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LKP | |||
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Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, ce qui se passe en Gwadloup aujourd’hui est tout simplement révolutionnaire ! Hier soir, quand j’ai entendu des syndicalistes martiniquais, guyanais à la tribune du «meeting international» venir témoigner de leur soutien à la lutte de LKP, et donc du peuple guadeloupéen, devant une foule très attentive, j’ai saisi, et je n’ai surement pas été le seul, que nous étions dans notre (petite) Guadeloupe en train de faire une vraie et une belle révolution. | |||
Jour après jour, cette révolution avance, progresse et contamine positivement ainsi TOUTES les couches de notre société. Certains ont encore du mal sans doute à comprendre, voire à concevoir ce qui se passe. Il leur faudra encore du temps, car mentalement, ils n’étaient pas prêts à recevoir ni à accepter ce qui leur arrive. La révolution LKP est en train de remettre en cause toutes le structures et bases du système colonial. Ce que des dizaines d’années de luttes politiques, y compris dans le camp du nationaliste, n’avaient pas réussi, LKP l’accomplit, presque tranquillement. Prenons des repères historiques. En mai 1802, le peuple guadeloupéen, des esclaves «libres» depuis 1794, se soulève, les armes à la main, contre le rétablissement de l’esclavage. Cette guerre contre le pouvoir esclavagiste français, la plus sanglante qu’ait connue notre pays, sera perdue. Après le sacrifice de Delgrès et la mort d’Ignace, la répression sera terrible contre les combattants de la liberté. Ils seront des milliers à être guillotinées ou déportés. L’esclavage sera rétabli. En mai 1967, la grève des ouvriers du bâtiment, cri de colère contre la misère et l’exploitation sera elle aussi sévèrement réprimée dans le sang .Des dizaines, et des dizaines de Guadeloupéens seront ainsi abattus par les militaires français. Des Guadeloupéens seront traduits devant la « Cour de sûreté de l’Etat français » et emprisonnés. En juillet 1985, le militant nationaliste Georges Faisans est arrêté. Il lui est reproché d’avoir agressé un enseignant français, coupable lui, d’avoir administré un coup de pied à un élève. Le peuple se révolte et pendant trois jours, la Guadeloupe est bloquée par les indépendantistes guadeloupéens qui réclament et obtiennent la libération de Georges Faisans. A ces événements politiques, il faudrait sans doute ajouter d’autres d’ordre climatique et géologique, telle la crise volcanique de 1976 et le cyclone Hugo de 1989, pour être complet. On le voit bien, notre peuple a déjà, au cours de son histoire récente ou ancienne, eu a subir et à faire face à des a des épreuves qui ont laissé de traces profondes dans son vécu, mais qui ont forgé son expérience de la vie et de lutte et développé sa créativité. Revenons à ce qui se passe aujourd’hui, à ce que nous pouvons désormais appeler « la révolution Lyannaj kont pwofitasyon ». D’un seul point de vue sémantique « Lyannaj kont pwofitasyon » est d’une extrême richesse et d’une grande créativité. Il faut savoir que le terme « Lyannaj » est très récent. Il n’est d’ailleurs même pas répertorié dans le « Dictionnaire créole-français » de Poullet (Jasor 1990) ni même dans le «Dictionnaire créole martiniquais » de Confiant (Ibis rouge 2007), les deux principales références lexicographiques de nos créoles. « Lyannaj » qui est une dérivation néologique du mot « lyann ». (Lien, liane) Lyannaj désigne alors toute démarche dynamique positive, visant à rapprocher, souder, établir une connexion entre des personnes ou des choses. « Pwofitasyon » est au contraire plus ancien. Poullet (1980) le traduit par « exploitation, tyrannie, abus de pouvoir ». C’est un mot que tout Cari-Guadeloupéen ou tout Cari -Martiniquais connaît. Car il est historiquement et culturellement « connoté. ». Pour aller vite, on pourrait dire que l’esclavage a été une pwofitasyon, comme la situation post coloniale actuelle l’est encore. C’est dire que «pwofitasyon» est un mot qui parle au conscient et à l’inconscient de tous les colonisés caribéens. Quand donc, les organisations du LKP créent cette expression originale pour designer leur mouvement, ils font «tilt», car tout est dit et chacun comprend le message explicite et surtout implicite d’une telle expression. La révolution Lyannaj Kont Pwofitasyon, est donc en quelques jours devenue un état d’esprit nouveau qui est en train de faire bouger les rapports de la société postcoloniale guadeloupéenne. Sans qu’un seul coup de feu ne soit tiré, sans violences, la révolution LKP agit au quotidien. Depuis une dizaine de jours. Les Cari-Guadeloupéens les plus défavorisés ont compris, qu’avec le LKP, ils pouvaient être actifs dans les prises de décision. Les directs radios télé du WTC ont permis à l’ensemble du peuple de «voir» et de bien voir qui sont ces gens, socio professionnels, élus et administration française, qui ont le «pouvoir». Et face à eux, les Guadeloupéens ont immédiatement choisi le LKP qui s’est imposé grâce à Élie Domota, comme étant la voix et la voie de ce peuple. Ainsi donc, la révolution LKP est en marche. Elle oblige les élus guadeloupéens à mériter de leurs électeurs. La révolution LKP oblige les socio-professionnels, à plus de justice. La révolution LKP a fait fuir le Préfet, qui s’est subitement trouvé muet, privé de parole, car il n’avait plus rien à dire. Mais la révolution LKP ira sans doute plus loin, car les organisations politiques anti colonialistes, qui sont au sein du LKP, n’ont plus le droit à l’erreur. Elles devraient, au même titre que les organisations syndicales, participer à un projet politique nouveau pour ce pays. Il faut en finir avec les «chiraj» et les querelles de chapelle. La révolution LKP oblige chacun à revoir sa copie, car le peuple uni qui marche avec LKP ne pourra plus souffrir la désunion. La révolution LKP continue et se renforce… |