COHERENCE
Ici le bandeau du blog qui n'a pas été choisi par hasard et qui reste le fondement des réflexions du blog.
SONJA SUDER EST LIBRE Procès C. Gauger, S. Suder: Une page pour s'informer
PALESTINE - Une carte à ne jamais oublier
Chers amis et camarades,
Je vous transmets un grand merci pour votre soutien et votre solidarité dans cette épreuve bien plus pénible que ne furent les 8 ans d’incarcération + les 5 ans de contrôle judiciaire, entre 1979 et 1993 en Italie.
Pourquoi mon incarcération est-elle pénible, inéquitable et arbitraire ?
Elle est telle car ne répond pas à un souci de justice.
La demande d’extradition a été transmise à la France, une première fois en 1994 (!) et une deuxième fois en 2002 (!) D’autres demandes ont été transmises dans les mêmes années concernant quelques dizaines d’autres réfugiés italiens.
Ces demandes n’ont pas été exécutées car la France a accordé la protection aux réfugiés italiens, depuis 1985.
Cette protection, au fil du temps, a été consolidée juridiquement par l’octroi de cartes de séjour et par le retrait, en 1998, des réfugiés italiens du fichier Européen de personnes recherchées (Schengen)
Ce processus s’appelle ASILE.
Violation des droits Mettre en exécution une extradition après l’avoir bloquée consciemment pendant environ 15 ans, retirer la protection aux personnes, sans qu’aucun élément nouveau ne soit intervenu, constitue une violation des garanties assurées par la convention internationale des droits de l’homme.
Cette simple chronique révèle la nature de cette opération : rien à voir avec la justice.
Tout à voir avec une sournoise transformation de la politique de l’Etat Français en matière de droits individuels et collectifs.
Cette transformation nous concerne tous.
Une injustice commise envers quelqu’un est une menace pour tous. Ainsi prêchait Martin Luther King.
Aujourd’hui, sous vos yeux, dans la France du XXI ème siècle, nous sommes tous concernés car la menace n’est pas seulement menace. Elle est déjà une manière opérative de l’Etat qui porte atteinte aux droits de l’homme.
Les services publics sont sollicités à franchir le secret professionnel et à devenir délateurs ; les enquêtes de police sollicitent la délation rémunérée et « sous X » ; le droit de famille des immigrés est traité à coup d’analyses génétiques. La même nature de limitation des libertés, des droits et de la dignité, nous la retrouvons dans les politiques sociales, dans l’attaque au droit de grève et d’assemblée, dans la politique internationale avec bruits de guerre en sous-fonds.
Leçon de morale et pratique de l’arbitraire
« Il vaut mieux un excès de liberté qu’un manque de liberté »… Sarkozy dixit le 10 octobre 2007 à l’université de Baume à Moscou.
En France, c’est l’inverse. Des personnes, des familles, enfants compris, voient leur vie familiale et sociale suspendue aux aléas des orientations politiques.
Quelques dizaines de réfugiés italiens, tous à disposition des autorités, font l’objet de demandes d’extradition.
En 2002, le premier, Paolo Persichetti a été extradé.
Deux ans après, en 2004, Césare Battisti a été arrêté.
Trois ans plus tard, en 2007 ça été mon tour.
Ce sera qui et quand le prochain ? Pourquoi l’un plutôt que l’autre ?
Voila que l’absence de quelconque principe de justice et d’équité se révèle et la logique arbitraire du hasard s’affirme : quelqu’un est arrêté et toutes les autres personnes, familles et enfants sont torturés en attente du prochain coup.
C’est encore l’arbitraire du hasard qui décide, chez les immigrés, qui passera chaque jour à travers le filet des rafles et des contrôles au faciès ; qui rentrera à la maison et continuera sa vie… jusqu’à la prochaine rafle et qui –manque de chance- sera interné dans un centre de rétention.
Oui, sous nos yeux, dans la France du XXI ème siècle, les centres de rétention se transforment progressivement en camps de triste mémoire, comme la CIMADE le dénomme.
S’allongera t-il le chapelet de « catégories à risques d’internement » ?
Ce sera quand le tour des … objecteurs de consciences, ou des… syndicalistes, ou des…populations de banlieue… ou toute autre personne qui se désolidarisera de la politique de l’Etat ?
Il était une fois la parole donnée
La parole de l’Etat, par définition, ne tient pas à la politique d’un gouvernement, mais s’inscrit dans la durée et garanti les droits fondamentaux de l’homme et les principes fondateurs de la République.
Lorsque l’Etat, avec l’arrogance et la désinvolture d’un marchand sans scrupules, nie sa parole, il en va de sa crédibilité, il en va de sa représentation symbolique et de son autorité morale. Autant dire que, comme dans les « républiques bananières » l’Etat est changeant au gré des lobbies ou de l’air du temps.
Le déni d’asile aux réfugiés italiens n’est donc pas un fait de justice. C’est un fait témoin, parmi plusieurs, de cette dérive qui marque le passage de l’éthique de l’Etat à l’arbitraire de l’Etat- marchand… en l’occurrence, de vies.
Je ne sais pas quel sera mon futur, mais je sais que l’intérêt commun à nous tous est de se reconnaitre dans toutes les batailles de liberté pour opposer la plus ferme résistance aux opérations et aux politiques de l’Etat marchand.
Marina PETRELLA
Le 5 décembre 2007
Pourquoi en être découragé? À l'instar de ceux et celles nous ayant précédé, nous avons appris et apprendrons encore. Le courage avait surgi de la nécessité.
La nécessité prenait sa source en deux dynamiques, inextricablement liées ce pourquoi et ce contre quoi l'on se bat. Le choix de la lutte armée n'est pas au centre. Elle est un moyen, la conséquence d'un moment historique le fruit d'un développement dans l'histoire réquisitionnaire. Néanmoins, risquer sa vie mais aussi assumer la violence dans nos sociétés développées peut paraître extrême. Et sans doute, plus encore la seconde implication. Justement parce que les représentations de "l'homme civilisé" s'acharnent à nier l'omniprésence d'une violence destructrice dans les rapports économiques et sociaux, et par là politiques.
Face à la violence brutale de l'ordre des choses tel qu'il est donné, seuls seraient admissibles les moyens dit démocratiques. Et l'impact du message de se renforcer encore dans le matraquage idéologique selon lequel le régime politique dominant serait le moins pire des systèmes possibles.
Je n'ai pas envie d'énumérer ici les guerres, les massacres, les destructions irrémédiables,... que produit ce prétendu moins pire. Pas seulement parce que ce serait fastidieux, c'est inutile l'histoire humaine n'est pas un bilan comptable. Mesurant l'inquantifiable, la comptabilité est irresponsable. Or l'engagement questionne la responsabilité. Contre les hypocrisies confortables, il déploie ses questionnements, met à nu les contradictions et repose sempiternellement la question des limites. La loi n'en est qu une parmi d'autres ; légalité n'est pas légitimité, les exemples ne manquent pas, du Code Noir aux Lois de Nuremberg.
Plus essentielles, celles dont Sartre rend compte dans "Les mains sales", le moment où l'on accepte de se salir les mains, celui où l'on refuse, celui où l'on se soumet à une discipline supérieure -quelle qu'elle soit-, celui où le but ne transcende plus les moyens. Un nécessaire questionnement pour que reste toujours ouverte la contradiction et en éveil la conscience. Mon engagement politique fut toujours parcouru par les questions qui avaient surgi à celte lecture, adolescente. Contre la barbarie d'une organisation sociale prédatrice, balayant le dégoût et la haine la colère et la révolte ouvrent la perspective. A interpréter notre réalité selon le credo de nos maîtres à "penser" nos désirs et nos ambitions se calculeraient à la progression du CAC40 pour les uns, à la sortie des cases de l'exclusion pour les autres. La découverte des exclus a accompagné "l'avènement" d'une prétendue fin de l'histoire ce n'est pas un hasard. C'était il y a dix ans. Aujourd'hui, nous n'en sommes plus là ;les ambitions pour faire coïncider démocratie politique et démocratie sociale, la soif de justice, ..., les désirs d'en finir avec la tristesse de l'impuissance alimentent à nouveau la nécessité de cette perspective, celle d'un monde réconcilié avec les vivants. La lutte armée ne semble exceptionnelle que Si l'on perd de vue la longue histoire de luttes des exploités et autres bannis pour se construire un devenir digne de leur humanité. Je me suis engagée parce que cela me sembla évident. J'en avais l'opportunité, cela convenait à ma perception de ce qu'il fallait faire et de ce que je pensais possible. Le coût était approximatif, imaginé mais non vécu. Pour autant, n'est-ce pas le lot de chacun? "Être un homme, une femme, veut dire, joyeusement jeter sa vie entière dans la balance du destin, S'il le faut, mais aussi se réjouir d'une journée lumineuse, d'un beau nuage." En 1917, alors incarcérée, Rosa Luxemburg écrivait ces lignes à une amie dans la peine. Et puisque justement, contre les logiques mortifères du régime capitaliste, il s'agissait et il s'agit encore de "miser sur la vie " "(2), l'engagement est une manière de vivre. Elle a le fantastique avantage de nous faire sujet de notre destinée. "Les hommes font leur histoire eux-mêmes, même Si dans des conditions historiquement dêteminées" "(3) L'engagement, c'est à la fois le vieux mythe de Prométhée, volant le feu aux Dieux pour que les hommes ne dépendent plus de leurs forces aveugles et arbitraires, et la persévérance faisant des illusions perdues des forces d'avenir."
(1) IVe siècle av,. J. C.
(2). Une expression que je tire d'un livre d'entretiens avec d'ex-prisonnières des Tupamaros. mouvement révolutionnaire uruguayen dans les années 60 et 70. Avec des nuances, plusieurs de ces femmes, revenues de conditions extrêmes dans les prisons militaires, témoignent du sens de leur combat en parlant de ce "pari".(3) K. Marx
Pour une Méditerranée des luttes !
pour la paix, la justice sociale, le droit des peuples et les libertés !
contre le colonialisme et l’impérialisme !
Manifestons samedi 5 juillet
Loin d’être novatrice, l’Union pour la Méditerranée se place en réalité dans la droite ligne du processus de Barcelone lancé en novembre 1995 par l’Union européenne (UE), et est présentée par Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, comme « un coup de jeune du Processus de Barcelone ». Tous les pays de l’UE y sont invités ainsi que 11 États du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie, Albanie et Mauritanie) et l’Autorité palestinienne, qui n’a pas de souveraineté.
Inquiétant lorsque l’on connait le contenu de ce processus et ses conséquences. Car si la « coopération » euro méditerranéenne a bien des finalités, elles sont d’une banalité peu surprenante.
Économiques tout d’abord, avec la construction d’un espace de libre-échange et de libéralisation du marché d’ici 2010. Celle-ci se concrétise par des privatisations et dans la suite logique par la prise en main des entreprises par des groupes capitalistes du Nord. Une politique qui a bien entendu des conséquences sociales dramatiques : licenciements, augmentation des inégalités avec le développement de bourgeoisies locales quand les peuples restent dans la misère (difficultés d’accès aux droits fondamentaux – soins, alimentation, travail, logement, éducation, etc. –, hausse des prix, etc.). Le ministère français des affaires étrangères le dit très clairement sur son site Internet, au sujet des relations entre la France et le Maghreb : « Les pays du Maghreb (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie) [constituent] un marché et un partenaire économique : nous sommes le premier fournisseur de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc. L’ensemble du Maghreb ouvre de bonnes perspectives d’avenir : réformes, privatisations, grands chantiers et nouveaux marchés lié à la modernisation ».
Les enjeux sont aussi « sécuritaires », à travers notamment les prétendues luttes contre le terrorisme et la corruption. Inefficiente pour la seconde, car trop d’intérêts sont en jeu et que la corruption est érigée en véritable mode de gouvernance, elles sont utilisées comme argument pour jeter des militants, notamment des jeunes, en prison. En effet, les atteintes aux droits humains, la torture, la répression des opposants, le musellement des libertés d’association et de presse, la mise en place de législations liberticides d’exception sont le lot quotidien des populations du sud de la Méditerranée. Et bien sûr, derrière le mot sécuritaire se profile le sujet de l’immigration. Parce que cet espace méditerranéen est aussi celui d’une maîtrise accrue, violente et meurtrière des migrations : moyens de contrôle et répression (notamment maritimes) renforcés, sous-traitance de la gestion des flux migratoires aux pays de premières frontières extérieures (Maroc, Algérie, Libye et Mauritanie notamment) pour empêcher l’arrivée sur le territoire européen des populations africaines. La libre circulation, c’est bon pour les capitaux et les patrons, pas pour les êtres humains, notamment les plus pauvres… Citons encore une fois le ministère français des Affaires étrangères : « Nous partageons avec ces pays une proximité culturelle et des enjeux communs : liens avec la France et avec l’UE, défi de la mondialisation, pression islamiste, pression migratoire (comme pays d’émigration et, de plus en plus, comme pays de transit), terrorisme (notamment comme cibles). »
Enfin, cette nouvelle Union serait censée développer la paix… Mais sur quels fondements ? Sur celui du statu quo, comme cela semble être le cas jusqu’à présent, ou sur celui de la fin des colonialismes et des dominations de type impérialiste du Nord sur le Sud, d’Israël sur la Palestine, la Syrie et le Liban ; mais aussi entre pays du Sud ou du Nord, bref sur le respect des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ? D’autant plus que cette Union pour la Méditerranée vise aussi à avaliser le fait colonial israélien et à fermer la porte de l’Union européenne à la Turquie.
Parce que cette « nouvelle union » est un outil au service des puissants et de leurs intérêts nous appelons à la construction d’une union méditerranéenne des peuples et des luttes pour :
• le respect des droits humains et le développement des libertés fondamentales, notamment en terme de droit syndical et de libertés de presse, d’expression et d’organisation ;
• la libération de tous les détenus d’opinion, l’arrêt de la torture, la fin des régimes d’exception et de terreur et le droit de tout un chacun de pouvoir se défendre juridiquement ;
• l’arrêt des politiques économiques de privatisation des services publics et d’attaque des droits sociaux des travailleurs ;
• la libre circulation des personnes, la fermeture des lieux d’enfermement et l’annulation de tous les accords de lutte contre les migrations ;
• la décolonisation effective, politique, sociale, culturelle et économique ;
• le droit au retour des réfugiés ;
• le respect de toutes les cultures.
_______________________________________________________________________
Programme du samedi 5 juillet 2008 :
Manifestation 14 h 30 à Paris, M° Place de clichy
Concert - meeting à partir de 19h
Avec notamment Mohamed Bahr, Fred Alpi, Kalash (sous réserve) et des interventions de militants syndicalistes et associatifs tunisiens, marocains, palestiniens, etc. 18 heures à la CIP-IDF M° Corentin-Cariou, 14/16 quai de la Charente (Tables de presse, buvette)
Premiers signataires :
Association des Marocains en France (AMF),
Association des Palestiniens en France (APF),
Association des Tunisiens en France (ATF),
Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF),
Attac - France
Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (CCIPPP),
Cedetim,
Confédération nationale du travail (CNT),
FACS,
Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR),
Génération Palestine,
Justice sociale pour les quartiers (JSQ)
Union générale des étudiants palestiniens (GUPS)
Mouvement des Indigènes de la République (MIR),
Rassemblement des associations citoyennes des originaires de Turquie (RACORT),
Sierra Maestra,
Union juive française pour la paix (UJFP),
Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT),
Association Voie démocratique France…
Nous n’avons sollicité ni « amnistie » ni pardon pour les prisonniers politiques qui ont été les victimes de l’ancien régime. Nous avons exigé notre droit à la liberté, par la lutte et la révolution, pour les centaines d’hommes et de femmes courageux et fidèles qui ont souffert dans les prisons et les forteresses, parce qu’ils ont lutté pour la liberté du peuple, pour la paix et pour le socialisme, contre la dictature sanglante des impérialistes criminels. Ils sont maintenant tous libérés. Et nous sommes à nouveau prêts pour la lutte.
Ce ne sont pas les Scheidemann [1] et leurs alliés bourgeois avec à leur tête le Prince Max von Baden qui nous ont libéré ; c’est la révolution prolétarienne qui a ouvert toutes grandes les portes de nos cellules [2].
Mais une autre catégorie d’infortunés habitants de ces lugubres demeures a été complètement oubliée. Jusqu’ici personne n’a pensé aux êtres pâles et maladifs qui souffrent derrière les murs des prisons pour expier des délits mineurs.
Cependant, eux aussi sont des victimes infortunées de l’ordre social abominable contre lequel se bat la révolution, des victimes de la guerre impérialiste qui a poussé la détresse et la misère jusqu’aux plus extrêmes limites, des victimes de cette épouvantable boucherie qui a déchaîné les instincts les plus bas. La justice de la classe bourgeoise a de nouveau opéré comme un filet laissant échapper les requins voraces tandis que le menu fretin était capturé. Les profiteurs qui ont gagné des millions pendant la guerre ont été acquittés ou s’en sont tirés avec des peines ridicules, mais les petits voleurs ont reçu des peines de prison sévères. Épuisés par la faim et le froid, dans des cellules à peine chauffées, ces enfants oubliés de la société attendent l’indulgence, le soulagement. Ils attendent en vain. Le dernier Hohenzollern [3], en bon souverain, a oublié leur souffrance au milieu du bain de sang international et de l’érosion du pouvoir impérial. Pendant quatre ans, depuis la conquête de Liège, il n’y a pas eu d’amnistie, pas même à la fête officielle des esclaves allemands, l’anniversaire du Kaiser.
La révolution prolétarienne doit maintenant éclairer la sombre vie des prisons par un petit acte de pitié, elle doit écourter les sentences draconiennes, abolir le système disciplinaire barbare (détention en chaînes, châtiment corporel), améliorer les traitements, les soins médicaux, les rations alimentaires, les conditions de travail. C’est un devoir d’honneur !
Le système pénal existant, tout imprégné de l’esprit de classe brutal et de la barbarie du capitalisme, doit être totalement aboli. Une réforme complète du système d’accomplissement des peines doit être entreprise. Un système complètement nouveau, en harmonie avec l’esprit du socialisme, ne saurait être basé que sur un nouvel ordre économique et social. Tous les crimes, tous les châtiments, ont toujours en fait leurs racines implantées dans le type d’organisation de la société. Cependant, une mesure radicale peut être mise en oeuvre sans délai. La peine capitale, la plus grande honte de l’ultra-réactionnaire code pénal allemand, doit être immédiatement abolie [4]. Pourquoi donc y a-t-il des hésitations de la part de ce gouvernement des ouvriers et des soldats ? Ledebour, Barth, Däumig [5], est-ce que Baccaria [6] qui dénonçait il y a deux cent ans l’infamie de la peine de mort, n’existe pas pour vous ? Vous n’avez pas le temps, vous avez mille soucis, mille difficultés, milles tâches à remplir. Mais calculez, montre en main, combien de temps il vous faut pour dire : « la peine de mort est abolie ». Ou est-ce que vous voulez un débat en longueur, finissant par un vote entre vous sur ce sujet ? Est-ce que vous allez encore vous fourvoyez dans des couches et des couches de formalités, des questions de tampon approprié et autres inepties ?
Ah, comme cette révolution est allemande ! Comme elle est pédante, imprégnée d’arguties, manquant de fouge et de grandeur ! La peine de mort oubliée n’est qu’un élément. Mais précisément c’est souvent que de tels éléments trahissent l’esprit profond de l’ensemble.
Prenons n’importe quelle histoire de la grande révolution française ; prenons par exemple l’aride Mignet [7]. Quelqu’un peut-il lire ce livre sans sentir battre son coeur et son esprit s’enflammer ? Quelqu’un peut-il, après l’avoir ouvert à n’importe quelle page, le laisser de côté avant d’avoir entendu le dernier accord de cette formidable tragédie ? Elle est comme une symphonie de Beethoven portée jusqu’au gigantesque, une tempête sonnant sur les orgues du temps, grande et superbe dans ses erreurs comme dans ses exploits, dans la victoire comme dans la défaite, dans le premier cri de joie naïve comme dans son souffle final. Et quelle est la situation maintenant en Allemagne ? Partout, dans les petites choses comme dans les grandes, on sent qu’on a affaire encore et toujours aux anciens et trop prudents citoyens de la vieille social-démocratie, à ceux pour lesquels la carte de membre du parti est tout, alors que les êtres humains et l’intelligence ne sont rien. Mais n’oublions pas que l’histoire du monde ne se fait pas sans grandeur de la pensée, sans élévation morale, sans nobles gestes.
Liebknecht et moi, en quittant les résidences hospitalières que nous avons récemment habitées - lui quittant ses camarades de prison dépouillés, moi mes chères pauvres voleuses et prostituées avec lesquelles j’ai passé, sous le même toit, trois années et demi de ma vie - nous leur fîmes ce serment, tandis qu’ils nous suivaient de leurs yeux pleins de tristesse, que nous ne les oublierions pas !
Nous exigeons que le comité exécutif des conseils d’ouvriers et de soldats allège immédiatement le sort des prisonniers dans toutes les institutions pénales d’Allemagne !
Nous exigeons que la peine capitale soit retranchée du code pénal allemand !
Des rivières de sang ont coulé en torrents pendant les quatre ans du génocide impérialiste. Aujourd’hui chaque goutte de ce précieux liquide devrait être conservée respectueusement dans du cristal. Une énergie révolutionnaire constante alliée à une humanité sensible : cela seul est la vraie essence du socialisme. Un monde doit être renversé, mais chaque larme qui aurait pu être évitée est une accusation ; et l’homme qui, se hâtant vers une tâche importante, écrase par inadvertance même un pauvre ver de terre, commet un crime.
[1] Philip Scheidemann, dirigeant du SPD favorable à la guerre, avait intégré en octobre 1918 le gouvernement impérial dirigé par le prince Max von Baden.
[2] Rosa Luxemburg n’avait elle même été libérée par la révolution que le 8 novembre 1918.
[3] Les Hohenzollern était la dynastie régnant sur l’empire allemand. Il s’agit en l’occurrence de Guillaume II, le kaiser qui venait d’être chassé par la révolution.
[4] La peine de mort ne fût en fait abolie en Allemagne que bien plus tard : en 1949 pour la RFA, en 1987 pour la RDA.
[5] Georg Ledebour, Emil Barth et Ernst Däumig : membres de l’USPD qui avaient des postes dans la nouvelle direction de l’Allemagne.
[6] Cesare Beccaria (1738-1794), philosophe italien.
[7] François-Auguste Mignet (1796-1884), auteur d’une Histoire de la révolution française.
Nicolas Legendre
http://sp35.free.fr/
Article transmis par un camarade.
Nathalie Ménigon
Georges Cipriani
en libération conditionnelle
Jean-Marc Rouillan
en semi-liberté
(août 2009)
PROCES CONTRE C. GAUGER ET S. SUDER
Pour suivre le procès : lire
LIBERATION DE SONJA SUDER
EMPRISONNEE DEPUIS SEPTEMBRE 2011 POUR DES FAITS REMONTANT A PLUS DE TRENTE ANS ET SUR LES SEULES ACCUSATIONS D'UN TEMOIN REPENTI HANS-JOACHIM KLEIN.
ARRET DES POUSUITES CONTRE CHRISTIAN GAUGER ET SONJA SUDER
ENGAGEES AU MEPRIS DE TOUTE PRESCRIPTION
SUR LES SEULES BASES DE DECLARATIONS OBTENUES SOUS LA TORTURE D'UNE PART ET D'UN REPENTI D'AUTRE PART
NON A LA TORTURE - NON A LA CITATION COMME TEMOIN D'HERMANN F.
Militant grièvement blessé en 1978, interrogé dès le lendemain d'une opération où il a perdu ses deux yeux et a été amputé des deux jambes, séquestré durant quatre mois sans mandat d'arrêt par la police, maintenu à l'iolement, et dont le tribunal prétend aujourd'hui utiliser les déclarations, qu'il a remis en cause dès qu'il a qu'il a pu être libéré des griffes des policiers.
LIBERATION DE SIBYLLE S., ARRETEE LE 9 AVRIL EN PLEIN PROCES POUR REFUS DE TEMOIGNER :
condamnée il y a plus de trente ans sur la base des déclarations de son ex-compagnon Hermann F., elle est restée proche de lui toutes ses années et refuse qu'on utilise ces déclarations qui lui ont été extorquées au prix de traitements inhumains.