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Actualité 0/2, 15 avril 1978
Antonio Bellavita, journaliste italien, directeur de la revue contro Informazione, réfugié politique accusé d'appartenir aux Brigades rouges et dont le gouvernement italien réclame l'extradition, a été remis en liberté provisoire par la chambre d'accusation qui statuera sur la demande d'extradition le 10 mai prochain.
Une vaste campagne de signatures d'une ampleur sans précédents due à l'initiative de Libération où Antonion B. travaille comme monteur offset a fait reculer le pouvoir. Jamais ces dernières années une telle mobilisation n'avait été entreprise pour un prisonnier politique menacé d'être livré à un pouvoir étranger. Dans notre premier numéro 0, nous avions appelé à soutenir Antonio B. à son procès et nous nous réjouissons de ce premier succès. Pourtant quelques remarques s'imposent:
1) Il est certain que la campagne de grande envergure lancée par Libération a permis de mobiliser de nombreuses personnalités dont la plupart appartenait au monde de la presse. Nous espérons qu'à l'avenir Libération ainsi que d'autres journaux, engageront les mêmes forces, les mêmes énergies, nous espérons que Libération fera aussi publier une demi-page du Monde pour d'autres camarades dans le même cas qu'Antonio B. Cela aurait pu changer quelque chose pour Detlev Schulz, Klaus Croissant ou d'autres dont nous ne connaissons même pas les noms. Peut-être qu'un tel engagement aurait pu être utile pour Puig Antich, où pour les cinq prisonniers que Franco a fait garroter. Bref, nous espérons qu'à l'avenir, Libération n'hésitera plus à mettre toutes ses forces dans la balance lorsqu'il s'agit de sauver des prisonniers. Mais cela ne doit pas faire oublier que pour Antonio B., tout n'est pas gagné, c'est pourquoi nous invitions ceux qui ne l'auraient pas encore fait à signer la pétition diffusée par Libé. Nous espérons également que Libé et d'autres sauront mobiliser tout ce qui est mobilisable pour empêcher la ratification de la Convention européenne sur la répression du terrorisme et que nous pourrons compter sur eux pour empêcher qu'un "espace judiciaire européen" voie le jour, dans le but de poursuivre partout en Europe ceux qui résistent au nouveau fascisme afin de les isoler et de les exterminer.
2) Cela a été dit et redit au procès par les avocats d'Antonio B., Libération l'a souligné, Antonio B. est un journaliste, pas un terroriste. Cela est dangereux car qui aura le courage si ce terme de "terroristes" est repris sans le critiquer, de défendre demain ceux que le pouvoir et les médias qualifient quotidiennement de "terroristes"? Ceux qui résistent, ceux pour qui les Etats au service de l'impérialisme US font partie de la plus grande association de malfaiteurs de tous les temps, une association dont les membres sont, selon ces résistants, ITT, Shell, Genral Motors, IBM, Siemens. Ceux qui luttent contre un système qui bafoue tous les jours les droits de l'homme, vole, viole, pille, torture, complote, massacre, utilise des armes meurtrières comme les bombes à fragmentation ou met au point des programmes d'extermination de prisonniers politiques, assassine dans les prisons, ceux-là seraient des terroristes? Des terroristes, ceux qui luttent contre un système où le profit est tout et où l'homme n'est rien? Antonio Bellavita est poursuivi parce qu'il a eu le courage, même si peut-être il n'est pas d'accord avec les méthodes de ces groupes, parce qu'il a eu l'honnêteté de publier des textes des brigades rouges et des NAP (Noyaux armés prolétariens). Il ne s'est pas contenté de reprendre l'accusation de terrorisme, celle qu'ont eu à subir tous les résistants: français contre les nazis, algériens, vietnamiens etc, ceux qui ont combattu la vraie terreur, celle du capital dans sa phase impérialiste. Antonio B a mené des contre-enquêtes sur des massacres comme celui de Milan, dirigé contre les populations civiles et où étaient impliqués services secrets, extrême-droite et gouvernement démocrate chrétien. Il a dénoncé ce terrorisme aveugle et non les combattants des brigades rouges. C'est parce qu'il leur a permis de s'exprimer que l'Etat italien veut sa peau.
La campagne pour la libération d'Antonio B doit être mené dans ce sens-là, en dénonçant les vrais terroristes et non pas en accablant les résistants. C'est dans ce sens-là que nous la mèneront afin qu'en empêchant l'extradition d'Antonio B. soit reconnu le droit à une vraie contre information, une contre-information qui ne s'accorde pas aux hurlements des loups, et où les journalistes sont autre chose que des charognards. Antonio B. est un camarade, un journaliste qui a refusé de qualifier de "terroristes"des gens qui luttent contre un système de terreur. En ce sens, il n'est pas un terroriste, alors pourquoi faire le procès des brigades rouges, Nous appelons à venir nombreux le 10 mai au Palais de Justice soutenir Antonio Bellavita face à ses juges.
Actualité No O. 1ER AVRIL 1978 (Pour se remémorer les faits)
Antonio Bellavita, ancien directeur de la revue italienne "controinformazione" a été arrêté et placé en détention à la prison de Fresnes à la suite de plusieurs mandats d'arrêt du parquet de Turin, dont le premier remonte à 1974. La justice italienne lui reproche une éventuelle participation aux Brigades rouges.
De fait, Antonio Bellavita vit à Paris depuis 1974 où il s'est réfugié à la suite d'une machination policière. Son domicile est connu et de plus il travaillait et était déclaré à Libération.
En 1976, la police française n'avait pas voulu donner suite à une demande d'information de la part de la police italienne concernant A.B. Arrêté puis mis hors de cause sous prétexte d'avoir participé à l'assassinat de François Duprat, Antonio B. est maintenu en détention alors qu'aucune preuve n'existe contre lui. Incapable d'arrêter les membres des brigades rouges, les polices européennes s'en prennent à des militants, qui il y a déjà plusieurs années de cela, ont fait connaître la lutte de ce groupe révolutionnaire. La police italienne a besoin d'un coupable pour l'enlèvement d'Aldo Moro. Il est évident qu'Antonio Bellavita ne se trouvait pas à Rome à cette époque.Les services de police français, après s'en être pris à des militants des ex Garis, arrêtés par l'antigang dans le métro et maintenus plus de 50 heures en garde à vue, veulent montrer les dents et prouver ainsi qu'ils luttent contre le "terrorisme".
Le statut d'Antonio Bellavita est celui d'un otage emprisonné comme l'a été Klaus Croissant pour délit d'opinion. Il semble d'ailleurs que les autorités françaises aient voulu faire de la surenchère répressive, muisque le parquet de Turin n'a pas envoyé de demande d'extradiction.
Antonio Bellavita comparaîtra malgré tout devant la Chambre d'accusation, la même qui avait précipitemment ordonné l'extradition de K Croissant. Le jour de sa comparution est fixé au mercredi 5 avril au Palais de Justice de Paris.
NOUS INVITIONS A Y ASSISTER NOMBREUX AFIN D'EMPECHER L'EXTRADITION D'ANTONIO BELLAVITA.