Ainsi dès le moment de l'incarcération, les mesures déjà extrêmes, relevant du statut de détenu particulièrement surveillé (DPS), ont été appliquées de la manière la plus rigoureuse. Pour donner un exemple concret: à Fleury, dans le court laps de temps qui précédait l'arrivée de Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon, la division d'isolement, la D11R, avait encore vu renforcées ses conditions d'isolement du reste de la prison: peinture des vitres de la cour de promenade individuelle donnant sur un couloir menant aux autres divisions, élévation de murets le long d'autres vitres donnant sur le couloir de la D11R.
A cette incarcération brutale, a succédé une longue période d'isolement, pour Georges Cipriani à Fresnes, l'une des prisons les plus archaïques, les plus sécuritaires. Ce n'est qu'au prix de grèves de la faim longues et dures que ces prisonniers ont pu obtenir leur regroupement..
Le procès s'est tenu devant une juridiction spéciale dans le cadre de la législation antiterroriste, mise en place lors du procès contre Régis Schleicher. Le verdict, perpétuité avec une période de sûreté de 18 ans.
En 2004, c'est encore et seulement par une mobilisation forte que Joëlle Aubron a pu sortir en suspension de peine pour raison médicale. Pourtant une tumeur au cerveau avait été diagnostiquée et de ce cancer, elle allait décéder en mars 2006. Cette suspension de peine avait été précédée de périodes d'hospitalisation, dans des conditions largement dénoncées: ainsi elle était menottée sur son lit d'hôpital.
Enfin en 2006, la loi Perben mettait en place une juridiction spéciale, centralisant à Paris toutes les demandes de libération conditionnelle des prisonniers accusés de "terrorisme".
Cependant, en 2007, on pouvait enfin espérer un changement puisque Nathalie Ménigon, puis Jean-Marc Rouillan obtenaient une réponse favorable à leur demande de libération conditionnelle, et une mesure de semi-liberté. Georges Cipriani ayant déposé lui aussi un dossier, il était raisonnable de penser qu'il pourrait bénéficier rapidement de la même mesure.
Mais, le vote de la loi sur la rétention de sûreté et la rétroactivité du passage obligatoire au CNO pour les longues peines, a interrompu ce processus. Et prolongé l'attente de la réponse à sa demande de libération conditionnelle. De délais en délais, c'est plus d'une année supplémentaire d'attente et d'incertitude qui vient de lui être infligée.
Le passage au CNO, avec le cortège d'entretiens et d'expertises psychiatriques et le fait que cela se passe à Fresnes a encore ajouté une tension pour tous les prisonniers et donc pour lui.
Dernière étape difficile: après une réponse favorable enfin en première instance, et appel du Parquet, la décision a été reportée au 20 août rajoutant deux mois d'attente!
La réponse est donc ce jeudi!
Nous ne pouvons qu'espérer une réponse favorable: en première instance, la validité du projet a été reconnue et aucune partie civile ne s'est opposée à cette mesure, toutes les demandes présentées par les prisonniers relevant d'Action directe ont été acceptées et un rejet représenterait une épreuve que nous ne pouvons imaginer.
Il était important pour nous de resituer cette décision du 20 août dans le contexte de cette détention non seulement longue mais aussi particulièrement difficile qu'ont connu ces prisonniers, pour montrer l'importance d'une réponse positive ce 20 août à la demande de libératiion conditionnelle de Georges Cipriani.