Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'Internationale

L'Internationale, 1983. Le premier numéro d'un journal paraît, qui reprend le titre de celui publié en 1915 par Rosa Luxemburg - emprisonnée - alors que s'affrontaient les peuples entraînés dans la plus grande des boucheries par le capitalisme, l'impérialisme, et alors que s'étaient ralliés à celle-ci les partis de l'Internationale. En 1919, ceux-ci mettront à mort celle qui avait résisté et qui pour cela avait été emprisonnée. L'internationale 1983 comptera 11 numéros, avant de devoir s'arrêter momentanément : Il témoignera de luttes - et certains qui menèrent ces luttes sont encore aujourd'hui emprisonnés. Il réfléchira à l'évolution du capitalisme - et cette réflexion reste toujours aussi nécessaire. Le blog linter est la chronique d'un journal, c'est par là même la chronique des luttes menées alors, cela pourra être aussi la chronique de luttes menées ... aujourd'hui.

      

       SONJA SUDER EST LIBRE         Procès C. Gauger, S. Suder: Une page pour s'informer 

   PALESTINE - Une carte à ne jamais oublier

Rechercher

Texte libre

Aux camarades, visiteurs du blog, bienvenue ...
Aux camarades qui viennent de rejoindre le blog, bienvenue. A ceux aussi qui lui rendent visite à l'occasion, bonjour. Le combat n'est jamais un échec, s'informer est déjà un pas vers la conscience. L'ordre et la sécurité ne sont pas le désir de tous, s'aliéner par tous les moyens de la société d'aujourd'hui ne nous intéresse pas. Nous ne cherchons pas à exploiter l'autre. Nous ne tournons pas la page des combats passés, ils sont partie de nous. Et chaque mot que nous lisons, chaque image  que nous voyons, contribue à nous former. Nous ne sommes pas dupes. Nous sommes solidaires. Nous chassons les chasseurs d'enfants. Et nous sommes  le jour face à la nuit sans cesse renouvelée de la violence et de l'oppression. Il n'y a pas d'âge pour la révolte. Et 68 rejoint l'esprit de la Bastille de ce 6 mai où les pavés ont su de nouveau voler. La révolte est une et se rit de toutes les différences.

Pour tous ceux qui viennent sur ce blog, qui font "la route des insoumis" que décrit Nathalie, qui sont et seront les révolutionnaires de demain dont parle Jean-Marc, qui se reconnaissent ce droit à l'insurrection que revendique Georges. Pour chacun, ce collage de Joëlle, mieux qu'un bras d'honneur, à tous ceux qui sont ce que nous refusons.

La queue de la baleine, Nathalie, nous ne la lâcherons pas!

Archives

Joëlle Aubron

Sur ce collage, un poème. linter
C'est l'automne, et ce n'est pas l'automne,
Ces femmes qui marchent
Des combattantes?
Des femmes qui marchent?
Vie de tous les jours ou vie d'exception?
Guerre d'Espagne,
Journées d'après occupation?
Journées d'après l'occupation?
La vie est simple
comme l'est souvent le combat

Entre l'or du feuillage
et le noir et blanc de la vie
Cette image sensible

Georges lors d'une audience devant le JAP en 2005
En tout premier lieu, du fait qu'il va être question ici de mes inclinaisons politiques et de mon évolution depuis 1987 au sein du monde carcéral, je tiens à faire une déclaration de principe : ainsi, conformément à la Constitution de la République française de 1792, repris par l'Article 35 du 26 Juin 1793 *, stipulant un droit à l'insurrection, qui a servi à Valmy pour sauvegarder et étendre la révolution, qui a servi en 1871 avec la Commune de Paris contre l'occupation Prussienne, qui a encore servi en 1940 contre l'occupation national-socialiste allemande et la collaboration pétainiste française, et pour encore servir concrètement après 1968 dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest avec l'insurrection armée larvée et latente contre chaque Etat capitaliste en place et contre l'OTAN ; une Constitution qui après avoir servi depuis son avènement de réfèrent à la plupart des peuples de par le monde pour se libérer des différents maux entretenus que sont, soit l'occupation étrangère, soit l'oppression de classe, soit l'exploitation de l'homme par l'homme jusqu'à l'esclavagisme, leur a ouvert une perspective politique. Et dès lors dans l'assurance qu'elle restera de même une référence au futur pour tous les peuples épris de Liberté, d'Egalité, de Fraternité et de Démocratie, conformément à cette Constitution de 1792 donc, je me refuse à abjurer ces moments historiques comme je me refuse à abjurer la stratégie de Lutte Armée pour le communiste, qui en est une expression particulière.
(
Georges Cipriani  MC Ensisheim, 49 rue de la 1ère armée 68 190 Ensisheim)


Jean-Marc dans une interview en 2005

C'est la question centrale (la question du repentir) depuis notre premier jour de prison. Et c'est le pourquoi de nos condi­tions de détention extraordi­naires, des restrictions actuelles sur le droit de communiquer ou de la censure des correspon­dances. Dans aucune des lois de l'application des peines, il n'est stipulé que le prisonnier doit ab­jurer ses opinions politiques. Mais pour nous, certains procu­reurs n'hésitent pas à affirmer que les revendications du com­munisme impliquent une récidive. Je sais bien que si nous nous repentions, nous serions soudai­nement adulés par la bonne so­ciété, mais ce n'est pas notre vi­sion de la responsabilité poli­tique. Notre engagement n'est pas à vendre ni à échanger contre un peu de liberté.
(Jean-Marc Rouillan 147575 Cd des baumettes, 230 Chemin de Morgiou Marseille Cedex 20

Joëlle à sa sortie le 16 juin 2004
Je suis fatiguée, aussi je dirai seulement trois choses :
La première est d'être bien sûr contente d'avoir la possibilité de me soigner.
La seconde est que l'application de la loi de mars 2002 reste cependant pour de nombreux prisonnières et prisonniers très en deça de son contenu même.
La troisième est ma conscience de ce que la libération de mes camarades est une bataille toujours en cours. Régis est incarcéré depuis plus de 20 ans, Georges, Nathalie et Jean-Marc, plus de 17. Je sors de prison mais je dois d'abord vaincre la maladie avant de pouvoir envisager une libération au sens propre. L'objectif reste ainsi celui de nos libérations.

Nathalie, en février 2007

Cependant, pour nous, militant-e-s emprisonné-e-s du fait du combat révolutionnaire mené par l’organisation communiste Action directe, nous sommes sûrs de notre route : celle des insoumis à l’ordre bourgeois. Tant que des femmes et des hommes porteront des idées communistes, les impérialistes au pouvoir frémiront jusqu’à ce que la peur les gèle dans leurs manoirs sécurisés à outrance.

9 janvier 2008 3 09 /01 /janvier /2008 06:54
Pour consulter le blog, linter.over-blog.com

De libérez-les, apprendre pour comprendre
http://www.liberez-les.info/

undefined
1938-2008 : 70 ans de traitrise et de complots contre les travailleurs et la Classe Ouvrière !

En 1938 déjà le gouvernement annonçait qu’il allait remettre «la France au travail».

Apprendre pour comprendre : après la tempête, le beau temps ! D’où la nécessité de ne pas sombrer dans le sentiment d’impuissance pour lutter idéologiquement et pratiquement contre l’idéologie capitaliste dominante du gouvernement des multinationales.

Juin 1937, le gouvernement dirigé par Léon Blum tombe, le patronat exulte.

Revenue aux affaires, la réaction et les Maîtres des Forges se mettent à l’ouvrage. Les mêmes hommes qui interneront les réfugiés espagnols républicains fuyant le franquisme et qui voteront les pleins pouvoirs à Pétain entendent bien « sonner la fin de la récréation », une formule reprise par E.A. Seillière en 2002.

La volonté d’en découdre avec le monde ouvrier - à travers sa représentation syndicale - est illustrée par la concentration du tir sur le thème des « 40 heures » (étrange parallèle)

S’ajoutent, à la critique technique des effets néfastes de la loi, des reproches culpabilisateurs sur la paresse, la facilité, les loisirs, la semaine des deux dimanches, sans jamais mettre en cause les responsabilités éventuelles du patronat et l’inadaptation des structures aux nouveaux besoins de la production, c’est toucher au domaine ultra-sensible du symbolique et de l’affectif.

Le 21 août 1938, le radical-socialiste Edouard Daladier, nouveau président du Conseil, déclare : « Il faut remettre la France au travail » C’est mot pour mot la même formule dont le Medef et l’UMP useront et abuseront à partir de 2002 pour lancer leur train de mesures en faveur du patronat.

Le gouvernement Raffarin après avoir supprimé la vignette automobile, a supprimé un jour férié qui a permis aux entreprises d’accroître les heures supplémentaires imposées à la main d’œuvre, en compensation des « 35 heures ».

Le gouvernement de 1938 avait agit de même, avec une série de décrets-lois qui reviennent sur la semaine de 40 heures et suppriment le samedi chômé et met ainsi fin à « la semaine des deux dimanches » (étrange parallèle).

En préfiguration des vols groupés de Sarkozy, on assortit la casse sociale d’une répression aggravée à l’égard des étrangers.

Le 14 avril 1938, le ministre de l’Intérieur, le radical-socialiste Albert Sarrault, demande à ses préfets : « une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays des éléments indésirables trop nombreux qui y circulent et y agissent au mépris des lois et des règlements ou qui interviennent de façon inadmissible dans des querelles ou des conflits politiques ou sociaux qui ne regardent que nous » (étrange parallèle)

Deux semaines plus tard tombe un décret gouvernemental stipulant que « le nombre sans cesse croissant d’étrangers résidant en France impose au gouvernement, investi du pouvoir législatif dans un domaine nettement défini, d’édicter certaines mesures que commande impérieusement le souci de la sécurité nationale, de l’économie générale du pays et de la protection de l’ordre public »

L’expression « tolérance zéro » n’était pas encore employée, mais elle macérait pour devenir terrible quelques années plus tard contre la Résistance.

Hier comme aujourd’hui, on tape sur les immigrés pour faire oublier à « nos » ouvriers les coups qu’eux-mêmes reçoivent.

Depuis 1938, production et productivité n’ont cessé de croître.

Le 14 janvier 2003, sa baronnie Ernest-Antoine Seillière se plaignait cependant auprès de son majordome (Raffarin) : « Vous avez, Monsieur le Premier ministre, sifflé ces derniers mois la fin de la récréation, mais vous n’avez pas encore convaincu la France qu’elle devait se remettre au travail »

Message reçu cinq sur cinq. Le ministre du Budget, Alain Lambert, clame son désir de « restaurer la primauté du travail » et de « restituer aux Français les fruits de leurs efforts » : termes réemployés lors de la campagne présidentielle de 2007, par Nicolas Sarkozy mais aussi par Jean-Marie Le Pen.

Pour corser l’injonction, le registre militaire de Seillière s’impose jusque dans les médias : « Ce n’est qu’ainsi qu’ils seront mobilisés pour donner le meilleur d’eux-mêmes à leur pays » (La Montagne, 26/09/03).

L’offensive idéologique venait de commencer, même si François Fillon avait déclaré le 17 novembre 2002 suite à une question d’un journaliste de RTL « la pire année pour la France a été 1936 ». Cette offensive n’a pas d’autre objet que d’éradiquer toute tentative de renverser le rapport de force et d’ailleurs, peu de réactions syndicales et politiques à cette déclaration de guerre. Le rappel à l’ordre continu, le ton magistral de la réprimande et la mise à l’index des chômeurs «en situation d’assistance» (Fillon encore) accompagnent cette mise au pas.

Déjà le 26 août 2003, le député UMP et marchand d’armes multimillionnaire Serge Dassault s’indignait : « On ne peut pas tous travailler le même nombre d’heures, gagner le même salaire, partir à la retraite au même âge. Il faut laisser ceux qui réussissent s’enrichir, arrêter de croire que le salut viendra en faisant payer les riches, car il n’y a pas assez de riches et ceux qui restent vont partir, et surtout, il faut remettre la France au travail » (Le Figaro, 26.08.2003).

Le 12 janvier 2004, Davy de Virville, membre imminent du Medef, remet son rapport sur la refonte du Code du Travail, commandé par le Ministre du Travail, François Fillon, à Jean-Pierre Raffarin.

A tout ceci, il faut ajouter, le « il faut en finir avec 68 » de Nicolas Sarkozy et la déclaration de guerre sur la fin des acquis issus du CNR de 1945 de Denis Kessler, tout ceci démontre que la guerre de classes et belle et bien d’actualité.

Et de l’analyse réactionnaire de Nicolas Baverez pour conclure cette déclaration de la réalité de la guerre ouverte contre les travailleurs : « Le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Lubéron, autant pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études » (07/10/06)

La droite tenait le même discours en 1938. Deux ans après, c’était Vichy, et 7 ans plus tard on comptait plus de 50 000 000 de morts...connus…mais le CNR avait vaincu…
 
Partager cet article
Repost0
25 décembre 2007 2 25 /12 /décembre /2007 10:50
Pour consulter le blog: linter.over-blog.com


José Couso, cameraman espagnol de la chaîne Telecinco, 37 ans, a été blessé lors du tir d’un char américain sur l’hôtel Palestine à Bagdad, le 8 avril 2003. Il a succombé à ses nombreuses blessures sur la table d’opération.

Pour le troisième anniversaire, Paco Ibanez chante dehors lors d'un rassemblement devant l'ambassade des Etats-Unis


Pour voir ce document unique : écouter/voir
Partager cet article
Repost0
13 novembre 2007 2 13 /11 /novembre /2007 20:23
Pour consulter le blog: linter.over-blog.com
 
GUERRE A LA GUERRE

 Il est des anniversaires que nous ne devons jamais oublier. Le 11 novembre doit rester pour chacun le souvenir de ce que le capitalisme peut produire. Et si toute la guerre de 14-18 ne fut qu'un seul et immense crime, où le capitalisme a montré toute sa logique de mort, parmi tous ces crimes, il est celui-ci qui s'affubla des oripeaux de la justice, dont témoigne le site de la ldh de Toulon et dont parle le film de Kubrick "Les Sentiers de la Gloire", que l'on allait voir en Belgique car censuré en France

  Pendant la guerre de 14-18, il y eut environ 600 fusillés en France, à la suite de condamnations prononcées pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, désertion, ou mutinerie (en 1917) ; il y eut également des « fusillés pour l’exemple ».

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 19:59
 
Pour consulter le blog: linter.over-blog.com
actualit---de-la-r--sistance-anti-imp--rialiste-003.jpg
Françafrique !!

Repris d'Actualité de la résistance anti-impérialiste, mai 1978

Les troupes françaises interviennent actuellement au Liban, au Tchad, au Sahara occidental et peut-être en force demain à niveau au Zaïre,où le Front National de Libération du Congo a déjà fait prisonniers quelques soldats français.
En Afrique, l'ensemble du dispositif repose sur quatre bases principales: Djibouti, 4000 hommes - Dakar, 1300 et Abidjan et Libreville 500 hommes chacune. Un autre aspect de ce dispositif repose sur la présence de coopérants dans divers pays. Les moyens d'intervention sont fournis par la 11ème division parachutiste basée à Toulouse et la 9ème division d'infanterie de marine (St Malo). Ces unités disposent d'appuis aériens et navals (Le Monde, 29.04.78.)
Ce dispositif a été opérationnel pour la première fois au Zaïre il y a un an lorsque le gouvernement français avait prêté ses Transvalls afin de transporter les troupes marocaines venues en aide au régime de Mobutu. Lorsque le conflit a atteint le niveau qui permit aux combattants du Front Polisario d'infliger de lourdes peines aux troupes marocaines et mauritaniennes, Paris  substitua au pont aérien, mis en place au début de l'occupation, une autre formule: les états-majors de Rabat et Nouatchott ont été "reliés" au dispositif d'intervention. La base de Cap Vert au Sénégal a été renforcée en novembre dernier par l'envoi de plusieurs centaines de parachutistes. Le travail de collecte d'informations et de renseignements  s'opère à partir d'avions "Breguet Atlantic". De la base de Cap Vert, il faut moins de deux heures pour atteindre Zouerate. Cette base a été utilisée comme relais lors de l'expédition au Zaïre.
Le Président du conseil de la RASD a dénoncé l'utilisation du sol sénégalais, dès le 6 novembre 1977, "utilisé par des troupes étrangères contre le peuple sarahoui et d'autres peuples africains". L'essentiel des troupes françaises qui "protègent" la côte ouest de l'Afrique se trouve basé à Dakar. Plusieurs appareils d'espionnage et de bombardiers français stationnent dans les aéroports mauritaniens et sont prêts à intervenir aux côtés des forces aériennes d'occupation du Sahara occidental.
C'est de Dakar également que sont partis pour le Tchad les dis Jaguar accompagnés de dix Boeing et d'un Bréguet et qui forment avec les 2000 parachutistes l'essentiel du corps expéditionnaire français.
Selon certaines sources métropolitaines les troupes engagées dans le conflit du Sahara occidental seraient les paras du 3ème RIMA de Carcassonne et du 8ème de Castres appartenant à la 11ème division d'intervention du général Lacaze (ancien du SDECE), le tout appuyé par des Mirages IV de reconnaissance à haute altitude et des appareils d'intervention rapide. Des mercenaires français furent regroupés dans une base militaire au Maroc à proximité de Marakech, à Bangueria où se trouve stationné le 13ème régiment de dragons parachutistes.
Selon la commission d'enquête de l'ONU c'est à partir de cette base que des mercenaires sont partis en janvier 1976 effectuer un raid contre l'aéroport de Cotonou au Bénin (l'Humanité, 4.11.1977).
Des bases d'Orange, de Vannes et de St Malo partent les forces armées intervenant au Tchad contre le FROLINAT. Les opérations sont suivies à Paris par le centre opérationnel des armées, un PC enterré sous le ministère de la défense et placé sous les ordres direct du général Mery, chef d'état major des armées.
A l'autre versant du continent, Dibouti, "verrou" entre les océans Indien et la Méditerranée, abrite plus de 4000 hommes. Djibouti est une gigantesque base militaire française malgré son indépendance politique. Ouvert sur l'océan indien et le golfe arabe, en 1980, 2 milliards de tonnes de pétrole y transiteront en un an.
Mais ces aspects ne sont qu'un côté de la présence française en Afrique. Nous en reparlerons.


ET COMME RIEN NE CHANGE, LES VENTES D'ARMES AUJOURD'HUI
AFP. lundi 18 septembre 2006 par Spyworld.  La France devrait accroître ses exportations d’armes et vendre pour plus de 6 milliards d’euros à l’étranger en 2007, a déclaré lundi un porte-parole de la délégation générale pour l’armement (DGA). En 2006, les exportations vont dépasser les 5 milliards d’euros et atteindre 6 milliards en 2007, un montant qui n’était pas attendu avant 2009, selon les prévisions de la DGA. "Les estimations pour 2005 situent le montant des exportations entre 4,1 et 4,2 milliards d’euros", a déclaré le porte-parole, en progression par rapport aux 3,38 milliards enregistrés en 2004. Dans La Tribune de lundi, le délégué général pour l’armement, François Lureau, encourage les groupes français à accroître la part de l’export dans leurs chiffres d’affaires, qui se situe en moyenne aux alentours de 40%."Je souhaite le plus vite possible qu’elle atteigne la barre de 50%", déclare-t-il.La France détient environ 10 à 15% du marché mondial des ventes d’armes.En juillet, lors d’une visite à Paris du prince héritier saoudien et ministre de la Défense Sultan Ben Abdel Aziz, des accords ont été passés entre Paris et Ryad pour la fourniture au royaume d’une centaine d’hélicoptères (NH-90 Marine et Terre, Fennec, Super-Puma et Cougar) pour un montant de plus de deux milliards d’euros, et sur deux à trois avions ravitailleurs pour environ un milliard d’euros.Ces contrats devraient être "bouclés d’ici à la fin de l’année", selon une source proche du dossier. En revanche, courant août, l’avion de chasse Rafale du constructeur français Dassault avait subi un revers lorsque Ryad lui avait préféré son concurrent européen Eurofighter, commercialisé par un consortium regroupant l’européen EADS, le britannique BAE Systems et l’italien Alenia/Finmeccanica.
nti_bug_fck
Partager cet article
Repost0
6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 16:08
 Pour consulter le blog: linter.over-blog.com 
Un camarade nous a adressé les notes suivantes sur la révolution d'octobre. Nous les publions pour ce 6 novembre 2007. 90 ans ont passé, mais nous pouvons apprendre de toutes les luttes passées et nous sommes intéressés à réfléchir ensemble sur le blog à toutes ces expériences qui constituent notre histoire.
71comm_tardi.jpg(Tardi - la Commune)

Apprendre pour comprendre : 90ème anniversaire de la révolution bolchévique d’octobre 1917

Sans science révolutionnaire, pas de révolution.


La révolution de 1917 est l’événement politique majeur du XXe siècle, elle a signifié pour la Russie oligarchique, autocrate et orthodoxe, l'abandon total de ses anciennes structures politiques au profit d'un régime inédit, qui marque la victoire des thèses socialistes développées par Marx et Engels, puis par Lénine.

La révolution d’octobre 17, renverse le tsarisme, pour créer les conditions du succès et à la prise du pouvoir par le parti bolchevick. En quelques mois, ces conditions du succès passent d'une minorité agissante dirigée par un Lénine en exil et ses camarades historiques, à une majorité de luttes pour répondre aux revendications du plus grand nombre : la paix, la terre, la liberté.

«La guerre est le plus beau cadeau fait à la révolution»: a dit Lénine.  L'entrée en guerre de l'Empire russe en août 1914, aux côtés de la Grande-Bretagne et de la France dans le conflit mondial qui les oppose aux Empires centraux, a donc favorisé matériellement la montée en puissance du mouvement bolchevick.

Cependant, il faut être dialectique et remettre cette petite phrase dans son contexte historique. Car en effet, au moment où la guerre éclate, la quasi-totalité des partis sociaux-démocrates des pays belligérants vote les crédits de guerre avec les partis de la bourgeoisie. L'Union sacrée et l'abandon des principes pacifistes sapent alors pour un temps ce qui devait aboutir à la révolution dans plusieurs pays industrialisés, dont l’Allemagne.

Marx avait lui-même mis en avant que l’Allemagne serait certainement la première puissance industrialisée a faire sa révolution socialiste. Bien sûr, il n’avait pas eu le temps d’analyser scientifiquement, que la bourgeoisie avait préparé ce plan de guerre mondiale depuis plus de 20 ans, suite à la 1ère tentative de révolution prolétarienne moderne que fût la Commune de Paris. Les rencontres secrètes entre Bismarck et les belligérants bourgeois « européens » en contradiction avec les monarchies, annonçaient la fin des régimes oligarchiques tzaristes ou royaux, pour mettre en place véritablement des ordres et des pouvoirs politiques bourgeois.

Même si au parlement russe, bolcheviks et mencheviks sont unis et refusent de voter les crédits, la guerre est engagée, et ils ne tardent pas à se déchirer sur la question de la défense nationale, Plekhanov et Zassoulitch veulent la victoire de la Russie ; Martov, Lénine ou Kollontaï restent internationalistes.

Les révolutionnaires sont divisés, l'Empire russe apparaît comme un Etat puissant et stable. La police secrète tsariste elle-même estime  que « les groupements révolutionnaires en tant que tels sont à peu près inexistants ».

En France, on parle avec confiance des «emprunts russes» (plus d'un million et demi de français y ont souscrit) et de l’armée russe qui écrasera l'ennemi commun Allemand.

L'essentiel, toutefois, ne se joue pas sur le front en tant que tel. Les insuffisances de l'armement, la faiblesse du commandement, les désastres militaires en Prusse-Orientale (Tannenberg, 26-29 août 1914), puis en Galicie (mai 1915), se soldent par des millions de tués, de blessés, de prisonniers et par la perte de la Lituanie, de la Galicie et de la Pologne, malgré tout, le front russe ne s'effondre pas. Par contre,  l'économie, la société et le pouvoir politique  se décomposent.

La Russie est coupée de l'industrie moderne « européenne » qui est son principal fournisseur et l’économie est monopolisée par la production de guerre. La situation de l'économie russe ne peut plus fournir en quantité suffisante les biens de consommation au Peuple. Dans les villes, on manque de denrées et des besoins prioritaires, les prix ne cessent de grimper et le chômage se développe rapidement. Dans les campagnes, les paysans ne parviennent plus à acheminer leurs productions, qui pourrissent sur place. Cette situation favorise la détérioration des rapports, toujours précaires et tendus, entre villes et campagnes.

Le pouvoir ne maîtrise plus la situation. Le tsar est déconsidéré par les revers militaires même s’il a pris en personne le commandement suprême des armées en septembre 1915.

Tandis que la Douma ne siège que quelques semaines par an (1er août ; 16 septembre 1915 ; 13 novembre ; 30 décembre 1916), les gouvernements et les titulaires de ministères se succèdent. En 1916, on ne compte pas moins de cinq ministres de l'Intérieur différents, quatre ministres de l'Agriculture, trois ministres de la Guerre, tous aussi incompétents et impopulaires.

La rumeur publique accuse l'impératrice, d'origine allemande, de préparer une paix séparée et d'ouvrir sciemment le territoire à l'invasion ennemie.

Il devient manifeste que l'autocratie tzariste n'est plus capable de gouverner ni même de mener la guerre.

Devant la dissolution et la décrépitude  du pouvoir, on voit de toute part s'organiser des comités organisés par les bolchéviks du Parti Sociale-démocrate, qui prennent en charge les tâches quotidiennes, que l'Etat n'est plus capable d'assurer : soins aux blessés, ravitaillement des villes par l’organisation des transports.

En 1916, les Russes se « gouvernent « eux-mêmes » » : la révolution a, en quelque sorte, déjà commencé.

A la fin de l'année 1916, la situation intérieure du pays devient extrêmement confuse : dans une atmosphère de crise politique illustrée par l'assassinat de Raspoutine en décembre 1916. Les grèves, tombées à un niveau quasi nul au début du conflit, reprennent de l'ampleur (un million de participants en 1916). L'agitation gagne l'armée, la désorganisation perturbe le ravitaillement du front. Dans les villes, l'afflux de réfugiés accroît la précarité de l'approvisionnement. Le régime discrédité et affaibli, amène naturellement les «journées de février» de l’année 1917.

Le 14 février 1917, la session de la Douma s'ouvre à Petrograd (Saint-Pétersbourg avant 1914), elle entraîne une agitation populaire et les premières grèves politiques. Le 16 février, les autorités  mettent en place des cartes de rationnement et annoncent que la ville ne dispose qu’une dizaine de jours en réserve de farine. Des incidents éclatent, en plusieurs points d'une ville confrontée à un hiver particulièrement rigoureux.

Les boulangeries sont vides après avoir été pillées le 19. Le 20 février, la direction de la plus grande usine de Petrograd, l'usine d'armements Poutilov, est en rupture d'approvisionnement et met à la rue des milliers d'ouvriers.

L'effervescence gagne la ville, tandis que la Douma stigmatise une fois de plus les «ministres incapables», réclamant leur départ.

Mais personne ne prévoit alors, même pas Lénine, que les troubles qui pointent (récurrents dans cette capitale de l'Empire, grande ville ouvrière, qui a déjà connu plusieurs vagues de grèves spectaculaires, en 1905 et en 1914) vont entraîner en quelques jours la chute du régime impérial.

Les journées révolutionnaires du 23 au 27 février éclatent spontanément même si la tension été matériellement visibles et montée en puissance depuis plusieurs semaines.

Le 23, alors Journée internationale des femmes, plus de 100 000 grévistes défilent dans le calme, aux côtés d'un cortège de femmes.

Les 24 et 25, la grève et les manifestations s'étendent progressivement à toute la population ouvrière.

Le 26, alors que les manifestants se dirigent à nouveau vers le centre-ville, les officiers ont reçu l'ordre du tsar de «faire cesser les désordres». Ils ordonnent de tirer sur la foule, le bilan de cette journée sera de 150 tués. Face à cette atroce répressions, les manifestants sont découragés et s'en retournent chez eux, le gouvernement a triomphé et proclame l'état de siège, il ordonne le renvoi de la Douma, sans tenir compte de l'appel adressé au tsar la veille, afin de nommer un «gouvernement de confiance».

Il ne faut pas se mentir, ni se voiler la face : aucun des partis révolutionnaires (ni les bolcheviks, ni les mencheviks, ni les socialistes-révolutionnaires) ne sont  prêts à prendre la moindre initiative.

Le menchevik Trotski écrira plus tard : «Aux premières heures du 27 février, les ouvriers imaginaient la solution du problème de l'insurrection bien plus lointaine qu'elle ne l'était en réalité. Ils croyaient avoir tout à faire, alors que leur tâche, pour les neuf dixièmes, était déjà accomplie. La poussée révolutionnaire des ouvriers coïncida avec le mouvement des soldats qui déjà sortaient dans la rue

Le 27 février est la journée décisive. Les mutineries s'étendent, soldats et ouvriers s’emparent de la prison/forteresse Pierre et Paul et libèrent les prisonniers politiques qui y étaient incarcérés. Quelques heures plus tard, ils s'emparent des stocks d'armes, et prennent d’assaut le palais d'Hiver.

En quelques heures, malgré la défaite et le carnage perpétré la veille par l’armée blanche, Petrograd tombe entièrement aux mains des insurgés.

Entre-temps, sur les conseils de Lénine, les députés de la Douma ont refusé de se soumettre aux ordres du tsar de dissoudre cette institution représentative.

De leur côté, renouant avec la tradition opportuniste révolutionnaire de 1905, un certain nombre de dirigeants politiques mencheviks libérés de la forteresse Pierre et Paul, mettent en place un soviet de députés ouvriers et soldats.

Après de longues tractations, un accord conclu le 2 mars au matin entre le comité de la Douma et le soviet permet, en attendant la convocation d'une Assemblée constituante, la formation d'un gouvernement provisoire à majorité libérale, dominé par les représentants du parti constitutionnel-démocrate. Le soviet reconnaît la légitimité de ce gouvernement ; cette reconnaissance est cependant assortie d'une condition : il ne soutiendra le gouvernement que dans la mesure où celui-ci appliquera un programme démocratique qui aurait son accord.

Ce compromis marque la naissance d'un double pouvoir et l’impossible coexistence de deux conceptions différentes de la légitimité et de l'avenir de la société russe.

Cette situation de compromis est plus qu’ambigüe puisque d’un côté, le pouvoir d'un gouvernement provisoire, légitimé par le corps des représentants de la nation issu d'élections organisées par le régime tsariste ; donc un pouvoir soucieux d'ordre et dont la logique est celle du parlementarisme, avec pour objectif une Russie capitaliste, moderne et libérale. Et de l'autre côté, le pouvoir des soviets, qui se veulent une représentation plus directe, plus locale, plus «révolutionnaire», dominés par les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires, dont le souci premier est d'instaurer la paix dans un pays complètement épuisé par la guerre.

Formé le 2 mars, le gouvernement provisoire  est présidé par le prince Lvov, entouré d'une majorité de représentants éminents du parti constitutionnel-démocrate (Pavel Milioukov, ministre des Affaires étrangères, Nikolaï Nekrassov, ministre des Transports, Andreï Chingarev, ministre de l'Agriculture).

Cependant, dès le 9 mars, Goutchkov estime que « le gouvernement provisoire n'a aucun pouvoir réel et que ses ordonnances ne sont appliquées que dans la mesure où le permet le soviet des députés ouvriers et soldats ». Cette déclaration est faite alors que le gouvernement n'eut d'autre choix que d'approuver l'ordre nº 1 du soviet de Petrograd qui supprimait la plupart des signes extérieurs de discipline dans l'armée et introduisait l'élection des officiers et des comités d'unités.

Dans le compromis du 2 mars, l'incertitude sur ce que serait l'attitude de Nicolas II et de l'état-major a joué un rôle majeur. Prévenu, l'avant-veille, de la gravité des événements, Nicolas II avait prévu de rejoindre son palais  à quelques kilomètres de Petrograd.

Mais les cheminots, dirigés par les bolchéviks, détournent le train impérial vers Pskov. Quand il y arrive, après avoir roulé toute la journée du 1er  mars, le tsar apprend le succès complet de l'insurrection. À l'invitation du généralissime Alexeïev, les commandants des armées lui envoient des télégrammes lui recommandant d'abdiquer «pour sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie». Son fils Alexis, hémophile, ayant peu de chances de vivre, le tsar abdique en faveur de son frère le grand-duc Michel. Mais, au matin du 3 mars, Michel renonce au trône.

La nouvelle simultanée des deux abdications marque la fin du règne des Romanov et le succès définitif de la révolution insurrectionnelle de février 1917. Un événement aussi inattendu que son déclenchement car quelques semaines plus tôt, de son exil zurichois, Lénine avait écrit : «Nous ne verrons peut-être pas, nous autres les vieux, les combats décisifs de cette future révolution

Le gouvernement provisoire ne se propose pas de bouleverser l'ordre économique et social, mais de rénover les institutions et de gagner la guerre, laissant à la Constituante le soin de procéder à des réformes de structure.

Ainsi, la déclaration gouvernementale publiée le 6 mars se borne à entériner un certain nombre de mesures. La révolution avait rendues ces mesures si évidentes que personne ne songea à les mettre au crédit du gouvernement.

Le 6 mars : proclamation des libertés civiles ; amnistie générale; convocation d'une Constituante.

Le 24 mars : abolition de la peine de mort; suppression de toute discrimination de caste, de race ou de religion ; reconnaissance du droit de la Pologne et de la Finlande à l'indépendance ; promesse d'autonomie pour les minorités nationales.

Le 20 mars : le tsar et sa famille sont placés en résidence surveillée.

Face à l'attentisme d'un gouvernement qui craint plus que tout le désordre, le soviet de Petrograd (composé de mencheviks et de socialistes-révolutionnaires) appelle les travailleurs à s'organiser. En quelques semaines, des centaines de soviets, des milliers de comités d'usine et de quartier, des milices de «gardes rouges» s'organisent. Une opinion publique s'y exprime, des revendications sont mises en avant : comme la révolution de 1905, celle de février 1917 suscite une véritable libération de la parole.

Cette libération de la parole est très importante pour la suite des événements, elle permet de comprendre la raison essentielle de révolution d’octobre 1917.

Ouvriers, soldats, paysans, intellectuels juifs, femmes musulmanes, instituteurs arméniens, par l'intermédiaire de leurs organisations (comités d'usine, comités de soldats, comités de quartier, assemblées de village, syndicats) envoient aux soviets des milliers de motions, pétitions, adresses, messages qui disent toute la misère du peuple et l'immense espérance soulevée par la révolution.

Les ouvriers expriment leurs revendications et demandent, en priorité, la journée de huit heures (qu'ils obtiendront rapidement, dès le milieu du mois de mars), la sécurité de l'emploi, les assurances sociales, le contrôle de l'embauche et des licenciements, et une augmentation de salaire leur permettant, modestement, d'acheter trois livres de pain par jour.

Bientôt cependant, le problème de la guerre passe au premier plan des préoccupations et les ouvriers deviennent les plus ardents partisans d'une «paix sans annexions ni contributions». Quant au socialisme, ils n'y font alors jamais allusion.

Les paysans expriment une exigence majeure : que la terre appartienne à ceux qui la travaillent, que soient distribuées immédiatement les terres non cultivées que les grands propriétaires ou l'État laissent à l'abandon. La vindicte des paysans contre l'administration et le grand propriétaire est particulièrement vive. Mais, fait remarquable, aucun des mots d'ordre des différents partis n'apparaît dans les motions paysannes.

Irréductibles aux programmes et aux schémas politiques élaborés par les citadins, les mouvements paysans suivront leur propre cheminement, qui n'en sera pas moins radical.

Quant aux soldats, comme la plupart des combattants de tous les pays belligérants, ils souhaitent avant tout la fin de la guerre, sans oser toutefois proclamer ouvertement leur désir d'une «paix blanche».

En attendant, ils exigent un assouplissement de la discipline, la suppression des abus et des mauvais traitements, la libéralisation et la démocratisation de l'institution militaire.

La révolution de Février donne aussi une impulsion décisive aux mouvements nationalistes bourgeois bridés par la politique « russificationniste » de l'autocratie tsariste.

Ainsi à Kiev, la Rada, simple association d'organisations culturelles ukrainiennes, réclame bientôt l'autonomie interne, puis, à partir de l'été 1917, la reconnaissance d'une véritable indépendance nationale.

Le mouvement national se développe aussi chez les Polonais, les Finlandais (auxquels le gouvernement provisoire promet l'indépendance), puis chez les Baltes et les Géorgiens.

Les musulmans se divisent en «unitaristes», qui espèrent réaliser l'unité sous l'égide des Tatars, et en «fédéralistes», animés par les Bachkirs, les Ouzbeks et les Azéris.

Face à ce bouillonnement de revendications et à la profusion de mouvements, le gouvernement provisoire, le haut commandement militaire et la bourgeoisie sont sur la défensive.

Le soviet de Petrograd, dirigé par les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires, temporise sur la question cruciale de la poursuite de la guerre. Il adopte, le 14 mars, un texte (Appel aux peuples du monde entier) où l'utopie pacifiste côtoie le «défensisme révolutionnaire». Ce texte appelle les peuples à «mener un combat décisif contre les ambitions annexionnistes des gouvernements de tous les pays en guerre, pour imposer une paix sans annexions ni contributions». Mais il affirme, en même temps, que «la Russie continuera la guerre, préservant la combativité de l'armée pour des opérations actives».

Toujours en exil, Lénine est contraint d'exprimer ses vues par des écrits qu'il fait parvenir aux bolcheviks présents en Russie. Les plus importants de ces écrits sont connus sous le nom de Lettres de loin et de Thèses d'avril.

De tous les dirigeants politiques, Lénine, parfois même contre l'opinion de la majorité du parti bolchevik, est le seul à prédire la faillite de la politique de conciliation et de coexistence entre pouvoir antagonique, que tâche de mettre en œuvre le soviet de Petrograd.

Mais sa vision, toujours scientifique et matérialistes des événements va marquer l’histoire du 20ème siècle et marquera les siècles futurs.

Dans ses quatre « Lettres de Loin », écrites à Zurich du 20 au 25 mars 1917, Lénine exige de tenir les bolcheviks en dehors de toute coalition et demande la rupture immédiate entre le soviet et le gouvernement. 

Ainsi, il souhaite passer à la préparation active de la «phase suivante, prolétarienne», de la révolution. Décidé à rentrer en Russie, Lénine accepte l'accord conclu par le social-démocrate suisse Platten avec les autorités allemandes, qui, connaissant bien la stratégie politique des bolcheviks, comptaient sur la force de déstabilisation du discours socialiste auprès d'une population russe déjà hostile à la poursuite de la guerre.

Avec un groupe de révolutionnaires, Lénine quittera Zurich le 28 mars pour traverser l'Allemagne, dans un wagon blindé bénéficiant du statut d'exterritorialité, et gagne la Suède, puis Petrograd, où il arrive le 3 avril.

Dès le 4 avril, Lénine, dans ses « Thèses d'avril », proclame son hostilité inconditionnelle au «défensisme révolutionnaire» prôné par le soviet, ainsi qu’au gouvernement provisoire et à la république parlementaire. Il expose le programme bolchevik : suppression de la police issue du tsarisme, de l'armée et de l'ensemble de la bureaucratie d'État ; confiscation des grandes propriétés foncières et nationalisation intégrale de la terre ; création d'une banque nationale unique ; contrôle ouvrier.

Il préconise la prise du pouvoir par le prolétariat et les paysans pauvres, une politique de dictature du prolétariat qui s'exprime dans le mot d'ordre «Tout le pouvoir aux soviets».

Accueillies avec stupéfaction et hostilité par la majorité des dirigeants bolcheviques de la capitale (Kamenev, Kalinine), les thèses de Lénine progresseront pourtant, avec le ralliement progressif de bolcheviks revenus d'exil (Zinoviev, Aleksandra Kollontaï) et de Staline et Chliapnikov.

Mais c'est la crise d'avril qui divise gouvernement provisoire et soviet sur la question essentielle de la guerre, qui contribue à faire triompher la position léniniste au sein du parti bolchevik et qui entraîne ce dernier à la conquête des soviets et du pouvoir.

Pour le gouvernement consolidé par la bourgeoisie, seule une victoire pouvait permettre à amarrer solidement le nouveau régime aux démocraties occidentales, à consolider la cohésion de la société, pour mettre fin à la révolution.

Le 18 avril, le Ministre des Affaires étrangères Milioukov adresse une note aux Alliés et affirme que la Russie tiendrait tous ses engagements envers eux en combattant «jusqu'à la victoire finale».

Dans cette note aux alliés Milioukov ne fait aucune référence de la position hostile du soviet, qui milite pour la «paix sans annexions ni contributions».

Dans les milieux ouvriers de la capitale se déclenche aussitôt une vaste campagne de pétitions, exigeant la démission de Milioukov. Des cortèges se forment rapidement et des dizaines de milliers de manifestant affluent vers le centre-ville.

Pour la première fois, certains d'entre eux scandent des mots d'ordre bolcheviks : «Démission du gouvernement, tout le pouvoir aux soviets!»

Des heurts violents opposent les bolcheviks à des contre-manifestants (élèves officiers, jeunes bourgeois et notables des beaux quartiers) qui dressent un tribunal pour juger «les espions allemands et Lénine». Du 18 au 20 avril, un vent de guerre civile souffle sur Petrograd, la conspiration et la stratégie de déstabilisation de Milioukov a failli aboutir.

Mais, le gouvernement annonce publiquement que la Russie n'envisageait aucune annexion, la crise semble, au soir du 20 avril, désamorcée. L'affaire de la note Milioukov pose néanmoins la question du fonctionnement du double pouvoir.

Quelques jours plus tard, alors que Milioukov, désavoué, démissionne, suivi par le ministre de la Guerre, Goutchkov, qui estime avoir perdu toute autorité sur l'armée. Le soviet sous l'influence des deux opportunistes dirigeants mencheviks, Tchkheidze et Tseretheli, annonce son ralliement à l'idée d'un gouvernement de coalition.

Le fossé entre Lénine et les menchéviks alliés aux socialistes révolutionnaires, s’agrandit, puisque cette participation à la coalition gouvernementale ressemble fort à un marché de dupes.

Les modérés entendent bien lier les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires par leur participation aux responsabilités gouvernementales et à la conduite de la guerre, tout en utilisant leur influence conciliatrice sur les masses ; les socialistes espèrent obtenir des réformes et l'arrêt des hostilités, tout en déjouant les projets contre-révolutionnaires.

Un deuxième gouvernement provisoire est constitué le 5 mai. Après des semaines de tractations, les modérés du parti constitutionnel-démocrate réussissent à conserver la présidence et sept portefeuilles ministériels, tandis que les socialistes en obtiennent six.

Ainsi par la stratégie politicienne, trois socialistes, un menchevik (Tseretheli, le théoricien du défensisme révolutionnaire) et deux socialistes-révolutionnaires, dominent le nouveau gouvernement provisoire.

L'entrée massive de ministres socialistes au gouvernement remet en cause le principe même du double pouvoir. Les lignes de clivage ne passent plus, comme aux premiers temps de la révolution, entre le soviet et le gouvernement. Au moment où la conciliation l'emporte au sommet de l'État, les tensions sociales et nationales s'exacerbent.

Les bolcheviks critiquent la «collaboration de classes » et proposent aux ouvriers de se rassembler dans leurs comités d'usine et aux paysans de s'emparer des terres seigneuriales sans attendre la réunion de la Constituante Les patrons sont décidés à résister à la pression ouvrière en manifestant leur volonté d'indépendance, ils tous sont déterminés à agir sans tenir compte des appels à la modération des « conciliateurs » au pouvoir. Isolés et en clin à la colère des bolchéviks, ces derniers demandent du temps pour réussir.

Pour mettre fin à la guerre, le menchévik Tseretheli élabore un plan en deux volets : intervention auprès des gouvernements des pays belligérants pour les rallier à la formule d'une paix sans annexions ; organisation d'une conférence de tous les partis socialistes européens, à Stockholm, pour les convaincre d'imposer un plan de paix générale à leurs gouvernements respectifs. Ce projet de la dernière chance pour les opportunistes est sottement utopique, il avorte dès le mois de juin 1917.

Mais dans le même temps, le gouvernement répond à la demande des Alliés et prépare l'« offensive » dans la région de Lemberg. Il y a une dernière tentative d’un membre du gouvernement qui  effectue une mémorable tournée sur le front dans l'espoir de remonter le moral des troupes. Mais la grande offensive russe, déclenchée le 18 juin 1917, s'enlise faute de matériel, de munitions et de motivation des troupes.

Entre-temps, les tensions sociales ne cessent de s'aggraver dans les villes mais aussi dans les campagnes.

Le patronat durcit son attitude et refuse aux comités ouvriers, de plus en plus radicaux et «bolchevisés», le contrôle ouvrier qu'ils réclament. Il répond aux grèves ouvrières par le lock-out. Dans les campagnes, les comités agraires sont mis sur pied par les paysans qui se sont constitués en assemblées communales (les MIR), ils s'approprient les terres inexploitées et saisissent le matériel agricole et le cheptel des grands propriétaires terriens.

Le capital répond en fomentant des actes de violation de l'ordre. Imitant les industriels qui procèdent à des lock-out, les grands propriétaires réagissent en interrompant les ensemencements et en faisant appel au gouvernement pour qu'il mette fin à l'«anarchie».

Celui-ci se résout, après un temps d’hésitation, à envoyer des troupes pour rétablir l'ordre, et  convoquer la première session du Comité agraire national, chargé de préparer la réforme agraire.

Dans le même temps, les mouvements nationalistes bourgeois prennent de l’ampleur en profitant des hésitations et de la faiblesse du gouvernement provisoire. Pour le gouvernement, cette question n'est pas à l'ordre du jour : il ignore superbement aussi bien le 1er  Congrès pan-musulman qui se tient à Kazan le 1er mai, que le développement de la Rada ukrainienne. Profitant des errances du pouvoir et de la faiblesse politique des hommes au gouvernement, les Ukrainiens se donnent un Secrétariat général et une Loi fondamentale qui forme des régiments nationaux pour glisser vers le séparatisme.

Tandis que les tensions et les difficultés s'accumulent, les bolcheviks accentuent leur pression, encouragent la radicalisation ouvrière, ils entrent en force dans les comités d'usine de Petrograd pour y développer les consciences politiques révolutionnaires, bien que minoritaires dans les syndicats et les soviets, ils acquièrent la majorité.

Fin mai, à la Conférence des comités d'usine de Petrograd, en développant l'idée du «contrôle ouvrier». Lénine et la direction bolchévique, travaille à mettre sur pied le parti révolutionnaire qui sera l'instrument de la prise du pouvoir.

Lors du 1er Congrès panrusse des soviets, réuni à Petrograd du 3 au 23 juin, les bolcheviks sont encore très minoritaires (une centaine sur plus de huit cents délégués). Ils prennent l'offensive, exigeant que le Congrès se transforme en Convention révolutionnaire et assume la totalité du pouvoir. Le menchévik Tseretheli, dépassé tente d’affirmer qu'il n'existait aucune force qui puisse  supplanter le gouvernement provisoire. Lénine lui répond par une repartie restée fameuse : «Un tel parti existe. Aucun parti n'a le droit de refuser le pouvoir et notre parti ne le refuse pas. Il est prêt à tout moment à prendre le pouvoir entre ses mains.»

Quelques jours plus tard, le 18 juin à Petrograd, une manifestation est organisée par le soviet pour soutenir la politique du gouvernement provisoire, mais elle tourne à l'avantage des bolcheviks. Les ouvriers, qui a la place du slogan proposé par les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires («Par l'Assemblée constituante vers une république démocratique»), inscrivent sur la majorité des bannières les mots d'ordre bolcheviques : «À bas l'offensive!», «Vive le contrôle ouvrier!», «Tout le pouvoir aux soviets!»

Pour la première fois, la rue appartient aux bolcheviks. Le 18 juin consomme ainsi la scission définitive du camp socialiste russe.

Le problème de la guerre reste le catalyseur des journées révolutionnaires des 3 et 4 juillet, qui seront les moments clé du processus de 1917. Le 2, la nouvelle de l'échec de l'offensive Broussilov qui plie face à la contre-offensive allemande, parvient aux ministres constitutionnels-démocrates.

Débordés par l’influence montante des bolchéviks, les membres du gouvernement provisoire laissent volontairement se développer des manifestations qui dégénèrent.

Les marins de Kronstadt et militants ouvriers se portent vers le palais de Tauride pour demander au soviet  (en vain) d'assurer le pouvoir.

Le gouvernement fait appel aux cosaques et à des troupes ramenées du front pour ramener le calme dans la ville en état de siège, l'armée disperse les manifestants. Ces journées de juillet, qui se soldent par une cinquantaine de morts, entraînent l'arrestation de nombreux dirigeants bolcheviques et l'interdiction des journaux de leur parti.

Lénine, qualifié d'«agent du Kaiser» est accusé de haute trahison, il doit s'enfuir en Finlande le 8 juillet. Le gouvernement provisoire pensera à ce moment là que le parti bolchevique a été décapité.

À l'issue de cet épisode, c’est le retour du prince Lvov, il réorganise le gouvernement pour se débarrasser définitivement des bolchéviks, et pour se prévenir d’un retour des forces de Lénine, la peine de mort est rétablie sur le front de la guerre. Après une longue crise ministérielle, du 6 au 23 juillet, marquée par les habituelles hésitations des constitutionnels-démocrates pour participer au cabinet, un «gouvernement de salut révolutionnaire» est formé. Les constitutionnels-démocrates, revenus en force, et les socialistes modérés (mencheviks et socialistes-révolutionnaires) cohabitent tant bien que mal, unis par leur haine et surtout leur peur des bolcheviks.

Les journées de juillet ont modifié le climat politique. Désormais, le groupes de pression des conservateurs nommé « la Société pour la renaissance économique de la Russie », regroupant grands industriels et banquiers proches du parti constitutionnel-démocrate, l'Union des grands propriétaires et l'Union des officiers de l'armée et de la flotte, occupent le premier rang dans les allées du pouvoir. Les contre-révolutionnaires pensent alors que leurs aspirations à une société libérale-démocrate, se mettent en place.

Durant cet été de troubles et de trahisons, un homme émerge, dont la figure ambiguë symbolise bien un pouvoir qui se cherche : le général cosaque Kornilov.

De tous les généraux de l'Ancien Régime, ce fils de paysans était le seul à tenir des propos républicains et à se déclarer favorable à une certaine démocratisation de l'armée. Parallèlement, il avait remis de l'ordre parmi les troupes, interdisant les réunions alors qu'il commandait le front sud-ouest, et faisant fusiller les déserteurs.

Face à la faiblesse du gouvernement civil, Kornilov apparaît rapidement comme l'homme du recours pour le haut commandement, les milieux patronaux, voire les Alliés, d'autant plus inquiets du chaos qui gagne la Russie que les thèses pacifistes progressent au sein de leurs propres troupes empruntes à un désastre humain.

La conférence d'Etat Consultative, que l’ont peut comparer aux Etats Généraux de la révolution française, est réunie à Moscou du 12 au 20 août. Cette conférence est composée des représentants du patronat, des syndicats, des groupes professionnels, du corps des officiers, des Églises et des partis politiques (bolcheviks exceptés), elle tourne à un affrontement qui est accueilli par les vivats des conservateurs de plus en plus confiants.

Fermement soutenu par les constitutionnels-démocrates et les conservateurs, Kornilov expose son programme pour sortir la Russie de la crise : dissolution de tous les comités révolutionnaires, fin de toute intervention de l'État dans les domaines économiques et sociaux, restitution des terres aux grands propriétaires, contrôle militaire des chemins de fer et des usines d'armement, rétablissement de la peine de mort à l'arrière...

A ce moment là, la perspective d'un coup d'État militaire se dessine.

Appuyé par le corps des officiers et par les conservateurs, Kornilov exige, le 26 août, un remaniement ministériel. Tandis que les ministres démissionnent, il a fixé au 27 août la date de son coup d'État, et fait avancer ses troupes sur Petrograd.

Dans l'épreuve de force qui s'engage, les bolcheviks manifestent bientôt leur «solidarité révolutionnaire» envers le gouvernement. Dénonçant le putsch, ils créent un réseau de «comités de guerre révolutionnaire» pour organiser la résistance. Leur expérience de la clandestinité fait ses preuves. Par la désorganisation des transports et la propagande auprès des troupes de Kornilov, l'avance des troupes est enrayée et à Petrograd, la ville est mise en état de défense.

Ses dirigeants libérés, le parti bolchevik revient en force et fait une rentrée spectaculaire sur la scène politique. Le soulèvement armé dans Petrograd, sur lequel comptait Kornilov, n'a pas lieu ; ses troupes démoralisées piétinent à proximité de la capitale. En deux jours, le putsch est réduit à rien et le général Kornilov est arrêté.

Sur le plan politique, l'échec du putsch a renversé la situation. Ceux qui avaient hésités et trahis, et démontrés leur incapacité à assumer le pouvoir pour les intérêts du peuple sont discrédités. Le retour des bolcheviks, que l'ensemble de la classe politique tenait pour mort depuis les journées de juillet, reflète deux phénomènes latents : la radicalisation des masses à en finir avec leur exploitation et la faillite des institutions traditionnelles bourgeoises.

Les troubles sociaux montent d'abord dans les campagnes : du 1er septembre au 20 octobre, il est resté trace de 5140 «violations de l'ordre», chiffre sans doute bien inférieur à la réalité, mais qui révèle assez l'ampleur des désordres agraires.

Particulièrement nombreux en Ukraine, en Biélorussie et surtout dans cinq provinces de la Russie centrale (Toula, Riazan, Penza, Saratov, Tambov), ces troubles sont de plus en plus violents : les paysans ne se contentent plus de saisir les terres, ils pillent, brûlent par centaines les demeures seigneuriales. Dans les villes aussi, le climat social se durcit : pour répondre à des grèves de plus en plus dures, avec séquestration des patrons, les chefs d'entreprise arrêtent souvent la production.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 15:00
Pour consulter le blog: linter.over-blog.com
Fin de l'article adressé par un camarade qui s'attache à écrire un historique de la révolution d'octobre
L'économie sombre, les pénuries se généralisent, les prix flambent (ils triplent entre juillet et octobre), des centaines de milliers d'ouvriers se retrouvent au chômage, réclamant le contrôle ouvrier sur la production et, de plus en plus souvent, la démission du gouvernement et le passage de tout le pouvoir aux soviets.

Pourtant, ils ne sont pas très nombreux à adhérer au parti bolchevik, qui compte moins de 200 000 membres au début d'octobre 1917.

La conquête par les bolcheviks, intransigeants et courageux,  des larges fractions de la société désabusées, démontre l’importance de l’organisation communiste.

La conception marxiste de Lénine et d'un parti organisé et déterminé alliée  vont se révéler décisifs.

Lénine rentre clandestinement à Petrograd. Depuis plusieurs semaines, de son exil finlandais, il écrivait au comité central du parti des lettres (Les bolcheviks doivent prendre le pouvoir) et des articles (La crise est mûre) appelant à l'insurrection et condamnant le légalisme révolutionnaire des dirigeants menchéviks échaudés par l'amère expérience des journées de juillet.

Le 10 octobre, après dix heures de discussions, Lénine parvient à convaincre la majorité des membres du comité central de la nécessité d'une insurrection armée, dont le principe est approuvé par dix voix contre deux (celles de Zinoviev et de Kamenev).

Cependant, aucune mesure pratique n'est prise avant le 16 octobre, date à laquelle se réunit un comité central élargi, qui vote un texte appelant à l'insurrection.

Les bolcheviks créent un Centre militaire révolutionnaire chargé d'organiser les modalités pratiques du soulèvement. De son côté, Trotski est chargé le 9 octobre de mettre en place d'une organisation : le Comité militaire révolutionnaire de Petrograd, mais ce sont les bolcheviks qui dirigeront le coup d'État.

Le scénario est prêt, l'insurrection imminente, mais elle n'est plus tout à fait secrète. En effet, le 17 octobre, un article est publié dans Novaïa Jizn (la Nouvelle Vie), revue dirigée par Maxime Gorki, qui fait état de rumeurs concernant des désaccords de Kamenev et de Zinoviev avec la direction du parti.

A la différence de la révolution de février, spontanée et imprévue, les journées d'Octobre sont minutieusement préparées par les bolcheviks avec à leur tête Lénine, face à un gouvernement dépassé par la situation.

L'épreuve de force débute le 22 octobre, lorsque la garnison de Petrograd se rallie au Comité militaire révolutionnaire de Petrograd qu'elle reconnaît comme seule autorité.

Les bolcheviks déclarent que seul le 2ème  Congrès panrusse des soviets (et non une convention démocratique) sera habilité à légitimer un nouveau gouvernement.

Les « restes » du gouvernement provisoire ne pourront compter que sur les élèves officiers pour résister à l'insurrection qui éclate le 24 au soir, lorsque des détachements fidèles au Comité militaire révolutionnaire (quelques milliers de gardes rouges, de matelots et de soldats) s'assurent sans résistance le contrôle des centres stratégiques de la capitale (ponts, postes, télégraphe, banques, gares).

Tandis que les « restes » recherchent des renforts et des troupes fidèles au gouvernement, Lénine, apparait pour la première fois en public depuis le mois de juin. Lénine déclare à la session du soviet de Petrograd : «La révolution des ouvriers et des paysans, dont les bolcheviks n'ont cessé de montrer la nécessité, est réalisée... Une nouvelle étape s'ouvre dans l'histoire de la Russie, et cette troisième révolution doit en fin de compte mener à la victoire du socialisme.»
                          

Dans la soirée, les insurgés sous commandement des cadres militaires bolchéviks s'emparent du palais d'Hiver. À 23 heures s'y ouvre le 2ème Congrès des soviets. Malgré leur trahison, leur incompétence et après avoir osé déclarer que la «conspiration militaire a été organisée derrière le dos des soviets», une grande partie des mencheviks et des socialistes-révolutionnaires quitte la salle sous les huées des bolcheviks. 

Les bolcheviks font alors ratifier leur coup de force par le Congrès, qui vote un texte rédigé par Lénine, attribuant «tout le pouvoir aux soviets».

Seul le menchevik Martov s'y oppose, les « restes » des socialistes-révolutionnaires se contentant de protester et de s’abstenir. Cette résolution donne le pouvoir aux bolcheviks pour gouverner «au nom du peuple».

Quelques heures plus tard, le Congrès des soviets entérine avant de se séparer, la création du Conseil des Commissaires du Peuple  (le gouvernement bolchevik) et approuve les décrets sur la paix et sur la terre, actes fondateurs du nouveau régime.

Fortement liés aux masses, fortement organisés et disciplinés, fortement aguerris et formés aux théories scientifiques du socialisme, il n'aura fallu que quelques mois aux bolcheviks pour faire triompher la révolution prolétarienne.

 « Les révolutionnaires sont communistes, les communistes sont révolutionnaires »

Partager cet article
Repost0
18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 22:32
Après Vital Michalon, encore un peu de notre histoire: Longwy.
 




La bataille de Longwy
Par  Gérard Noiriel

 

Décembre 1978. Le gouvernement Barre rend public son plan de « sauvetage » de la sidérurgie. Bilan : 21 000 postes de travail doivent être supprimés en moins de deux ans ; deux sites sont pratiquement condamnés à mort : Denain et Longwy. Dans la cité lorraine, les 6500 suppressions d’emplois prévues signifient la disparition d’un sidérurgiste sur deux et, à terme, l’élimination de la moitié des actifs du bassin. A Longwy, c’est d’abord l’atterrement puis, très vite, la colère. Pendant six mois, l’ensemble de la population se mobilise pour rejeter ce plan ; ajoutant aux formes de luttes traditionnelles du mouvement ouvrier (grèves et manifestations), des formes inédites de guérilla urbaine : attaque du commissariat au bulldozer, occupation du relais-TV et mise en place de la « télévision libre ». En dépit de cette intense mobilisation, la restructuration sera réalisée. En juillet 1980, une brochure éditée par la municipalité dresse un premier bilan : « sur le territoire de la commune de Longwy, une seule grande entreprise sidérurgique (l’usine de la Chiers) employait environ 3600 personnes en 1976. Il en reste aujourd’hui 140. Les cinq hauts fourneaux sont arrêtés, les hautes herbes envahissent les installations dans lesquelles ont travaillé des générations d’hommes, de spécialistes qualifiés. Le cœur de Longwy est éteint ». On sait que dans les années suivantes, c’est la gauche qui achèvera ce que la droite avait commencé. Aujourd’hui, l’activité sidérurgique n’existe plus dans le bassin de Longwy.

1. La fin d’une histoire

Les journalistes, les sociologues, les économistes qui ont tenté de comprendre les raisons de la violence exceptionnelle de ce conflit ont sous-estimé, à mon sens, un élément décisif : le poids de l’histoire [1]. Depuis longtemps la recherche a montré qu’on ne pouvait appréhender la « classe ouvrière » comme un tout ; qu’il fallait tenir compte des différences entre les secteurs d’activité, entre les qualifications, les origines nationales, etc. Mais on n’a pas assez insisté sur le maintien des spécificités régionales, voire locales. Or, celles-ci peuvent contribuer à expliquer l’absence ou au contraire la force des mobilisations. En 1979, pour la plupart des commentateurs, Denain et Longwy étaient les symboles d’un même passé industriel, d’un même destin. En fait, si la lutte a été plus tenace et surtout plus violente à Longwy, c’est parce que les ouvriers de la région étaient les héritiers d’une histoire qu’on ne peut confondre avec l’histoire des ouvriers du Nord. Sans entrer dans les détails, disons que, par rapport à Longwy, Denain se caractérise par un passé industriel beaucoup plus ancien, une immigration historiquement moins importante, une composition socioprofessionnelle plus diversifiée, notamment en raison de la présence ancienne d’une industrie de transformation qui n’a jamais pu voir le jour dans la Lorraine du Nord. Certes, au 19ème siècle, on travaillait déjà le fer à Longwy, mais dans le cadre de petites forges artisanales animées par quelques forgerons et par une masse d’ouvriers-paysans auxquels étaient réservées les tâches de manœuvres. Mais cette sidérurgie rurale traditionnelle a été anéantie au début du siècle ; la découverte du bassin ferrifère de Briey (le deuxième du monde derrière ; celui des Grands Lacs, à l’époque) ayant entraîné l’afflux de nouvelles usines utilisant les techniques modernes et les formes « tayloriennes » d’organisation du travail. Les premières grandes grèves qu’a connues la région - qui défrayèrent déjà la chronique par leur violence et leur durée [2] - avaient pour objet d’empêcher ces transformations. Celles-ci signifiaient en effet la fin d’une logique de développement économique fondée sur la complémentarité entre le travail industriel et le travail agricole. Après l’échec de la grève, la plupart des ouvriers lorrains fuient ces usines qu’ils ne reconnaissent pas. Beaucoup s’installent dans la région parisienne où l’industrie automobile naissante recherche activement de la main-d’œuvre qualifiée. C’est sur les décombres de cette sidérurgie artisanale que va se construire, entre 1900 et 1930, la sidérurgie « moderne » que le plan de 1979 avait pour objet de liquider à son tour. Sa mise en place provoque un bouleversement total de la composition « technique » et « ethnique » de la classe ouvrière. Alors qu’auparavant, le travail du mineur se différenciait peu de celui du paysan, car le fer était extrait dans des carrières à ciel ouvert, désormais, il faut descendre dans des galeries de plus en plus profondes et de plus en plus meurtrières pour aller le chercher. Avec les aciéries thomas, les grands laminoirs mécanisés ou les « carrousels » (qui dans les fonderies transforment le mouleur d’autrefois en OS), l’ouvrier entre au service de la machine, même si à ce stade, le coup d’œil, la force physique et le savoir-faire restent des compétences essentielles. Confronté à la fuite des travailleurs lorrains et à des besoins en main-d’œuvre sans commune mesure avec ce que la région pouvait fournir, le patronat « fabrique » une nouvelle classe ouvrière en recrutant massivement des immigrés venus de Belgique, d’Italie, de Pologne et, après la deuxième guerre, d’Afrique du Nord. La gestion « paternaliste » des maîtres de forges s’explique par la nécessité absolue d’enraciner et de « reproduire » sur place la main-d’œuvre qualifiée, à un moment où la concurrence fait rage entre les sociétés sidérurgiques qui se sont installées dans la région pour profiter de la proximité du minerai. Si chaque société se lance dans la construction de cités ouvrières, de salles des fêtes, et même d’écoles et d’hôpitaux, c’est dans le but de s’attacher ces ouvriers. Ce qui a pour contrepartie des salaires beaucoup plus bas que dans la métallurgie de transformation par exemple. D’où la nécessité d’empêcher toute relation entre la classe ouvrière locale et les autres régions. De même, étant donné la pénurie de main-d’œuvre, les sociétés sidérurgiques s’opposent à l’installation d’entreprises concurrentes. Tout cela se conjugue pour faire du bassin de Longwy, qui produit le tiers de l’acier français en 1930, l’un des plus importants ghettos de l’industrie lourde française. Cette période fondatrice se caractérise aussi par l’extrême instabilité du monde du travail dans une région qu’on appelle alors le « Far West » ou le « Klondyke » français ; instabilité qui contribue à l’effondrement du mouvement ouvrier après 1905.

Dans les années 1930, la crise économique provoque un retournement complet de la situation sur le marché du travail. Le nouveau monde ouvrier, formé de bric et de broc dans les décennies antérieures, commence à se stabiliser, à s’enraciner, à s’homogénéiser. Si la stratégie patronale de reproduction sur place de la force de travail est couronnée de succès, c’est surtout le mouvement ouvrier qui va en tirer profit. A partir de cette époque, en effet, la « deuxième génération » - dont les membres sont à la fois enfants d’ouvriers et enfants d’immigrés - fait progressivement son entrée dans les usines et dans les mines de la région. Sociologiquement, ce groupe est très homogène parce qu’il est composé d’individus qui ont vécu la même enfance et ont connu la même trajectoire sociale. Dans ces véritables villages que sont les cités ouvrières, tout le monde se connaît. Dès leur naissance, les enfants ont été intégrés dans l’univers social qui s’est tissé au pied des chevalements de mines et des hauts fourneaux. Ils ont souffert de la xénophobie et aussi de la surexploitation dont ont été victimes leurs parents [3]. Mais, alors que leurs pères étaient étrangers et manœuvres, eux sont français et ont acquis, en général, une qualification. Nul ne peut leur interdire de participer aux luttes syndicales et politiques du pays. Toute l’histoire du bassin de Longwy-Villerupt, des années 1930 aux années 1970, a été profondément marquée par cette génération ouvrière. C’est elle qui était visée au premier chef par les mesures de préretraites dans le plan de 1979. Ce sont ses valeurs, ses combats, ses idéaux qui ont imprégné toute la culture collective (bien au-delà du monde ouvrier lui-même) de la région. Cette culture se définit par deux caractères essentiels, qui peuvent paraître contradictoires, mais qui s’expliquent tous deux par les traumatismes et la stigmatisation vécues dans l’enfance. Ce qui frappe en premier lieu dans ce groupe, c’est la place qu’il fait à la violence. Toutes les luttes sociales - depuis la grève de 1938, qui marque leur entrée en scène, jusqu’à la fin de la guerre froide, en passant par la Résistance (à laquelle cette génération fournira de nombreux cadres et de nombreux martyrs) - sont marquées par des affrontements physiques qui ont pour centre l’usine, mais qui s’étendent sur tout le territoire des cités. En 1948, les ouvriers de l’usine de Micheville (à Villerupt, localité voisine de Longwy) parviennent à encercler et à désarmer toute une compagnie de CRS. La plupart des cadres du PCF et de la CGT émergent grâce à des actions héroïques, se couchant en travers du laminoir pour bloquer la production, par exemple. Mais en même temps que ces comportements de rupture, la culture de cette deuxième génération ouvrière illustre un profond désir d’intégration au « pays », au sens à la fois local et national du terme. Défendre la sidérurgie, c’est non seulement défendre son emploi, mais aussi défendre la Lorraine et « l’intérêt de la France ».

Entre les années 1950 et les années 1970, les membres de ce groupe vont exercer une véritable hégémonie dans tous les secteurs de la vie politique et sociale de la région. Une bonne partie des mairies détenues auparavant par les maîtres de forge, ou leurs alliés va passer sous leur coupe ; de même que les syndicats, les associations, etc. Leurs valeurs collectives s’étendront à d’autres composantes du monde ouvrier et dans les classes moyennes, non seulement grâce à ces organisations, mais aussi grâce à la sociabilité de quartier, grâce aux récits’ transmis par les familles.

Néanmoins, cette culture de classe a été élaborée entre les années trente et les années cinquante, c’est-à-dire dans un monde et pour un monde qui va connaître de profondes transformations dans les décennies suivantes. En premier lieu, il faut évoquer la « pacification » des rapports sociaux. Après la guerre froide, le mouvement ouvrier local se contente le plus souvent d’une violence verbale. Les actions revendicatives sont de plus en plus disciplinées, codifiées et subordonnées aux stratégies et aux mots d’ordre nationaux du PCF. Le souci de respectabilité conduit les responsables du parti à promouvoir une division du travail. On confine les luttes dans l’entreprise, pour laisser aux élus le monopole de la ville. Par ailleurs, si en trente ans le niveau de vie des ouvriers sidérurgistes a progressé de façon considérable, beaucoup d’entre eux sont maintenant enchaînés à des crédits qui les empêchent de se lancer dans des grèves trop longues ou trop répétitives. C’est pourquoi les actions favorites consistent dans des « grèves du zèle », des débrayages ponctuels, etc. Autre élément de transformation : l’évolution de la composition technique/ ethnique du monde du travail. C’est sans doute dans les années 1950 que l’homogénéité a été la plus grande dans la classe ouvrière locale. Mais dans les décennies suivantes, le patronat recrute massivement de nouveaux immigrants en provenance du Portugal et d’Afrique du Nord surtout, qui mettront longtemps à s’intégrer à la sociabilité locale. Le progrès technique est un autre facteur d’hétérogénéité. La stratégie du « rapiéçage » (qui consiste à moderniser certaines unités au détriment des autres) privilégiée par le patronat, a des effets sociologiques indéniables. De vieux fondeurs maniant l’aspadelle comme on le faisait avant 1914, côtoient les jeunes ouvriers qui sont à la pointe du progrès ; comme ceux qui travaillent à la tôlerie de Mont-Saint-Martin, symbole du « progrès technique » [4] pour la France entière. Le renouvellement des générations joue aussi un rôle important. Les enfants de la génération héroïque n’ont pas les mêmes raisons que leurs parents de s’identifier à l’usine ou aux mots d’ordre du PCF. Beaucoup d’entre eux se sont affranchis de l’univers sidérurgique et font désormais partie des classes moyennes. Les jeunes qui sont restés ouvriers n’ont plus le même attachement à l’usine que la génération d’avant. Celle-ci devait à la sidérurgie une promotion sociale par rapport à leurs parents, alors que pour les jeunes, l’entrée à l’usine est très souvent consécutive à un échec scolaire. La même diversification sociologique se constate au niveau de la population globale du bassin. Avec le développement progressif de l’Etat-Providence, le face-à-face patronat/ ouvriers, caractéristique de l’âge paternaliste [5], fait place à des relations sociales plus différenciées, compte tenu de la multiplication des services commerciaux et administratifs.

Tout cela explique qu’en 1979, quand débute le conflit, les valeurs collectives du groupe hégémonique ne sont plus vraiment en phase avec la réalité sociologique locale. Néanmoins, elles continuent à structurer une sorte d’« inconscient collectif » que la lutte va permettre de réveiller.

2. La dynamique des luttes

Au départ, toutes les conditions étaient réunies pour que le mouvement de protestation adopte la forme traditionnelle qu’il avait déjà prise, lors des plans de restructuration précédents (à Thionville, Villerupt, dans le bassin minier...). Dès l’annonce des licenciements, la CGT, qui regroupe 80% des ouvriers syndiqués et le PCF, administrant 60% de la population, proclament que c’est « dans l’entreprise » que doit se mener la lutte. « Pas un boulon ne doit être démonté » ; tel est le mot d’ordre initial. De même, comme lors des épisodes précédents, le PCF cherche à utiliser le conflit dans sa campagne nationale de dénonciation du « virage à droite » du parti socialiste. Il met en cause l’attitude des socialistes locaux, considérés comme plus ou moins complices du démantèlement. Mais très vite les deux axes de cette stratégie s’effondrent. Dans l’entreprise, la mobilisation reste faible. Les ouvriers, déjà frappés par le chômage partiel, hésitent d’autant plus à entamer une grève illimitée que cette tactique a échoué partout où elle a été mise en oeuvre dans les années précédentes. A l’inverse, les « opérations coup de poing » impulsées, contre l’avis de sa direction nationale, par la petite section CFDT, rencontrent d’emblée un succès tel que la CGT et le PCF lui emboîtent le pas. De même, le discours antisocialiste est balayé par la soif d’unité qui règne dans la population, qui conduit à mettre en place une Intersyndicale, alors qu’au niveau national, la CGT et la CFDT ne parviennent même pas à s’entendre sur une journée commune d’action. Se sentant directement concernée, la population souhaite ardemment manifester sa colère. Elle refuse qu’on enferme la lutte dans l’entreprise en excluant ainsi les femmes, les chômeurs, les enseignants, etc. A partir de la première grande manifestation unitaire de décembre, la lutte s’étend rapidement sur l’ensemble du territoire sidérurgique, s’appuyant d’emblée sur toute une série de symboles, illustrés par le SOS lumineux installé sur le crassier, par le choix des lieux occupés ou investis : chambre patronale, banque, relais TV, commissariat. Dans ces « opérations coup de poing », s’exprime la volonté d’une pratique unitaire dépassant le cloisonnement social qui domine la vie quotidienne. C’est un moyen de mener la lutte « tous ensemble », jeunes et vieux, hommes et femmes, Français et immigrés, sidérurgistes et travailleurs des petites entreprises, ouvriers, enseignants et commerçants. Le même unanimisme accompagne la mise en place des « radios libres » ; la petite radio CFDT d’abord, puis Lorraine Coeur d’Acier, la radio de la CGT, qui va profondément marquer la vie du bassin. Ce qui frappe, c’est que, pendant plusieurs mois, toutes les actions illégales sont soutenues par la quasi-unanimité de la population. Les deux radios libres sont illégales et, pourtant, elles sont très écoutées. L’occupation du relais TV et les émissions de TV pirate (grande première mondiale) sont accueillies favorablement et la violence, que ce soit par la destruction du matériel ou des dossiers patronaux, que ce soit par l’affrontement physique avec les CRS, est encouragée par la majeure partie des ouvriers.

Ce succès s’explique à mon avis par la conjonction de plusieurs facteurs. En premier lieu, il faut citer le rôle décisif joué par les jeunes de la « nouvelle classe ouvrière ». Ce n’est pas un hasard si les deux militants syndicaux (l’un CGT et l’autre CFDT) qui sont à la tête des opérations « coup de poing » et qui militent activement pour l’unité syndicale, appartiennent tous les deux à l’élite ouvrière de la tôlerie de Mont-Saint-Martin. Mais, si les actions violentes reçoivent un soutien massif, c’est parce que l’ampleur du plan de restructuration et la brutalité avec laquelle il a été annoncé ont été ressenties par la population comme une agression qui porte atteinte à son identité collective. D’où la résurgence des réflexes enfouis dans l’inconscient ouvrier local. Le langage de la violence est considéré comme une réponse légitime à la violence de l’État. Mais en même temps, on cherche à réaffirmer une volonté collective d’intégration à la communauté nationale. Dans les conversations que j’ai pu avoir avec les gens tout au long de cette lutte [6], l’idée que Paris les avait soit « abandonnés », soit « trahis », revenait fréquemment. Pendant longtemps, on leur avait demandé de travailler jour et nuit pour reconstruire la France et maintenant on les laissait tomber sans ménagement. Ce sentiment largement partagé explique l’énorme succès des manifestations centrées sur le thème « nous voulons vivre, étudier, travailler au pays » avec en tête du cortège, la croix de Lorraine ou des enfants portant le costume folklorique alsacien-lorrain. Ce besoin de reconnaissance explique aussi l’extraordinaire impact de la marche sur Paris - qui fut l’apogée de la lutte - et la colère exprimée contre la façon dont la télévision rendait compte du conflit, en présentant les sidérurgistes comme des « casseurs » (l’occupation du relais TV et la création des radios libres ont été conçues comme des « ripostes » à cette couverture médiatique tendancieuse). Un autre élément décisif qui explique le succès de ce type de lutte tient aux formes de « démocratie directe » qu’elles ont rendue possible. Lorraine Cœur d’Acier a été une sorte de forum, au sens fort du terme, où tout le monde est venu, soit sur le plateau, soit par téléphone, dire un jour son mot dans tel ou tel débat, raconter une histoire, donner une information. De même, toutes les actions « chaudes » ont donné lieu à des débats collectifs spontanés, pour décider des suites de l’action. Pendant plusieurs mois, tous ceux qui l’ont voulu ont pu participer directement à la lutte. La nuit, on pouvait aller garder la radio ou rejoindre les copains qui occupaient la banque, leur apporter à manger, discuter. Des troupes de théâtre, de folklore, des orchestres de rock sont venus apporter leur soutien. Tout au long du conflit, une multitude de chansons, de poèmes, des dessins d’enfants, des tableaux ont été créés, le plus souvent par des ouvriers qui dans un autre contexte n’auraient jamais pris ce genre d’initiatives, ou n’auraient jamais osé les rendre publiques [7]. Ainsi, à partir du réflexe initial de refus des licenciements, a pris naissance un mouvement, une dynamique de lutte s’entretenant elle-même. Les objectifs du combat se sont modifiés, rebondissant les uns sur les autres : « non aux licenciements », puis « non à la répression policière », « liberté d’expression », « libérez Roger Martin »... Ce sont tous ces éléments qui expliquent l’intensité et la durée de la mobilisation, bien plus à mon avis que les « plans alternatifs » sur lesquels l’immense majorité des gens n’avaient rien à dire car il s’agissait d’un problème d’experts.

Mais il est juste aussi de souligner que la « spontanéité » qui a fait la force et la ténacité du mouvement ne pouvait que conduire à l’échec, étant donné l’absence de toute perspective alternative. Au plus fort de la lutte, dans le feu de l’action, c’est comme si les divergences d’intérêt avaient été fondues dans le haut fourneau des espérances ouvrières. Pour entretenir le mouvement, il fallait donc aller toujours plus loin, toujours plus haut, imaginer sans cesse de nouvelles actions symboliques pour maintenir la population en haleine, frapper l’opinion. Mais après la marche sur Paris, un certain désarroi s’est installé, dû au fait que les militants ne savaient plus très bien quoi faire pour intensifier le combat. La démobilisation a commencé à ce moment-là et les forces centrifuges ont repris le dessus. L’intersyndicale, qui était restée limitée aux cinq organisations principales, refusant d’accepter les formes d’organisation autonomes créées pendant le conflit, s’est délitée. L’extraordinaire prise de parole collective qu’a occasionnée cette lutte, n’a pas été mise à profit par les responsables du mouvement pour tenter de mieux connaître les aspirations des gens et pour construire, à partir de là, un programme revendicatif dépassant les mots d’ordre vague du genre : « non aux licenciements » et « Longwy vivra ». Les divergences d’intérêts, liées aux mutations sociologiques évoquées plus haut, se sont alors révélées dans toute leur ampleur. Chez les sidérurgistes, le clivage de l’âge a sans doute été essentiel. Les plus concernés étaient incontestablement les ouvriers entre 30 et 50 ans. Beaucoup avaient des enfants en bas âge, des traites à rembourser, une maison sur les bras. C’est surtout cette génération qui était le « dos au mur ». Pour les ouvriers les plus âgés, la restructuration dessinait la perspective d’une retraite anticipée ; ce qui était souvent considéré comme une bonne chose. Chez les jeunes, si l’angoisse de perdre son emploi (ou de ne pas en trouver) a été un facteur important de leur engagement, dès que la mobilisation a commencé à faiblir, la prime de départ (50 000 francs), a fait des ravages, car elle ouvrait la porte sur d’autres horizons que celui des grandes usines [8]. Le clivage entre ouvriers locaux et immigrés a été un autre facteur d’affaiblissement. Déjà menacés par les nouvelles dispositions gouvernementales (les « lois Bonnet »), restés en marge de la sociabilité et du mouvement ouvrier local, beaucoup ont finalement décidé de partir avec la prime [9]. Quant aux classes moyennes, ce qui les préoccupait le plus, ce n’était pas que la sidérurgie continue à vivre, mais le maintien de l’activité économique dans le bassin. Dans ce milieu, la démobilisation a été grandement favorisée par les projets de « reconversion industrielle », annoncés à grand renfort de publicité par le gouvernement. Projets qui, pour la plupart, n’ont jamais vu le jour.

[1] Cf. en dernier lieu, C. de Montlibert, Crise économique et conflits sociologiques dans la Lorraine sidérurgique, L’Harmattan, 1989.

[2] Alphonse Merrheim, le principal dirigeant de la fédération de la métallurgie, viendra sur place encourager les grévistes ; cf. S. Bonnet, R. Humbert, La ligne rouge des hauts fourneaux, Éditions Serpenoise, 1981.

[3] Je rappelle qu’à l’époque, les mines de fer sont parmi les plus meurtrières du monde. Plus d’un mineur sur deux est victime d’un accident du travail dans l’année et le taux d’accidents mortels dépasse les cinq pour mille. De plus, les mineurs étrangers (qui forment la quasi-totalité des effectifs au fond) n’ont aucun droit à cette époque. Ils ne peuvent même pas participer aux élections professionnelles pour élire leurs délégués. Tous ceux qui tenteront d’organiser la vie syndicale seront expulsés. Pour plus d ; détail sur l’histoire de ce groupe, cf. G. Noiriel, Longwy, Immigrés et prolétaires, 1880-1980, PUF, 1984.

[4] En France, c’est l’une des premières installations à avoir été étudiées de façon systématique par la sociologie du travail ; cf. J. Dofny, C. Durand, J.D. Reynaud, A. Touraine, Les ouvriers et le progrès technique. Étude de cas : un nouveau laminoir, A. Colin, 1966.

[5] Dans les années trente, dans certaines communes du bassin, les ouvriers formaient plus de 70% de la population active.

[6] A l’époque, j’étais enseignant dans un collège de la banlieue de Longwy.

[7] La radio Lorraine Cœur d’Acier a joué là aussi un rôle essentiel.

[8] On peut estimer qu’il y a eu autant d’ouvriers qualifiés que d’OS qui ont accepté la prime et parmi ces derniers la majorité étaient des immigrés. Deux ans plus tard, beaucoup de ceux qui avaient fait ce choix se retrouvaient chômeurs, inscrits à l’ANPE. Si parmi les ouvriers professionnels, certains ont retrouvé du travail assez vite, ce n’est pas le cas des OS.

[9] Il faut évoquer aussi le clivage hommes/femmes au sein du monde ouvrier local. Dans cette région de mono-industrie, l’emploi féminin a toujours été très minoritaire. Parmi les jeunes, bien peu souhaitaient rester toute leur vie, « femme de sidérurgiste », comme leur mère. Certaines ont poussé leur mari à prendre la prime et à partir vers d’autres cieux, moins mysogines.

Partager cet article
Repost0
18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 13:17
Dans notre histoire, à tous, il y a le souvenir de camarades, de militants et de luttes. Libérez-les tient une chronique régulière.
Celle-ci parle de Vital Michalon. Pour les plus jeunes d'entre nous inconnu, pour nous un nom qui résonne et qui explique la force de nos engagements d'alors et d'aujourd'hui. (Collage de Joëlle Aubron).


Déjà 30 ans que notre camarade Vital MICHALON, militant de gauche et antinucléaire, était sauvagement assassiné par la police du très réactionnaire Christian Bonnet, alors ministre de l’intérieur.

Le 31 juillet 1977, plus de 50 000 manifestants affluant de toute l’Europe, se joignent à la population de Creys-Malville pour empêcher la construction d’un prototype de super générateur nucléaire appelé Super Phénix, face à eux des milliers de CRS, Gardes Mobiles et autres milices aux ordres.

Il faut rappeler pour comprendre l’ampleur de cette manifestation appelée à être pacifique, que le PDG d’Edf de l’époque, le sieur Boiteux, avait déclaré par note à la direction du CEA et au gouvernement de l’époque dirigé par Raymond Barre « La meilleure façon de contrecarrer la contestation (...) est d’engager au plus vite, de manière irréversible, l’opération de construction du surgénérateur atomique » (projet abandonné en 1998 après d’innombrables et graves problèmes)

Une provocation extrême qui a conduite les forces de l’ordre à la violence extrême. Dans son témoignage filmé, Joëlle AUBRON nous parlait de ce moment fort, auquel elle n’avait pu se rendre faute de transport, mais qui est resté, pour elle, et pour tant d’autres camarades jeunes encore, une véritable prise de conscience de la barbarie du capital.

La violence de l’assaut des forces de l’ordre a été telle, que c’est une grenade qui a causée la mort de notre camarade Vital. Certains témoignages, trop rares aujourd’hui, ont comparé cet assaut de la police à un acte de guerre, sauf que la guerre se faisait face à des militants et des citoyens pacifistes, hommes, femmes et enfants, désarmés et apeurés… !

Quand la haine de classe s’installe pour défendre ses intérêts et ses capitaux, le capitalisme montre sa force et ses capacités répressives allant jusqu’à l’assassinat pur et simple.

Face au désormais célèbre slogan « Etat nucléaire, Etat Totalitaire » scandaient par 50 000 manifestants qui exigeaient une consultation démocratique de la population et une analyse sérieuse des risques : un mort, des centaines de blessé graves, des milliers de gazés, des centaines de gens arrêtés…

Et pourtant, le nucléaire persiste, se vend, s’exporte et se dirige tout droit vers la privatisation de ses installations !

Pouvons-nous laisser faire, ne rien dire, les laisser continuer... sans penser à l’avenir de l’humanité menacé par cette course effrénée de la recherche de profits, soient-ils au détriment de l’être humain ?

A bas l’Etat policier ! A bas le capitalisme et ses centrales de la mort !

A la famille de Vital, à ses nombreux amis et camarades, nous disons que nous le l’oublierons jamais, car il incarne l’âme même de la résistance et du combat contre toutes les perversités du capital et de ses hommes de main.

Honneur et Respect pour la mémoire de Vital MICHALON ! Le combat continue !

Le comité « Libérez-les »

Partager cet article
Repost0
27 juin 2007 3 27 /06 /juin /2007 21:46
Les camarades de Libérez-les rappellent à notre mémoire Maurice Audin. Et c'est bien car nous avons la mémoire sélective. Le 8 mai rappelle la victoire sur le fascisme mais les massacres de Setif restent enfouis encore aujourd'hui dans les mémoires.



(Image de l'oeuvre de Ernest-Pignon-Ernest, collée sur les murs d'Alger
et graffitée par un inconnu ...)


Du colonialisme jusqu'à la françafr
ique, c'est toujours la même histoire du capital qui se joue. Comme elle se joue aujourd'hui avec les sans-papiers et l'exploitation salariée. Il y a une oppression, il y a une exploitation, et c'est les combattre toutes, sans en oublier aucune, sans en privilégier aucune qui fait le combat de classe.
Comme le disent ces camarades "Apprendre pour comprendre". C'est notre mémoire qui fonde aussi nos combats.

Le 21 juin 1943, Jean MOULIN était arrêté à Caluire par la gestapo de Lyon sous commandement du tristement célèbre Klaus BARBIE. Jean Moulin avait été arrêté avec 4 de ses camarades dont Raymond AUBRAC sur dénonciation.

Torturé, il ne parlera jamais, il est mort dans le train de déportation qui le conduisait vers les camps de la mort, le 8 juillet 1943.

Le 21 juin 1957, Maurice AUDIN un jeune professeur de Mathématique de 25 ans, d'origine française mais né en Algérie, père de 3 enfants, militant communiste et soutien actif de la révolution d'ndépendance algérienne, était kidnappé à son domicile en pleine bataille d'Alger, par la police militaire dirigée par les parachutistes de Massu, Salan et d'Aussaresse, qui rime avec OAS et SS.

Jamais on ne retrouvera le corps du camarade Maurice AUDIN, mais il a été prouvé qu'il est mort sous la torture et les coups infligés par un paramilitaire qui deviendra un membre de l'OAS.

Ce 21 juin 2007, le comité « Libérez-les ! » tient à rendre un hommage et à saluer la mémoire et le courage de Jean MOULIN et de Maurice AUDIN, combattants antifascistes et anticolonialistes, tombés sous la torture des nazis allemands et des nazis français, pour la cause la plus noble qui soit : LA LIBERTE !

Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place ! Nous ne vous oublierons jamais, CAMARADES !

Honneur aux combattants antifascistes et anticolonialistes !
Partager cet article
Repost0
24 mai 2007 4 24 /05 /mai /2007 02:55
Des camarades nous disent qu'Eva Forest est morte aujourd'hui,.
C'était une militante basque antifranquiste qui avait subi et dénoncé la torture.
Elle fait partie de tous ceux qui ont participé aux luttes des années 60 et 70, qui faisaient que l'air était rouge.

Pour savoir qui elle était et la continuité de son combat, cet extrait d'un article de GARA:

Viêt-Nam, Cuba...
En 1966, elle se rendit pour la première fois à Cuba, et après avoir collecté de l'information pendant quatre mois dans une ferme de la Sierra Maestra, elle écrivit "Les nouveaux Cubains", dont la publication fut frappée par la censure. Ce livre reflète une autre des grandes lignes de sa vie : la solidarité internationale. De fait, l'année suivante, elle créa à Madrid le Comité de solidarité avec le Viêt-Nam.
Pendant le déroulement du procès de Burgos contre des militants d'ETA, elle créa à Madrid le Comité de solidarité avec Euskadi. Quelques années plus tard, en 1974, sous le pseudonyme de Julen Agirre, elle publia "Opération Ogre", sur l'attentat contre l'amiral Carrero Blanco. Le 24 septembre de cette même année, elle fut arrêtée et accusée de collaboration avec ETA, et elle passa presque trois ans en prison préventive, à Yeserías. En prison, elle écrivit "Journal et lettres de prison", et "Témoignages de lutte et de résistance". Elle commença aussi son long travail "Torture et démocratie", une autre des lignes d'action qui caractérisèrent sa vie.
Eva Forest a été libérée de prison le 1er juin 1977, après des manifestations de solidarité.
En 1977, elle sortit de prison et eut l'occasion de retrouver son mari et ses enfants, qui avaient vécu ces dernières années à Bordeaux. Et les retrouvailles familiales eurent lieu à Hondarribia [Fontarrabie, NdT], où Eva Forest vécut avec Alfonso Sastre ces trente dernières années.
Promotrice du TAT
En 1979 elle lança la création du TAT, Groupe contre la torture, et publia une monographie sur le thème dans "Punto y Hora", revue avec laquelle elle collabora assidûment. Elle y publia, par exemple, un long travail sur Noam Chomsky, fruit de ses conversations aux Etats-Unis avec le penseur nord-américain. Egalement un "feuilleton" de plusieurs chapitres, "une espèce de vignettes de bande dessinées mais écrites", intitulée "Onintze au pays de la démocratie", dont le personnage est une femme détenue et torturée par la Garde civile. Lors du dernier salon de Durango [salon du livre en langue basque, NdT] , elle a présenté la réédition de ce travail. Elle se lamentait d'ailleurs, dans des déclarations à Gara, que, malgré le temps qui passe, ce texte continue à être complètement d'actualité...
En 1998, elle fit son premier voyage en Irak, après lequel elle publia "Irak, un défi au nouvel ordre mondial ?". Ce ne sera pas le dernier. En réalité, la dénonciation de l'empire, toujours présente dans son activité au moins depuis qu'elle fonda ce Comité de solidarité avec le Viêt-Nam, a toujours été l'une de ses principales lignes d'action ces dernières années. Cela la conduisit à participer au Forum social de Florence, aux journées sur l'Humanité face à l'impéralisme à Cuba, à la Rencontre mondiale de défense de l'humanité au Venezuela ou au Tribunal international Benito Juárez de Mexico. "L'étonnement comme arme de résistance" fut le titre de la conférence qu'elle prononça en juillet dernier lors du second Forum international de philosophie de Caracas, et, en octobre, elle présenta un rapport sur la torture au Congrès de défense de l'humanité de Rome.

EXTRAIT DU JOURNAL DE YESERIAS
De Yeserias, la prison de Madrid où elle est détenue depuis son arrestation arbitraire par la police franquiste en septembre 74, Eva Forest écrit à ses enfants...
... Et tous nos amis sont là, nos camarades dispersés dans tous les coins du monde, dont le cœur bat au même rythme que le nôtre, dont les préoccupations sont les mêmes que les nôtres ! Et chaque matin je me lève pour un jour nouveau, je regarde l'avenir, je fais des projets de travail et je me dis que rien de ce que nous éprouvons n'est inutile, que tout s'inscrit en nous, s'accumule comme puissance créatrice pour se transformer un jour en une énergie nouvelle qui servira aux êtres de demain...

Partager cet article
Repost0

Militants d'AD

Situation des  MILITANTS

Nathalie Ménigon

Georges Cipriani

en libération conditionnelle

Jean-Marc Rouillan

en semi-liberté 

NOS COMBATS

(avril 2010)

Après la semI-liberté de Georges Cipriani, la campagne continue pour la libération de Jean-Marc Rouillan
et encore et toujours  
Pour une solidarité avec ces militants en semi-liberté, en libération conditionnelle et au-delà car le but reste le même: leur permettre de préserver leur identité politiqe et de vivre matériellement, politiquement.

(septembre 2008)

Contre le risque de peine infinie pour les prisonniers révolutionnaires - contre la rétention de sûreté - contre le CNO
Pour une libération complète et sans condition des prisonniers révolutionnaires
Pour une solidarité avec ces militants en semi-liberté, en libération conditionnelle et au-delà car le but reste le même: leur permettre de préserver leur identité politiqe et de vivre matériellement, politiquement.

  (août 2009)


Le combat pour la libération des prisonniers d'Action directe doit donc continuer et se renforcer ...
Après la réincarcération de Jean-Marc Rouillan, nous avons appris ce 20 août, le refus brutal et tellement politique de la libération conditionnelle pour Georges Cipriani.

Alerte: La santé, la vie de Jean-Marc Rouillan sont menacées, il doit être libéré.
Liberté pour Georges Cipriani'

C. GAUGER ET S. SUDER

PROCES CONTRE C. GAUGER ET S. SUDER

Pour suivre le procès : lire

 

LIBERATION DE SONJA SUDER

EMPRISONNEE DEPUIS SEPTEMBRE 2011 POUR DES FAITS REMONTANT A PLUS DE TRENTE ANS ET SUR LES SEULES ACCUSATIONS D'UN TEMOIN REPENTI HANS-JOACHIM KLEIN.

 

ARRET DES POUSUITES CONTRE CHRISTIAN GAUGER ET SONJA SUDER

ENGAGEES AU MEPRIS DE TOUTE PRESCRIPTION

SUR LES SEULES BASES DE DECLARATIONS OBTENUES SOUS LA TORTURE D'UNE PART ET D'UN REPENTI D'AUTRE PART

 

NON A LA TORTURE - NON A LA CITATION COMME TEMOIN D'HERMANN F.

Militant grièvement blessé en 1978, interrogé dès le lendemain d'une opération où il a perdu ses deux yeux et a été amputé des deux jambes, séquestré durant quatre mois sans mandat d'arrêt par la police, maintenu à l'iolement, et dont le tribunal prétend aujourd'hui utiliser les déclarations, qu'il a remis en cause dès qu'il a qu'il a pu être libéré des griffes des policiers.

 

LIBERATION DE SIBYLLE S., ARRETEE LE 9 AVRIL EN PLEIN PROCES POUR REFUS DE TEMOIGNER :

 

condamnée il y a plus de trente ans sur la base des déclarations de son ex-compagnon Hermann F., elle est restée proche de lui toutes ses années et refuse qu'on utilise ces déclarations qui lui ont été extorquées au prix de traitements inhumains.

 


Liberté pour Sibylle et Sonja 2