Pour consulter le blog: linter.over-blog.com
Suite de la première partie intitulée "La crise impulse la réaction" du texte "Crise, restructuration industrielle et guerre de classe". Texte de Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan. Action directe.
Elle aborde la situation en France au début des années 8O et constitue en ce sens une source d'information précieuse par son analyse : du capitalisme français de l'époque avec ses restructurations, nationalisations, oppression économique et politique - de l'impérialisme français, en particulier du rôle de l'industrie militaire et de l'action de ses tenants dans le monde - de la complicité des forces politiques de l'époque.
Cette première partie s'achève par une description de l'intégration ouest-européenne sous domination américaine en cours de formation.
Ière partie: lire
En France, au début des années 80, les répercussions de la crise économique internationale, les distorsions des aspects économiques contradictoires internes et le processus général des luttes antagonistes, avaient fait apparaître une crise des équilibres politiques, comme domination établie dans les années de croissance et d'accumulation - équilibres qui n'avaient pas été balayé en 68, ni depuis.
En fait 81 a représenté le véritable dépassement de l'ère gaulliste avec sa cohorte de contrats sociaux, de paternalisme étatique et d'indépendance nationale - ce fut la fin du gaullisme, modèle national de la politique bourgeoise dans sa phase de croissance. La vague rose a été le dernier et décisif passage dans la résolution de ces contradictions internes à la bourgeoisie; qui perduraient et ralentissaient l'application d'une politique d'intégration et de concentration, d'une politique de véritable modernisation économique, industrielle et sociale correspondant au niveau atteint et aux perspectives de division internationale du travail, ainsi qu'à l'internationalisation des mouvements de capitaux.
L'arrivée de Mitterand et des socialistes au pouvoir est le résultat de la force conjuguée de deux courants: l'un populaire, qui espérait atténuer par une politique réformiste et révisionniste, unie sous le drapeau du républicanisme bourgeois, les effets destructurants de la crise; et l'autre, une partie importante de la bourgeoisie et de l'oligarchie technocratique qui voyaient, à juste titre, dans le PS, l'unique force politique capable d'imposer le véritable tournant de la rigueur et de la restructuration industrielle, en gérant au mieux toute possible explosion sociale.
Dans cette mission de gestion contrôlée de la crise, les socialistes ont été étroitement secondés par le PC. Un PC qui a abandonné depiis belle lurette l'idée de la révolution en acceptant le caractère immuable de l'exploitation capitaliste, une reconnaissance de fait qui régit l'ensemble de ses relations consensuelles et parlementaires avec la structure institutionnelle bourgeoise. Les conceptions réformistes et révisionnistes trouvaient leur ancrage dans les tentatives de relance par la consommation, dans la gestion "douce" des restructurations et du redéploiement modérant l'effet des grandes manoeuvres de concentrations industrielles et technologiques internationales sur le terrain social. C'est à partir de cette politique que la vague rose a pu se garantir l'appui de l'ensemble des directions syndicales. Des bureaucraties syndicales qui s'empressèrent d'accentuer leur pression et leur contrôle sur la classe ouvrière, pour l'éloigner de ses intérêts et objectifs véritables et pour l'intégrer pleinement aux programmes étatiques et patronaux. L'ensemble de cette politique s'accompagnant d'un cortège de mots d'ordre pour solutions interclassistes et démagogiques, du "produisons français" au "travailler moins mais plus intensément".
Dans le mouvement intégrationniste de cette "nouvelle gauche", la vieille garde des directions gauchistes s'est établie, cette fois véritablement, dans le rôle et place de la technologie ministérielle et idéologique. Modèles de cette version de la "Realpolitik", de cette maestria en reniement, les têtes d'affiches se ramassent à la pelle; July, ex Gauche prolétarienne, mentor médiatique des nouveaux maîtres, Weber, trotskiste/social-démocrate, scribe du patronat et sénateur du "parti de l'entreprise", ou encore Glucksmann, ex adepte de la Révolution culturelle transformé en adorateur de la force de frappe et de la bombe..., sans oublier Stourdze, encore un ex, promu Monsieur Eureka, etc ... Les "ex" ont achevé leur mutation en cerbères politiques pontifiants des "valeurs éternelles" de la nouvelle société "post-industrielle". Clamant leur propre renoncement et repentir pour prêcher le culte du fric, le danger rouge ou vert, ils nappent le tout d'un apolitisme qui a toujours été le masque trompeur de la politique réactionnaire. C'est le "parler vrai", idéologie moderne et pragmatique contre la désuète langue de bois des utopies révolutionnaires. C'est le dialogue consensuel, la béatification de la non-violence à l'usage des opprimés et des exploités face aux agressions internes et externes du système. Ce débordement comme autant de slogans publicitaires de la nécessaire soumission à l'ordre impérialiste des choses.
Les "opposants" d'hier travaillent à recouvrir l'exacerbation des inégalités, l'instauration de la société à deux vitesses: celle du challenge et des gagneurs et celle des loosers, le retour des soupes populaires, l'extension de la misère ..., des oripeaux d'un modernisme de bon aloi, d'une idéologie anti-idéologie dont le vecteur serait la communication, que les faits démontrent toujours plus assujettie aux pouvoirs économique et étatique, quand ce n'est pas directement militaire.
Utilisant leur propre retournement de veste comme autant de preuves irréfutables de l'impossibilité de rêver et construire une société humaine libérée de l'exploitation, les apôtres de l'apostasie sont devenus les champions du travaillons tous ensemble à enrichir les trusts impérialistes.
Mais les illusions des trompés et les masques des trompeurs tombaient les uns et les autres, une succession de démystification qui défaisait le consensus populiste autour de la social-démocratie et bâtissait les grandes lignes du nouveau consensus politique et institutionnel bourgeois, moderniste et réactionnaire qui n'aura de cesse de s'étendre dans les années 80.
Le sommet de Versailles, en juin 1982, était un pas décisif dans l'intégration stratégique des pays impérialistes à partir de la ligne déterminée et imposée par l'administration Reagan. A ce sommet, particulièrement important pour la stratégie impérialiste de redéploiement et d'interventions, dont les décisions dans les mois qui suivirent, ont signifié, agressions directes contre les peuples de la périphérie, au Liban, à Grenade, aux Malouines, en Namibie, ... et simultanément, interventions indirectes de déstabilisation des gouvernements progressistes, au Nicaragua, en Angola, ... le discours de Mitterand évidencie ce raidissement réactionnaire.
Parallèlement, les lézardes apparaissent dans la vitrine de la vague rose.
Une crise de l'emploi toujours plus catastrophique, plans de relance nettoyés par la pression des réalités internationales, économiques et financières, spéculation sur le franc, politique de blocage des salaires.
Dans le même temps, les syndicats ne réagissent plus que comme articulations gouvernementales dans la masse ouvrière. La phase précédente d'expansion économique avait permis à la bourgeoisie de lâcher, quand nécessaire, du lest social; ce qui la relégitimait en légitimant par la même occasion, l'activité réformiste. A ce stade du développement de la crise, il n'y a plus aucun espace crédible à la négociation efficace, à la concertation pour les miettes. En s'embourbant de plus en plus dans la politique anti-crise, mise en pratique du nouveau consensus bourgeois, le réformisme et le révisionnisme apparurent clairement aux travailleurs comme les instruments de la politique qui les étranglait dans le social de la rigueur et de la précarité. Une conscience prolétarienne qui se traduisit immédiatement par une accélération de la désaffection syndicale pour retrouver dans les comités de base et les coordinations, la véritable expression de l'autonomie de classe - tendance ne se démentant toujours pas.
Malgré les contradictions persistantes et les particularismes encore inévitables, la politique socialiste a représenté par sa dynamique dans ses applications concrètes - et donc, loin des beaux discours et petites phrases démagogiques abondamment médiatisées -, la traduction nationale d'une tendance générale.
Politique générale qui, en Europe de l'Ouest et dans l'ensemble de la chaîne impérialiste, est réponse à la nécessité d'organisation des marchés et de la nouvelle division du travail entre les puissances impérialistes. Dans la servilité aux milieux financiers et l'harmonie retrouvée avec le patronat, les gouvernements Mauroy et Fabius se sont employés à établir les conditions de reproduction du rapport capitaliste d'exploitation et, à garantir les fondements généraux de la production et de la gestion pacifiée de la force de travail.
Dans l'élaboration et la mise en oeuvre de la stratégie de restructuration industrielle, économique et sociale, le maître mot fut et est toujours: assurer les conditions de la pérennité de la propriété capitaliste.
Dans cette politique nationale de redéploiement et d'intégration à la chaine impérialiste, le PS, principal acteur de la centralisation et de la concentration oligarchique des pouvoirs, est devenu, ici, le grand parti moderniste de l'ordre et de la réaction.
La dynamique de résolution des retards et des contradictions internes et la politique de redéploiement conduisirent les socialos à mettre en oeuvre une gigantesque manoeuvre de nationalisations. Ces nationalisations très éloignées du contenu social de celles imposées par la Résistance à la fin de la seconde guerre mondiale, - et bien que défendues par le bréviaire du programme commun gouvernement PC-PS - ont constitué l'attaque la plus directe et la plus déterminante contre les ouvriers de ces secteurs, mais aussi contre l'ensemble du prolétariat. Les implications économiques, industrielles et sociales qu'elles portaient dans leur oeuvre de cartellisation et de déstructuration des forces productives, de redéfinition réactionnaire des rapports sociaux, s'adressaient à l'ensemble de la formation nationale base française. Ainsi, ces nationalisations, entre les mains des techno-politiciens roses, devenaient une arme à double détente contre le prolétariat. D'une part, en couplage avec la tentative de "relance de la consommation", elles étaient une volonté de pacification pour enterrer mieux encore tout autre solution à la crise que celle prônée par les apologues du Capital. D'autre part, elles résolvaient une part importante des contradictions internes et des retards accumulés en instaurant un coeur pour la stratégie anti-crise. Par exemple, la nationalisation générale de la sidérurgie, tant applaudie par l'ensemble des directions syndicales, a été en fait, l'ultime instrument du démembrement de ce secteur; cette intervention étatique n'a représenté que le tour de passe-passe de liquidation industrielle des productions dépassées de ce secteur et la concentration des autres sur fond de l'imposition du plan acier sans conflit majeur alors que, depuis des années, la résistance ouvrière l'avait ralenti puis bloqué.
Mais centralement, les nationalisations ont été conçues comme clef de voute de la stratégie de redéploiement en France par la concentration des productions industrielles stratégiques dans le Secteur Public Industriel. Une concentration économique, industrielle et technologique, soutenue par une intégration financière issue de la même dynamique de nationalisations de 38 banques privées et compagnies financières.
Comme le rappelait le Commando "Christos Kassimis": "c'est à partir de la tendance générale à la concentration que le gouvernement socialiste va rationaliser et concrétiser celle-ci par les nationalisations et la redéfinition du Secteur Public Industriel, SPI." ... " Ce secteur constitué comme un élément offensif dans la stratégie anti-crise par son adaptation à l'internationalisation des marchés, sa contribution à la reprise de l'investissement, son rôle moteur dans la recherche et l'application des technologies nouvelles, est le fer de lance de la politique industrielle et sociale française dans le développement de la stratégie impérialiste générale".
Comme dans l'ensemble de la métropole, le Complexe Militaro-Industriel, CMI, dans sa concentration et son essor technologique, est devenu le coeur des principales dynamiques et politiques de recomposition économique et industrielle dans la tentative de résolution de la crise. Cette réalité de l'importance du bloc SP/CMI (Secteur Public Industriel/Complexe Miliaro-Industriel) a rencontré un soutien unanimiste, aussi bien de la part des participants au nouveau consensus bourgeois que de la part des représentants institutionnels et syndicaux de l'essoufflée vague rose. La restructuration du SP/CMI était la garantie naturelle à la médaille de bronze française en matière d'armement - avec tout ce que cela représente comme position économique et politique au niveau planétaire. Un large consensus qui s'articule autour du lobby issu de cette concentration SPI/CMI. Lobby agissant pour une politique extérieure agressive et interventionniste, qui permet l'indispensable écoulement de la production et le test du nouveau matériel. Ainsi, aussi bien l'opération Manta au Tchad que l'alimentation du long conflit Iran/Irak sont le résultat de cette double dynamique: la nécessité d'expérimenter, en situation réelle, toute une série de nouvelles technologies dans l'armement, en fait tester l'avancée de la technologie occidentale sur celle des pays socialistes, et l'autre nécessité de disparition pour leur renouvellement des stocks existants.
Cette même pression lobbytique alimente l'inflation des budgets militaires. La production de guerre, en France, est un monument sacré devant lequel il est indispensable de se recueillir. Sur les marches du pouvoir, se bousculent les prétendants institutionnels. Du plus petit au plus grand, ils y vont de leur collaboration concrète. Et les révisionnistes ne sont pas à la traîne pour entamer cette incontournable ascension.
Si, pour la galerie, ils refusent de voter les différents budgets militaires, ils se précipitent, par contre, dans la rue, pour défendre la moindre programmation ou production. Des arsenaux au Rafale, la liste de leurs manifestations est longue. Plus courte est celle des protestations contre la politique d'intervention armée coloniale et impérialiste de la France, au Liban, au Tchad, ou encore dans le Golfe ou, contre la vente d'armes aux gouvernements des puissances impérialistes. Aujourd'hui, après les révisionnistes, défenseurs de l'armement "made in France", il n'est pas rare de voir des prétendants alternatifs et verts faire trempette dans l'eau bleue des lagons polynésiens pour démontrer aux plus incrédules que les expérimentations nucléaires françaises sont totalement écologiques.
Le Complexe Militaro-Industriel, ici, a depuis des décennies, des implications directes dans tous les aspects de la production et de la société. De la politique métropolitaine à l'oppression extérieure, ainsi des dépendances territoriales ne sont plus que des laboratoires ou des annexes de ce pouvoir politico-militaire, Mururoa/CERA/nucléaire ou Guyane/ESA/CNES/ spatial. Dernier aspect, son rôle fonctionnel dans la presse et l'ensemble des médias, dans la constitution de l'aliénation quotidienne, de la pression idéologique - ainsi, par exemple, le monopole de la distribution et des messageries de presse est totalement inféodé à ce complexe dans la relation NMPP-Hachette-Matra.
La tendance internationale à l'accroissement de la fonction et de la centralité du Complexe-Militaro-Industriel a, d'autant plus, amplifié le poids déjà considérable de ce secteur dans l'économie nationale et la vitalité de son implication à tous les niveaux stratégiques de redéploiement et de l'intégration - ce non seulement dans la zone géo-politique ouest-européenne mais aussi mondiale.
La concentration Secteur Public Industriel/Complexe militaro-industriel a été le moment essentiel de la politique économique et industrielle des années 80 en France. Dans ce mouvement, comme nous y reviendrons plus tard, Besse a joué un rôle très important de stratège et d'homme de décision du nucléaire civil et militaire, à la restructuration de la multinationale nationalisée Pechiney-Ugine-Kuhlmann et enfin, à Renault, comme il nous paraît symptomatique que le jour de sa mort, il déjeunait avec deux des plus importants dirigeants du SPI/CMI, Dassault, PDG, PDG Electronique de Serge Dassault et Lagardère, PDG de Matra et Hachette - entre autres.
Cette manoeuvre de concentration Secteur Public Industriel/Complexe militaro-Industriel et ses stratégies annexes ont été le catalyseur pour l'intégration nationale à la formation du bloc ouest-européen. En fait, elle correspond aux deux axes complémentaires qui, au niveau de la stratégie générale, articulent la solution bourgeoise à la crise. Deux axes qui, comme nous le verrons d'une manière pluis développée plus avant, sont:
- une recomposition économique et sociale, à base de concentration autoritaire et de destruction des forces productives,
- une préparation, matérielle et psychologique à la généralisation de la guerre impérialiste.
Deux axes qui se répondent l'un à l'autre pour imposer un rapport de force politico-militaire favorable à la bourgeoisie.
A partir de cette stratégie globale, initiée et développée sous l'égide US, la formation ouest-européenne doit, en tant que bloc dur et articulation dans la chaîne impérialiste, se résoudre militairement sur des avancées concrètes.
L'une de ces avancées concrètes était l'implantation des missiles en Europe de l'Ouest. Fidèles en cela à leur tradition impérialo-coloniale, de Suez à l'Algérie, les gouvernements socialistes de la période rose/kaki se définirent toujours plus comme l'élément militariste de cette formation dépassant même parfois, les consignes du commandement intégré de l'OTAN (bien que officiellement la France n'en fasse pas partie), dans l'élaboration des budgets militaires, la création de brigades spéciales et de forces d'intervention, la conception de nouveaux matériels comme le canon à neutron, l'accumulation des armes conventionnelles. De l'ensemble des négociations pour une programmation commune en matière d'armement aux multiples initiatives tout azymut sur le front de l'homogénéisation des stratégies nationales de défense des pays européens. Une tendance certaine de "va-t-en-guerre" nullement démentie par toutes les expéditions armées contre les peuples de la périphérie. Expéditions communes ou en attaques avancées, elles se développèrent à partir de cette articulation forte dans la chaine impérialiste qu'est le pôle ouest-européen.
Ainsi se sont succédés débarquement "pacificateur" à Beyrouth ou bombardements, tentative de souder les Etats européens en une structure homogène, en un bloc dur, qui soit complètement intégré dans le noyau du pouvoir impérialiste: l'OTAN, en tant que structure de domination la plus avancée ici. Son redéploiement structurel, articulé politiquement, économiquement et militairement est, en tant que remise en cause de la phase antérieure de repli face à la poussée des mouvements de libération, projet déterminant, ici.
Pouvoir absolu que la bourgeoisie veut reconstituer en recouvrant toutes les contradictions déterminées par des aspects nationaux ou économiques de cette structure, qui pénètre et détermine tous les domaines de la société, et donc la solution à leur crise est la généralisation de la guerre:
- militairement, par le "Roll Back" contre les peuples victorieux en Asie, en Afrique et en Amérique centrale, et par la contre-révolution comme politique commune traversant l'ensemble des pays de la chaine impérialiste,
- économiquement, par la construction d'une économie de guerre comme moyen de résoudre la crise."
Depuis, le processus enclenché a poursuivi son avancée. Et ce ne sont pas les vastes manifestations de propagande impérialiste sur le soi-disant "désarmement", perpétuelle vitrine idéologique et miroir aux alouettes du système guerrier qu'est l'impérialisme qui pourrait le masquer. Bien au contraire, en dehors du fait que la réduction demeure ridicule au regard des stocks existants, il s'agit avant tout d'une nouvelle structuration de la répartition du poids économique et militaire du redéploiement impérialiste sous la direction des USA. Ainsi, actuellement, un projet franco-américain vise à remplacer en 1993 les fusées Lance de l'OTAN, basées en RFA, qui seront périmées à cette date, par des missiles Hadès, made in france. Un tel projet, loin du découplage redouté par certains atlantistes comme Kohl, qui sont eux aussi, périmés dans leur vision de l'articulation entre défense US et défense de l'Europe, souligne: d'une part, la nouvelle répartition des rôles et fonctions qui est en train de s'effectuer entre ces deux pôles impérialistes, d'autre part ce que vaut le mot désarmement dans les bouches impérialistes.
Et si cela ne suffisait pas, rappelons que les prochaines manoeuvres américaines en Méditerranée seront appuyées par le porte-avion nucléaire français. Car il s'agit bien d'opérabilité, d'inter-action et de concordance entre un pôle européen dont la France se veut le leader politico-militaire, et un pôle US qui a de plus en plus de difficultés au plan économique avec son déficit budgétaire pléthorique. De même, la volonté politique clairement affichée l'année dernière par la création d'une brigade franco-allemande et son prolongement, le Conseil de défense Commun a démontré la véritable teneur de ce "désarmement" et sa réalité ouest-européenne. Cette concrétisation bi-latérale - une de plus - de la politique de redéploiement à partir d'une répartition économique et militaire de son coût financier, reçut immédiatement l'adhésion enthousiaste du gouvernement socialiste espagnol qui y voyait le moyen de contourner les difficultés que rencontrait son désir aujourd'hui satisfait d'intégration à l'UEO.
Ces accords bilatéraux et plus, de même que la particpation aux structures politico-militaires ouest-européennes d'un plus grand nombre d'Etats membres, complètent les coopérations tout azimut en matière de systèmes d'armes, et soulignent la nature belliqueuse de la formation de l'Europe de l'Ouest.
De la même façon que la récente concentration en Allemagne de l'Ouest, entre Daimler.Benz et MBB (Messerschmitt, Bölkow, Blohm), traduit le mouvement ouest-européen de concentration monopoliste qui accompagne la militarisation directement politico-étatique. De fait, ce nouveau pas en avant au niveau économique et industriel n'en est qu'à son prélude. Ainsi, des contacts se tissent pour renforcer encore ce pôle militariste à l'échelle ouest européenne : l'Allemand Siemens et le leader anglais de l'électronique militaire en OPA sur Plessey, Daimler, avec désormais sa main mise sur 60 % des activités militaires ouest-allemandes, outre sa participation de 5% à Matra, se tourne maintenant vers British Aerospace ;;; Bref, "le coût des programmes, l'offensive des géants américains, de l'avis général, tout pousse à un regroupement des forces européennes. Les surcapacités, la chute des commandes des pays pétroliers, l'arrêt du conflit Iran/irak, qui a représenté un pactole de 40 milliards de dollars, obligent en outre à revoir les prévisions à la baisse en matière de profits courants - ce qui en régime d'accumulation capitaliste donne lieu à une accélération monopoliste.
A la structuration de l'économie ouest-européenne sous la domination politico-militaire des USA, par la concentration dans les domaines stratégiques de la recherche, de la production de nouvelles technologies, de l'utilisation des technologies de pointe - et pour cela, la concentration dans le domaine financier -, répond la structure offensive ouest-européenne sur le plan militaire.
Une structure offensive qui concrétise une répartition des rôles dont le "désarmement" est la mise en évidence. Ainsi, la politique des conflits dits de "basse intensité", les aides aux forces réactionnaires dans les pays récemment décolonisés ou libérés, a eu pour corollaire la création d'unités de guerre "éclair" comme la FAR en France. Répartition des rôles qui nécessite une intégration toujours plus ferme des forces armées et des industries d'armement.
Se développant selon les deux axes complémentaires:
d'une recomposition économique et sociale, par une restructuration et une concentration monopoliste destructrice pour les forces productives et sociales,
et d'un processus de militarisation comme garantie mondiale de la position hégémonique de la chaine impérialiste: USA-Japon-Europe de l'Ouest,
ce sont là les conditions de valorisation du capital pour les multinationales, leur permettant d'affronter la concurrence et de s'imposer sur le marché mondial.
En fait, c'est un processus de militarisation de l'ensemble de la société qui est toujours plus conditionné par le mélange explosif que forme la multitude et l'interdépendance des contradictions existantes et se développant en luttes des classes, internes et externes, toujours plus aigües.
Ainsi, tandis que s'accélère, simultanément au processus de formation militaire ouest-européenne, le cycle de restructuration technologique imposée par les besoins des multinationales - dont prioritairement, celles du Complexe Militaro-Industriel -, l'exclusion toujours plus massive de prolétaires des processus de production et les nouvelles conditions de travail multipliant l'atomisation sociale et organisationnelle, la réification par l'introduction de la robotique, l'informatique et l'ergonomie auxquelles doivent faire face des "nantis" du droit à être exploités, soumis et méprisés, constituent la poutre de soutènement du redéploiement comme autant de moyens d'imposer des pacifications dans la métropole.