé, samedi, dans le stade national de Santiago en hommage à Salvador Allende et aux victimes de la dictature, devant quelque 40 000 personnes, a été un moment de grande ferveur. La veille, un autre concert avait réuni plus de 30 000 personnes avec la participation de nombreux artistes étrangers, dont le Cubain Silvio Rodriguez et Gilberto Gil, ministre brésilien de la culture. Symbole de la terreur, le stade avait accueilli près de 12 000 détenus au lendemain du coup d’Etat. D’après un sondage publié début septembre, la majorité des Chiliens - 67,5 % - se montrent peu intéressés par cette commémoration. L’enquête menée par la fondation Futur, dirigée par le président du parti de droite Rénovation nationale, Sebastian Pinera, montre cependant que 82,8 % des Chiliens ont pris connaissance de l’importante couverture des médias. La moitié des personnes interrogées estiment avoir pris connaissance de nouveaux éléments d’opinion, notamment 73 % des jeunes, âgés de 18 à 24 ans. Cette soif d’histoire de la jeunesse chilienne est soulignée par de nombreux analystes, qui l’attribuent à l’arrestation du général Pinochet à Londres en 1998, à son retour polémique au Chili en mars 2000 et aux progrès accomplis par la justice chilienne dans les enquêtes sur les crimes pendant la dictature. Cette page tragique de l’histoire continue de diviser les Chiliens. La commémoration a entraîné des frictions au sein de la coalition de centre-gauche au pouvoir, bien que le président Ricardo Lagos eût précisé qu’il ne s’agissait pas d’un hommage à Salvador Allende mais d’un geste ayant "un sens républicain". La plupart des parlementaires de la Démocratie chrétienne (membre de la coalition gouvernementale) ont refusé de participer à un quelconque hommage à l’ex-président socialiste, auquel leur formation était opposée, tout comme les partis de droite. Le président Lagos a prévu un hommage privé, le 10 septembre, au palais présidentiel de la Moneda, en présence de la famille Allende. Le lendemain aura lieu la réouverture de la porte d’entrée qu’utilisait l’ex-président et par laquelle son cadavre fut retiré de la Moneda, après son suicide. Le palais présidentiel, fortement endommagé par les bombardements des putschistes, avait été reconstruit par le régime militaire, qui avait muré cette entrée. Pour leur part, plusieurs membres de l’association des familles de détenus ou disparus ont entamé une grève de la faim contre toute mesure d’amnistie pour les anciens tortionnaires que pourrait prendre le président Lagos. Christine Legrand |
Bravo pour cette Pensée et cet hommage posthume à un grand homme de coeur de la carrure de Mandéla. Malédiction éternelle à ces mêmes tueurs (la CIA)que le Ché |
Ce 11 septembre les médias n’en parlent pas ! la chape de désinformation pèse de tout son poids.L’attitude héroïque de Salvador Allende restera dans la mémoire du peuple Chilien ! |
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Le 11 septembre aux Etats-Unis est le résultat de toute une politique qui a créé ses ennemis par sa politique impérialiste pendant des décennies,
Il est le prétexte de ce qui se passe aujourd'hui en Libye, ce nouvel impérialisme en marche pour la prise de contrôle de toute une nouvelle région.
Cette politique impérialiste que démontre de manière exemplaire cet autre 11 septembre : le coup d'Etat au Chili, dont l'article suivant montre ce qu'il laisse aujourd'hui encore de trace profonde:
"Le crime commis au Chili ne s’arrête pas aux événements dramatiques connus de tous. Le vrai mal est encore avec nous, dans notre vie quotidienne, dans l’injustice banalisée et acceptée comme désespoir. La vraie trahison au Chili est d’avoir empêché, que pour la première fois, ces hommes et ces femmes humbles commencent à construire leur propre dignité au travers de leurs enfants et des enfants de leurs enfants."
Illustration prise sur bellaciao
La dictature militaire a dessiné le moule d’où émerge le Chili d’aujourd’hui. Une manière particulière d’organiser l’économie, le néolibéralisme. Une manière d’administrer la politique, une démocratie de basse intensité. Un type de culture adversaire de toute forme collectiviste ou associative, l’individualisme. Ce moule reste en vigueur dans chacune des composantes du pays. Tout observateur neutre doit reconnaître que le cadre militaire n’a fait l’objet que de rares changements et seulement dans l’apparence. Il suffit de voir par exemple que la constitution militaire reste la règle générale de la vie de la nation.
Le sens de cette réorganisation militaire du Chili contemporain a été et demeure toujours de sauvegarder la tradition et l’ordre de la nation, c’est à dire comme l’affirmait Pinochet lui-même de sauvegarder la vie et la fortune des élites dirigeantes qui sentent leurs privilèges menacés.
En toute honnêteté, nous devons admettre que les voûtes maîtresses de l’ordre militaire ont tenu jusqu’à ce jour, assumant le rôle pour lequel elles furent créées, depuis la loi électorale jusqu’à la législation relative à la santé, la prévoyance sociale ou les lois sur le revenu.
En fait, la dénommée Concertation des Partis de la Démocratie n’a fait qu’administrer le modèle hérité avec le but avoué de garantir la continuité. De sorte qu’au-delà d’épileptiques bravades et de l’éculé discours démagogique, les personnages concernés ont agit plus comme émissaires de la droite économique que comme représentants du peuple. Incapables de promouvoir un projet historique alternatif, ils se sont confinés dans une atmosphère d’incapacité et de faiblesse morale, pour employer un vocabulaire élégant.
Comme dans un mauvais roman de terreur, le Chili amnésique d’aujourd’hui tourne son regard vers les vitrines illuminées de la consommation de luxe aux rutilants écrans plasma, pendant que dans la cour on déterre les ossements d’un voisin ou d’un parent. Ce sont les morts silencieuses de cette histoire macabre qui persiste encore, obstinée à cacher des cadavres dans la garde-robe.
Le 11 septembre n’est pas terminé dans notre pays, il est présent dans chaque ligne de la constitution, dans le gris opaque des casernes et des commissariats, dans le rire narquois des notables et des hommes d’affaires. Le 11 septembre continue à vivre chez ceux qui sont tellement redevables envers le Général.
Le crime commis au Chili ne s’arrête pas aux événements dramatiques connus de tous. Le vrai mal est encore avec nous, dans notre vie quotidienne, dans l’injustice banalisée et acceptée comme désespoir. La vraie trahison au Chili est d’avoir empêché, que pour la première fois, ces hommes et ces femmes humbles commencent à construire leur propre dignité au travers de leurs enfants et des enfants de leurs enfants.
Au bout du compte, Auguste Pinochet Ugarte a été la main tyrannique qui a interrompu la merveilleuse chaîne de la vie. Comme Caïn, le Général a assassiné ses frères, offensant l’esprit qui vit au fond de l’histoire de l’humanité. Ses œuvres, son héritage lamentable est bien connu : des générations de Chiliens condamnés à l’enfer de l’ignorance, de la pauvreté, du deuil et de l’indignité. Dans le Chili d’aujourd’hui, il n’y a pas de place pour les morts, pas plus que pour les vivants.
Au-delà des complicités et du mensonge pour cacher la nature de cette tragédie, malgré les efforts des faux prophètes pour exorciser les cendres en prêchant la résignation, au-delà des démagogues de dernière heure qui règnent aujourd’hui au Palais, il y a un peuple silencieux qui incarne l’avènement d’un autre monde.
Alvaro Cuadra, chercheur et professeur à l’ELAP, Ecole latino-américaine des Post gradués, membre d’Arena Pública, Plateforme d’opinion. Université des Arts et Sciences Sociales ARCIS-CHILE.
Traduction : José Gregorio, Investig’Action.
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Présentation de contre-attaque 2, perspective Jean-Marc Rouillan à Marseille
Contre-attaques. Perspective 2 : Jean-Marc ROUILLAN
05/09/2011 à 21h06 - mis à jour le 05/09/2011 à 21h07 | 669 vues | 2 réactions
Acte 1. L'espace Les Grands Terrains est un laboratoire d'un genre particulier qui favorise la production et la diffusion de projets pluridisciplinaires (ateliers, expérimentations, expositions, manifestations...). Les espaces de cette coopérative sont mutualisés. Les compétences de chacun sont mises à contribution pour assembler divers univers artistiques et culturels qui se ré-approprient dans la réciprocité les représentations sociales de l'être humain.
Acte 2. Avant l'été, la copieuse revue littéraire Contre-Attaques éditée par Al Dante, maison spécialisée dans les arts et les écritures indociles, publiait un numéro consacré à Jean-Marc Rouillan. Ce dernier « invitait » au sommaire Daniel Bensaïd, Henri Lefebvre et Pierre Goldman. On y croisait également des poètes, des photographes, des chercheurs, des philosophes, des artistes, des écrivains... qui donnaient un certain poids à la liberté de parole.
Acte 3. A l'occasion du Festival international des arts & des écritures contemporaines (actOral), poètes, plasticiens et agitateurs fusionneront pour des rendez-vous qui donneront du relief et du son aux passionnantes pages de la revue Contre-Attaques axée sur Jean-Marc Rouillan.
- Le jeudi 15 septembre, à 21h, une soirée poésie-action réunira Manuel Joseph, Stéphane Nowak Papantoniou et Charles Pennequin ainsi que des œuvres visuelles de Laurence Denimal. A suivre, en partenariat avec la librairie Le Lièvre de Mars, dans l'espace Les Grands Terrains, 8 rue Vian, 13006 Marseille. Tél : 09 54 20 15 85. Entrée libre.
- Le jeudi 22 septembre, à 19h, une soirée Contre-attaques présentée par Alain Jugnon associera Bernard Aspe, Alexandre Costanzo et Rada Ivekovic autour du thème du passage à l'acte. Transformé en statue de commandeur, discret et muet par obligation, Jean-Marc Rouillan assistera à la rencontre. A suivre à la librairie L'odeur du temps, 35 rue Pavillon, 13001 Marseille. Tél : 04 91 54 81 56. Entrée libre.
Notons également cet autre rendez-vous, le samedi 17 septembre, à 16h30. Il aura pour thème : Les écrits de la philosophie : Alain Brossat (Violence et politique / lecture suivie d'une lecture avec Alexandre Costanzo). A suivre au Théâtre de la Criée, 30 Quai Rive Neuve, 13007 Marseille. Tél : 04 96 17 80 00. Entrée libre.
Plus d'informations sur le numéro de Contre-Attaques Perpective 2 Jean-Marc Rouillan : Jean-Marc Rouillan est un drôle de type.
Le site du festival actOral
Le site des éditions Al-Dante
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Cette information nous a été transmise par un camarade. On peut la trouver sur le site: CAPJPO-EuroPalestine (http://www.europalestine.com/spip.php?article6431)
VOYAGE DE SOLIDARITE MILITANTE EN JUDEE SAMARIE
Publié le 3 septembre 2011 par administrateur
La LDJ organise du 19 au 25 septembre , un voyage de solidarité avec nos frères israéliens vivant sur la terre de nos ancêtres de Judée et Samarie.
Ce voyage est réservé aux militants ayant une expérience militaire : le but de cette expédition est de prêter main forte à nos frères face aux agressions des occupants palestiniens et donc de renforcer les dispositifs de sécurité des villes juives de Judée et Samarie.
http://www.liguedefensejuive.com/voyage-de-solidarite-militante-en-judee-samarie/
Ainsi, on peut en France recruter officiellement pour prêter "main forte" aux "frères" israéliens. On peut officiellement demander une expérience militaire! On peut annoncer officiellement un tel voyage, en annoncer officiellement les dates!! Ceci ouvertement!
impunément?
Rappelons le refus d'embarquement opposé il y a quelques semaines à des dizaines de personnes dont le seul "crime" était de vouloir se rendre en Palestine, et ceci pacifiquement, sans appels aux armes!!
Interdits d'embarquement pour la Palestine. Une superbe video.
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à voir et écouter ... vraiment!
http://www.lejournaldepersonne.com/2011/08/londres-et-cassandre/
Et à lire:
Qui cherche à mettre la main sur Londres
les délinquants, les immigrés ou les indignés?
Étrange question… que l’on se pose depuis toujours
j’ai en mémoire quelques noirs préceptes de la fraction armée rouge qui a fait trembler les seventies en RFA et que l’on retrouve aujourd’hui à Manchester ou à Liverpool chez tous ceux qui n’ont pas fini de réécrire cette terrible page de notre histoire.
tantôt rouge… tantôt noire!
Lorsqu’une personne jette une pierre
on appelle cela une action répréhensible
si on jette mille pierres
cela devient une action politique
on incendie une voiture
c’est une action répréhensible
si on incendie des centaines de voitures
c’est une action politique
la contestation c’est lorsque je dis que ça ne me convient pas
la résistance c’est lorsque je fais en sorte que ce qui ne me convient pas ne puisse pas durer plus longtemps.
je sais ce n’est pas la der des der
mais je viens de voir sur Ciné-cinéma la bande à Baader…
Méfiez-vous de l’actu… c’est du cinéma
mais avec des balles réelles !
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Libye : le piège
sur Bellaciao
lundi 5 septembre 2011 - 08h40
par Djamel Labidi (Le quotidien d’Oran) Il fallait s’y attendre : la prise de Tripoli a aiguisé les appétits de l’OTAN envers d’autres pays arabes.
Dans les pays arabes, dont l’Algérie, elle a redonné vigueur aux partisans de l’ingérence occidentale. Ayant craint, un moment, l’enlisement de l’OTAN en Libye, ils manifestent d’autant plus leur joie à cet évènement. Ils y voient la confirmation de la justesse de leurs thèses sur « le bien fondé de cette ingérence du moment qu’elle débarrasse la Libye d’un tyran ».
Mais peut-on s’en réjouir. Comment ne pas tenir compte que l’entrée des insurgés à Tripoli s’est faite sous les bombardements de l’OTAN. Rien ne ressemble moins à l’entrée triomphale d’une révolution populaire. Comment ne pas voir que ceux qui applaudissent à l’intervention de l’OTAN applaudissent les forces militaires des mêmes pays qui bombardent et massacrent en Afghanistan et en Irak, qui protègent le colonialisme israélien, et qui soutenaient, il y a quelques mois à peine, les dictatures arabes. Comment ne pas dire que cette joie est mauvaise lorsqu’ils la partagent par exemple avec une personnalité islamophobe et arabophobe comme Bernard Henry Levy qui applaudit aux bombardements sur la Libye comme il l’avait fait pour ceux sur Gaza et le Liban.
Il faudra bien un jour nous expliquer ces contradictions, quand elles se seront développées, ce qui est inévitable. Il faudra alors bien se rendre compte que rien n’a été résolu pour la démocratie et la dignité nationale. Et il faudra bien nous dire en quoi tout cela est différent de l’intervention militaire en Irak ou en Afghanistan qui avait été justifiée par exactement les mêmes arguments, la lutte contre la tyrannie et pour la démocratie, et en quoi tout cela n’aboutira pas au même résultat, sous une forme ou une autre : un régime à la Karzaï, corrompu, au service de ses maîtres. La gêne est d’ailleurs perceptible chez ceux, partis et personnalités politiques, en Algérie et dans d’autres pays arabes, qui se félicitent de la « victoire » des insurgés mais sans dire mot de celle, en fait, de l’OTAN. Qui ne dit mot consent, pourrait-on leur faire remarquer. Mais, il faut reconnaître que la question n’est pas simple. En arriver à cet autisme, ou être amené à faire silence sur cet aspect de la réalité actuelle libyenne, sur un évènement aussi énorme que la première intervention militaire étrangère en Afrique du Nord depuis un demi siècle, est en soi même significatif de la complexité de la situation et de la gravité de la crise qu’a ouverte dans les rangs démocratiques arabes l’intervention occidentale.
Les révolutions tunisienne et égyptienne ont été entourées d’un consensus. C’était l’étape en quelque sorte d’un certain romantisme, propre aux débuts des grands mouvements historiques. Deux révolutions « propres » où les bons et les méchants sont clairement identifiés, où la société, à part une minorité, est apparemment unie. C’est la fête démocratique. Surprises d’abord, les puissances occidentales n’ont pas tardé à opérer un tournant radical en annonçant leur soutien au ‘Printemps arabe ». Il le fallait pour intervenir, l’influencer, justifier l’ingérence.
L’ingérence étrangère ouvre donc une deuxième étape dans l’histoire en cours de la démocratie arabe. Cette deuxième étape a été ouverte avec la crise libyenne, elle se développe actuellement à travers la situation en Syrie, et aura certainement d’autres développements. La perversité de la politique occidentale actuelle est qu’elle arrivée à construire, notamment par une campagne médiatique de propagande d’une violence intense, un faux dilemme, qui est celui ci : ou le droit d’ingérence et donc la démocratie sous protectorat occidental, où la dictature et la tyrannie. Beaucoup parmi les élites politiques arabes tombent dans le piège. Outre, évidemment, celles d’entre elles traditionnellement liées à l’Occident, cette propagande trouvent un écho chez des forces politiques et sociales plus larges, soient qu’elles ont peu d’influence et de forces dans la société, et ne voient pas donc d’autre solution pour se débarrasser de la dictature que dans une « alliance même avec le diable » , soient qu’elles sont impatientes ou fatiguées par une longue opposition, Du coup la société désormais se divise sur la question de la démocratie, car il lui est substitué une autre question, celle de l’attitude par rapport à l’intervention étrangère. Les cartes s’en trouvent alors faussées. On croit toujours parler de démocratie mais c’est la question nationale qui ressurgit, et avec elle celle de la souveraineté, celle de l’indépendance du pays, celle de l’unité nationale. Les ex-puissances coloniales reviennent pour proposer de protéger les aspirations démocratiques arabes et ce protectorat réactive alors le protectorat colonial. Ceci explique que du même coup se trouvent relancés des débats qu’on croyait dépassés et qui déchiraient les différentes tendances du mouvement national à la veille des luttes pour l’indépendance : en 1936, l’illusion que la libération allait arriver du Front populaire de la gauche française, en 1942-43, les espoirs mis par Ferhat Abbas dans la Charte atlantique, et plus généralement la position du courant assimilationniste qui attendait le progrès et la civilisation de la France.
SURREALISTE !
Les cartes sont tellement faussées qu’on assiste à des alliances ou des convergences surprenantes : des « laïcs » qui se retrouvent au sujet de l’ingérence étrangère en Libye sur les mêmes positions que les monarchies du Golfe et les royalistes libyens de Londres ; des courants qui se réclament de l’Islam et s’allient avec les puissances occidentales, donc des pays non musulmans, pour combattre… d’autres musulmans, ou qui prient sur la place de Benghazi sous d’immenses drapeaux français et américains ; des militants islamistes algériens qui ont participé à la flottille de la paix pour Gaza et dont le parti a la même appréciation, sur la situation sur la Libye, que… Bernard Henry Lévy qui qualifiait cette flottille « d’épopée misérable »(journal français « Libération »,7 juin 2010). Une atmosphère surréaliste !
Certes, il ne faut pas généraliser et les décantations s’opéreront inévitablement qui toucheront tous les courants politiques, sous les coups de boutoir de la réalité. On peut prédire, sans grands risques de se tromper, que les contradictions entre la domination étrangère et les forces populaires libyennes, nationalistes, islamistes ou autres, se manifesteront très vite. Vrais démocrates et faux démocrates, vrais patriotes et faux patriotes, apparaitront alors, mais hélas à partir de grandes souffrances de la Libye, comme en Irak, en Afghanistan ou ailleurs. Mais on peut se demander aussi s’il n’y a pas un point commun à ces convergences, apparemment hétéroclites : l’idée, d’autant plus tenace qu’elle est non dite, et qui ressurgit car elle n’a pas cessé d’exister depuis les indépendances et leurs contradictions, que la domination occidentale, que le colonialisme a un contenu civilisateur. C’est au fond cette idée qui se cache derrière les partisans de l’ingérence, à la raison fallacieuse que la domination occidentale serait bien plus « soft », bien plus civilisée qu’une dictature arabe.
Ces opinions fleurissent actuellement comme avaient fleuri les appels à la « normalisation » des relations avec Israël, dans des journaux algériens et arabes, lorsque le monde arabe traversait une période très difficile, que la domination des Etats Unis paraissait écrasante et que les partisans de « la normalisation » assenaient « que nous ne pouvions être plus royalistes que les Palestiniens et les Egyptiens ». Je lisais dernièrement un article où il était expliqué, sur la question de la souveraineté nationale, que cela ne faisait pas de différence, qu’on vive dans un pays dominé par l’étranger ou par « un dictateur comme en Libye ». Mais l’auteur de l’article avoue en fait vers où va sa préférence puisqu’il se félicite de l’élimination du pouvoir de Mouammar Kadhafi par l’OTAN. On voit poindre de nouveau le nez de la thèse des « aspects positifs du colonialisme ». Autres temps, mais même problématique.
Comme dans le Far West, le président du CNT de Benghazi vient de mettre à prix la tête de Kadhafi. Tristes mœurs. Que n’aurait- on pas entendu des médias occidentaux si c’était Kadhafi qui avait mis à prix la tête des membres du CNT au début des évènements. L’horreur se répète comme pour Saddam en Irak. La nouvelle Rome est sans pitié et veut du sang et des sacrifices humains. Ce « Wanted » trahit et annonce déjà la domination étrangère sur la Libye et son style. Dans les rues désertes des villes libyennes commencent les règlements de compte et les massacres, mais ces victimes civiles n’intéressent plus Mr Juppé et Mme Clinton.
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Nous avions souhaité reprendre le dossier d'Ekaitza, hebdomadaire basque sur le mandat d'arrêt européen Nos camarades de Libérez-les! l'ont fait. Nous reprenons ici leur travail et invitions à visiter leur site.
http://www.liberez-les.info/communique.html
A lire aussi sur le blog notre article:
comprendre-le-mandat-d-arret-europeen-communication-de-la-cour-de-cassation
Ce dossier sur le mandat d'arrêt européen (MAE) à l'encontre de Daniel Derguy, a été réalisé avec des articles du numéro spécial de l'hebdomadaire Ekaitza n°1251 du 04/08/2011.
le 6 juillet 2011 Daniel Derguy est arrêté à Cahors, alors qu’il construit depuis plus de trois ans une nouvelle vie, dans le cadre de la liberté conditionnelle. Les autorités madrilènes ont délivré un MAE à son encontre, au prétexte d’une affaire datant de dix sept années : une lettre piégée où ses empreintes auraient été relevées, postée à Paris en mars 1994 ! Pour la justice française, il y a pourtant prescription. Daniel Derguy a cependant été arrêté, puis relâché sous contrôle judiciaire ; il est passé en procès le 27 juillet 2011 à Agen.
Un parcours de militant
Originaire d'Hazparne, et longtemps résidant à Hiriburu, Daniel Derguy, 51 ans, qui a été technico-commercial à Bayonne, est un militant basque connu pour son implication dans les associations de son canton. Arrêté à Paris le 23 juillet 1996, il sera violemment battu par les forces de police à cette occasion.
Trois procès plus tard, il est condamné à 20 ans d'incarcération pour association de malfaiteurs. Comme 695 citoyens basques, Daniel Derguy était membre du Collectif des prisonniers politiques basques. Pendant ses 12 années d'incarcération, il mena toutes les luttes du Collectif, pour la reconnaissance de leur statut de prisonnier politique, le respect de leurs droits, et surtout contre leur éloignement.
En janvier 2000, il devint l'un des porte-paroles des prisonniers politiques basques, et ce, alors qu'il se trouvait en grève de la faim illimitée depuis le 27 décembre 1999. Cette lutte collective des prisonniers politiques basques détenus en Espagne et en France avait pour but de dénoncer la politique pénitentiaire menée à leur encontre tout en revendiquant le respect de leurs droits.
Daniel Derguy fera 63 jours de grève de la faim : il en ressortira très affaibli, et avec de nombreuses séquelles physiques, dont il subit encore les conséquences aujourd'hui.
Des milliers de personnes, des militants, des syndicats, des élus, des partis politiques, s'étaient alors mobilisés pour le soutenir et dénoncer la situation dans laquelle il se trouvait. La presse locale et nationale, en France, avait relayé cette grève de la faim et les soutiens qu'elle avait suscités.
Incarcéré dans de nombreux centres pénitentiaires français, dont les prisons de Fresnes et de Fleury-Mérogis, il achèvera sa condamnation à Clairvaux : il est en libération conditionnelle depuis le 14 mars 2008 après 12 années passées en détention.
Sa libération a été acceptée sous des conditions très contraignantes, dont la réalisation d'une formation professionnelle de reconversion à Saint-Dizier (dans la région Champagne-Ardenne, à 965 kilomètres de Bayonne), une interdiction de séjour au Pays Basque, en Bretagne et à Paris, d'une durée de 10 ans, et la présentation tous les mois d'attestations de présence à la formation ou d'activité professionnelle, et ce pendant 5 ans.
Daniel Derguy réalisera cette formation en ébénisterie à Saint-Dizier, à près de 1 000 km de sa famille et de sa compagne.
A la fin de sa formation professionnelle, il obtient l'autorisation de s'installer à Cahors, où il trouve un emploi dans un magasin de mobilier. Ayant, depuis quelques mois, la possibilité de prendre ce magasin en gérance, il devait s'en porter acquéreur et signer l'acte de vente le 6 juillet dernier, le jour de son arrestation.
Depuis sa libération conditionnelle, Daniel Derguy s'est totalement investi dans son projet professionnel, respectant toutes les mesures de contrôle qui lui avaient été imposées et se projetant dans une reconversion à Cahors en prenant la gérance d'un magasin.
Son arrestation le 6 juillet pour la notification d'un mandat d'arrêt européen émis par les autorités espagnoles, pour des faits qui auraient été commis en 1994, soit il y a 17 ans, vient mettre à mal tout ce projet. L'activité même de son magasin en subit un grave préjudice, car même en cas de non-application de ce mandat d'arrêt, il sera difficile d'effacer les effets négatifs de cette arrestation très médiatique.
Ce mandat d'arrêt européen porterait sur un scellé vieux de 17 années, une lettre piégée désamorcée de mars 1994, où une empreinte digitale aurait été retrouvée sur une carte de visite qui se trouvait dans l'enveloppe.
Suite à son arrestation à Cahors le 6 juillet 2011, il a été présenté à la Cour d'appel d'Agen (Lot-et-Garonne), de nouveau incarcéré en attente de procédure, le juge considérant qu'il n'avait pas de garantie de représentation (alors qu'il travaille et doit signer l'acte d'achat de la gérance d'un magasin !...). Incarcéré d'abord à Agen, puis à Gradignan, Daniel Derguy réagit à cette injustice flagrante en entamant dès son arrestation une grève de la faim illimitée.
Après 8 jours de grève de la faim, 7 kg perdus et en raison de sa détermination dans son action, il est remis en liberté le 13 juillet. Un délai supplémentaire pour préparer sa défense ayant été accordé, il reste libre, sous contrôle judiciaire, jusqu'au 27 juillet, où son MAE a été examiné à Agen. La justice indiquera le 17 août prochain si elle accepte ou non ce MAE.
Rappelons que le 15 mars 2011, Thomas Hammarberg, le commissaire aux Droits de l'homme du Conseil de l'Europe, a dénoncé le recours excessif au mandat d'arrêt européen en ces termes : " Les problèmes (en rapport avec le MAE) semblent s'être aggravés avec l'augmentation du nombre des MAE : on en compte en moyenne plus d'un millier par mois. (...) L'application de ces procédures a entraîné des violations des droits de l'homme. " Le recul des libertés fondamentales qui en découle en Europe est manifeste, et l'acharnement des autorités françaises et espagnoles à faire en sorte qu'un citoyen basque de nationalité française soit livré à l'Espagne a de quoi inquiéter. Après une tentative pour l'instant avortée avec Aurore Martin, les deux États reviennent à la charge avec Daniel Derguy, pour des faits remontant à 1994 et qui sont en relation avec d'autres faits pour lesquels ce militant basque a déjà accompli 12 ans de prison, suivis de restrictions très strictes dans le cadre de la libération conditionnelle dont il bénéficie depuis trois ans. Et cela alors qu'un processus de paix est en cours au Pays Basque. Une forte mobilisation s'est rapidement mise en place contre ce nouveau MAE, de nombreux élus du Pays Basque, conseillers régionaux, Conseillers Généraux, Maires, conseillers municipaux, ayant signé une pétition par laquelle ils demandent au Gouvernement français l'abandon des poursuites à l'encontre de Daniel Derguy, l'arrêt de l'utilisation du MAE à des fins politiques, et enfin son implication dans la recherche d'une solution au conflit politique au Pays Basque.
Les troubles qu'avait connus le Pays Basque Nord il y a 11 ans à l'occasion de diverses manifestations de soutien à Daniel Derguy en grève de la faim durant 63 jours dans des conditions rendues inhumaines par l'administration pénitentiaire n'ont-ils pas servi de leçon ? Y a-t-il encore quelqu'un qui doute de la détermination de Daniel à se servir de la dernière arme qui lui reste, son corps, pour imposer son droit à la dignité et à la liberté ? N'a-t-il pas suffisamment payé pour mériter de votre part respect et considération ?
" Je ne peux pas accepter "
Compte tenu des événements, nous avions demandé à Daniel Derguy s'il était possible de nous entretenir avec lui après le procès d'Agen dont le contenu devait en partie déterminer son attitude. Nous nous sommes donc rencontrés le soir du procès à Cahors. Les circonstances ont fait que plutôt que de mener une interview, nous sommes entrés dans une discussion à bâtons rompus qui nous a permis de percevoir plus précisément l'état d'esprit et l'engagement de Daniel. Cet article n'est donc pas présenté comme une interview mais sera ponctué par les déclarations et les réflexions de Daniel, au-delà de sa propre personne.
C'est autour d'une table garnie que s'est déroulée la discussion, en abordant les sujets sans véritable chronologie. Pour la commodité des lecteurs nous avons donc essayé de remettre un peu d'ordre dans tout ça et, chronologiquement, de faire comprendre les motivations de Daniel et les enjeux de son combat, un combat qui ne s'arrête pas à sa seule personne et que nous devons tous engager de manière non équivoque.
La case prison
Ce nouvel épisode a commencé le mardi 6 juillet lorsque des policiers en civil sont venus arrêter Daniel pour le conduire en prison avant de l'emmener devant le tribunal d'Agen chargé de prendre la décision d'accorder ou non le mandat d'arrêt européen émis par l'Etat espagnol.
" J'ai vu des hommes arriver, j'ai tenté de mettre la clef dans la serrure du magasin pour entrer, mais je n'en ai même pas eu le temps. Tout s'est passé très vite. Ils m'ont embarqué dans une voiture et m'ont ensuite montré leur brassard, ce qui n'avait pas été fait avant. Même les voisins ont cru qu'il s'agissait d'un enlèvement. " Les policiers étaient des costauds, selon Daniel, les mêmes qui avaient tenté d'arrêter Aurore Martin ? Peut-être, en tout cas, ils appartenaient à la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) de Baiona.
Tout va alors très vite, l'acheminement vers Agen où doit lui être signifiée l'émission d'un mandat d'arrêt européen par l'État espagnol. Retour à la case départ. Et un premier passage devant les juges, à Agen. Où l'on signifie à Daniel qu'il est l'objet d'un mandat d'arrêt européen selon de nouveaux faits apparus. Et l'embrouillamini qui s'en suit. Que faire ? Il fallait prendre sa décision et rester en cohérence avec la démarche actuelle de la gauche abertzale.
Pendant ce temps, Daniel était incarcéré à Gradignan. " Ça fait bizarre [doux euphémisme] de se retrouver en prison. J'ai revécu de drôles de choses. " On y retrouve les mêmes lieux mais surtout, les mêmes liens. " Les détenus viennent te voir, comme pour les nouveaux. " Mais il y a aussi l'attitude de la direction, qui demande que Daniel soit avec une autre personne dans la cellule, on ne sait jamais. Même avec un autre détenu basque. Il n'ignore pas que Daniel est en danger.
Quelle possibilité d'action ?
Daniel comprend très vite que sa marge d'action est limitée. Étant seul concerné, il faut choisir une méthode d'action qui soit efficace. Il a déjà, lors d'une campagne menée collectivement, effectué une grève de la faim de plus de 60 jours. Et ce, avec des conséquences irréversibles pour son corps. A ce moment se confirme le choix d'un engagement, un choix on ne peut plus logique : " Il y a trente ans que je lutte et que je me suis engagé, ce n'est pas pour accepter ça ! " Daniel, dès le premier passage devant le juge, a refusé d'être remis aux mains aux autorités espagnoles. Et il affirme que si cela doit être fait, " ce sera entre quatre planches. " Lorsqu'il exprime ce choix, Daniel est très clair, et il pense aussi aux autres. Ce mandat a été accepté pour Aurore, mais il n'a pu être appliqué. Après cet échec du gouvernement français, il fallait une autre victime. Tout simplement pour créer un précédent. " S'il y en a un qui passe, c'est la porte ouverte ", autrement dit, à une extension de la pratique. Il s'agit de résister pour lui-même mais aussi contre une mesure juridique d'exception qui pourrait conduire un certain nombre de militants à une détention définitive.
Une première étape
Daniel se déclare en grève de la faim et dans un premier temps, la représentante de l'État s'oppose à une remise en liberté de Daniel. Mais, lorsque Daniel est présenté devant le tribunal d'Agen, sa liberté conditionnelle ne pose pas de problème. Avec une première échéance, celle du 27 juillet, date de l'examen du MAE par la cour d'appel d'Agen.
Etat d'esprit
Ces événements se sont succédé en peu de temps. La situation était, pour Daniel, tout à fait inattendue : " J'ai pris un pet. " Rien ne laissait supposer qu'il puisse être de nouveau dans le collimateur de la justice française. Remis en liberté conditionnelle, il avait entamé une autre vie, dans les clous délimités par la loi. Et lorsque la nouvelle arrive, tout s'écroule. Et c'est le militant qui réagit, revenant inexorablement sur son parcours, l'engagement, la clandestinité, la prison. Quelle décision fallait-il prendre " après trente ans passés là-dedans ? " Et il a pris sa décision : " Chaque fois qu'ils passeraient quelqu'un, ils auraient devant les yeux le cadavre de Daniel Derguy. " Et ce n'est pas une réaction désespérée : " J'aime la vie ! "
Il ne fallait pas attendre et Daniel avait décidé que si l'avocate générale demandait l'application du MAE, il se mettait immédiatement en grève de la faim. Cette décision a été soumise à critique de la part de ses proches qui se sont évertués à lui dire qu'il risquait sa vie s'il entamait ce mouvement. Les conséquences de sa précédente grève de la faim pèsent lourd dans la balance : " On m'a dit que j'ai les reins d'un type de 80 ans. " Mais du point de vue politique, il s'agit d'une décision qui a ses conséquences sur l'ensemble du mouvement abertzale et peut-être au-delà : " Je ne pouvais pas accepter ! " Et lorsque ces mots sont prononcés, on sent bien que les années de lutte et les sacrifices effectués pèsent énormément dans la balance. Pas seulement les siennes mais aussi celles de ceux et celles qui se sont engagés de la même manière et qui sont susceptibles d'être, demain, les victimes d'un nouvel MAE.
La pression matérielle
L'arrestation de Daniel a eu lieu alors qu'il devait recevoir une livraison de meubles qui devait lui permettre de démarrer du bon pied sa nouvelle activité commerciale. Coïncidence ou savant calcul du bureau des Affaires basques, on peut tout supposer ? Mais les ennuis ne s'arrêtent pas là puisqu'il reste en attente d'un verdict le 17 août. En attendant, l'emprunt négocié reste en suspens. Comment faire sans trésorerie alors que le commerce vient d'être déclaré et que les frais courent, loyer, fournisseurs et autres ? " Il va falloir assurer, de toute façon, on n'a pas le choix ", et Chantal, sa compagne, de confirmer qu'il faudra faire avec les moyens du bord.
Serein mais vigilant
Lors du procès d'Agen, l'avocate générale a prononcé un réquisitoire expliquant que le mandat d'arrêt européen émis contre Daniel avait de bonnes raisons de n'être pas accepté. Mais, car il y a toujours un mais, elle a bien précisé que la décision ne lui appartenait pas et que le tribunal était seul chargé d'argumenter le verdict définitif. Dans d'autres circonstances, au vu du réquisitoire, on serait d'un optimisme débordant. Mais ce réquisitoire a été prononcé avec les formes et ne demande pas clairement l'abandon du MAE. Certes Daniel se déclare serein, mais comme il le dit lui même : " Il ne faut jamais baisser la garde, dès qu'on le fait, tu vois ce qui arrive. " Il s'agit donc de rester vigilant sur ce qui ressemble de plus en plus à un sabotage en règle du processus en cours. Un processus que défend Daniel qui prône une véritable unité de la gauche abertzale, surtout dans les actes. Comment ne pas évoquer les années passées sur des stratégies parallèles ? " Á l'époque, nous nous sommes fait très très mal. " Il se tient toujours au courant de ce qui se passe ici et il se rend bien compte que sa position militante peut avoir des conséquences.
Comment cela se passerait-il si un militant venait à laisser la vie dans ce combat ? Cela pourrait entraîner des réactions qui fragiliseraient les bases d'un processus qui de la part des interlocuteurs espagnols et français tarde à démarrer. " Lorsque nous avons parlé de ma décision avec des militants, cet aspect a été inévitablement évoqué. " Et comme il l'a rappelé lui-même devant le tribunal, cette décision de prononcer un MAE contre lui et d'autres constitue une attaque à ce processus. Il s'agit de répondre collectivement à de telles provocations. Mais du travail a été effectué, à partir de l'affaire Jon Anza puis celle d'Aurore Martin. Pour Daniel, ce travail porte ses fruits. Il constate que les élus ont massivement signé en sa faveur, comme pour Aurore Martin alors que lui n'était pas accusé de délits répertoriés comme politiques mais d'une tentative d'attentat. " On voit que depuis Aurore Martin, il s'est passé quelque chose. Le collectif contre le MAE regroupe au-delà des abertzale " (voir la liste des signataires). Et Daniel salue le travail de fourmi réalisé sur le terrain qui a débouché sur une prise de conscience beaucoup plus large sur le sujet.
Tourné vers l'avenir
Si le verdict du 17 août confirme les impressions laissées au procès d'Agen, Daniel devrait raisonnablement pouvoir reprendre ses activités professionnelles. En pensant au moment où il pourra enfin vivre chez lui : " Je ne peux pas retourner vivre en Iparralde avant 2018 ", mais lorsqu'il dit ça, il souhaite évidemment que ce délai de dix années au départ soit raccourci. Il reste beaucoup à construire et après tant d'années de clandestinité et d'incarcération, il veut y participer. Mais il ne s'attarde pas sur le sujet, cet éloignement est assumé et comme l'a mentionné l'avocate générale, Daniel respecte la règle et sa " traçabilité " ne pose pas de problèmes. Pour l'instant, il va se consacrer à la préparation de son avenir, ou plutôt de leur avenir, il n'est pas seul, avec l'énergie et la détermination qu'on lui connaît. En espérant que l'on tienne compte de son appel à la vigilance. En tout cas, il dit et il le répète : " Il ne faut pas baisser la garde. " C'est l'une des principales leçons pour les militants à tirer de cet épisode qui n'est pas encore clos, loin s'en faut.
Mais pourquoi donc Daniel Derguy passe-t-il en procès ?
(Procès du 27/07/2011)
L'audience débute par l'arrivée de l'avocat général, qui représente le ministère public, Madame Heyte, déjà présente lors de la précédente audience. D'entrée de jeu, elle rappelle au public nombreux (une cinquantaine de personnes) qu'elle ne tolèrera aucune expression vocale.
En revanche, la cour, à la surprise de la défense, est composée de magistrats différents de ceux du 13 juillet.
Le président, M. Sorrau, après l'interrogatoire d'identité, présente une synthèse du dossier, et en particulier l'historique du mandat d'arrêt européen qui vise Daniel Derguy. Ce MAE, émis par le juge Meredes, du Tribunal national espagnol (Audiencia nacional) est arrivé le 8 mars 2011 sur le bureau des autorités françaises.
L'ordre est donné d'arrêter Daniel Derguy. Le 6 juillet au matin, des hommes cagoulés, les mêmes que ceux qui ont tenté d'arrêter Aurore Martin l'après-midi du 21 juin à Bayonne, semble-t-il d'après la description qui nous en a été faite, se sont emparés de Daniel, devant son domicile. Le 7 juillet, il était présenté au tribunal d'Agen. Le 13 juillet, Daniel Derguy était remis en liberté et un supplément d'information était demandé aux autorités espagnoles ; en effet, se posait un problème de traduction en français non conforme à l'original et d'extinction des poursuites par prescription (les faits incriminés, à savoir une lettre piégée dans laquelle aurait été relevée l'empreinte du pouce de la main gauche de Daniel, datant du 4 mars 1994 – date de réception de la lettre – ou du 21 février 1994 – cachet de la poste de Paris du courrier).
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la question soulevée par le tribunal relative à la traduction relève du fait que par rapport à l'original en castillan, un paragraphe entier a été rajouté dans la traduction en français fournie par les autorités espagnoles. Ce paragraphe attribue à Daniel Derguy, après une " tentative d'assassinat en tant qu'auteur ", un second chef d'inculpation : " Détention d'explosif en collaboration avec une entreprise terroriste. "
Bien évidemment, les autorités espagnoles ont adressé une nouvelle version de cette traduction dans laquelle ce passage n'existant pas en castillan a disparu, avançant l'excuse d'une " erreur matérielle " dans la traduction...
Pour la tentative d'assassinat, Daniel risque 30 ans de prison. En droit espagnol, le délit est prescrit après vingt ans, soit le 4 mars 2014. Quant à savoir ce qu'il en est réellement de la prescription de ce délit, les autorité espagnoles préfèrent ne pas répondre.
Application du droit
Après cet exposé de la procédure, la parole est donnée au ministère public qui va curieusement nous faire un cours de droit appliqué au MAE.
L'avocate générale, qui dans son réquisitoire écrit aurait précisé que le tribunal ne " doit pas " accepter ce MAE (d'après nos sources), va s'employer à expliquer la position du ministère de la Justice sur ce problème (elle précisera au moins deux fois que c'est sur ordre qu'elle présente cette position). Elle constate que la première traduction en français n'était pas identique au texte original et que les autorités ont bien transmis une nouvelle copie française " certifiée conforme " de ce mandat.
Viendra ensuite une longue explication des raisons pour lesquelles en droit français, la prescription pour le délit retenu pouvait être acquise, en se reportant à l'art. 695 al. 22 du Code pénal. En 1994, la prescription pour le délit reproché à Daniel Derguy était de 10 ans. En 1995, une nouvelle loi rallonge le délai de prescription mais ne s'applique pas aux faits commis si cela aggrave les peines des personnes emprisonnées. Le 9 mars 2004, une nouvelle loi vient annuler l'alinéa de 1995 relatif à la suspension de l'allongement de la prescription pour cause d'aggravation de la situation des prévenus. Le 11 mars 2004, cette loi est publiée au Journal officiel.
Or, pour les faits imputés à Daniel datant du 4 mars 1994, la prescription était acquise le 4 mars 2004 et donc la loi du 11 mars de cette même année ne peut lui être appliquée.
Soulevant un autre point de droit, l'avocate générale va s'appuyer sur l'article 695.24 de cette loi pour dire que " les faits ont été commis sur tout ou partie du territoire français " et qu'à ce titre, ils ne peuvent tomber sous le coup d'une juridiction étrangère. Autre motif de refus de ce mandat d'arrêt. Elle s'appuie pour cela sur une décision de la chambre d'instruction de Pau, qui fait jurisprudence. Toutefois, précise-t-elle, toute décision de refus doit être motivée (art. 695.25).
Abordant la notion d'" ordre public international ", elle remarque que Daniel Derguy a été condamné lourdement (en fait trois condamnations de 10 ans, le maximum de la peine, confusionnées à 20 ans) et que l'on peut légitimement penser que les faits reprochés sont " connexes ou concomitants " à ceux pour lesquels il a été condamné (" association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ") et donc qu'il a déjà été jugé pour ces faits... Cependant elle fait remarquer à la cour qu'une " convention sur le terrorisme lie l'État français " et lui donne " l'obligation d'examiner les faits ", questionnant directement les juges sur l'éventualité d'ouvrir une instruction sur ces faits (par ailleurs prescrits et déjà jugés – Ndlr)...
Voilà la teneur de ce réquisitoire qui a pris des allures de conférence de droit pour juristes chevronnés. Toujours est-il que l'avocate générale a bien précisé aux juges que c'était à eux de prendre la décision et de la motiver.
Refus
La plaidoirie de Yolanda Molina, l'avocate de Daniel, a porté sur deux parties. D'une part, elle a affirmé que la cour se trouvait devant un cas de refus obligatoire dû au principe de territorialité (les faits on eu lieu en partie sur l'État français et sont prescrits en droit français), et un cas de refus facultatif qu'elle trouve particulièrement adapté, puisque cela relève du pouvoir que la loi donne aux juges de refuser un mandat d'arrêt européen, en se basant dans le cas présent sur l'ancienneté des faits, l'impossibilité de se défendre qui en découle et sa situation personnelle.
Me Molina cherche pourquoi on vient en 2011 chercher Daniel Derguy pour des faits commis en 1994 : " Il y a une raison qui n'est pas juridique. Elle est ailleurs. C'est une raison politique ", affirme-t-elle. De plus les faits reprochés (une empreinte sur une carte de visite dans une enveloppe) " ne constituent pas en droit français une tentative d'assassinat ". Elle remarque que les empreintes digitales de Daniel Derguy, arrêté en 1996, ont été diffusées depuis 1998, et " ne croit pas à un manque de diligence de l'autorité espagnole ". " A Madrid, des dossiers comme celui-là, il y en a plein les tiroirs ! " affirme-t-elle.
Elle demande donc à la cour de rejeter ce mandat au titre du " refus obligatoire " et du " refus facultatif ".
Le président donne alors la parole à Daniel Derguy en lui précisant de ne pas sortir du cadre de cette affaire.
Les mots de Daniel sont brefs, calmes et déterminés : " Vous avez devant vous un homme qui n'est pas rempli de haine mais un homme en colère... Quelle que soit la décision que vous allez prendre, ce sera un cadavre qui prendra le chemin de l'Espagne ". " Quand l'État français va-t-il s'inscrire dans le processus démocratique politique et non-violent qui doit aboutir à une véritable paix ? "
Les Affaires basques
Les faits se résument donc à une arrestation sur la foi d'un mandat d'arrêt international connu par les autorités françaises depuis 4 mois, et qui de l'aveu même de ces autorités ne peut être que refusé.
Cependant, ces autorités montent une arrestation commando, avec les risques de bavure que cela comporte. Elles mettront Daniel Derguy en prison, s'opposeront à sa libération, puis le lendemain, à l'audience du 13, n'y feront plus obstacle.
Le lecteur, se demandera peut-être pourquoi nous nous sommes étendus longuement sur les arguments juridiques de cette audience qui fut exclusivement " technique ". Il nous a semblé important d'essayer d'éclairer la complexité des arguments de droit mis en avant, afin de mieux mettre en évidence le fait que des juristes seuls ont pu poser les bases d'un tel mandat d'arrêt, en Espagne bien sûr, mais aussi en France, où les juristes du bureau des Affaires basques ont eu 4 longs mois pour étudier ce mandat, s'apercevoir qu'il n'était pas applicable et néanmoins déclencher son début d'exécution. Ces juristes qui, n'en doutons pas, sont titulaires des meilleurs diplômes, n'hésitent cependant pas à fournir à la police et à la justice un document biaisé (" erreur matérielle " de traduction) et inexécutable en droit. Il faudra attendre l'audience du 13 juillet pour commencer à s'en rendre compte. Imagine-t-on les conséquences si la défense n'avait pas mis à jour ce " vrai-faux " mandat d'arrêt...
Batasuna fait le point sur la situation
Le 6 juillet 2011, une nouvelle étape dans la politique de répression de l'État français est franchie. Comme Aurore Martin, Daniel Derguy, militant basque de " nationalité française " se voit notifier un Mandat d'Arrêt Européen. L'État français confirme que sa décision est prise : éliminer de la carte une expression politique basque qui le dérange, et ce, grâce à un outil politique émis par une juridiction d'exception. Le recours au MAE par l'État français porte ce message : réduire à néant, ici aussi, la gauche abertzale et son projet politique. Une loi dite " antiterroriste " devient bien une loi " anti projet Euskal Herria ". L'heure est extrêmement grave : après Aurore, après Daniel, on peut supposer, sans trop se tromper, que d'autres militants du Pays Basque Nord subiront le même sort : des années d'incarcération à Madrid pour leur engagement en faveur d'un Pays Basque réunifié, libre et démocratique. Ces militants rejoindront ainsi la longue liste de ceux d'Hegoalde renvoyés par des tribunaux français dans les prisons espagnoles, à la demande de l'Audiencia nacional, juridiction d'exception qui base ses décisions sur des déclarations issues d'actes de torture.
Face à cette situation, l'attitude de Daniel est sans équivoque. Il se battra jusqu'au bout, et par tous les moyens, quel que soit le prix à payer. Il n'acceptera pas d'être renvoyé en prison en Espagne, pour des faits remontant à 17 ans, et qui sont donc prescrits en droit français. Ceux et celles qui connaissent Daniel savent que ce geste n'est pas anodin, n'est pas lancé au hasard. A une attaque frontale lancée par l'État français, Daniel répond par la résistance, l'engagement total, la dignité, la hauteur politique. Nous ne pouvons qu'être à ses côtés et mettre toute notre énergie à la mobilisation afin que l'issue ne soit pas fatale.
Il ne s'agit pas ici de discuter son choix. Daniel est un militant de longue date, très engagé, avec une lecture très précise du moment politique dans lequel se trouve Euskal Herria. Et c'est bien de cela dont il s'agit : du moment politique.
Voici plus d'un an que la gauche abertzale a fait connaître sa proposition " Zutik Euskal Herria " qui vise le dépassement du statu quo ou blocage dans lequel se trouve le Pays Basque, pour aller vers l'application du droit à l'autodétermination, via uniquement des voies démocratiques, en priorisant le travail en commun, l'accumulation des forces, les accords politiques en Euskal Herria et l'implication de la communauté internationale. Voici près de 6 mois que l'organisation ETA a déclaré un cessez le feu " permanent, général et vérifiable par la communauté internationale ", qu'elle vient encore de confirmer il y a quelques jours. Voici quelques semaines que la coalition abertzale de gauche Bildu est à la tête de plusieurs institutions en Hegoalde. Voici quelques semaines qu'en Pays Basque Nord, la coalition électorale EHBai se trouve confirmée comme étant la 3e force politique. Voici venu le moment des choix stratégiques pour tout le mouvement abertzale où la priorité doit être donnée à la concrétisation du processus démocratique.
Face à cette ambiance, l'État espagnol continue via ses juridictions d'exception à emprisonner des leaders politiques, des jeunes qui constituent la relève de ce pays, à maintenir incarcérés des centaines de prisonniers politiques basques. L'État français, quant à lui, franchit un pas encore jamais atteint : éliminer de fait Batasuna et la gauche abertzale de " son territoire " via l'application du MAE. Face à la stratégie de confrontation que poursuivent ces deux Etats envers Euskal Herria, notre devoir est clair : poursuivre l'accumulation des forces, le travail en commun, et les accords stratégiques. Les États voudraient nous " diviser pour mieux régner ". Ne tombons pas dans le piège.
La mobilisation, la méthode de travail collective est exemplaire autour du cas Aurore Martin. Au-delà de toutes nos différences, abertzale ou non abertzale, nous avons ensemble bien su cerner le moment politique. Car il s'agit bien de cela : le moment politique choisi par la France pour s'engager dans la voie des MAE ; ce moment si important, si décisif pour le Pays Basque qui dérange les États français et espagnol. Ces derniers mois, un rempart populaire a été mis en marche. Continuons dans ce sens afin de créer depuis le Pays Basque une interlocution politique face à Paris, dont l'un des objectifs à moyen et long terme est d'exprimer et de résoudre les problèmes de fond, qui sont la source du " conflit basque ".
À court terme, si le 17 août 2011, le tribunal d'Agen décide d'appliquer à Daniel Derguy ce mandat d'arrêt européen, un compte à rebours va s'enclencher. Daniel entrera en grève de la faim illimitée et ira au bout de cette action. L'État français, ses responsables locaux seront face à une responsabilité sans précédent. Souhaitent-ils avoir à gérer un " Bobby Sands " ? Si oui, ils ne sont pas dignes d'être des responsables politiques, qu'ils en assument les conséquences. Si non, qu'ils interpellent de manière très efficace leurs homologues parisiens pour trouver une solution. La seule solution étant la non-application du MAE ! Une responsabilité sans précédent attend aussi tout le mouvement abertzale, soyons à la hauteur ! Bien qu'en plein été, la mobilisation doit être plus forte que jamais. Soyons nombreux et nombreuses à la manifestation de Donibane Garazi le 15 août à 17 heures.
Utz Daniel bakean ! Non au mandat d'arrêt européen ! Résolution démocratique et politique du conflit en Pays Basque !
Gabi Mouesca :
" Ces poursuites sont une provocation "
L'actualité autour du mandat d'arrêt européen (MAE) a provoqué de nombreuses prises de positions ces derniers mois. Nous avons souhaité en parler avec Gabi Mouesca, militant de la gauche abertzale, candidat aux sénatoriales de septembre prochain.
Ekaitza : Dans le cas d'Aurore Martin, nous avons assisté à une mobilisation surprenante de forces et de personnalités très hétéroclites. Qu'est-ce que cela t'inspire ?
Gabi Mouesca : Il faut tout d'abord dire que ces diverses mobilisations, d'individus et de structures politiques ou syndicales, ont été le fruit d'un formidable travail militant d'explication et de persuasion. Il faut le souligner car dans ce cas précis, comme ce fut le cas pour l'affaire Jon Anza, les résultats sont la conséquence d'un travail sérieux, qui a mobilisé des personnes qui pour beaucoup se sont données jusqu'à la limite de leurs forces. Il faut saluer ces militant(e)s pour leur investissement exemplaire.
Par ces fameux résultats, je veux parler de la mobilisation de certaines personnalités politiques et de partis ou organismes peu coutumiers de porter un intérêt à la répression subie par la gauche abertzale. Néanmoins, je dirais que l'hirondelle ne fait pas le printemps. Nous sommes entrés en période pré-électorale (sénatoriales à venir, présidentielles...), et nous savons qu'en pareille période, la tentation est grande pour beaucoup d'opter pour des attitudes qui peuvent être en totale contradiction avec ce qui est leur posture habituelle. De plus, il y a des microclimats locaux (suivez mon regard qui se tourne vers le Rocher de la Vierge...) qui peuvent aussi nous valoir des postures surprenantes. Enfin, le phénomène de dominos engendre des réactions qui n'ont comme logique que celle de suivre le mouvement lancé. C'est un classique de la politique politicienne.
Notre mémoire collective nous invite à la plus grande prudence, et à ne pas céder aux appels des sirènes et à nous méfier des leurres.
D'ailleurs, nous n'avons pas tardé à nous rendre compte de la relativité de la motivation de certaines personnes et structures politiques ou syndicales. En effet, lorsqu'il s'est agi de dénoncer le MAE appliqué à Daniel Derguy, même si le facteur temps n'a pas joué en faveur d'une re-mobilisation conséquente, il faut bien reconnaître que certains ont manqué à l'appel. Du point de vue des mécanismes et logiques répressives utilisées, le cas de Daniel est pourtant bien identique à celui d'Aurore. Sauf... sauf que Daniel est " estampillé " ETA.
Ainsi, à la première aspérité, c'est " courage, fuyons ! "
Pourtant, le mandat d'arrêt européen est un outil répressif que la quasi-totalité des spécialistes en matière de défense des droits de l'homme a dénoncé. Dénonciation faite également par un nombre conséquent de partis politiques, syndicats et autres structures situées dans l'opposition au pouvoir actuel ou simplement jouant le rôle de contrepouvoir dans le fonctionnement démocratique de notre société.
Les poursuites engagées contre Aurore Martin, via le MAE, ont aussi été massivement dénoncées comme une provocation, une atteinte aux conditions nécessaires pour instaurer un climat favorisant l'avancée d'un processus de paix en Euskal Herri.
Puis, advient le cas Daniel Derguy. Et là, surgit le passé militant de Daniel. Son engagement dans les rangs d'ETA.
Premier élément de réflexion : lutter contre le MAE et défendre Aurore et Daniel ne sont pas en Euskal Herri des éléments de simples batailles politiques ou idéologiques. Il s'agit là d'un combat mené au nom d'un objectif suprême, celui de créer les conditions d'une paix juste et durable.
Le mercredi 18 août, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Agen a refusé l'exécution du mandat d'arrêt européen (MAE) émis par l'Espagne à l'encontre du camarade Basque Daniel Derguy
Pour consulter le blog: linter.over-blog.com
Cisjordanie, Jénine, Juliano Mer Khamis,
Un homme qu'on assassine
4 avril 2011
Un homme, est mort assassiné à Jénine.
Son crime: animer le Freedom Theater.
Cisjordanie, Jénine, le Freedom Theater
Un théâtre que l'on veut assassiner
Depuis le 27 juillet
Ce théâtre hors toutes normes
Est harcelé, sans faille
Par les autorités israélienne
Cisjordanie, Jénine,
Un homme assassiné
Un théâtre que l'on assassine
Une pétition pour informer, pour mobiliser
Nous vous proposons de rejoindre la pétition
En allant sur le lien http://www.solidaritefreedomtheatrejenine.com/spip.php?article1
PETITION
LE THEATRE DE LA LIBERTE DE JENINE DOIT VIVRE !
Juliano Mer Khamis a été assassiné le 4 avril 2011 par un inconnu devant le Théâtre de la Liberté (Freedom Theatre) de Jénine, en Cisjordanie, théâtre qu’il a fondé en 2006 pour continuer le travail de sa mère Arna avec des jeunes du camp de réfugiés. Le théâtre a permis à de nombreux jeunes Palestiniens de résister aux violences et à l’oppression que leur imposent les autorités d’occupation israéliennes, d’extérioriser leurs angoisses, de sortir de leur isolement et de s’épanouir.
De mère juive israélienne et de père palestinien de Nazareth, réalisateur du film « Les enfants d’Arna », Juliano Mer Khamis s’était rallié au mouvement de boycott, y compris culturel, de l’Etat d’Israël tant qu’il ne se conforme pas au droit international. Après son assassinat, les autorités israéliennes ont saisi sa voiture, son ordinateur et son téléphone portable, puis à partir de fin juillet elles ont utilisé sa nationalité israélienne comme prétexte d’enquête pour lancer une forte offensive visant à briser le Freedom Theatre et à provoquer sa fermeture.
Le 27 juillet, les forces d’occupation ont violemment attaqué le théâtre en pleine nuit, commettant d’importants dégâts, et ont arrêté sous le régime arbitraire et brutal de « détention administrative » deux responsables palestiniens du théâtre, Adnan Naghnaghiye et Bilal Saadi, qu’elles ont alors considérés comme suspects du meurtre. Puis elles ont arrêté à un check-point, pour le même motif, l’étudiant acteur palestinien du Freedom Theatre, Rami Hwayel, qui se préparait au rôle principal dans la pièce « En attendant Godot. »
Le 21 août, les trois détenus ont été disculpés mais Rami Hwayel, au prétexte qu’il était allé antérieurement en Israël sans autorisation, a été condamné à un mois d’incarcération, ce qui a provoqué l’annulation des premières représentations de la pièce.
Le 22 août, l’armée israélienne a de nouveau attaqué le Freedom Theatre et arrêté Mohammed Naghnaghhiye, frère d'Adnan, après avoir dévasté son appartement situé dans le bâtiment du théâtre.
Depuis lors, les autorités d’occupation ont harcelé d’autres membres du Freedom Theatre.
Ces pratiques de puissance occupante, contraires aux conventions sur les droits humains et à toute légalité internationale, doivent cesser ! Qu'en serait-il si la France opérait de tels coups de force à l'encontre d'un autre pays sous couvert d'enquêter sur l'assassinat de l'un de ses ressortissants dans ce pays ?
Une troupe du Freedom Theatre, invitée par les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, venait d’effectuer en France de fin juin à mi-juillet une tournée réussie et s’était produite dans le cadre des 23èmes rencontres du jeune théâtre européen à Grenoble. Deux tournées importantes sont programmées en Allemagne et aux Etats-Unis dès l’automne.
Le Théâtre de la Liberté de Jénine doit pouvoir continuer son travail émancipateur au service des jeunes et de la population palestinienne !
C’est pourquoi nous exigeons :
Nous demandons en outre que les instances concernées des pays ayant des relations avec Israël interviennent énergiquement auprès de cet Etat et de son ambassade pour la satisfaction de ces cinq points.
En particulier, pour la France : le ministère des Affaires Etrangères, qui avait publié un hommage élogieux à Juliano Mer Khamis après son assassinat, le ministère de la Culture, le ministère de l’Intérieur, ainsi que l’ambassade d’Israël.
« Il n’y a pas de liberté sans savoir.
Il n’y a pas de paix sans liberté.
La paix et la liberté sont inséparables »
Arna Mer Khamis
Le 30 août 2011
Pour contribuer aux importants frais d’avocats et aider le Freedom Theatre, vous pouvez :
- envoyer un chèque à l’ordre d’ATL Jénine, Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine, boite aux lettres 84, 15 passage Ramey, 75018 Paris
- ou vous connecter au site du Freedom Theatre (paiement sécurisé) : www.thefreedomtheatre.org
Contact e-mail des Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine : theatrejenine@yahoo.fr
Pour signer la pétition, cliquer sur le lien :
http://www.solidaritefreedomtheatrejenine.com/spip.php?article1
PREMIERS SIGNATAIRES (ordre alphabétique)
Nathalie Ménigon
Georges Cipriani
en libération conditionnelle
Jean-Marc Rouillan
en semi-liberté
(août 2009)
PROCES CONTRE C. GAUGER ET S. SUDER
Pour suivre le procès : lire
LIBERATION DE SONJA SUDER
EMPRISONNEE DEPUIS SEPTEMBRE 2011 POUR DES FAITS REMONTANT A PLUS DE TRENTE ANS ET SUR LES SEULES ACCUSATIONS D'UN TEMOIN REPENTI HANS-JOACHIM KLEIN.
ARRET DES POUSUITES CONTRE CHRISTIAN GAUGER ET SONJA SUDER
ENGAGEES AU MEPRIS DE TOUTE PRESCRIPTION
SUR LES SEULES BASES DE DECLARATIONS OBTENUES SOUS LA TORTURE D'UNE PART ET D'UN REPENTI D'AUTRE PART
NON A LA TORTURE - NON A LA CITATION COMME TEMOIN D'HERMANN F.
Militant grièvement blessé en 1978, interrogé dès le lendemain d'une opération où il a perdu ses deux yeux et a été amputé des deux jambes, séquestré durant quatre mois sans mandat d'arrêt par la police, maintenu à l'iolement, et dont le tribunal prétend aujourd'hui utiliser les déclarations, qu'il a remis en cause dès qu'il a qu'il a pu être libéré des griffes des policiers.
LIBERATION DE SIBYLLE S., ARRETEE LE 9 AVRIL EN PLEIN PROCES POUR REFUS DE TEMOIGNER :
condamnée il y a plus de trente ans sur la base des déclarations de son ex-compagnon Hermann F., elle est restée proche de lui toutes ses années et refuse qu'on utilise ces déclarations qui lui ont été extorquées au prix de traitements inhumains.