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L'Internationale

L'Internationale, 1983. Le premier numéro d'un journal paraît, qui reprend le titre de celui publié en 1915 par Rosa Luxemburg - emprisonnée - alors que s'affrontaient les peuples entraînés dans la plus grande des boucheries par le capitalisme, l'impérialisme, et alors que s'étaient ralliés à celle-ci les partis de l'Internationale. En 1919, ceux-ci mettront à mort celle qui avait résisté et qui pour cela avait été emprisonnée. L'internationale 1983 comptera 11 numéros, avant de devoir s'arrêter momentanément : Il témoignera de luttes - et certains qui menèrent ces luttes sont encore aujourd'hui emprisonnés. Il réfléchira à l'évolution du capitalisme - et cette réflexion reste toujours aussi nécessaire. Le blog linter est la chronique d'un journal, c'est par là même la chronique des luttes menées alors, cela pourra être aussi la chronique de luttes menées ... aujourd'hui.

      

       SONJA SUDER EST LIBRE         Procès C. Gauger, S. Suder: Une page pour s'informer 

   PALESTINE - Une carte à ne jamais oublier

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Texte libre

Aux camarades, visiteurs du blog, bienvenue ...
Aux camarades qui viennent de rejoindre le blog, bienvenue. A ceux aussi qui lui rendent visite à l'occasion, bonjour. Le combat n'est jamais un échec, s'informer est déjà un pas vers la conscience. L'ordre et la sécurité ne sont pas le désir de tous, s'aliéner par tous les moyens de la société d'aujourd'hui ne nous intéresse pas. Nous ne cherchons pas à exploiter l'autre. Nous ne tournons pas la page des combats passés, ils sont partie de nous. Et chaque mot que nous lisons, chaque image  que nous voyons, contribue à nous former. Nous ne sommes pas dupes. Nous sommes solidaires. Nous chassons les chasseurs d'enfants. Et nous sommes  le jour face à la nuit sans cesse renouvelée de la violence et de l'oppression. Il n'y a pas d'âge pour la révolte. Et 68 rejoint l'esprit de la Bastille de ce 6 mai où les pavés ont su de nouveau voler. La révolte est une et se rit de toutes les différences.

Pour tous ceux qui viennent sur ce blog, qui font "la route des insoumis" que décrit Nathalie, qui sont et seront les révolutionnaires de demain dont parle Jean-Marc, qui se reconnaissent ce droit à l'insurrection que revendique Georges. Pour chacun, ce collage de Joëlle, mieux qu'un bras d'honneur, à tous ceux qui sont ce que nous refusons.

La queue de la baleine, Nathalie, nous ne la lâcherons pas!

Archives

Joëlle Aubron

Sur ce collage, un poème. linter
C'est l'automne, et ce n'est pas l'automne,
Ces femmes qui marchent
Des combattantes?
Des femmes qui marchent?
Vie de tous les jours ou vie d'exception?
Guerre d'Espagne,
Journées d'après occupation?
Journées d'après l'occupation?
La vie est simple
comme l'est souvent le combat

Entre l'or du feuillage
et le noir et blanc de la vie
Cette image sensible

Georges lors d'une audience devant le JAP en 2005
En tout premier lieu, du fait qu'il va être question ici de mes inclinaisons politiques et de mon évolution depuis 1987 au sein du monde carcéral, je tiens à faire une déclaration de principe : ainsi, conformément à la Constitution de la République française de 1792, repris par l'Article 35 du 26 Juin 1793 *, stipulant un droit à l'insurrection, qui a servi à Valmy pour sauvegarder et étendre la révolution, qui a servi en 1871 avec la Commune de Paris contre l'occupation Prussienne, qui a encore servi en 1940 contre l'occupation national-socialiste allemande et la collaboration pétainiste française, et pour encore servir concrètement après 1968 dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest avec l'insurrection armée larvée et latente contre chaque Etat capitaliste en place et contre l'OTAN ; une Constitution qui après avoir servi depuis son avènement de réfèrent à la plupart des peuples de par le monde pour se libérer des différents maux entretenus que sont, soit l'occupation étrangère, soit l'oppression de classe, soit l'exploitation de l'homme par l'homme jusqu'à l'esclavagisme, leur a ouvert une perspective politique. Et dès lors dans l'assurance qu'elle restera de même une référence au futur pour tous les peuples épris de Liberté, d'Egalité, de Fraternité et de Démocratie, conformément à cette Constitution de 1792 donc, je me refuse à abjurer ces moments historiques comme je me refuse à abjurer la stratégie de Lutte Armée pour le communiste, qui en est une expression particulière.
(
Georges Cipriani  MC Ensisheim, 49 rue de la 1ère armée 68 190 Ensisheim)


Jean-Marc dans une interview en 2005

C'est la question centrale (la question du repentir) depuis notre premier jour de prison. Et c'est le pourquoi de nos condi­tions de détention extraordi­naires, des restrictions actuelles sur le droit de communiquer ou de la censure des correspon­dances. Dans aucune des lois de l'application des peines, il n'est stipulé que le prisonnier doit ab­jurer ses opinions politiques. Mais pour nous, certains procu­reurs n'hésitent pas à affirmer que les revendications du com­munisme impliquent une récidive. Je sais bien que si nous nous repentions, nous serions soudai­nement adulés par la bonne so­ciété, mais ce n'est pas notre vi­sion de la responsabilité poli­tique. Notre engagement n'est pas à vendre ni à échanger contre un peu de liberté.
(Jean-Marc Rouillan 147575 Cd des baumettes, 230 Chemin de Morgiou Marseille Cedex 20

Joëlle à sa sortie le 16 juin 2004
Je suis fatiguée, aussi je dirai seulement trois choses :
La première est d'être bien sûr contente d'avoir la possibilité de me soigner.
La seconde est que l'application de la loi de mars 2002 reste cependant pour de nombreux prisonnières et prisonniers très en deça de son contenu même.
La troisième est ma conscience de ce que la libération de mes camarades est une bataille toujours en cours. Régis est incarcéré depuis plus de 20 ans, Georges, Nathalie et Jean-Marc, plus de 17. Je sors de prison mais je dois d'abord vaincre la maladie avant de pouvoir envisager une libération au sens propre. L'objectif reste ainsi celui de nos libérations.

Nathalie, en février 2007

Cependant, pour nous, militant-e-s emprisonné-e-s du fait du combat révolutionnaire mené par l’organisation communiste Action directe, nous sommes sûrs de notre route : celle des insoumis à l’ordre bourgeois. Tant que des femmes et des hommes porteront des idées communistes, les impérialistes au pouvoir frémiront jusqu’à ce que la peur les gèle dans leurs manoirs sécurisés à outrance.

9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 10:02

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vendredi 9 mars à 19 heures : projection d’un film sur la vie des Bédouins du Neguev.
 samedi 10 mars à 15 heures : témoignage sur le Neguev et conférences
 
*Jean-Pierre Bouché, de la CCIPPP et de BDS-France
Le Fonds National Juif israélien et son rôle dans l'éviction des Bédouins du Néguev.
 *Michel Ouaknine : Dans le Néguev, Israël expulse ses citoyens Bédouins.
 
A l’appel de :
 Amitié Lille-Naplouse - Association France Palestine Solidarité 59/62 (AFPS) –Génération Palestine -                          
 Comité « Libérez-les » de soutien aux prisonniers et réfugiés  politiques 59/62 - Ligue des Droits de L’Homme (LDH) Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP) - Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
 
7 Maison de quartier de Vauban Esquermes 7 rue Roland – Lille (métro Port de Lille)
 
Et toujours l’exposition photos                                                                
 
vendredi à partir de 14h...21h
Samedi à partir de 14h30 ...18h
 
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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 23:02

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Vidéos de linter: L'intervention militaire occidentale en Libye et les révoltes dans les pays arabes. Samir Amin, le 29 juin 2011 :  1ère partie -   2ème Partie   

bombardements.jpg


  Samir Amin, le 30 janvier 2012

A lire et à discuter:


LES VICTOIRES ELECTORALES DE L’ISLAM POLITIQUE EN EGYPTE ET EN TUNISIE


La victoire électorale des Frères Musulmans et des Salafistes en Egypte (janvier 2012) n’est guère surprenante. La dégradation produite par la mondialisation capitaliste contemporaine a entraîné un gonflement prodigieux des activités dites « informelles », qui, en Egypte, fournissent leurs moyens de survie à plus de la moitié de la population (les statistiques disent : 60%). Or les Frères Musulmans, sont fort bien placées pour tirer profit de cette dégradation et en perpétuer la reproduction. Leur idéologie simple donne une légitimité à cette économie primitive de marché/ de bazar. Les moyens financiers fabuleux mis à leur disposition (par le Golfe) permettent de le traduire en moyens d’action efficaces : avances financières à l’économie informelle, charité d’accompagnement (centres de soins et autres).

 

C’est par ce moyen que les Frères s’implantent dans la société réelle et la place sous leur dépendance. Mais ce succès aurait été difficile s’il n’avait pas répondu parfaitement aux objectifs des pays du Golfe, de Washington et d’Israël. Ces trois alliés intimes partagent la même préoccupation : faire échouer le redressement de l’Egypte. Car une Egypte forte, debout, c’est la fin du triple hégémonisme du Golfe (la soumission au discours de l’islamisation de la société), des Etats Unis (l’Egypte compradorisée et misérabilisée reste dans leur giron) et d’Israël (l’Egypte impuissante laisse faire en Palestine).


L’avortement planifié de la « révolution égyptienne » garantirait donc la continuité du système mis en place depuis Sadate, fondé sur l’alliance du commandement de l’armée et de l’Islam politique. Une révision du dosage dans le partage des bénéfices de cette alliance au bénéfice des Frères peut néanmoins s’avérer difficile.

 

L’Assemblée Constituante sortie des élections d’octobre 2011 en Tunisie sera dominée par un bloc de droite qui associera le parti islamiste Ennahda et les nombreux cadres réactionnaires, hier encore associés au régime de Ben Ali, toujours en place et infiltrés dans les « nouveaux partis » sous le nom de « bourguibistes » ! Les uns et les autres partagent le même ralliement inconditionnel à « l’économie de marché » telle qu’elle est, c’est-à-dire un système de capitalisme dépendant et subalterne. La France et les Etats Unis, n’en demandent pas plus : « tout changer afin que rien ne change ».


Deux changements sont néanmoins à l’ordre du jour. Positif : une démocratie politique mais non sociale (c’est-à-dire une « démocratie de faible intensité ») qui tolérera la diversité des opinions, respectera davantage les « droits de l’homme » et mettra un terme aux horreurs policières du régime précédent. Négatif : un recul probable des droits des femmes. Autrement dit un retour à un « bourguibisme » pluripartiste coloré d’islamisme. Le plan des puissances occidentales, fondé sur le pouvoir du bloc réactionnaire compradore, mettra un terme à cette transition qu’on voulait « courte » (ce que le mouvement a accepté sans en mesurer les conséquences), ne laissant pas le temps aux luttes sociales pour s’organiser, et permettra la mise en place de sa « légitimité » exclusive, à travers des élections « correctes ». Le mouvement tunisien s’était largement désintéréssé de la « politique économique » du régime déchu, concentrant ses critiques sur la « corruption » du président et de sa famille. Beaucoup des contestataires, même « à gauche » ne remettaient pas en cause les orientations fondamentales du mode de développement mis en œuvre Bourguiba et Ben Ali. L’issue était donc prévisible.

 

Il reste que les mêmes causes produisent parfois les mêmes effets. Que penseront et feront les classes populaires en Egypte et en Tunisie quand elles verront se poursuivre inexorablement la dégradation de leurs conditions sociales, avec son cortège de chômage et de précarisation, sans compter probablement avec les dégradations supplémentaires intensifiées par la crise générale de la mondialisation capitaliste ? Il est trop tôt pour le dire ; mais on ne peut pas s’obstiner à ignorer que seule la cristallisation rapide d’une gauche radicale, allant bien au-delà de la revendication d’élections correctes, peut permettre une reprise des luttes pour un changement digne de ce nom. Il appartient à cette gauche radicale de savoir formuler une stratégie de démocratisation de la société qui irait bien plus loin que la simple tenue d’élections correctes, d’associer cette démocratisation au progrès social, ce qui implique l’abandon du modèle de développement en place, et de renforcer ses initiatives par une posture internationale indépendante et franchement anti impérialiste. Ce ne sont pas les monopoles impérialistes et leurs serviteurs internationaux (la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC) qui aideront les pays du Sud à sortir des ornières ; c’est en se tournant vers de nouveaux partenaires du Sud que cela deviendra moins difficile.


Aucune de ces questions fondamentales ne paraissent préoccuper les acteurs politiques majeurs. Tout se passe comme si l’objectif final de la « révolution » avait été d’obtenir rapidement des élections. Comme si la source exclusive de légitimité du pouvoir résidait dans les urnes. Mais il y a pourtant une autre légitimité, supérieure - celle des luttes ! Ces deux légitimités sont appellées à des confrontations sérieuses à venir.

 

DES REFORMES MAITRISEES DE L’INTERIEUR SERONT-ELLES POSSIBLES EN ALGERIE ?


L’Algérie et l’Egypte ont été, dans le monde arabe, les deux pays d’avant-garde du premier « éveil du Sud », à l’époque de Bandoung, du Non Alignement et du déploiement victorieux de l’affirmation nationale post-coloniale, associé à d’authentiques réalisations économiques et sociales importantes et progressistes qui auguraient de belles possibilités d’avenir. Mais par la suite les deux pays se sont enlisés pour finalement accepter le « retour au bercail » des Etats et des sociétés dominées par l’impérialisme.

 

Le modèle algérien a donné des signes évidents d’une plus forte consistance, ce qui explique qu’il ait mieux résisté à sa dégradation ultérieure. De ce fait, la classe dirigeante algérienne demeure composite et divisée, partagée entre les aspirations nationales encore présentes chez les uns et le ralliement soumis à la compradorisation chez les autres (parfois même ces deux composantes conflictuelles se combinent chez les mêmes personnes !). En Egypte par contre, cette classe dominante est devenue intégralement, avec Sadate et Moubarak, une bourgeoisie compradore, ne nourrissant plus aucune aspiration nationale.

 

Deux raisons majeures rendent compte de cette différence. La guerre de libération en Algérie avait produit, naturellement, une radicalisation sociale et idéologique. Par contre en Egypte le nassérisme vient en fin de période d’essor du mouvement initié par la révolution de 1919, qui se radicalise en 1946. Le coup d’Etat ambigu de 1952 vient donc en réponse à l’impasse du mouvement. Par ailleurs, la société algérienne avait subi, avec la colonisation, des assauts destructifs majeurs. La nouvelle société algérienne, issue de la reconquête de l’indépendance, n’avait plus rien en commun avec celle des époques précoloniales. Elle était devenue une société plébéienne, marquée par une très forte aspiration à l’égalité.


Cette aspiration – avec la même force – ne se retrouve nulle part ailleurs dans le monde arabe, ni au Maghreb ni au Mashrek. Par contre, l’Egypte moderne a été construite dès le départ (à partir de Mohamed Ali) par son aristocratie devenue progressivement une « bourgeoisie aristocratique » (ou une « aristocratie capitaliste »). De ces différences découle une autre, d’une importance évidente, concernant l’avenir de l’Islam politique. Comme Hocine Belalloufi le montre (La démocratie en Algérie : réforme ou révolution ? ; ouvrage en cours de publication), l’Islam politique algérien (le FIS), qui avait dévoilé sa figure hideuse, a été véritablement mis en déroute. Cela certes ne signifie pas que cette question soit définitivement dépassée. Mais la différence est grande avec la situation en Egypte, caractérisée par la convergence solide entre le pouvoir de la bourgeoisie compradore et l’Islam politique des Frères Musulmans.

 

De toutes ces différences entre les deux pays découlent des possibilités différentes de réponses aux défis actuels. L’Algérie me paraît mieux placée (ou moins mal placée) pour répondre à ces défis, dans le court terme au moins. Des réformes économiques, politiques et sociales maîtrisées de l’intérieur me semblent avoir encore leurs chances en Algérie. Par contre, en Egypte, la confrontation entre « le mouvement » et le bloc réactionnaire « antirévolutionnaire » paraît devoir inexorablement s’aggraver.

 

L’Algérie et l’Egypte constituent deux exemples magistraux de l’impuissance des sociétés concernées, jusqu’à ce jour, à faire face au défi. L’Algérie et l’Egypte sont les deux pays du monde arabe qui sont des candidats possibles à « l’émergence ». La responsabilité majeure des classes dirigeantes et des systèmes de pouvoirs en place, dans l’échec des deux pays à le devenir, est certaine. Mais celle des sociétés, de leurs intellectuels, des militants des mouvements en lutte doit tout également être prise en sérieuse considération.

 

Le même espoir d’une évolution démocratique pacifique est il possible au Maroc ? J’en doute tant que le peuple marocain continuera à adhérer au dogme archaïque qui ne dissocie pas la Monarchie (de droit divin : « amir el mouminine ») de la nation. C’est sans doute là la raison pour laquelle les Marocains ne comprennent pas la question Sahraouie : les nomades fiers du Sahara ont une autre conception de l’Islam, qui leur interdit de s’agenouiller devant autre qu’Allah, fut il Roi.

 

LE DRAME SYRIEN


Le régime de Bashar el Assad n’est guère plus qu’une dictature policière accompagnant sa soumission aux exigences du « libéralisme » mondialisé. La légitimité de la révolte du peuple syrien n’est donc pas contestable. Il reste que la destruction de la Syrie constitue l’objectif des trois partenaires que sont les Etats Unis, Israel et l’Arabie Séoudite, qui mobilisent à cette fin les Frères Musulmans, voire leur procurent des armes. Leur victoire éventuelle – par l’intervention militaire étrangère ou sans elle – produirait l’éclatement du pays, le massacre d’Alaouites, de Druzes et de Chrétiens. Mais qu’importe. L’objectif de Washington et de ses alliés n’est pas de libérer la Syrie de son dictateur, mais de détruire le pays, comme il n’était pas de libérer l’Iraq de Saddam Hussein mais de détruire le pays.


La seule solution démocratique passerait par des réformes substantielles au bénéfice des forces populaires et démocratiques qui existent et refusent de se laisser enrôler par les Frères Musulmans. Si le régime s’avère incapable de le comprendre, rien n’arrètera la marche du drame de se poursuivre jusqu’à son terme. Il est amusant de savoir que ce sont désormais le Sultan de Qatar et le Roi d’Arabie Séoudite qui sont les champions de la promotion de la démocratie (chez les autres). Difficile de pousser la farce plus loin !

 

LA GEOSTRATEGIE DE L’IMPERIALISME ET LA QUESTION DEMOCRATIQUE


J’ai voulu montrer dans ce livre que la dépolitisation avait été décisive dans la montée en scène de l’Islam politique. Cette dépolitisation n’est certainement pas spécifique à l’Egypte nassérienne. Elle a été la pratique dominante dans toutes les expériences nationales populaires du premier éveil du Sud et même dans celles des socialismes historiques après que la première phase de bouillement révolutionnaire ait été dépassée. Dénominateur commun : la suppression de la pratique démocratique (que je ne réduis pas à la tenue d’élections pluripartites), c’est-à-dire du respect de la diversité des opinions et des propositions politiques et de leur organisation éventuelle.


La politisation exige la démocratie. Et la démocratie n’existe que lorsque la liberté est donnée aux « adversaires ». Dans tous les cas sa suppression, à l’origine donc de la dépolitisation, est responsable du désastre ultérieur. Que celui-ci prenne la forme de retours aux passéismes (religieux ou autres). Ou qu’il prenne celle de l’adhésion au « consumisme » et au faux individualisme proposée par les médias occidentaux, comme ce fut le cas chez les peuples de l’Europe orientale et de l’ex URSS, comme c’est le cas ailleurs également non pas seulement au sein des classes moyennes (bénéficiaires éventuels du développement) mais également au sein des classes populaires qui, faute d’alternative, aspirent à en bénéficier, même à une toute petite échelle (ce qui est évidemment parfaitement compréhensible et légitime).

 

Dans le cas des sociétés musulmanes, cette dépolitisation revêt la forme principale du « retour » (apparent) de l’Islam. L’articulation associant le pouvoir de l’Islam politique réactionnaire, la soumission compradore et la paupérisation par l’informalisation de l’économie de bazar n’est pas spécifique à l’Egypte. Elle caractérise déjà la plupart des sociétés arabes et musulmanes, jusqu’au Pakistan et au-delà. Cette même articulation opère en Iran ; le triomphe de cette économie de bazar avait été signalé dès le départ comme le résultat majeur de la « révolution khomeyniste ». Cette même articulation pouvoir islamique/économie de marché de bazar a dévasté la Somalie, désormais effacée de la carte des nations existantes (voir mon article sur le sujet, site de Pambazuka, 1/2/2011).

 

Que peut-on donc imaginer si cet Islam politique accédait au pouvoir en Egypte et ailleurs ?

 

Nous sommes envahis par des discours rassurants à cet effet, d’une incroyable naïveté, sincère ou fausse. « C’était fatal, nos sociétés sont imprégnées par l’Islam ; on a voulu l’ignorer ; il s’est imposé » disent les uns. Comme si ce succès de l’Islam politique n’était pas dû à la dépolitisation et à la dégradation sociale qu’on veut ignorer. « Cela n’est pas si dangereux ; le succès est passager et la faillite du pouvoir exercé par l’Islam politique amènera les opinions à s’en détacher ». Comme si les Frères en question étaient acquis au principe du respect des principes démocratiques ! Ce à quoi font semblant de croire Washington, les « opinions » fabriquées par les médias dominants et la cohorte des « intellectuels » arabes, par opportunisme ou absence de lucidité.

 

Non. L’exercice du pouvoir par l’Islam politique réactionnaire serait appelé à durer… 50 ans ? Et alors qu’il contribuerait à enfoncer les sociétés qu’il soumettrait chaque jour dans l’insignifiance sur l’échiquier mondial, les « autres » poursuivraient leurs avancées. Au terme de cette triste « transition » les pays concernés se retrouveront au bas de l’échelle de la classification mondiale.

 

La question de la politisation démocratique constitue, dans le monde arabe comme ailleurs, l’axe central du défi. Notre époque n’est pas celle d’avancées démocratiques, mais au contraire de reculs dans ce domaine. La centralisation extrême du capital des monopoles généralisés permet et exige la soumission inconditionnelle et totale du pouvoir politique à ses ordres. L’accentualisation de pouvoirs « présidentiels », d’apparence individualisés à l’extrême mais en fait intégralement soumis au service de la ploutocratie financière, constitue la forme de cette dérive qui annihile la portée de la défunte démocratie bourgeoise (elle-même renforcée un temps par les conquêtes des travailleurs) et lui substitue la farce démocratique. Dans les périphéries les embryons de démocratie, quand ils existent, associés à des régressions sociales encore plus violentes que dans les centres du système, perdent leur crédibilité.

 

Le recul de la démocratie est synonyme de dépolitisation. Car celle-ci implique l’affirmation sur la scène de citoyens capables de formuler des projets de société alternatifs, et non seulement d’envisager, par des élections sans portée, « l’alternance » (sans changement !). Le citoyen capable d’imagination créatrice disparu, l’individu dépolitisé qui lui succède est un spectateur passif de la scène politique, un consommateur modelé par le système qui se pense (à tort) individu libre. Avancer sur les chemins de la démocratisation des sociétés et de la repolitisation des peuples sont indissociables. Mais par où commencer ? Le mouvement peut être amorcé à partir de l’un ou de l’autre de ces deux pôles. Rien ici ne peut être substitué à l’analyse concrète des situations concrètes, en Algérie, en Egypte, tout comme en Grèce, en Chine, au Congo, en Bolivie, en France ou en Allemagne. A défaut d’avancées visibles dans ces directions le monde s’engagera, comme il l’est déjà, dans la tourmente chaotique associée à l’implosion du système. Le pire est alors à craindre.


* Samir Amin est directeur du Forum du Tiers monde

 

Source : 

http://www.pambazuka.org/fr/category/features/79533

 


Le monde arabe dans la longue durée, le printemps arabe ?,

Le temps des cerises, septembre 2011




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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 00:01

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"Le partage économique n'a pas besoin du bruit des mots"


Posté sur Bellaciao, notre article a donné lieu à des réactions montrant que l'intervention en Libye était comprise,  plus souvent qu'on ne le pense, pour ce qu'elle est: une volonté impérialiste de prendre le contrôle de ce pays, volonté brutale et sans fard qui s'est illustrée parfaitement, peut-on dire, avec l'assassinat de M. Khadafi et qui continue à s'illustrer parfaitement par le silence médiatique depuis. Le partage économique n'a pas besoin du bruit des mots. Au fait le Qatar, qui fait la une en ce moment  n'est-il pas une dictature, ne mériterait-il pas aux yeux des puissances occidentales une jolie petite guerre! Apparemment non et bien au contraire. L'impérialisme a besoin des émirats, de leur argent et de l'oppression de leurs peupes.

 


 

 

Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi

 

Pour tous ceux qui s’interrogent pourquoi justement la Libye, pourquoi justement M. Khadhafi, pourquoi cette intervention massive de l’impérialisme au nom des droits de l’homme, pourquoi l’impérialisme a-t-il tout fait jusqu’à obtenir enfin sa mort, pourquoi le malaise de beaucoup à entendre une seule et unique voix sur tous les médias, ce message envoyé par un camarade.


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de Kadhafi


Alain Badiou sur la Libye


"(...) La complicité d’une large partie de l’opinion publique et de tous les partis parlementaires sans exception, avec la ridicule caricature de "rébellion" montée là-bas (= en Libye) pour justifier l’ingérence "humanitaire" des armées occidentales, participent d’une tradition révoltante, celle de "l’union sacrée, autour d’une politique extérieure impériale belliciste. Des forces qui prétendent critiquer avec virulence le gouvernement Sarkozy se trouvent subitement en plein accord avec lui pour ce genre d’engagement à la fois matamoresque et sordide. Aurais-je trouvé quelque charme à la gauche "radicale" de type Mélenchon (ce qui n’était nullement le cas) que son ralliement à cette union sacrée m’aurait rappelé au réel, à savoir que le vacarme "de gauche" est interne à la logique contemporaine de la domination.

Je veux redire ici que je n’ai aucune sympathie d’aucune sorte pour Kadhafi (...). Mais je suis catégoriquement opposé à ce que les principaux brigands du monde contemporain - à savoir les grands prédateurs économiques que sont les compagnies pétrolières, les marchands d’armes, les extracteurs de minerais, les coupeurs de bois, les vendeurs de produits avariés, et tout ce qui leur ressemble, ainsi que leurs protecteurs politiques, à savoir les États occidentaux - nous fassent en choeur, avec les trémolos dans la voix de leurs idéologues médiatiques, le coup de la "morale" et de la "démocratie" pour aller briser au loin des pays affaiblis, y mener des guerres interminables, et profiter de ces circonstances pour s’y implanter, piller les ressources locales et installer durablement des bases militaires. Ce genre de propagande, et le consensus qui va avec, ne vaut pas mieux que la description horrifique des "Boches" qui accompagnait le vain massacre de millions de soldats pendant la guerre de 14-18, ou la présentation de peuples entiers comme des sauvages arriérés, qui "justifiait" la conquête coloniale, la mise en coupe réglée d’innombrables régions et le travail des populations sous la chiourme."

Alain Badiou, Le réveil de l’histoire (Circonstances, 6), livre qui vient de paraître aux Editions Lignes.

http://linter.over-blog.com/article-ce-jeudi-20-octobre-2011-apres-la-mort-annoncee-de-m-kadhafi-86916747.html

 


 

Sur le blog :

Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi

Un article refusé, c'est une voix que l'on tait. Notre article : Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi

Les Editions lignes. Après notre article reprenant une analyse d'Alain Badiou sur la Libye et le refus d'un site de le reprendre.

Suite des commentaires sur notre article : Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi

"Le lynchage à mort de Mouammar Kadhafi m’a donné la nausée". A nous aussi

Revoir les vidéos de Samir Amin sur la Libye

L’intervention en Libye et la violation de la légalité internationale - Robert Charvin

2011,Charlie Bauer, la Libye, C. Gauger et S. Suder, C. Eckes et cette liste à la Prévert de l'exploitation. Mais aussi la lutte, la résistance qui continue ...

 


Sur Bellaciao - 12 commentaires


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 21h39 - Posté par Klaod - Lorient - 2.**.34.***

Ce texte me semble tout à fait convenable.


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 21h52 - Posté par lapo974 - 92.***.194.***
Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 22h02 - Posté par 90.**.95.***

Oui la gauche est toujours complice en Lybie comme en Grèce où des militants du PAME et du KNE collaborent avec l’état grec et ses chiens de garde. Comme elle a collaboré avec Franco en Espagne. Le peuple ne retiendra-t-il donc jamais les leçons de l’histoire ?


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 21h49 - Posté par lapo974 - 92.***.194.***

Impossible de dire mieux !

On n’attend rien des libcons assassins, mais que ceux qui se disent de gauche ne soient que viles girouettes ....


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 21h51 - Posté par 86.**.30.***

Esprit sans esprit, coeur sans coeur, la grande bourgeoisie fidèle à elle-même depuis deux cents ans, assassine le tiers-monde comme elle a assassiné les Communards. Les vrais vivants ne s’y retrouvent pas. C’est pourquoi je ne m’illusionne plus sur Mélanchon et feu le PCF, encore moins sur Hollandopoulos. Temps lamentables. Mais l’Histoire reste comme le disait Marx, bien au-dessus de tout ça, la science des sciences.


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 22h10 - Posté par kemlinologue - 90.*.193.***

Oui, la bourgeoisie et le colonialisme qui ne saurait être qu’occidental ont bon dos ! Si tous ces massacres et carnages sont possibles c’est d’abord et avant tout parce que nous vivons sur une histoire truquée, tronquée,falsifiée de A jusqu’à Z et Badiou comme les autres fait partie des falsificateurs. N’oubliez pas cette petite campagne de santé surtout pour les Libyens s’appelle l’Aube de de l’Odyssée de qui et vers où ?
Poser la question c’est déjà y répondre et cela fait plus que froid dans le dos. Deuxième holocauste en vue !


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
27 octobre 2011 - 14h06 - Posté par mickey l’ange - 83.***.167.***

feu le pcf, sur que ça ne marche pas fort. Pour contribuer au maintien d’un parti révolutionnaire et tellement nécessaire, voici une action pour maintenir et conforter la Sécu et le droit de se soigner.
Après l’inscription d’Ambroise Croizat dans les dictionnaires, cette année, auprès de Rika Zaraï, voici une pétition pour donner son nom (Croizat et pas Rika) au nouveau siège de la Sécu à Annecy./http://www.petitionpublique.fr/Resu...


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 22h17 - Posté par La Louve - 82.***.180.**

Pour une fois je suis plus que d’accord avec l’ex-mao.

LL


au risque de plagiat mou, je reformule et prolonge
20 octobre 2011 - 22h36 - Posté par chb - 90.**.148.***

Encore un pays durablement déchiré ? Nos stratèges s’inspirent probablement de l’Irak où la sécurité procure emplois, commissions et bases militaires. La réaction de nos responsables inclut le problème de la guerre civile à venir, c’est dire : le retour au calme prendra looooongtemps.
Sur le plan économique, s’il se confirme que Kadhafi est bien mort, les contrats signés par l’ancien régime libyen sont enfin caducs : tant pis pour ceux qui n’ont pas participé à la curée contre feu le dictateur. Les nouveaux contrats de pétrole sont en cours de réalisation, sous protection de l’OTAN qui a certainement bien du soulagement après la nouvelle (et définitive ?) chute de Syrte : le siège a permis l’évaporation des habitants, donc plus personne pour empêcher le pillage, les expéditions peuvent reprendre du port miraculeusement épargné par nos tirs.
Puisque (pas de chance ?) on a beaucoup cassé, les juteux contrats de reconstruction pour lesquels le financement est assuré par la manne locale (encore un remake de l’Irak), peuvent maintenant être signés, grâce au gouvernement précaire et fantoche mais “légitime” de la nébuleuse CNT. Tant pis si ces contrats sont moins bons du point de vue des libyens qui nous doivent bien ça puisqu’on les a « sauvés ».
Sans doute restera-t-il quelques milliards à grappiller pour indemniser les forces de la coalition démocratique, qui en aura besoin pour continuer son oeuvre de destruction "humanitaire". Prochaine étape, déjà en préparation : la Syrie. Et puis le gros morceau, cher à Kouchner : l’Iran.
Que que vont dire la Russie et la Chine, plutôt conciliants au sujet de la Libye ?


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
20 octobre 2011 - 23h41 - Posté par 86.***.233.***

honte à tous ces êtres humains non humains.


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
21 octobre 2011 - 13h30 - Posté par 2.*.171.**

En symbiose complète avec l’article ! Sale boulot des médias menteurs et censeurs pour répéter 100 fois s’il le faut jusqu’à ce que le mensonge ou l’INFOI. travestie devienne une vérité pour le commun des mortels, ainsi que l’avait défini le chef de la propagande hiltlérienne ! Pour ne pas être trop long je pourrais citer tous les coups d’Etat noyés dans le sang avec la complicité et la bénédiction des Etats-Unis Le sinistre Pinochet a fait partie des "BONS" dictateurs et tyrans puisqu’il est mort de sa belle mort naturelle après que l’Angleterre l’ai tenté de le sauver ! Comme si cette bête humaine n’avait pas déjà trop vécut ! Des milliers de morts , disparus et blessés ou torturés à son actif et cela les victimes toutes du même côté : une opposition désarmée et pas d’invasion étrangère pour la soutenir . Décidément, lui Pinochet devait faire partie des dictateurs "BONS" !!!


Ce jeudi 20 octobre 2011, après la mort annoncée de M. Kadhafi
21 octobre 2011 - 15h34 - Posté par 109.***.24.***

Pinochet un salaud assassin en effet ..Mais le commanditaire Kissinger-USA-CIA toujours libre ..Qui est le plus coupable ? Les deux ,mon colonel !Kissinger est toujours à l’oeuvre pour les mauvais coups de l’oncle sam et nous devons être vigilants pour les prochains mauvais coups qui se préparent en Europe avec dans l’ordre : Grèce,Portugal,Irlande,Espagne,Italie,France ...Tant que les mouvement des indignés est contenu l’armada répressive reste au "repos" entraîné. Mais si l’indignation se transforme en révoltes massives contre le capitalisme alors l’armada se mettra en route comme un rouleau compresseur qu’il nous faudra bien démolir par des moyens autres que des kalachnikov pour ne par mourir en martyres comme les chiliens ou les indonésiens et bien d’autres révolutionnaires africains et asiatiques . Soyons très vigilants dans ce combat de classe en plein développement ..

Le Serpenseur


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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 22:14

Pour consulter le blog: linter.over-blog.com

 

Nous n'oublions pas la mort ignominieuse de M. Khadafi, son assassinat couvert par ceux qui prétendaient intervenir en Libye au nom des droits de l'homme, de la justice. Le silence s'est fait sur la Libye: la chape de plomb du silence des grands médias s'est abattue. C'est donc avec reconnaissance que nous publions cet article de Robert Charvin lu sur Bellaciao. L'intervention en Libye violait la légalité internationale comme l'analyse  sa contribution. Les conditions de la mort de Khadafi l'ont montré avec une bien cruelle brutalité.


  Réécouter - voir Samir Amin

Samir Amin, l'intervention militaire occidentale en Libye et les révoltes dans les pays arabes. Vidéos de linter, 29 juin 2011



"Le lynchage à mort de Mouammar Kadhafi m’a donné la nausée". A nous aussi

Lybie - Quand on vous dit continuité de l'impérialisme ...! Affiche "Par l'occupation italienne, la Tripolitaine s'ouvre enfin à la civilisation."

La Lybie."L'alibi"de Sarkozy et Sarkozy alibi. Contre la révolution, la guerre.


  Paru sur le site  http://www.larevolucionvive.org.ve/...

http://www.larevolucionvive.org.ve/IMG/jpg/sans-culotte-3.jpg

arton1830.jpg

Robert Charvin, juriste, professeur émérite de droit (spécialisé dans les relations internationales) à l’Université de Nice Sophia-Antipolis. Ex-doyen de la Faculté de Droit et des Sciences économiques de Nice.
L’intervention en Libye et la violation de la légalité internationale : un retour à la pseudo « morale internationale » du XIX° siècle

lundi 26 décembre 2011

 

L-Otan-reconnait-avoir-tue-des-civils-So

 

L’Europe est aujourd’hui la seule force capable de porter un projet de civilisation (…) L’Amérique et la Chine ont déjà commencé la conquête de l’Afrique. Jusqu’à quand l’Europe attendra-t-elle pour construire l’Afrique de demain ?


Nicolas Sarkozy. 2007.

Les insurgés libyens méritent l’aide de tous les démocrates. 
 Bernard-Henry Lévy. 2011.

Quand un peuple perd son indépendance face à l’extérieur, il ne garde pas longtemps sa démocratie à l’intérieur.


Régis Debray. 1987.

Une vague « morale » internationale, proche de celle régnant au XIX° siècle, est invoquée par les puissances occidentales alors qu’il est fait silence sur le droit international qu’elles considèrent – au mieux- comme un simple faisceau de procédures.

Cette « morale », produit occidentaliste de substitution, se concilie parfaitement avec la violation flagrante des principes fondamentaux constituant le cœur de la Charte des Nations Unies et avec un mépris ouvert vis-à-vis de l’ONU lorsque le Conseil de Sécurité, organe oligarchique est neutralisé par les divisions entre les grandes puissances et qu’il ne peut être en l’occurrence, instrumentalisé par certaines d’entre elles.

Les États-Unis, la France, la Grande Bretagne se considèrent toujours comme la « seule force capable de porter un projet de civilisation », tout en s’opposant lorsque leurs intérêts économiques et financiers ne coïncident pas.

Les opérations militaires ainsi que les ingérences indirectes se multiplient. Anders Fogh Rasmussen, Secrétaire Général de l’OTAN, les annonce lui-même : « Comme l’a prouvé la Libye, on ne peut pas savoir où arrivera la prochaine crise, mais elle arrivera » (5 septembre 2011).

L’inquiétude manifestée par les États du Sud authentiquement indépendants n’est pas prise en compte. Les paroles de Thébo Mbeki, ancien Président d’Afrique du Sud sont significatives : « Ce qui est arrivé en Libye peut très bien être un signe précurseur de ce qui peut arriver dans un autre pays. Je pense que nous devons tous examiner ce problème, parce que c’est un grand désastre » (20 septembre 2011).

Par contre, en France, une quasi unanimité s’est manifestée pour applaudir aux opérations de guerre menées contre la Libye, ainsi qu’à l’exécution sommaire de M. Kadhafi. De B.H. Lévy au Président Sarkozy, via Ignacio Ramonet, de l’UMP au PCF (bien qu’avec quelques réserves) via le PS, ainsi que tous les grands médias (de Al Jazeera au Figaro), on a «  au nom d’un massacre seulement possible, perpétré un massacre bien réel, alimenté une guerre civile meurtrière » [1] et admis la violation d’un principe essentiel toujours en vigueur, la souveraineté d’un État membre des Nations Unies.

Il en a été de même dans la plupart des États occidentaux qui n’ont pas porté le moindre intérêt aux propositions de médiation de l’Union Africaine ou du Venezuela ni voulu confier à l’ONU la responsabilité d’une négociation ou d’une conciliation.

L’esprit de guerre s’est imposé dans l’urgence sans réaction d’une opinion non concernée en raison de la disparition de l’armée de conscription et de la professionnalisation (voire de la privatisation au moins partielle comme en Irak) des conflits armés.

Si la gauche française n’a pas manifesté son opposition alors qu’elle l’a fait dans le passé contre diverses agressions occidentales, c’est, qu’au-delà du « démocratisme » de rigueur, il s’agissait d’Africains et d’Arabes et de problèmes du « Sud », non électoralement rentables, en considération de l’état idéologique moyen des Français à la fin du mandat de N. Sarkozy [2].

Si la droite, particulièrement les conservateurs français, opte pour des ingérences de plus en plus ouvertes dans les pays du Sud, c’est, qu’au-delà des intérêts économiques (notamment énergétiques) des grands groupes installés dans le Sud, les aventures extérieures sont toujours bienvenues en période de crise intérieure grave.

Le résultat global c’est, sinon la mise à mort du droit international, du moins sa mise en état de coma dépassé [3].


1. L’inéligibilité de la Libye kadhafiste au bénéfice du droit international


Véritable cas d’école sur un continent où les élections sont en général des mascarades, les élections présidentielles en Côte d’Ivoire de 2010, faussées par une rébellion armée de plus de huit ans assistée par la France et occupant la partie Nord du territoire, ont donné lieu à une intervention des Nations Unies et de l’armée française visant à éliminer par la force le Président Gbagbo. L’occupation totale de la Côte d’Ivoire par la rébellion en 2011, avec l’appui de l’ONUCI et des troupes françaises de la Licorne, ponctuée de massacres (comme celui de Duékoué) n’a suscité que peu de réactions des juristes français [4].

Les prétextes avancés par les autorités françaises (répression contre les manifestants civils, non respect du résultat des « élections ») semblent avoir convaincu la doctrine dont la domination sur la pensée juridique évite de procéder aux vérifications nécessaires des allégations politiques officielles [5].

Ainsi, au nom d’une « légitimité démocratique » indéfinie, approuvée par la majorité conjoncturelle du Conseil de Sécurité, « stimulée » par un Etat juge et partie, il est désormais admis qu’un régime puisse être renversé par la force et qu’il en soit établi un autre, avec l’appui d’une partie belligérante.

Survenant à quelques mois d’intervalles, l’intervention en Libye s’inscrit dans la stratégie menée en Côte d’Ivoire et n’a que peu à voir avec la politique d’appui tardif aux mouvements populaires de Tunisie et d’Égypte [6].

Brutalement, au nom d’une menace visant les opposants au régime jamahiriyen dont Rony Brauman a montré le caractère improbable, la Libye s’est vue retirée sa qualité de sujet de droit international à part entière, de « membre régulier » de la communauté internationale. Il a suffi d’une manifestation le 15 février 2011 dans une ville du pays suivie d’une émeute le 17 dans cette même ville de Benghazi pour qu’un État membre de longue date des Nations Unies, ayant occupé la présidence de l’Union Africaine et conclu de nombreux accords avec différents États, en particulier la France et l’Italie, soit mis au ban de la société internationale. Le Conseil de Sécurité s’est satisfait de sources très partielles sur les événements de Benghazi : celles de l’une des parties en cause (les insurgés) et d’un média, Al-Jazeera [7], sans procéder à une investigation contradictoire et sans rechercher une « solution par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation (…) ou par d’autres moyens pacifiques » (article 33 de la Charte).

C’est dans une extrême précipitation [8] que le Conseil de Sécurité a adopté la Résolution 1970 du 26 février, soit quelques jours seulement après le début des événements de Benghazi, alors que de nombreux conflits dans ne monde ne suscitent que des réactions très tardives [9].

Les observations de l’Inde regrettant le fait « qu’il n’existait pratiquement aucune information crédible sur la situation sur place » n’ont pas été prises en compte. L’Etat libyen a été immédiatement considéré comme coupable et M. Kadhafi devait relever sans examen contradictoire des faits de la Cour Pénale Internationale !

Se répétait, à l’instigation de la France, des Etats-Unis et de la Grande Bretagne, malgré l’abstention de la Chine, de la Russie, de l’Inde, du Brésil et de l’Allemagne, la pratique suivie à propos de l’Irak, contre laquelle « toutes les preuves étaient réunies », comme celles prétendument fournies par Colin Powell en 2003, pour que Tripoli soit détruite, comme l’avait été Bagdad.

La Résolution 1973 du 17 mars complète la 1970 du 26 février.

Leur fondement est le « devoir de protéger les populations civiles », sans que le Conseil de Sécurité ne néglige de rappeler « son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance » de la Libye.

Son but est de « faire cesser les hostilités » et « toutes les violences ».

Les méthodes recommandées pour y parvenir sont de « faciliter le dialogue » tout en instaurant un contrôle de l’espace aérien pour éviter l’intervention de l’aviation libyenne.

C’est l’OTAN, puis essentiellement, sous son égide, la France et la Grande Bretagne, qui se chargent de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de Sécurité.

Tous les éléments d’un arbitraire étranger à la légalité internationale étaient réunis.

En premier lieu, le flou extrême des résolutions. Le « devoir de protéger préventivement des populations civiles » s’apparente à la notion de « légitime défense préventive » qui n’est que le contournement de l’interdiction de l’agression. De plus, la notion de « civils » est imprécise. Quid du statut des « civils » armés ?

La violence du verbe de M. Kadhafi n’est pas assimilable à une répression illégale. La notion de « légitimité démocratique » explicitement utilisée par le Conseil de Sécurité pour condamner le régime Gbagbo en Côte d’Ivoire est la référence implicite permettant de juger le régime libyen comme étant non démocratique et source d’une menace pour la paix internationale. Le Conseil de Sécurité et les puissances occidentales se font ainsi les juges de la « validité » des régimes politiques dans le monde.

On peut souligner tout d’abord que ces résolutions 1970 et 1973 sont d’une nature contradictoire. Elles font référence à la souveraineté et à la non ingérence tant en « autorisant » les Etats membres des Nations Unies à prendre « toutes mesures nécessaires » pour la protection des civils, « tout en excluant le déploiement d’une force d’occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quelle partie du territoire libyen », étant entendu que les seuls vols autorisés au-dessus du territoire sont « d’ordre humanitaire » !

En second lieu, ces résolutions disant tout et leur contraire (les Nations Unies n’ont jamais mis en place le Comité d’état major et la police internationale prévus par la Charte), créent les conditions d’une intervention de l’OTAN dont les déclarations officielles et les objectifs évoluent très vite de la dimension « protectrice » à la dimension destructrice du régime de Tripoli.

De facto, le Conseil de Sécurité, d’un outil de conciliation et de maintien de la paix, devient un instrument de guerre. La Déclaration commune Sarkozy, Obama, Cameron du 15 avril 2011 est significative : « il ne s’agit pas d’évincer Kadhafi par la force », mais « tant que Kadhafi sera au pouvoir, l’OTAN ... doit maintenir ses opérations » !

Le recours à la force armée aérienne et aux bombardements intensifs (poursuivis pendant plus de huit mois) sur les villes et les voies de communication n’ont qu’une seule finalité : assister le CNT de Benghazi et liquider le régime de Kadhafi, avec la promesse d’une contrepartie pétrolière à l’issue du conflit [10].

L’intervention terrestre, formellement interdite par le Conseil de Sécurité, s’est produite avant même le début des frappes aériennes. Le Rapport du CIRET-AVT et du Ct 2R précité atteste de la présence de membres de certains services spéciaux occidentaux (notamment la DGSE), puis par l’action militaire de certains groupes de « bi-nationaux » venus de différents pays occidentaux, dans l’Ouest du pays, profitant notamment d’une frontière tuniso-libyenne ouverte. Les livraisons d’armes (notamment françaises, via la Tunisie) sont devenues progressivement massives. Il s’avère aussi que des troupes venant du Qatar sont intervenues.

De manière significative, le gouvernement français n’a pratiquement jamais fait référence au droit international. La légalité selon lui s’est réduite à une mesure procédurale : la caution du Conseil de Sécurité, dont on sait que les résolutions échappent à tout contrôle de légalité !

Le paradoxe est que l’invocation permanente des droits de l’homme, de la démocratie et de l’humanitaire en général ne fonctionne pour les États occidentaux que de manière sélective. Si cette pratique n’est pas neuve, elle est devenue flagrante.

Concernant le monde arabe, tout particulièrement, les postures des États-Unis, de la France, de la Grande Bretagne relèvent de la caricature qu’il s’agisse de leurs politiques unilatérales ou de leurs comportements au sein du Conseil de Sécurité et plus généralement des Nations Unies.

C’est ainsi que la question kurde, celle du statut de la minorité chiite dans les pays du Golfe, celle des régimes de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn [11] et des Émirats dont le Qatar, allié militant de l’OTAN contre la Libye, ne suscitent aucune réaction : à leur propos, les droits de l’homme et la démocratie ne font l’objet d’aucune interrogation occidentale [12] !

Le plus flagrant est le cas de la Palestine. Deux ou trois États au Conseil de Sécurité paralysent le soutien de la majorité absolue des États membres de l’Assemblée Générale des Nations Unies à l’admission de la Palestine comme membre ordinaire de l’ONU. Au nom d’une certaine « conception » de l’humanitaire, les États-Unis et la France (à sa façon) [13]s’opposent à la pleine reconnaissance de l’État palestinien, car elle « pourrait conduire à une relance de la violence, obstacle majeur à la négociation avec Israël » !

Après un demi-siècle d’hostilité et d’indifférence, les États occidentaux considèrent que le Peuple palestinien doit encore attendre. Leur soutien spectaculaire aux « révolutions arabes » n’a donc rien à voir avec une position de principe. « On ne peut pas à la fois saluer l’avènement de la démocratie dans le monde arabe, et s’en désintéresser quand cela concerne la question nationale palestinienne », écrit à juste titre B. Stora [14].

La « sensibilité » au monde arabe et à l’Islam est donc à géométrie variable pour les autorités occidentales. Ce sont les intérêts en jeu qui conditionnent tout. Le droit humanitaire et les droits de l’homme n’ont rien à y voir.

La guerre de Libye a lourdement malmené le droit humanitaire. La « protection des populations civiles » est demeurée une notion abstraite au détriment des Libyens transformés en victimes des bombardements, du racisme et de la xénophobie, en miliciens armés par l’étranger ou par l’État, en personnes déplacées fuyant les lieux de combat. Un phénomène de fuite hors du territoire libyen de centaines de milliers de travailleurs étrangers, dans les pires conditions de précarité, s’est ajouté dans une quasi indifférence des États occidentaux et dans l’impuissance des États voisins.

Les opérations de l’OTAN dont la force de frappe a été constituée par l’armée française, son aviation et ses services spéciaux, n’ont en rien respecté le droit humanitaire, quelles que soient les réactions de vertu outragée d’un Juppé lorsqu’on « ose » lui signaler les victimes civiles libyennes des bombardements de l’OTAN [15] !


Le rapport Libye : un avenir incertain. Compte rendu de mission d’évaluation auprès des belligérants libyens (Paris, mai 2011) établi par une délégation d’experts (dont Y. Bonnet, ex-directeur de la DST), sur lequel les médias ont fait un silence quasi absolu [16], a constaté que la révolution libyenne n’est pas une révolte pacifique, que les « civils », dès le 17 février, étaient armés et qu’ils ont attaqué les bâtiments civils et militaires de Benghazi : il n’y a pas eu en Libye de grandes manifestations populaires pacifiques réprimées par la force !

C’est de manière préventive que l’intervention extérieure a eu lieu, soit moins de 10 jours après les premiers incidents et c’est dès le 2 mars, soit 2 mois après le début de la crise dans l’est libyen, que la CPI a entamé une procédure contre Kadhafi et son fils Saïf Al-Islam : les bombardements qui n’ont pas cessé depuis 8 mois et qui ont fait plusieurs milliers de victimes civiles (il y en avait déjà 1.000 à la fin mai) ont très vite perdu leur caractère militaire, pour devenir essentiellement politique : abattre le régime de la Jamahiriya et si possible procéder à l’élimination physique de Kadhafi et de ses proches par des tirs ciblés, ce qui a été réalisé à Syrte le 20 octobre à la suite d’une opération de l’aviation française [17].

C’est ainsi que de nombreux bâtiments publics, sans le moindre intérêt stratégique (notamment à Tripoli et les villes pétrolières Ras Lanouf, Brega, Ajdabiya) ont été bombardés [18]. Ont été aussi bombardés des réseaux de communication, des éléments de l’infrastructure industrielle, des monuments historiques, etc.

L’ensemble de ces actes constitue des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité, relevant de la compétence de la justice pénale internationale.

Quant aux opérations « ciblées » (que l’armée israélienne pratique souvent à l’encontre de cadres palestiniens) visant à assassiner des proches de M. Kadhafi (plusieurs de ses enfants ont été tués) et M. Kadhafi lui-même (par exemple, le bombardement du domicile privé de l’un des fils de Kadhafi, provoquant le mort de deux de ses petits enfants), elles ne peuvent s’inscrire dans une opération de paix et de « protection » sous le drapeau de l’ONU ! Si M. Kadhafi avait pu être déféré devant la CPI [19], les responsables des bombardements et des tentatives de meurtres par l’armée française visant des dirigeants d’un État membre des Nations Unies, quelles que soient les infractions qu’ils aient pu commettre, sont passibles eux aussi des sanctions prévues par le droit pénal international ! C’est particulièrement flagrant avec l’assassinat de M. Kadhafi lui-même, avec la collaboration active de l’OTAN et de l’aviation française.

La Résolution 1674 du Conseil de Sécurité du 28 avril 2006 rappelle que «  le fait de prendre délibérément pour cible des civils (…) en période de conflit armé constitue une violation flagrante du droit international humanitaire ». Les tirs ciblés sont d’une nature particulièrement criminelle : l’ONU n’a pas pour fonction de faire exécuter des peines de mort !

On peut aussi noter, parmi les illégalités flagrantes, les procédures suivies en matière de gel des avoirs libyens publics et privés. En effet, les mesures prises durant la guerre de Libye ne tiennent pas compte des résolutions 1452 (2002) et 1735 (2006) du Conseil de Sécurité. Les transferts réalisés par la France et ses alliés européens au bénéfice du CNT n’ont pas non plus respecté la réglementation européenne.

En fait, l’approche juridique occidentale sur la Libye rejoint les positions de G. Scelle dans son manuel de 1943 sur la «  Russie bolchévique ». Selon cet auteur classique, ce régime « aurait dû être considéré comme internationalement illégal » [20]. La « Russie bolchévique » n’aurait pas dû être admise comme sujet de droit. Elle ne l’a d’ailleurs été que partiellement jusqu’en 1945.

Plus d’un demi-siècle plus tard, les atteintes à la légalité par les États occidentaux en Libye n’en sont pas, car il s’agit de détruire un régime détestable, « illégal » par nature !

Ainsi, ce ne sont pas seulement certains peuples, comme le Peuple palestinien, qui se voient refuser la qualité de sujet à part entière du droit international, certains États pourtant membres des Nations Unies n’ont pas non plus « droit au droit ».

Le principe qui semble découler de cette pratique occidentale, c’est que ce ne sont plus les États qui ont droit au droit international, ce sont les régimes bénéficiant de l’aval des puissances occidentales.


2. Continuité et imperturbabilité des juristes


En tant que juriste, la première observation qui s’impose est le silence assourdissant des internationalistes, de la même nature que celui qui a pour le moins hypothéqué la scientificité de leurs jugements pour l’Irak, le Kosovo [21], l’Afghanistan ou la Côte d’Ivoire, par exemples. La doctrine dominante chez les internationalistes demeure « impassible » : les manuels les plus récents ne témoignent d’aucune inquiétude, bien qu’ils évitent d’illustrer leurs propos académiques d’exemples non exemplaires !

Pour nombre d’entre eux, les doctes professeurs de droit international, se sont fait ultra-cicéroniens : « Summum jus, summa injuria » ! Pour Cicéron, en effet, un « excès » de droit amène les pires injustices. Alignés derrière le personnel politique majoritaire en Occident, les juristes considèrent que le droit international lorsqu’il limite par trop le « messianisme », y compris guerrier, des États-Unis, de la France, de la Grande Bretagne, devient destructeur des valeurs civilisatrices dont il est porteur. L’idéologie, qu’ils récusent formellement pour eux-mêmes, est omniprésente dans leurs analyses : la « légitimité » prend le pas sur la « légalité », ce qui, pour les juristes, peut paraître surprenant !

En réalité, ils admettent implicitement que les États occidentaux s’auto-régulent dans l’intérêt du Bien Commun. Il ne s’agit pas d’un mépris de la légalité chez ceux qui se réclament hautement de « l’État de droit » : pour ces juristes, les puissances occidentales se situent « au-dessus » d’un « juridisme inadapté » au nom de la « mission » supérieure qu’ils se doivent d’accomplir sans entraves. Étant donné l’inconvenance qu’il y a à mettre en cause la politique étrangère des États-Unis et leur conception anti-multilatéraliste, on ne saurait faire non plus le procès des autorités françaises lorsqu’elles justifient (depuis le « Bettato-Kouchnérisme » qui a fait florès) leurs ingérences au détriment de la souveraineté des petits et moyens États au nom des droits de l’homme.

Le Président Sarkozy a poussé très loin le « Bettatisme », en 2010-2011, lorsqu’il a étendu le champ de l’ingérence au contentieux électoral (c’était une première !) : la France s’est même faite, aux côtés des États-Unis et de l’ONU, juge constitutionnel en lieu et place de l’instance ivoirienne compétente pour user en définitive de la force armée afin de changer le régime d’Abidjan, y compris au prix d’une tentative d’assassinat du Président L. Gbagbo [22].

La crise libyenne est allée encore au-delà : elle a permis de consacrer la notion de « révolution démocratique » parmi les causes légitimant la mise à l’écart de la légalité internationale. Les juristes rétablissent ainsi la vieille conception qui distinguait jusqu’au milieu du XX° siècle (voir les démonstrations du professeur Le Fur, par exemple, dans les années 1930-1940) les sujets relevant du droit international et ceux inéligibles à ce même droit, créant ainsi les conditions d’une nouvelle hégémonie impériale occidentale. Néanmoins, la distance pouvant séparer la pensée juridique dominante et les positions politico-médiatiques officielles tendant à disparaître, le droit international des manuels et des revues académiques demeure un long fleuve tranquille, à l’image des pages de Wikipédia qui lui sont consacrées [23]. Les éminents auteurs se consacrent aux problèmes techniques de l’Union Européenne, « planète » plus politiquement sérieuse, tandis que d’autres, tout aussi éminents, notent « la résistance des souverainetés devant les progrès du droit international » (!), progrès jugés « incontestables et importants » lors de ces dernières décennies !!

La nouvelle multipolarité, en gestation, n’est guère appréciée : la Chine (souvent qualifiée d’ « arrogante ») comme la Russie se voient reprocher l’exercice du droit de veto au Conseil de Sécurité, car le « risque est celui du désordre, de l’incapacité, de l’insuffisance d’organisation ». La brève configuration unipolaire qui a succédé à la fin de l’URSS était beaucoup plus appréciée : devait enfin se réaliser grâce à l’unipolarité occidentaliste – que l’on ne savait pas très temporaire - le règne effectif du droit international, la puissance assurant la « bonne gouvernance », par dédoublement fonctionnel, étant évidemment les États-Unis et accessoirement leurs alliés, dotés d’une « vision » universaliste [24].

En tout état de cause, le juriste occidental représentatif est celui qui n’apprécie pas le principe de souveraineté qui reste pourtant au cœur de la Charte des Nations Unies, d’autant plus que la puissance dont il relève est souveraine de facto.

Le terme de « violation » de la légalité ne vient qu’exceptionnellement sous sa plume, encore moins celui de régression. Il n’y a qu’ « interprétations », « ajustements » ayant pour fin de satisfaire toujours mieux les intérêts de l’Humanité toute entière [25].

Le juriste académique préfère s’attarder sur les « nouveaux acteurs » de la « communauté » internationale, tels les ONG et l’ « individu » [26], en voie de donner naissance à la « société civile » internationale...

L’intervention militaire en Libye ne s’est-elle pas fondée (résolution 1970 et 1973 du Conseil de Sécurité) sur la protection de cet individu « civil » menacé par un pouvoir détestable, tout comme les États européens agissaient déjà au XIX° siècle contre l’Empire Ottoman par des « interventions d’humanité », les thèses du Saint-Siège précédant celles des Bush, Kouchner et autres Sarkozy !

Le juriste britannique H. Wheaton justifiait dans le même esprit l’intervention anglaise au Portugal en 1825, jugée conforme « aux principes de la foi politique et de l’honneur national ». De même, ajoutait-il, est fondée « l’intervention des puissances chrétiennes de l’Europe en faveur des Grecs ». Un siècle plus tard, en 1920, le Doyen Moye de l’université de Montpellier, affirmait sans réserve qu’ « on ne saurait nier les bienfaits indiscutables que l’immixtion a plusieurs fois amenés (…) Il est très beau de proclamer le respect de la souveraineté même barbare et de déclarer qu’un peuple a le droit d’être aussi sauvage que bon lui semble. Il n’est pas moins vrai que le christianisme et l’ordre sont des sources de progrès pour l’humanité et que bien des nations ont bénéficié à voir leurs chefs, inaptes ou tyranniques, obligés de changer leurs méthodes sous la pression des puissances européennes. La persuasion ne réussit pas toujours à elle seule et il faut parfois faire le bien des gens malgré eux.... » [27].

Qui ne reconnaît, à peu de choses près, l’analyse faite un siècle plus tard par les instances américaines, françaises, britanniques et onusiennes contre Kadhafi et autres Gbagbo ?

Seuls ceux qui, aujourd’hui encore, condamnent les expéditions coloniales au nom d’une culpabilité « infondée », alors qu’il s’agissait selon la doctrine de combattre la « barbarie des peuples sauvages, occupant sans titre des territoires sans maître », ne perçoivent pas la signification civilisationnelle et humaniste des interventions occidentales et l’éventuelle nécessité de mettre en place des néo-protectorats, y compris sur les petits Etats occidentaux « mal gouvernés » !

Le Fur, éminent titulaire de la chaire de droit international de la Faculté de Droit de Paris, auteur du précis Dalloz 1931 et de divers manuels entre 1930 et 1945, accompagné d’autres professeurs comme Bonfils, Fauchille, etc. insistait sur le thème de la Civilisation combattant la Barbarie : « il y a incompatibilité d’humeur entre nous et l’arabe » car « le mot d’ordre de l’arabe est : immobilité ; la nôtre est en avant ! » (sic) [28]. Le Fur ajoute, à propos de la colonisation, que « la France n’a pas travaillé seulement dans son intérêt, mais pour le bien commun de l’humanité ».

Pour les juristes de cour contemporains, les États occidentaux, soucieux par nature du Bien et de l’intérêt général, entendent aujourd’hui comme hier protéger par tous les moyens l’individu et les populations civiles contre les menées de leur propre État. Or, le libyen kadhafiste est pire que l’arabe d’hier : à son encontre, la guerre est « juste ». Rien ne change depuis un auteur du XIX° siècle comme H. Wheaton, qui affirmait, comme on le fait aujourd’hui que « lorsqu’il y a atteinte portée aux bases sur lesquelles reposent l’ordre et le droit de l’humanité » le recours à la force est fondé. D’ailleurs, l’Institut de droit international au début du siècle ne partage pas « l’utopie de ceux qui veulent la paix à tout prix ». G. Scelle, dans son manuel édité en 1943 à Paris, y met du sien lorsqu’il affirme que lorsqu’un État possède « un titre authentique et probatoire » à faire valoir, « la prohibition du recours aux armes semble difficile à admettre ».

Aujourd’hui, peu importe l’élément nouveau que constituent les principes de la Charte des Nations Unies ! La France n’a-t-elle pas souligné pour justifier son rôle déterminant dans l’opération anti-Tripoli qu’elle possédait tous les titres pour intervenir, c’est-à-dire ceux fournis par les Nations Unies, fondés sur les droits de l’homme et ceux de l’OTAN pour sauver les Libyens d’eux-mêmes !

D’ailleurs, de manière consensuelle, dans la doctrine juridique classique (Gidel, La Pradelle, Le Fur, Sibert, Verdross, etc.), le respect de la propriété est considéré comme le principe fondamental des relations internationales pour le monde civilisé. Pour M. Sibert, c’est même « une vérité hors de discussion ». Or, chacun sait en 2011 l’emprise du régime kadhafiste sur le pétrole libyen qui n’était jusque-là, pour le reste du monde, qu’une ressource aléatoire : aujourd’hui, comme hier, la liberté des échanges « interdit » le manque à gagner que représente l’accaparement tripolitain.

C’est par exception que des professeurs comme Carlo Santulli ou P.M. Martin, par exemples, prennent une position forte contre la violation de la légalité dans l’affaire libyenne ou la question n’est pas de « défendre le régime » dans l’opinion publique, « mais simplement de ne pas transformer l’analyse critique en une propagande monstrueuse ». En Libye, comme en Côte d’Ivoire, le monde occidental et l’Etat français en premier lieu ont fait chorus pour déshumaniser « l’ennemi » (qu’il s’agisse de L. Gbagbo ou de M. Kadhafi), en dépit des contrats conclus sous leur patronage avec les milieux d’affaires : « le sang des Libyens (comme celui des Africains ne vaut rien pour nous », constate le professeur C. Santulli.

Le juriste et le politicien de droite ou d’une certaine « gauche » se retrouvent sur les mêmes positions. La « morale » doit l’emporter sur le « juridisme étroit », comme a pu le déclarer dans la presse ivoirienne l’Ambassadeur des États-Unis à l’encontre du Président Gbagbo [29]. Pour le juriste, le positivisme doit lui-même céder la place au descriptivisme et au réalisme. Le débat n’est plus de mise. Comme l’affirme R. de Lacharrière « Il faut s’habituer à l’idée que les controverses doctrinales appartiennent au passé » !

Or, la description non critique et complaisante des politiques étrangères par les juristes s’identifie à leur légitimation sans réserve. La doctrine dite « savante », très occidentalo-centriste, est très proche des grands médias. Le « droitdel’hommisme » et le « sécuritarisme » dont les puissances occidentales se font les championnes et qui défont l’ensemble du droit international édifié depuis 1945 [30] conduisent en fait les juristes à se rallier au dédoublement fonctionnel autoproclamé de l’OTAN et de ses membres porteurs de valeurs euraméricaines et « civilisatrices » ! On n’est pas très au clair sur le « droit » ou le « devoir » d’ingérence, mais le principe onusien de la non-ingérence est balayé. Il y a bien quelques flottements sur le principe de la souveraineté (rappelé par précaution dans toutes les résolutions du Conseil de Sécurité, y compris celles qui le violent), mais la « légitimité démocratique », dont la définition est incertaine, doit l’emporter. Pas question de s’interroger sur la mise en œuvre de néo-protectorats, puisqu’il n’y a officiellement qu’une assistance à la « transition démocratique ».

Avec les mouvements populaires de 2011, dans le monde arabe, les internationalistes vont jusqu’à faire leur la « révolution » (honnie et jugée archaïque par ailleurs) [31] elle-même en tant que productrice de démocratie.

Si l’on peut admettre que la tâche des juristes n’est pas de désigner le souhaitable, peut-être est-elle tout de même de mettre en procès les processus de régression et de se manifester en tant que « veilleurs critiques ».


3. L’expédition franco-britannique : l’affirmation d’une politique impériale en état d’urgence


L’expédition franco-britannique et autres en Libye s’inscrit dans la tradition impériale des grandes puissances occidentales. Le sarkozisme s’efforce de créer l’illusion d’un retour à la « grandeur » de la France et de l’Europe. Mais, comme à l’époque coloniales, le pétrole, d’une qualité exceptionnelle et d’extraction facile ainsi que le gaz libyens, représentent l’enjeu essentiel du changement de régime à Tripoli. Les accords franco-libyens, italo-libyens et américano-libyens des dernières années étaient considérés comme peu fiables. Paris et Londres de plus estimaient nécessaire un nouveau partage, n’ayant pas obtenu les meilleures concessions. De plus, de nombreux projets libyens en gestation projetaient de porter la participation de l’État dans le secteur pétrolier de 30 à 51% ; il était aussi envisagé de remplacer les firmes occidentales par des sociétés chinoises, russes et indiennes. Après une phase de compromis, Tripoli se préparait à mettre en œuvre une nouvelle politique [32].

L’intervention française n’est pas étrangère non plus à certains problèmes franco-français. Les élections présidentielles approchant et, à l’image de Bush aux États-Unis, le président sortant, en difficulté dans l’opinion française, a estimé qu’une rapide et brillante politique extérieure en Libye (ce qui semble être attesté par les exigences d’un calendrier très bref exprimées à plusieurs reprises) compenserait les échecs de politique intérieure. La crise provoquée par les liens étroits longtemps maintenus avec le régime de Ben Ali et celui de Moubarak devait aussi être effacée.

La révélation lancée depuis Tripoli que la campagne électorale de 2007 de N. Sarkozy avait été financée par des « mallettes » libyennes a sans doute accéléré le processus de l’engagement militaire de la France.

De plus, depuis longtemps, les États-Unis ont souhaité que les États européens prennent le relais des dépenses militaires occidentales, en particulier pour « protéger » l’Afrique des alternatives offertes par la Chine et les puissances émergentes à chaque État africain. Le rôle primordial joué par la France en Libye entre donc parfaitement dans les vues des États-Unis. D’autre part, les États-Unis ont l’ambition d’installer en Libye, dans le Golfe de Syrte, le commandement unifié (« Africom ») actuellement basé à Stuttgart et que tous les pays africains ont jusqu’à ce jour refusé. La mise sous tutelle de la Libye permettra l’installation de ce commandement, 42 ans après l’expulsion des bases américaines de Libye par la révolution kadhafiste.

L’un des objectifs de l’opération de liquidation du régime de Tripoli, passé sous silence, est aussi la volonté de sécuriser Israël. Israël a besoin d’États arabes acceptant de refuser leur solidarité avec les Palestiniens, comme l’a fait avec efficacité l’Égypte de Moubarak. Les mouvements populaires en Tunisie et en Égypte démontrent une instabilité dangereuse. Cette incertitude doit être compensée par la disparition d’un régime libyen radicalement anti-sioniste.

La France est aussi particulièrement préoccupée des tentatives kadhafistes d’union des Africains. Les flottements de l’Union Africaine lors de la crise ivoirienne ont montré que l’organisation africaine est traversée de contradictions et que l’influence française s’est réduite. L’influence de Kadhafi et les moyens financiers dont il disposait rivalisaient fortement avec ceux de la France. L’élimination du leader libyen (de nombreuses opérations françaises ont été montées depuis 1975 contre lui [33]) est donc considérée comme le moyen de protéger les intérêts français en Afrique en cassant la Libye en train de devenir le financier alternatif du continent [34].

Cette guerre en Libye survenant après l’intervention en Côte d’Ivoire, et après les multiples opérations menées au Moyen Orient, a une signification générale.

Les pays occidentaux sont en état d’urgence. Incapables de résoudre les contradictions majeures internes de nature économique et financière, ils sont conduits à développer une politique étrangère agressive en dépit de son coût élevé, à la fois pour récupérer, si possible, les ressources qui viennent à leur manquer et pour faire diversion devant leur opinion publique.

L’urgence résulte aussi de l’arrivée des puissances émergentes qui bousculent les intérêts occidentaux, sans imposer de clauses de conditionnalité politique dans les contrats et accords qu’elles concluent. L’Occident semble considérer que « demain, il sera trop tard ».

Cette politique d’urgence obéit à un « modèle » standard dont les étapes sont de plus en plus brèves.

L’intervention militaire n’est que la dernière étape de l’ingérence : la première est une opération de discrédit systématique du régime à éliminer.

La seconde étape est la sensibilisation et la mobilisation de la diaspora, en particulier par le relai des « nouveaux médias » [35] : les bi-nationaux de Libye mais vivant en Europe ou aux États-Unis ont, semble-t-il, joué un rôle déterminant contre Tripoli, aidant à une mobilisation de certaines factions de la population, notamment une jeunesse sans mémoire politique [36] en rupture avec un pouvoir politique jugé « usé » [37].

La troisième étape est la recherche d’appuis internationaux. La France, en pointe dans l’affaire libyenne, s’est efforcée de constituer une coalition non seulement avec des alliés occidentaux traditionnels (y compris l’Italie [38], qui avait pourtant établi des liens très étroits avec Tripoli dans la période précédant immédiatement l’intervention armée) mais avec des États du Sud pour bénéficier de leur « caution ». La participation du Qatar, des Émirats Arabes, l’appui de l’Arabie Saoudite (principal fournisseur de pétrole de la Chine !) a été essentielle pour légitimer l’intervention militaire et lui retirer (formellement) son aspect néo colonial.

La quatrième étape est l’obtention de la couverture onusienne. Les États-Unis savent se passer aisément de la caution du Conseil de Sécurité ; les Européens, la France en particulier, s’efforcent au contraire de rester dans le cadre des procédures des Nations Unies, tout en violant sans scrupule l’esprit et souvent les dispositions fondamentales des résolutions du Conseil de Sécurité et de la Charte elle-même.

Enfin, et c’est la cinquième étape, l’opération militaire se développe jusqu’à son terme, avec le consentement d’une opinion préfabriquée. Cette dernière étape démontre que le Conseil de Sécurité n’est plus qu’un instrument d’ingérence et de guerre (sauf s’il est bloqué par l’exercice aléatoire du droit de veto de la Chine et de la Russie, dont les priorités ne sont pas encore politiques mais essentiellement économiques). Elle atteste d’un déclin global des Nations Unies, comme structure de conciliation et de maintien de la paix, pouvant préluder à une mort comme l’a connue la SdN. Le Chapitre VII de la Charte permet à l’occasion de tout conflit interne d’un pays que les puissances veulent sanctionner de liquider son régime. Les droits de l’homme et la « légitimité démocratique » ne sont qu’un argument légitimant la violence armée. Les « populations civiles », dont nul ne vérifie par une procédure contradictoire, ce qu’elles sont réellement, en particulier si elles sont armées ou pas (et par qui), deviennent un véritable sujet de droit, source de l’ingérence [39].

Enfin, la pseudo-morale qui est produite pour justifier cette politique relève du primitivisme le plus basique et de la plus grande vulgarité idéologique (distinction du Bien et du Mal, de la Démocratie et de la Dictature, etc.). Logiquement, elle intègre la violence « juste » contre « l’ennemi » et va jusqu’à admettre le meurtre, moyen parmi d’autres, d’éliminer un dirigeant que l’on conteste [40].

Durant la guerre de Libye, les bombardements français, en usant de la formule « destruction des centres de commandement », ont visé à de nombreuses reprises les proches de M. Kadhafi (tuant plusieurs de ses enfants et petits enfants) et Kadhafi lui-même. Ces assassinats politiques témoignent de la volonté française de n’admettre aucune négociation ni aucune conciliation, sans susciter de réaction des Nations Unies.

Quelles que soient les spécificités de l’affaire libyenne, il ne s’agit pas d’un cas sui generis.

La signification est générale : la crise globale qui affecte l’économie mondiale sous hégémonie occidentale provoque une fuite en avant et peut donner lieu à d’autres opérations de même nature contre divers « ennemis » déjà désignés, si les tentatives de déstabilisation interne mais « assistées » de l’extérieur échouent.

Les contradictions du système imposent dans l’urgence une logique qui n’est pas celle de la coexistence de régimes différents et du respect de la souveraineté de chacun.

Pour les peuples concernés, c’est à nouveau la disparition de la souveraineté nationale et de l’indépendance au nom d’une « modernité » de type impérial et le maintien d’une souveraineté « populaire » formelle ; c’est l’accumulation d’un retard de développement dû aux destructions et à la désorganisation ; c’est la corruption affairiste qui succèdera aux accaparements claniques.

En dépit de l’inertie idéologique de la plupart des juristes et de nombreux politistes dont le ronronnement théorique ne se dément pas, on peut constater sans tomber dans l’excessif, l’état comateux du droit international, la faillite de l’ONU et la résurgence d’une « morale » internationale douteuse en lieu et place de la régulation juridique, proche de celle du XIX° siècle, temps béni de la canonnière ? Le modèle implicite des diplomaties occidentales ne serait-il pas une nouvelle Conférence de Berlin, 128 ans après la première !

La guerre de Libye n’est-elle pas un symptôme parmi d’autres d’une processus de dé-civilisation ?

 

Cette intervention de Robert Charvin a été prononcée lors de la journée d’études "Les régimes arabes dans la tourmente : la révolution entre communication et réactions internationales" organisée par l’Université de Toulouse 1 Capitole le 4 novembre 2011. Robert Charvin est juriste international, doyen honoraire de la faculté de droit de Nice.


Notes

[1] Y. Quiniou. Retour sur la guerre néo-coloniale à laquelle nous avons assisté . L’Humanité. 24 octobre 2011.

[2] Cf. R. Dumas – J. Vergès. Sarkozy sous BHL. Éditions P.G. De Roux. 2011.

[3] Voir P.M. Martin, qui, dès 2002, publie Défaire le droit international : une politique américaine. UTI Sciences Sociales de Toulouse, n° 3, 2002, p. 83 et s. En 2011, les autorités françaises sont « en pointe » dans cette volonté de « défaire » le droit international.

[4] Cf. R. Charvin. Côte d’Ivoire 2011. La bataille de la seconde indépendance. L’Harmattan. 2011.

[5] Voir le Rapport établi par la Commission de Juristes dont l’auteur a fait partie, ce qui l’a conduit à être soumis par les nouvelles autorités présidées par A. Ouattara à un « gel de ses avoirs » en Côte d’Ivoire !

[6] Les autorités françaises, comme les grands médias, ont assimilé les événements de la Tunisie, de l’Égypte et de la Libye en fabriquant une « morale » à la convenance des intérêts français pour fonder une opération militaire contre le régime de Kadhafi. Le seul point commun entre ces événements est que les trois régimes ont été intensément courtisés par l’État français peu de temps avant qu’ils aient été « condamnés ».

[7] L’évolution d’Al-Jazeera qui s’est imposée en 15 ans dans le monde arabe comme une source originale d’information, s’est soudainement engagée dans une vaste campagne hostile aux régimes libyen et syrien. Cette modification pro-occidentale de la ligne éditoriale de 2011 – qui a entraîné la démission de certains journalistes -, consécutive à l’appel à une intervention armée du Conseil de Coopération du Golfe et du Qatar, n’est pas encore parfaitement claire. La journaliste Marie Bénilde (Le Monde Diplomatique, n° 117, juin-juillet 2011), sans chercher plus loin, considère qu’Al-Jazeera et le web « ont semé la parole démocratique au vent de l’histoire » ! (Cf. Quand la liberté a le parfum du jasmin. op. cit. p. 49 et s.).

[8] C’est la même précipitation que la France a manifesté en reconnaissant le CNT bien avant que celui-ci ait une responsabilité quelconque et un contrôle effectif d’une partie conséquente du territoire libyen.

[9] Le cas limite est celui de la question israélo-palestinienne que le Conseil de Sécurité, malgré les multiples résolutions de l’Assemblée Générale, s’avère incapable de faire progresser depuis plus d’un demi-siècle.

[10] C’est ainsi que dans les villes de Tripoli, Syrte et Shebba aucune opposition ouverte ne s’est manifestée entraînant une forte répression des civils : ces villes ont néanmoins été intensément bombardées.

[11] On a pu noter qu’à Bahreïn, l’armée saoudienne est intervenue pour réprimer la révolution populaire et sauver le régime avec la pleine approbation occidentale.

[12] On peut noter, simplement, l’information – quasi admirative – fournie par les médias français concernant le statut de la femme en Arabie Saoudite avec l’amnistie d’une Saoudienne qui avait enfreint l’interdiction de conduire une automobile et l’annonce qu’en 2015, pour les élections municipales les femmes auraient le droit de vote !

[13] Le double jeu de la France est partout : elle a voté pour l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO pour ensuite refuser son admission à l’ONU dans le cadre du Conseil de Sécurité.

[14] Cf. Quand la liberté a le parfum du jasmin. op. cit. p. 32.

[15] Le professeur Géraud de la Pradelle dénonce le comportement de certains juristes occidentaux qui expliquent aux états majors des armées et parfois aux officiers engagés sur le terrain comment contourner les « obstacles » dressés par le droit humanitaire qui contrarie les pratiques militaires « efficaces ». Cf. « Des faiblesses du droit international humanitaire qui tiennent à sa nature ». In Droit humanitaire. États puissants et mouvements de résistance, sous la dir. D. Lagot. L’Harmattan. 2010, p. 33 et s.

[16] Les médias français (notamment télévisuels) ont été d’une particulière nullité et d’une profonde mauvaise foi, conjuguant mensonges multiples sur les événements liés au conflit et silence sur la personnalité des membres du CNT (Mohamed Jibril, par exemple, ex-ministre de Kadhafi avait antérieurement tissé des liens avec B-H Lévy, en créant des sociétés de négoce dont l’une chargée du commerce des bois de Malaisie et d’Australie avec son ami français). La presse occidentale (à l’exception de l’Humanité pour la France) et les ONG humanitaires (sauf le MRAP) ont été notamment d’une totale « discrétion » sur les massacres racistes et xénophobes subis par les noirs qu’ils soient libyens ou émigrés d’Afrique noire. Par ailleurs, plusieurs centaines de milliers de Libyens (le chiffre semble être proche des 400.000) ont quitté le territoire national pour les pays voisins, en particulier la Tunisie. Divers hôpitaux ont été détruits par les bombardements de l’OTAN, par exemple, récemment, l’hôpital Avicène de Syrte, sans soulever les condamnations pourtant habituelles des organisations humanitaires.

[17] L’exécution de M. Kadhafi était une exigence politique, un procès devant la CPI était jugé par les autorités françaises et américaines comme « dangereux ». Pour le Centre de planification et de conduite des opérations (CFPO) à la direction du Renseignement Militaire et au Service Action de la DGSE, il s’est agi de porter assistance aux unités du CNT à Syrte afin de « traiter le Guide libyen et les membres de sa famille », autrement dit les éliminer.

[18] Par exemple, à Tripoli, la Cour des Comptes, le Centre anti-corruption, le Tribunal Supérieur, des hôpitaux, un marché, le siège de différentes associations (dont l’association d’aide aux handicapés, du mouvement des femmes, etc.).

[19] L’Union Africaine a dès les 29-30 juin 2011 déclaré que les mandats d’arrêt lancés par la CPI contre Kadhafi et ses proches ne devaient pas être appliqués sur le territoire africain. Jean Ping, Secrétaire Général de l’U.A a vivement critiqué Luis Moreno Ocampo, Procureur près la CPI, le qualifiant de « plaisantin » et l’invitant à dire le droit au lieu de suivre la politique occidentale.

[20] Cité par R. Charvin. Le droit international tel qu’il a été enseigné , in Mélanges Chaumont. Pédone. 1984, p. 138.

[21] Le professeur Guilhaudis, par exemple, dans son manuel de Relations internationales contemporaines, Litec. 2002, ose intituler un paragraphe « L’interminable éclatement violent de la Yougoslavie, malgré l’ONU et l’OTAN » ! (p. 730).

[22] Une procédure a d’ailleurs été ouverte en France contre l’armée française pour « tentative de meurtre de L. Gbagbo ». L’arrestation du Président ivoirien s’est en effet produite par la collaboration des forces françaises et ivoiriennes, après un intense bombardement par la force de La Licorne de la résidence de L. Gbagbo.

[23] Cf. R. Charvin. De le prudence doctrinale face aux nouveaux rapports internationaux . In Mélanges Touscoz. France Europe Éditions. 2007.

[24] L’Empire Ottoman, la monarchie absolue de François Ier ou de l’Espagne avaient déjà la même ambition !

[25] Lorsque les États-Unis et le Conseil de Sécurité, au mépris des dispositions de la Charte, décident en 1950, en l’absence de l’un des membres permanents, d’intervenir militairement en Corée, le professeur Sibert, dans la tradition académique, porte un jugement positif sur « l’interprétation libérale » et non « rigide » de la Charte.

[26] Étrangement, les juristes académiques associent dans leurs enseignements ces deux catégories « d’acteurs » précités aux firmes transnationales, comme si leur poids respectif dans la société internationale était équivalent ! Par contre, le silence règne encore sur les sociétés militaires privées qui prétendent favoriser la sécurité collective, en Irak, par exemple.

[27] Doyen Moye. Le droit des gens moderne. Sirey. 1920, p. 219-220.

[28] Cf. Le droit international tel qu’il a été enseigné. Notes critiques de lecture des traités et manuels (1850-1950) , in Mélanges Chaumont. Pédone. 1994.

[29] R. Charvin. Côte d’Ivoire 2011. La bataille de la seconde indépendance. L’Harmattan. 2011.

[30] P.M. Martin. Défaire le droit international : une politique américaine. Droit écrit. UTI Sciences Sociales de Toulouse, n° 3. 2002, p. 83 et s.

[31] Il faut constater aussi que la « révolution » a été admise comme un concept parfaitement valide pour certaines ex-républiques soviétiques (Ukraine, Géorgie, etc.).

[32] On peut comparer cette réorientation à celle du Président Gbagbo qui, à la veille de son renversement par les Occidentaux s’apprêtait à quitter le franc-CFA et à conclure des contrats économiques d’importance avec la Chine.

[33] Dans le catalogue des tentatives d’élimination de M. Kadhafi, on peut

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 14:10

Pour consulter le blog: linter.over-blog.com

 

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PARIS

 

écouter - voir

Ci dessous un appel à rassemblement de la GUPS pour commémorer le massacre de Gaza en 2009.

 

Le 27 décembre 2008 commençait l’opération « Plomb durci », un bombardement meurtrier pour réprimer et punir la population palestinienne de Gaza. Du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, l’armée sioniste a bombardé sans relâche et massacré 1400 personnes, blessé plus de 5000 personnes, dont femmes, vieillards et enfants. 

La « guerre » contre gaza, terme relayé les médias français, s’est caractérisée par le largage massif de bombes aux phosphores, à fragmentations sur des écoles, institutions de l’ONU, hôpitaux, lieux de culte, usines et des centaines d’habitations.

 


Depuis 5 ans, le blocus est total et permanent, empêchant le déplacement libre de la population, des produits de première nécessité. L’occupant garde cette prison à ciel ouvert à tous les prix ; dont celui du sang versé par les solidaires du peuple palestinien lors des assauts des flottilles de la liberté… Depuis 63 ans, la politique du fait accompli permet à l’Etat colon de contrôler les frontières palestiniennes, de parquer la population palestinienne, d’expulser, d’annexer, de coloniser, de détruire, de tuer et d’effacer toute trace de notre peuple et de son histoire. Derrière les nuages de cendres, après les bombardements, devant les ruines de nos maisons, derrière le mur de l’apartheid dressé contre notre peuple, dans les camps de réfugiés, dans l’exil… nous ne nous tairons pas. Israël hors-la-loi et impuni depuis sa création.

La GUPS (Union Générale des Etudiants Palestiniens) et des jeunes solidaires se rassembleront Mardi 27 décembre à 17 h 30 sur le Parvis des Droits de l’Homme, métro Trocadéro,

pour commémorer l’attaque meurtrière qu’ont subie nos frères et sœurs, il y a 3 ans. Soyons nombreux en soutien au peuple palestinien pour condamner le blocus de Gaza, la colonisation/occupation, l’emprisonnement systématique des résistants palestiniens et dénoncer l’impunité totale de l’occupant sioniste. Rendons hommage dignement aux 1400 victimes de l’hiver 2008/2009 et à tous ceux qui les ont rejoints depuis.

 

7ata-l-3awda wa-t-ta7rir – (Jusqu’au retour et à la libération !)

 


LILLE

 

Gaza on n’oublie pas ! 27 décembre, rassemblement à Lille.

 

 


BRUXELLES


 

Actions de commémoration : Gaza on n'oublie pas !

  Source : http://www.zintv.org/Actions-de-commemoration...

 

mardi 27 décembre 2011 / 18h statue mégaphone de l'Av de Stalingrad > 20h30 Place du Jeu de balle

 

Trois ans après l'agression militaire israélienne
Actions de commémoration et de soutien GAZA, ON N'OUBLIE PAS !


Il y a trois ans, Israël a déclenché son assaut meurtrier contre la bande de Gaza alors même qu'il l'occupait et lui imposait son blocus. Plus de 1.400 Palestiniens, la plupart des civils, ont été tués.


De nombreuses organisations des droits de l'homme aussi bien qu'une mission spéciale des Nations Unies, dirigée par le juge sud-africain Richard Goldstone, ont accusé Israël d'avoir commis des crimes de guerre. Ces attaques ont provoqué des manifestations tout autour du monde en solidarité avec les Palestiniens gazaouis.


Trois ans après cette agression militaire dévastatrice, la perpétuation de ce blocus illégal constitue une punition collective de la population et sape la crédibilité du droit international humanitaire.


Dans le cadre d'une action citoyenne et pacifique, nous organisons une marche symbolique et une veillée de commémoration à Bruxelles, pour :


· La fin du blocus de Gaza
· La démolition du Mur de l'apartheid
· La fin de l'occupation israélienne illégale de toute la Palestine !
· Le droit de retourner en Palestine pour tous les Palestiniens !
· Le soutien à la résistance du peuple palestinien
· La libération de tous les prisonniers palestiniens
· Le soutien à la campagne « Boycott Désinvestissement et Sanctions »

Mardi 27 décembre 2011

Le départ de la Marche se fera au croisement de l'avenue de Stalingrad et du boulevard du Midi (statue mégaphone) à 18 heures. Elle s'achèvera avec des prises de parole et une petite animation sur la Place du Jeu de balle vers 20h30.

 

palestiniene-jo-lle-aubron.jpgpalestiniene-jo-lle-aubron.jpgpalestiniene-jo-lle-aubron.jpgpalestiniene-jo-lle-aubron.jpgpalestiniene-jo-lle-aubron.jpgpalestiniene-jo-lle-aubron.jpgpalestiniene-jo-lle-aubron.jpg

 

Partie d'un collage de prison de Joëlle Aubron


 

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 11:05

Pour consulter le blog:linter.over-blog.com

 

Un camarade nous transmet:

Gaza on n’oublie pas ! 

10012009351.jpg 
Rassemblement à Lille
Le 27 décembre 2011 à 18 h 30 Place Rihour
 
La mobilisation de soutien à la flottille de la Liberté II, avec ses deux bateaux français, dont l’ambition était de lever le blocus inhumain et illégal de Gaza, a été exceptionnelle dans le pays et la région Nord-Pas de Calais. La solidarité de masse existe avec le peuple palestinien.
 
Israël poursuit les bombardements sur Gaza encore soumis à un blocus illégal. Cet Etat poursuit son entreprise coloniale criminelle (persécution et discrimination, assassinats, mur de séparation, destruction de maisons, nouvelles colonies, emprisonnements,…) qui a conduit le Tribunal Russell sur la Palestine, lors de sa troisième session au Cap, à le condamner pour crime d’apartheid. Il accentue son emprise illégitime sur Jérusalem.
 
Israël refuse l’entrée de la Palestine à l’ONU avec la complicité des USA, de la France et de l’Europe. La mobilisation internationale de soutien au peuple palestinien, qui a remporté une victoire avec son entrée à l’UNESCO doit se poursuivre. Une avancée majeure vers l’application de ses droits nationaux doit se traduire par la Palestine à l’ONU. Un Etat au rabais ne saurait être toléré.
 
Cela implique obligatoirement d’en finir avec l’impunité israélienne qui se poursuit en  dépit de crimes multiples, dont le massacre qui commence le 27 décembre 2008 à Gaza. 
Assez du mépris affiché au droit international ! Assez de négation de la Palestine. Le Boycott/Désinvestissement/Sanctions contre Israël doit se poursuivre et se développer. Le 27 décembre exigez :
 
·            L’arrêt des bombardements et des massacres  israéliens
·            la levée du blocus de Gaza
·            La Palestine à l’ONU
 
Premiers signataires : AFPS Nord-Pas de Calais, Ligue des Droits de Homme, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Union Juive Française pour la Paix, Communauté palestinienne du Nord, CSP 59, Collectif Afrique, Mémoire vive, Voie Démocratique, les amis de lAssociation Marocaine pour les  Droits Humains, Collectif Palestine Côte d’Opale, Association des Tunisiens du Nord de la France, Génération Palestine, UD CGT Nord,  Union syndicale Solidaires, Fédération Syndicale Unitaire, PCF, Coordination Communiste, Les Alternatifs, Gauche Unitaire , Nouveau Parti Anticapitaliste, Europe Ecologie Les Verts, Parti de Gauche, Parti de la Renaissance Communiste de France, Mouvement de la Jeunesse Communiste de France, 

palestiniene-jo-lle-aubron.jpgPartie d'un collage de prison de Joëlle Aubron
Drapeau-Palestinien-and-Child-Handala.jpg
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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 20:46

Pour consulter le blog: linter.over-blog.com


Belle reprise de notre article à l'adresse suivante: lire sur le site

Bigeard aux Invalides ! Sa place est bien là. Près des Napoléon, Lyautey, Nivelle - linter - BELLACIAO | Chronique des Droits de l'Homme | Scoop.it
Pour consulter le blog : linter.over-blog.com Bigeard aux Invalides ! Sa place est bien là. A côté des Napoléon, Lyautey, Nivelle..

Le premier blog à reprendre l'article a été lelaboratoire. Pour vous rendre sur leur blog: lire


Nous avons publié l'article sur Bellaciao. Ci-dessous deux réactions pertinentes, à propos du texte de la pétition qui circule.
Il est vrai que la phrase relevée "beaucoup mirent leur génie au service de la défense du territoire français" est plus que choquante!
A ce propos revoir et réécouter sur le blog:11 novembre 2011: "La vie s'arrête là où la guerre commence" - Dominique Grange - Tardi
pour signer la pétition
5 décembre 2011 - 08h26 - Posté par 92.***.249.**

beaucoup mirent leur génie au service de la défense du territoire français

OU de la conquête de celui des autres ?


pour signer la pétition
5 décembre 2011 - 10h43 - Posté par 82.***.93.**

y a pas besoin de pétition il suffit d’y aller et d’empêcher ça

 


Paru aussi sur le site Paris s'éveille

 

Pour consulter le blog : linter.over-blog.com Bigeard aux Invalides ! Sa place est bien là. A côté des Napoléon, Lyautey, Nivelle... Car c'est le monument lui-même qui constitue une insulte à tous ceux qui sont morts des mains de l'armée française, dans les colonies ou soldats morts pour rien du (...)

 

Lire la suite de Bigeard aux Invalides ! Sa place (...) sur le site Bellaciao


A propos de notre article, trop peu d'attention a été accordée au texte cité de Henri Alleg.

 

Nous en profitons donc pour redire de lire ou relire "Retour sur la question" d'où est extraite la citation sur Bigeard.

 

Lire aussi sur le blog:


"Il n'a été ni anti-impérialiste ni partisan conséquent de l'indépendance des peuples". Henri Alleg et la position d'A. Camus sur l'Algérie

 

Dans une cellule de Fresnes durant la guerre d'Algérie. Extrait du livre de Robert Davezies "Les abeilles"

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 16:20

Pour consulter le blog: linter.over-blog.com

 

A lire sur libérez-les!

Lire l'appel!

 


 

25080 385082269345 611024345 3606977 664097 n[1]
La France, pays des Lumières, de la Révolution, de Robespierre  et de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de juin 1793, a un devoir moral qu’elle ne remplit pas, ou ne remplit plus. Engagée de nouveau auprès du commandement militaire de l’OTAN depuis quelques années, elle s’est engagée dans des conflits impérialistes en Afghanistan notamment, elle est l’alliée des Etats-Unis.

Les mêmes Etats-Unis qui se présentent en garant de la paix, mais qui, dans l’Histoire, ont sali les avancées sociales : embargo à Cuba, assassinat par la CIA du Che, appui du coup d’état militaire renversant le socialiste chilien Salvatore Allende, pillage des ressources africaines.

Nous sommes en droit, nous, citoyens français, d’exiger de notre Gouvernement d’obéir aux principes fondamentaux de la République Française : Liberté, Egalité, Fraternité. Mais la volonté de la plupart des dirigeants, est-elle du côté de l’Humain, lorsque tant d’injustices sont commises dans le monde, quand les richesses créées permettraient à chaque être humain de vivre dignement ? La question se pose également du côté du respect des libertés, et de la dignité de chacun. Certains Etats, encore aujourd’hui, commettent des crimes que nous devons dénoncer : arrestations arbitraires, exécutions sommaires.

Il n’y a pas si longtemps dans notre Histoire, ils avaient pour noms Angela Davis aux Etats-Unis, Nelson Mandela en Afrique du Sud. Aujourd’hui, les prisonniers politiques, retenus injustement et sans raison, sont toujours là : les 5 cubains, mais aussi Marwan Barghouti (militant palestinien emprisonné à Israël), Georges Ibrahim Abdallah (communiste libanais défendant la cause palestinienne détenu en France), Léonard Peltier, Mumia Abu Jamal et plus généralement toutes ces femmes et tous ces hommes engagés du côté de la Liberté, dont ils veulent écrire le nom, comme l’aurait dit le poète Paul Eluard.

Ils ne veulent qu’une chose : leur émancipation, le droit à une indépendance, le droit à une Vie sereine, sans peur du lendemain, et le droit de vivre en Paix, tout simplement.
Nous exigeons aujourd’hui particulièrement la libération de notre compatriote Salah Hamouri, arrêté le 13 mars 2005, reconnu coupable en 2008 par un tribunal militaire israélien, du projet d'assassinat du chef spirituel du parti ultra-orthodoxe Shass, le rabbin Ovadia Yossef.
Condamné à sept ans de prison, il a toujours clamé son innocence. Même notre Ministre des Affaires Etrangères Alain Juppé, a déclaré qu’il n’existait aucun élément de preuve permettant d’inculper Salah Hamouri.
Nous arrivons bientôt à expiration de sa peine : légalement, il doit sortir de prison le 28 novembre 2011, soit dans deux jours.
Mais voilà qu’arbitrairement, encore une fois, le Gouvernement israélien, a décidé de prolonger le martyr de Salah jusqu’en mars 2012. Nous exigeons la libération immédiate de Salah Hamouri, qui a suffisamment payé
Une pensée particulière pour Madame Denise Hamouri, mère de Salah, mais aussi pour toute sa famille, pour tous les prisonniers politiques à travers le monde, synonymes des crimes issus de l’impérialisme, qui est le frère du capitalisme destructeur.
 
C’est pourquoi nous nous donnons rendez-vous le 26 novembre 2011 à 17h30 devant la gare de Lens pour exiger ces libérations.
 
Libérez les prisonniers politiques luttant contre l’impérialisme ! Reconnaissance de l’Etat palestinien !
 
La fédération du Pas-de-Calais du mouvement des jeunes communistes de France
 
Autres signataires : SOS Gaza, Association France-Palestine Solidarité 59/62 (AFPS 59/62), Comité Libérez-les, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples 62 (MRAP 62), PCF section de Lens
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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 18:56

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Bigeard aux Invalides! Pas de raison de s'indigner. Sa place est bien là. A côté des Napoléon, Lyautey, Nivelle.

 

Car c'est le monument lui-même qui constitue une insulte à tous ceux qui sont morts des mains de l'armée française dans les colonies ou soldats morts pour rien du premier conflit mondial.

 

Alors pourquoi pas "le héros" de la guerre d'Indochine.

 

Nous avons proposé dans le précédent article un extrait du livre Retour sur la Question sur Camus. Voici ce que Henri Alleg disait à propos de Bigeard dans ce même ouvrage.


Extrait du livre "Retour sur la Question", entretiens avec Henri Alleg.

((http://www.aden.be/index.php?aden=retour-sur-question))


Question : Par contre, toujours dans le Monde du 21 juin 2000, le général Bigeard dément toutes les accusations de tortures portées contre lui et parle de "tissu de mensonges". Il déclare que le but de la campagne lancée par le témoignage de Louisa Ighilariz est de "démolir tout ce qu'il y a de propre en France".

 

Henri Alleg : Bigeard est le type même de ces soudards qui n'ont rien oublié ni rien appris. Rien oublié puisqu'il tient aujourd'hui le même discours que lorsque la guerre d'Algérie se poursuivait encore. A cette époque, tortionnaires et assassins de haut rang, comme Massu lui-même, juraient la main sur le coeur que les récits des rescapés de la torture n'étaient que calomnies. Bigeard et les siens avaient l'assurance qu'aussi bien à Alger, le gouverneur Lacoste qu'à Paris, le président du Conseil Guy Mollet et ses ministres (parmi lesquels François Mitterand) ne les démentiraient pas. Mais voilà qu'aujourd'hui en dépit de tous les obstacles multipliés depuis des années pour empêcher qu'elle se manifeste, la vérité finit par éclater. Bigeard, semble-t-il, ne s'en est pas aperçu et ses dénégations entêtées ne sont plus seulement indignes, elles sont aussi ridicules

 

Or ce Bigeard est justement l'un de ces officiers del'armée coloniale qui s'est le plus "illustré", s'il est permis ici d'employer ce mot, dans la pratique de la torture et des exécutions sommaires. Il fut l'un des initiateurs de la création d'une école d'officiers de renseignements près de Philippeville (aujourd'hui Skikda) où s'enseignaient les diverses façons de faire parler, c'est-à-dire de supplicier un prisonnier. Son nom restera attaché à une forme d'exécution sommaire largement utilisée à Alger et ailleurs (et dont j'ai déjà parlé) : le largage du haut d'hélicoptères de prisonniers les pieds pris dans le ciment.

 

Ces crimes de guerre n'auront pas contrarié la carrière du colonel de l'époque. Bien au contraire. Il y a gagné des galons jusqu'à devenir général et, avec la bénédiction de Giscard d'Estaing, il a même été promu secrétaire d'Etat à la Défense, un quasi-ministre, en somme. Qui osera dire après cela que la République est ingrate avec ses fidèles serviteurs?

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 16:23

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Aux editions Aden est paru en 2006  la troisième édition, imposée alors par l'actualité en Irak, d'un petit livre Retour sur "La question", composé d'entretiens avec Gilles Martin. (http://www.aden.be/index.php?aden=retour-sur-question)

 

L'actualité, en Libye cette fois, montre l'importance de l'apport de Henri Alleg sur nombre de questions en relation avec la guerre d'Algérie, la torture, l'indépendance, réflexion portée par ce qui selon lui a tant manqué à Camus pour reconnaître et s'associer à la lutte des Algériens : l'anti-impérialisme.

 

Nous reprenons ici sa réponse à une question de Gilles Martin :


Question : Revenons un peu sur cettte pétition. Parmi ses signatures prestigieuses, on note l'absence de celle d'Albert Camus ...


.

Retour sur « La Question »

 

Effectivement. Mais pour ceux qui connaissent la position ambigüe qu'a toujours eue Camus à propos de l'Algérie, il n'y a rien là de surprenant. C'est une légende, entretenue volontairement par les silences de Camus, que sa prétendue adhésion à l'idée d'une Algérie indépendante.

 

Certains - jusque dans des biographies récentes - laissent croire que, membre du Parti communiste à Alger dans les années 30, il en sortit parce que le PCA ne prenait pas suffisamment en compte les aspirations nationales des Algériens. C'est tout le contraire. Il quitte les communistes au moment justement où le Parti s'engage dans un sens de plus en plus "algérien" et unitaire avec les différentes forces nationalistes.

 

Cette orientation de Camus se manifestera clairement lorsqu'éclatera l'insurrection et pendant toute la guerre. Certes, il souffre de ses conséquences dramatiques, appelle de ses voeux l'arrêt des violences, mais renvoie dos à dos les patriotes qui combattent pour l'indépendance de leur pays et l'armée coloniale. Et, pour conclure, il se tait.

 

Pas seulement sur la question algérienne dans son ensemble, mais sur les méthodes utilisées pour briser la résistance populaire. En fin de compte, malgré ses articles courageux parus dans Alger républicain en 1939 pour dénoncer la misère des populations ou les manoeuvres frauduleuses de l'administration française, compllce des gros colons, il n'a jamais attaqué la légitimité du système colonial lui-même.

 

Il n'a jamais non plus mis en évidence l'existence d'un problème national en Algérie. En ce sens, sa position rejoint celle de nombreux pieds-noirs libéraux, sincèrement scandalisés par la condition faite aux Algériens et partisans d'une réelle égalité entre ceux-ci et les Européens, mais n'allant pas jusqu'à comprendre et encore moins à accepter l'idée d'indépendance.

 

Que sait-il d'ailleurs de cette Algérie coloniale? A le lire, on pourrait croire qu'entre la fin de la Tipaza romaine et la conquête du pays par la France, il ne s'y est rien passé. Il ignore les siècles glorieux de cette civilisation arabe qui a si profondément imprégné l'Algérie.

 

Et, dans ce pays où il est né et qui sert de cadre à certaines de ses oeuvres, les Algériens, quand ils sont présents, apparaissent presque comme des étrangers. Pour me résumer, et, pour utiliser un vocabulaire marxiste qui ne plaît pas à tout le monde (mais tant pis), il n'a été ni anti-impérialiste ni partisan conséquent de l'indépendance des peuples.

 


Henri Alleg
Retour sur « La Question »

2ème édition revue et augmentée

L’usage de la torture en Irak par l’armée américaine et l’exhumation d’une loi de 1955 (qui servit à imposer l’État d’urgence pendant la guerre d’Algérie) pour maintenir l’ordre dans les banlieues françaises montrent que les blessures issues du colonialisme ne sont pas refermées. Dans ce livre, Henri Alleg explique qu’« il n’est pas exclu que surgissent d’autres conflits comme l’Algérie où l’on appelle de jeunes Français à intervenir pour “combattre le terrorisme”, “sauver la démocratie” et “défendre la liberté”, alors que le vrai motif d’intervention sera d’exploiter gisements de pétrole, de gaz, de minerai, de diamants et d’empêcher tel peuple de se libérer. »

La Question est un livre clé de l’histoire de la guerre d’Algérie. Alleg y raconte les tortures qu’il a subies de la main de l’armée française. Il y raconte sa résistance, son refus de céder face à l’inacceptable. Aujourd’hui, plus de quarante ans après les faits, Henri Alleg revient grâce à ce livre sur cette guerre. Il montre comment les différents gouvernements français ont organisé l’amnésie dans la population pour mieux cacher leurs crimes. Comment le colonialisme fut l’école du racisme pour des centaines de milliers de français et comment nous en payons encore le prix. Les scores électoraux de Le Pen ou les discours de Sarkozy ne nous démentiront pas.

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Militants d'AD

Situation des  MILITANTS

Nathalie Ménigon

Georges Cipriani

en libération conditionnelle

Jean-Marc Rouillan

en semi-liberté 

NOS COMBATS

(avril 2010)

Après la semI-liberté de Georges Cipriani, la campagne continue pour la libération de Jean-Marc Rouillan
et encore et toujours  
Pour une solidarité avec ces militants en semi-liberté, en libération conditionnelle et au-delà car le but reste le même: leur permettre de préserver leur identité politiqe et de vivre matériellement, politiquement.

(septembre 2008)

Contre le risque de peine infinie pour les prisonniers révolutionnaires - contre la rétention de sûreté - contre le CNO
Pour une libération complète et sans condition des prisonniers révolutionnaires
Pour une solidarité avec ces militants en semi-liberté, en libération conditionnelle et au-delà car le but reste le même: leur permettre de préserver leur identité politiqe et de vivre matériellement, politiquement.

  (août 2009)


Le combat pour la libération des prisonniers d'Action directe doit donc continuer et se renforcer ...
Après la réincarcération de Jean-Marc Rouillan, nous avons appris ce 20 août, le refus brutal et tellement politique de la libération conditionnelle pour Georges Cipriani.

Alerte: La santé, la vie de Jean-Marc Rouillan sont menacées, il doit être libéré.
Liberté pour Georges Cipriani'

C. GAUGER ET S. SUDER

PROCES CONTRE C. GAUGER ET S. SUDER

Pour suivre le procès : lire

 

LIBERATION DE SONJA SUDER

EMPRISONNEE DEPUIS SEPTEMBRE 2011 POUR DES FAITS REMONTANT A PLUS DE TRENTE ANS ET SUR LES SEULES ACCUSATIONS D'UN TEMOIN REPENTI HANS-JOACHIM KLEIN.

 

ARRET DES POUSUITES CONTRE CHRISTIAN GAUGER ET SONJA SUDER

ENGAGEES AU MEPRIS DE TOUTE PRESCRIPTION

SUR LES SEULES BASES DE DECLARATIONS OBTENUES SOUS LA TORTURE D'UNE PART ET D'UN REPENTI D'AUTRE PART

 

NON A LA TORTURE - NON A LA CITATION COMME TEMOIN D'HERMANN F.

Militant grièvement blessé en 1978, interrogé dès le lendemain d'une opération où il a perdu ses deux yeux et a été amputé des deux jambes, séquestré durant quatre mois sans mandat d'arrêt par la police, maintenu à l'iolement, et dont le tribunal prétend aujourd'hui utiliser les déclarations, qu'il a remis en cause dès qu'il a qu'il a pu être libéré des griffes des policiers.

 

LIBERATION DE SIBYLLE S., ARRETEE LE 9 AVRIL EN PLEIN PROCES POUR REFUS DE TEMOIGNER :

 

condamnée il y a plus de trente ans sur la base des déclarations de son ex-compagnon Hermann F., elle est restée proche de lui toutes ses années et refuse qu'on utilise ces déclarations qui lui ont été extorquées au prix de traitements inhumains.

 


Liberté pour Sibylle et Sonja 2